Interdépendance de la personne
et de la société
25 § 1. Le
caractère social de l'homme fait apparaître qu'il y a interdépendance entre
l'essor de la personne et le développement de la société elle-même. En effet,
la personne humaine qui, de par sa nature même, a absolument besoin d'une vie
sociale 3, est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes
les institutions. La vie sociale n'est donc pas pour l'homme quelque chose de
surajouté: aussi c'est par l'échange avec autrui, par la réciprocité des
services, par le dialogue avec ses frères que l'homme grandit selon toutes ses
capacités et peut répondre à sa vocation.
§ 2. Parmi les liens sociaux
nécessaires à l'essor de l'homme, certains, comme la famille et la communauté
politique, correspondent plus immédiatement à sa nature intime; d'autres
relèvent plutôt de sa libre volonté. De nos jours, sous l'influence de
divers facteurs, les relations mutuelles et les interdépendances ne cessent de
se multiplier: d'où des associations et des institutions variées, de droit
public ou privé. Même si ce fait,
qu'on nomme socialisation, n'est pas sans danger, il comporte cependant de
nombreux avantages qui permettent d'affermir et d'accroître les qualités de la
personne, et de garantir ses droits 4.
§ 3. Mais si les
personnes humaines reçoivent beaucoup de la vie sociale pour l'accomplissement
de leur vocation, même religieuse, on ne peut cependant pas nier que les
hommes, du fait des contextes sociaux dans lesquels ils vivent et baignent dès
leur enfance, se trouvent souvent détournés du bien et portés au mal. Certes,
les désordres, si souvent rencontrés dans l'ordre social, proviennent en partie
des tensions existant au sein des structures économiques, politiques et
sociales. Mais, plus radicalement, ils proviennent de l'orgueil et de l'égoïsme
des hommes, qui pervertissent aussi le climat social. Là où l'ordre des choses
a été vicié par les suites du péché, l'homme, déjà enclin au mal par naissance,
éprouve de nouvelles incitations qui le poussent à pécher: sans efforts
acharnés, sans l'aide de la grâce, il ne saurait les vaincre.
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