Nécessité de dépasser une
éthique individualiste
30 § 1.
L'ampleur et la rapidité des transformations réclament d'une manière pressante
que personne, par inattention à l'évolution des choses ou par inertie, ne se
contente d'une éthique individualiste. Lorsque chacun, contribuant au
bien commun selon ses capacités propres et en tenant compte des besoins
d'autrui, se préoccupe aussi, et effectivement, de l'essor des institutions
publiques ou privées qui servent à améliorer les conditions de vie humaines,
c'est alors et de plus en plus qu'il accomplit son devoir de justice et de
charité.
Or il y a des gens qui, tout en professant des idées larges et généreuses,
continuent à vivre en pratique comme s'ils n'avaient cure des solidarités
sociales. Bien plus, dans certains pays, beaucoup font peu de cas des lois et
des prescriptions sociales. Un grand nombre ne craignent pas de se soustraire,
par divers subterfuges et fraudes, aux justes impôts et aux autres aspects de
la dette sociale. D'autres négligent
certaines règles de la vie en société, comme celles qui ont trait à la
sauvegarde de la santé ou à la conduite des véhicules, sans même se rendre
compte que, par une telle insouciance, ils mettent en danger leur propre vie et
celle d'autrui.
§ 2. Que tous prennent très à
coeur de compter les solidarités sociales parmi les principaux devoirs de
l'homme d'aujourd'hui, et de les respecter. En effet, plus le monde
s'unifie et plus il est manifeste que les obligations de l'homme dépassent les
groupes particuliers pour s'étendre peu à peu à l'univers entier. Ce qui ne
peut se faire que si les individus et les groupes cultivent en eux les valeurs
morales et sociales et les répandent autour d'eux. Alors, avec le nécessaire
secours de la grâce divine, surgiront des hommes vraiment nouveaux, artisans de
l'humanité nouvelle
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