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Louis Gallet
L'Attaque du Moulin

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ACTE II

 

Scène I. Le Capitaine Français, Merlier, Françoise, Dominique

 

Une vaste pièce avec
un vieux mobilier de campagne.
Meubles écornés par les balles.
Matelas aux fenêtres.

On lève la toile--Au lever du rideau,
un soldat blessé s'adosse au mur;
un autre, agenouillé, épaule
et va lâcher son coup de feu.
Dominique, au milieu des soldats,
vient de tirer et recharge son arme.
Merlier, assis, porte au front
la trace légère d'un coup de feu.
Le Capitaine Français s'agite ses hommes.

Après un temps, la Capitaine,
qui est allé regarder par un ouverture,
tape sur l'épaule de l'homme qui est sur le point de tirer.

 

LE CAPITAINE FRANÇAIS
Cessez le feu!
(Clairon sur le théâtre.
Clairon répandant des coulisses,

(consultant sa montre)
Cinq heures! Nous y sommes!…
Le colonel d dit! Cinq heures!
J'ai tenu
Jusqu'au moment fixé.
(à un sergent)
Ralliez tous nos hommes.
Replions-nous.
(souriant à Françoise, qui entre, encore tout émue.)
Vous avez eu Bien peur, ma belle enfant!
(regardant autour de lui)
En somme,
Plus de peur que de mal.
Malgré ce feu d'enfer,
Voyez, le logis seul a quelque peu souffert.
Dominique, lui serrant la main)
Vous, mon garçon, merci!
Pas une amorce Brûlée en vain!
Que n'avons nous, là-bas,
Quelques tireurs de votre force!
A chaque coup, un homme à bas!
(à ses soldats qui défilent aussitôt devant lui)
En route, nous! Filons sous bois, par les venelles!
Merlier)
Mon brave homme, au revoir!
Nous reviendrons!

(Il salue Françoise et sort à la suite de ses hommes)

MERLIER
(qui s'est levé)
Ah! mon pauvre moulin, il t'en font voir de belles!
Si ça recommence, ils t'achèveront!

FRANÇOISE
Mon Dieu! J'ai pourtant du courage.
Mais ces coups de feu, ces cris, cette horreur
Un moment, j'ai cru qu'un orage
Nous emportait
J'ai bien eu peur!
Cependant, j'étais là, derrière.
Je ne courais aucun danger,
Tant que j'aurais eu, pour me protéger,
Mon Dominique, et vous, cher père.
Et puis, j'avais là ce couteau;
Et, si, ous morts j'avais me défendre,
J'étais résolue è le prendre,
Pour résister et me tuer plutôt!
C'est vrai, je ne suis qu'une femme,
Mais, dès qu'un malheur nous menacerait,
J'oserais t'invoquer, ô claire lame,
Couteau qui nous délivrerais!
Mais vous! Qu'avez donc, mon père?
Vous êtes blessé?

MERLIER
Ce n'est rien!

DOMINIQUE
(encore très animé)
Tonnerre!
C'est trop!
Bien sûr, ça ne me regardait pas!
La guerre doit rester l'affaire des soldats.
Mais, quand je vous ai vu touché par cette balle,
Et ma Françoise, là, tremblante, toute pâle,
Je n'ai pas pu, c'était plus fort que moi!
Le colère m'a pris, je les aurais, ma foi!
Tués tous, et moi qui n'aurais pas dûre me battre,
J'ai fait à moi tout seul la besogne de quatre!

MERLIER
Ah! le triste jour que voilà!
Et c'est la Saint-Louis pourtant!
Une bataille
Au lieu d'un mariage!
Ah! qui nous eut dit ça.
Le mois dernier, quand nous fêtions vos fiançailles?
Qui nous eut fait prévoir ce grand deuil du pays,
Notre France égorgée et ses champs envahis!

(Tambours lointains dans la coulisse.)

(Fifres lointains dans la coulisse.)

FRANÇOISE
Père, écoutez! Cette marche lointaine!
(Fifres lointains dans la coulisse.)
Ce sont les Français qui reviennent!

MERLIER
(après avoir écouté)
Non! Non!…
Des pas lourds des chevaux, du canon!
C'est l'ennemi!

DOMINIQUE
La cour du moulin en est pleine!

VOIX DES SOLDATS ENNEMIS
(au dehors)
Mort à qui résistera!
Houra! Houra! Houra! &c.

 




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