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Concile Vatican II
Gaudium et spes

IntraText CT - Lecture du Texte

  • DEUXIÈME PARTIE : DE QUELQUES PROBLÈMES PLUS URGENTS
    • CHAPITRE III  LA VIE ÉCONOMICO-SOCIALE
      • SECTION 2: PRINCIPES DIRECTEURS DE L'ENSEMBLE DE LA VIE ÉCONOMICO-SOCIALE
        • Les biens de la terre sont destinés à tous les hommes
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Les biens de la terre sont destinés à tous les hommes 

69 1. Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité8. Quelles que soient les formes de la propriété, adaptées aux légitimes institutions des peuples, selon des circonstances diverses et changeantes, on doit toujours tenir compte de cette destination universelle des biens. C'est pourquoi l'homme, dans l'usage qu'il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu'il possède légitimement comme n'appartenant qu'à lui, mais les regarder aussi comme communes: en ce sens qu'elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres9. D'ailleurs, tous les hommes ont le droit d'avoir une part suffisante de biens pour eux-mêmes et leur famille. C'est ce qu'ont pensé les Pères et les docteurs de l'Eglise qui enseignaient que l'on est tenu d'aider les pauvres, et pas seulement au moyen de son superflu10. Quant à celui qui se trouve dans l'extrême nécessité, il a le droit de se procurer l'indispensable à partir des richesses d'autrui11. Devant un si grand nombre d'affamés de par le monde, le Concile insiste auprès de tous et auprès des autorités pour qu'ils se souviennent de ce mot des Pères: " Donne à manger à celui qui meurt de faim car, si tu ne lui as pas donné à manger, tu l'as tué "12; et que, selon les possibilités de chacun, ils partagent et emploient vraiment leurs biens en procurant avant tout aux individus et aux peuples les moyens qui leur permettront de s'aider eux-mêmes et de se développer. 

2. Fréquemment, dans des sociétés économiquement moins développées, la destination commune des biens est partiellement réalisée par des coutumes et des traditions communautaires, garantissant à chaque membre les biens les plus nécessaires. Certes, il faut éviter de considérer certaines coutumes comme tout à fait immuables, si elles ne répondent plus aux nouvelles exigences de ce temps; mais, à l'inverse, il ne faut pas attenter imprudemment à des coutumes honnêtes qui, sous réserve d'une saine modernisation, peuvent encore rendre de grands services. De même, dans les pays économiquement très développés, un réseau d'institutions sociales, d'assurance et de sécurité, peut réaliser en partie la destination commune des biens. Il importe de poursuivre le développement des services familiaux et sociaux, principalement de ceux qui contribuent à la culture et à l'éducation. Mais, dans l'aménagement de toutes ces institutions, il faut veiller à ce que le citoyen ne soit pas conduit à adopter vis-à-vis de la société une attitude de passivité, d'irresponsabilité ou de refus de service. 




8 Cf. Pie XII. Enc. Serrure laetitiae: AAS 31 (1939), p. 642; Jean XXIII, Allocution au consistoire: AAS 52 (1960), pp. 5-11; id., Enc. Mater et Magistra: AAS 53 (1961), p. 411. 



9 Cf. St Thomas, Somme théol. II-II, q. 32, art. 5 ad 2; ibid. q. 66, art. 2: cf. explication dans Léon XIII, Enc. Rerum Novarum: ASS 23 (1890-91), p. 651; cf. aussi Pie XII, Allocution du ler juin 1941: AAS 33 (1941) p. 199; id., Message radiophonique de Noël 1954: AAS 47 (1955), p. 27. 



10 Cf. St Basile. Hom. sur un passage de Luc "Destruam horrea mea", n. 2 (PG 31, 263); Lactance. Divinarurn Institutionum, liv. V, La justice (PL 6, 565 B); St Augustin, Commentaires sur St Jean, tr. 50, n. 6 (PL 35, 1760); id., Enarratio in Ps. CXLVII, 12 (PL 37, 1922); St Grégoire le Grand, Hom. sur l'Evangile, hom. 20, 12 (PL 76, 1165); id., Regulae Pastoralis liber, IIIo partie, chap. 21 (PL 77, 87); St Bonaventure, III Sent. d. 33, dub. I (Ed. Quaracchi III, 728); id., IV Sent. d. 15, p. II, art. 2, qu. I (Ed. cit. IV, 371 b); qu. de superfluo (.ms. Assise, Bibl. commun. 186, ff. l12a--l13a); St Albert le Grand, III Sent., d. 33, art. 3, sol. I (Ed. Borgnet XXVIII, 611); id., IV Sent. d. 15, art. 16 (Ed. cit. XXIX. 494-497). En ce qui concerne la détermination du superflu de nos jours, cf. Jean XXIII. Message radiotélévisé du 11 sept. 1962: AAS 54 (1962), p. 682: "Dovere di ogni uomo, dovere impellente del cristiano è di considerare il superfluo con la misura delle necessità altrui, e di ben vigilare perchè l'adnministrazione e la distribuzione dei beni creati venga posta a vantaggio di tutti ". 



11 Ici vaut l'ancien principe: "in extrema necessitate omnia sunt communia, id est communicanda ". D'autre part, en ce qui concerne l'étendue et les modalités selon lesquelles ce principe s'applique dans le texte, outre les auteurs modernes connus cf. St Thomas. Somme théol. II-II, qu. 66, art. 7. Il est clair que, pour une application exacte de ce passage, toutes les conditions moralement requises doivent être remplies. 



12 Cf. Décret de Gratien. C. 21, dist. LXXXVI (Ed. Friedberg I, 302). Ce passage se trouve déjà dans PL 54, 491 A et PL 56, 1132 B (Cf. Antonianum 27 -- 1952 -- 349-366). 






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