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Conseil Pontifical de la Culture; Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux
Jésus-Christ le porteur d'eau vive

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1.1. Pourquoi maintenant?

Le troisième millénaire s'ouvre non seulement deux mille ans après la naissance du Christ, mais aussi en un temps où des astrologues croient que l'ère des Poissons, connue d'eux comme l'ère chrétienne, touche à sa fin. Les réflexions présentées ici portent sur le Nouvel Âge, qui a emprunté son nom à l'ère astrologique imminente du Verseau. Le Nouvel Âge est une des nombreuses explications de la signification de ce moment historique dont est bombardée la culture contemporaine (surtout occidentale), et il est difficile d'y distinguer clairement ce qui est compatible avec le message chrétien et ce qui ne l'est pas. Il semble donc que le moment soit venu de proposer une évaluation chrétienne de la pensée du Nouvel Âge et du mouvement Nouvel Âge dans son ensemble.

On a dit, avec raison, que beaucoup d'hommes balancent aujourd'hui entre certitude et incertitude, en particulier sur les questions liées à leur identité.1 Quelques-uns affirment que la religion chrétienne est patriarcale et autoritaire, que les institutions politiques sont incapables de changer le monde, et que la médecine officielle (allopathique) échoue clairement à guérir vraiment les hommes. Le fait que ce qui était autrefois des éléments centraux de la société soit aujourd'hui perçu comme peu fiable ou dépourvu d'une autorité véritable a créé un climat dans lequel les individus regardent en eux-mêmes, à la recherche de sens et de force. Ils se tournent aussi vers les institutions alternatives, dont ils espèrent qu'elles répondront à leurs besoins profonds. La vie chaotique ou peu structurée des communautés alternatives des années 1970 a donné lieu à une recherche de discipline et de structures, qui sont des éléments-clés de certains mouvements «mystiques» très répandus aujourd'hui. Le Nouvel Âge séduit surtout parce qu'une grande partie de ce qu'il offre répond à des besoins que les institutions établies n'ont pas toujours été capables de satisfaire.

Mais si le Nouvel Âge est , dans une large mesure, en réaction contre la culture contemporaine, il en est en même temps, sous bien des aspects, l'héritier direct. La Renaissance et la Réforme ont façonné l'individu occidental moderne, peu enclin à accepter le poids d'une autorité simplement extrinsèque ou de la tradition. Les hommes éprouvent de moins en moins le besoin d'«  appartenir  » à des institutions (et pourtant la solitude est un grand fléau de la vie moderne) et ne sont plus disposés à faire passer les jugements «officiels» avant les leurs. Ce culte de l'homme s'accompagne d'une intériorisation de la religion qui prépare le terrain à la sacralisation du «moi». C'est la raison pour laquelle le Nouvel Âge a beaucoup de valeurs en commun avec la culture d'entreprise et l'«évangile de la prospérité» (dont il sera question plus en détail au chapitre 2.4), et avec la culture consumériste, dont l'influence est bien perceptible dans le nombre sans cesse croissant de ceux qui affirment qu'il est possible de mêler le christianisme au Nouvel Âge, en prenant ce qui leur semble le meilleur de chacun.2 Il vaut la peine de rappeler que certaines déviances au sein du christianisme sont allées au-delà du théisme traditionnel en acceptant un repli sur soi à sens unique, au risque d'encourager un tel mélange d'approches. Ce qu'il est important d'observer, c'est que dans certaines pratiques Nouvel Âge, Dieu est réduit à la fonction de soutenir la promotion de l'individu.

Le Nouvel Âge s'adresse à ceux qui adhèrent pleinement aux valeurs de la culture moderne, considérant comme sacrées la liberté, l'authenticité, l'indépendance et autres valeurs du même ordre. Il s'adresse à ceux qui ont des problèmes avec le patriarcat. Il «ne demande pas plus de foi qu'il n'en faut pour aller au cinéma»,3 tout en déclarant satisfaire les besoins spirituels des gens. Mais la question cruciale qui se pose ici est: qu'entend-t-on exactement par spiritualité dans les milieux du Nouvel Âge? La réponse met en lumière quelques différences entre la tradition chrétienne et la mouvance Nouvel Âge. Certaines tendances du Nouvel Âge exploitent les pouvoirs de la nature et tentent de communiquer avec un autre monde pour découvrir le destin des individus, ou pour les aider à se brancher sur la bonne vibration afin de tirer le meilleur parti d'eux-mêmes et des circonstances. Dans la plupart des cas, il est totalement fataliste. Le christianisme, au contraire, est une invitation à regarder hors de soi et au-delà, vers le «nouvel avènement» d'un Dieu qui nous appelle à vivre le dialogue d'amour.4

 




1 Paul Heelas, The New Age Movement. The Celebration of the Self and the Sacralization of Modernity, Oxford (Blackwell) 1996, p. 137.



2 Cf. P. Heelas, op. cit., p. 164 ss.



3 Cf. P. Heelas, op. cit., p. 173.



4 Cf. Jean Paul II, Lettre Encyclique Dominum et vivificantem (18.5.1986), 53.






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