Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText |
Conseil Pontifical de la Culture; Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux Jésus-Christ le porteur d'eau vive IntraText CT - Lecture du Texte |
Aux premiers temps du christianisme, les croyants en Jésus- Christ furent contraints d'affronter les religions gnostiques. Loin de les ignorer, ils relevèrent le défi en appliquant à Jésus-Christ les termes employés pour s'adresser aux divinités cosmiques. Le meilleur exemple en est le fameux hymne au Christ de l'Épître de saint Paul aux Colossiens:
“Il
est l'image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature,
car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses,
dans les cieux et sur la terre,
les visibles et les invisibles,
Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances
tout a été créé par lui et pour lui
Il est avant toute chose et toute chose subsiste en lui.
Et il est aussi la Tête du Corps, c'est-à-dire de l'Église:
Il est le Principe, Premier-Né d'entre les morts,
il fallait qu'il obtint en tout la primauté
car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude
et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui,
aussi bien sur la terre que dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix” (Col 1, 15-20).
Ces premiers chrétiens n'attendaient pas une nouvelle ère cosmique. Par cet hymne, ils célébraient l'accomplissement de toute chose qui avait commencé en Jésus-Christ. « En réalité, le temps s'est accompli par le fait même que Dieu, par l'Incarnation, s'est introduit dans l'histoire de l'homme. L'éternité est entrée dans le temps; peut-il y avoir un 'accomplissement' plus grand que celui-là? Peut-il même y avoir un autre 'accomplissement' »? 57 La croyance gnostique dans les forces cosmiques et dans un destin plutôt nébuleux nie la possibilité d'un rapport avec le Dieu personnel révélé en Jésus-Christ. Pour les chrétiens, le vrai Christ cosmique est celui qui est activement présent dans les divers membres de son corps qu'est l'Église. Ils ne s'adressent pas à des forces cosmiques impersonnelles, mais à la sollicitude aimante d'un Dieu personnel. Pour eux, le biocentrisme doit être transposé dans une série de rapports sociaux (dans l'Église). Et loin d'être prisonniers d'un modèle cyclique d'événements cosmiques, ils se concentrent sur le Jésus historique et en particulier sur sa crucifixion et sa résurrection. Nous trouvons dans la lettre aux Colossiens et dans le Nouveau Testament une doctrine différente de celle implicitement présente dans la pensée Nouvel Âge: la conception chrétienne de Dieu est celle d'une Trinité de Personnes qui a créé la race humaine avec le désir de partager la communion de vie trinitaire avec des créatures humaines. Bien compris, cela signifie qu'une véritable spiritualité n'est pas notre quête de Dieu mais Dieu qui nous recherche.
Dans les cercles Nouvel Âge circule aussi une conception bien différente de la signification cosmique du Christ. « Le Christ cosmique est le modèle divin qui trouve unité dans la personne de Jésus-Christ (mais ne se limite pas à cette personne). Le modèle divin d'unité s'est fait chair et il a campé parmi nous (Jn 1, 14)... Le Christ cosmique... libère de l'asservissement et du pessimisme de l'univers mécaniciste newtonien, un univers de compétition, de gagnants et de perdants, de dualisme, d'anthropocentrisme, ainsi que de l'ennui de voir notre univers merveilleux réduit à une machine sans mystère ni mysticisme. Le Christ cosmique est local et historique, il est même intimement associé à l'histoire humaine. Le Christ cosmique pourrait vivre près de nous, ou même dans notre moi le plus profond et le plus authentique ».58 Bien que cette affirmation ne soit pas partagée par tous ceux qui gravitent autour du Nouvel Âge, elle en fait pourtant une description très juste et met bien en valeur les différences entre les deux conceptions du Christ. Pour le Nouvel Âge, le Christ cosmique est un modèle qui peut se répéter dans beaucoup de personnes, de lieux et de temps. Il y a là un énorme changement de paradigme, puisqu'en définitive le Christ n'est plus qu'un potentiel à l'intérieur de nous-mêmes.
Pour la foi chrétienne, Jésus-Christ n'est pas un modèle, mais une personne divine dont la figure, humaine et divine, révèle le mystère de l'amour du Père pour chaque personne au long de notre histoire (Jn 3, 16); il vit en nous parce qu'il partage sa vie avec nous, mais cela n'est ni imposé, ni automatique. Tous les hommes sont invités à participer à sa vie, à vivre « dans le Christ Jésus ».