SCÈNE IX
ISABELLE.
Lyse, nous l'allons voir.
LYSE.
Que vous êtes ravie !
ISABELLE.
Ne le serais-je point de recevoir la vie ?
Son destin et le mien prennent un même cours,
Et je mourrais du coup qui trancherait ses jours.
Le
geôlier.
Monsieur, connaissez-vous beaucoup d'archers semblables ?
CLINDOR.
Ah ! Madame, est-ce vous ? Surprises adorables !
Trompeur trop obligeant, tu disais bien vraiment
Que je mourrais de nuit, mais de contentement.
ISABELLE.
Clindor !
Le
geôlier.
Ne perdons point le temps à ces caresses :
Nous aurons tout loisir de flatter nos maîtresses.
CLINDOR.
Quoi ! Lyse est donc la sienne ?
ISABELLE.
Ecoutez le discours
De votre liberté qu'ont produit leurs amours.
Le
geôlier.
En lieu de sûreté le babil est de mise ;
Mais ici ne songeons qu'à nous ôter de prise ;
ISABELLE.
Sauvons-nous : mais avant, promettez-nous tous deux
Jusqu'au jour d'un hymen de modérer vos feux :
Autrement, nous rentrons.
CLINDOR.
Que cela ne vous tienne :
Je vous donne ma foi.
Le
geôlier.
Lyse, reçois la mienne.
ISABELLE.
Sur un gage si beau j'ose tout hasarder.
Le
geôlier.
Nous nous amusons trop, il est temps d'évader.
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