Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Pierre Corneille
L'illusion comique

IntraText CT - Lecture du Texte

  • ACTE II
    • SCÈNE VI
Précédent - Suivant

Cliquer ici pour activer les liens aux concordances

SCÈNE VI

CLINDOR.
Jugez plutôt par là l'humeur du personnage :
Ce page n'est chez lui que pour ce badinage,
Et venir d'heure en heure avertir sa grandeur
D'un courrier, d'un agent, ou d'un ambassadeur.

ISABELLE.
Ce message me plaît bien plus qu'il ne lui semble :
Il me défait d'un fou pour nous laisser ensemble.

CLINDOR.
Ce discours favorable enhardira mes feux
A bien user d'un temps si propice à mes voeux.

ISABELLE.
Que m'allez-vous conter ?

CLINDOR.
Que j'adore Isabelle,
Que je n'ai plus de coeur ni d'âme que pour elle,
Que ma vie...

ISABELLE.
Epargnez ces propos superflus ;
Je les sais, je les crois : que voulez-vous de plus ?
Je néglige à vos yeux l'offre d'un diadème ;
Je dédaigne un rival : en un mot, je vous aime.
C'est aux commencements des faibles passions
A s'amuser encore aux protestations :
Il suffit de nous voir au point où sont les nôtres ;
Un coup d'oeil vaut pour vous tous les discours des autres.

CLINDOR.
Dieux ! qui l'eût jamais cru, que mon sort rigoureux
Se rendît si facile à mon coeur amoureux !
Banni de mon pays par la rigueur d'un père,
Sans support, sans amis, accablé de misère,
Et réduit à flatter le caprice arrogant
Et les vaines humeurs d'un maître extravagant :
Ce pitoyable état de ma triste fortune
N'a rien qui vous déplaise ou qui vous importune ;
Et d'un rival puissant les biens et la grandeur
Obtiennent moins sur vous que ma sincère ardeur.

ISABELLE.
C'est comme il faut choisir, un amour véritable
S'attache seulement à ce qu'il voit aimable.
Qui regarde les biens ou la condition
N'a qu'un amour avare, ou plein d'ambition,
Et souille lâchement par ce mélange infâme
Les plus nobles désirs qu'enfante une belle âme.
Je sais bien que mon père a d'autres sentiments,
Et mettra de l'obstacle à nos contentements ;
Mais l'amour sur mon coeur a pris trop de puissance
Pour écouter encor les lois de la naissance.
Mon père peut beaucoup, mais bien moins que ma foi :
Il a choisi pour lui, je veux choisir pour moi.

CLINDOR.
Confus de voir donner à mon peu de mérite...

ISABELLE.
Voici mon importun, souffrez que je l'évite.




Précédent - Suivant

Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC
IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2007. Content in this page is licensed under a Creative Commons License