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Conseil Pontifical de la Culture; Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux Jésus-Christ le porteur d'eau vive IntraText CT - Lecture du Texte |
2.3. Les principes fondamentaux de la pensée Nouvel Âge
2.3.1. Une réponse globale dans un temps de crise
« Tant la tradition chrétienne que la croyance séculière dans un progrès illimité de la science ont connu une grave rupture, qui s'est manifestée pour la première fois dans les révolutions estudiantines de 1968 ».27 La sagesse des générations précédentes s'est trouvée brusquement privée de sa signification et du respect dont elle jouissait tandis que la toute-puissance de la science se dissipait, en sorte qu'aujourd'hui l'Église « doit faire face à une grave crise de transmission de sa foi aux jeunes générations ».28 La perte générale de confiance dans ces piliers traditionnels de la conscience et de la cohésion sociale s'est accompagnée d'un retour inattendu de la religiosité cosmique, de rites et croyances dont beaucoup considéraient qu'ils avaient été supplantés par le christianisme. En réalité, ce courant ésotérique souterrain n'a jamais entièrement disparu. En revanche, l'intérêt pour les religions orientales qui s'est répandu à partir de la fin du XIXe siècle sous l'influence du mouvement théosophique est, dans le contexte occidental, une donnée nouvelle qui « reflète la conscience croissante d'une spiritualité globale incorporant toutes les traditions religieuses existantes ».29
L'éternelle question philosophique de l'un et du multiple se manifeste, dans sa version moderne et contemporaine, par le besoin pressant de surmonter toute division, voire même toute différence et distinction. L'expression la plus commune en est le holisme, qui constitue à la fois un élément essentiel du Nouvel Âge et un signe des temps dans le dernier quart du XXe siècle. Une formidable quantité d'énergie a été consacrée à la tentative de surmonter les cloisonnements propres à l'idéologie mécaniste, au risque de devoir se soumettre à un réseau global revêtant une autorité quasi transcendantale. Les conséquences les plus évidentes en sont un processus de transformation conscient et le développement de l'écologie.30 La nouvelle vision, qui est le but de cette transformation consciente, a mis du temps à être formulée, et son application est entravée par les formes de pensée plus anciennes qui, dit-on, luttent pour maintenir le « statu quo ». L'écologie comme fascination pour la nature et re-sacralisation de la Terre, la Terre Mère ou Gaia, a connu un immense succès et s'est généralisée grâce au zèle missionnaire propre aux politiques des Verts. La race humaine tout entière doit devenir « l'administrateur » de la Terre, et seul un gouvernement global peut assurer l'harmonie et la compréhension nécessaires à une bonne gouvernance, dans un cadre éthique global. La chaleur de la Terre Mère, dont la divinité s'étend à toute la création, comble, dit-on, le fossé entre la création et le Dieu-Père transcendant du judaïsme et du christianisme en écartant la perspective de devoir être jugés par un tel Être.
Dans cette vision d'un univers clos, contenant « Dieu » et d'autres êtres spirituels en plus de nous-mêmes, nous identifions un panthéisme implicite. C'est là un point fondamental qui transparaît dans toute la pensée et la pratique Nouvel Âge et qui conditionne d'avance toute appréciation positive que l'on pourrait avoir pour l'un ou l'autre des aspects de sa spiritualité. En tant que chrétiens, nous croyons au contraire, que « l'homme est essentiellement créature et qu'il reste tel pour l'éternité, de sorte qu'une absorption du moi humain dans le moi divin ne sera jamais possible ».31