CHAPITRE
VI - CE QUI DOIT ÊTRE OBSERVÉ OU ÉVITÉ DANS L'ÉLECTION DU SOUVERAIN PONTIFE
78.
Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée - que Dieu nous en
préserve ! - le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui
s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et
qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque,
afin que, pour cette raison - comme cela a déjà été établi par mes
Prédécesseurs -, ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife
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79. De
même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à
quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des
engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à
propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre
des décisions à ce sujet dans des réunions privées.
80. De
même, je veux confirmer ce qui fut sanctionné par mes Prédécesseurs, afin
d'exclure toute intervention extérieure dans l'élection du Souverain Pontife.
C'est pourquoi de nouveau, en vertu de la sainte obéissance et sous peine
d'excommunication latae sententiae, j'interdis à tous et à chacun des Cardinaux
électeurs, présents et futurs, et également au Secrétaire du Collège des
Cardinaux et à toutes les autres personnes ayant part à la préparation et au
déroulement de ce qui est nécessaire pour l'élection, d'accepter, sous aucun
prétexte, de n'importe quel pouvoir civil, la mission de proposer un veto, ou
une exclusive, même sous forme d'un simple désir, ou de le révéler soit à tout
le Collège des électeurs réunis, soit à chacun des électeurs, par écrit ou
oralement, directement et immédiatement ou indirectement ou par des
intermédiaires, avant le début de l'élection ou pendant son déroulement. Je
veux que cette interdiction s'étende à toutes formes d'ingérences,
d'oppositions, de désirs, par lesquels les autorités civiles de quelque ordre
et de quelque degré que ce soit, ou n'importe quel groupe ou des individus
voudraient s'immiscer dans l'élection du Pontife.
81. En
outre, que les Cardinaux électeurs s'abstiennent de toute espèce de pactes,
d'accords, de promesses ou d'autres engagements de quelque ordre que ce soit,
qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou à
plusieurs candidats. Si ces choses se produisaient de fait, même sous serment,
je décrète qu'un tel engagement est nul et non avenu, et que personne n'est
obligé de le tenir ; et dès à présent, je frappe d'excommunication latae
sententiae les transgresseurs de cette interdiction. Cependant, je n'entends
pas interdire les échanges d'idées en vue de l'élection, durant la vacance du
Siège.
82.
Pareillement, j'interdis aux Cardinaux d'établir des accords avant l'élection,
ou bien de prendre, par une entente commune, des engagements qu'ils
s'obligeraient à respecter dans le cas où l'un d'eux accéderait au Pontificat.
Si de telles promesses se réalisaient en fait, même par un serment, je les
déclare également nulles et non avenues.
83. Avec
la même insistance que mes Prédécesseurs, j'exhorte vivement les Cardinaux
électeurs à ne pas se laisser guider, dans l'élection du Pontife, par la
sympathie ou l'aversion, ou influencer par des faveurs ou par des rapports
personnels envers quiconque, ou pousser par l'intervention de personnalités en
vue ou de groupes de pression, ou par l'emprise des moyens de communication
sociale, par la violence, par la crainte ou par la recherche de popularité.
Mais, ayant devant les yeux uniquement la gloire de Dieu et le bien de
l'Église, après avoir imploré l'aide divine, qu'ils donnent leur voix à celui
qu'ils auront jugé plus capable que les autres, même hors du Collège
cardinalice, de gouverner l'Église universelle avec fruit et utilité.
84.
Pendant la vacance du Siège, et surtout durant la période où se déroule
l'élection du Successeur de Pierre, l'Église est unie de manière toute
particulière à ses Pasteurs et spécialement aux Cardinaux électeurs du
Souverain Pontife, et elle implore de Dieu un nouveau Pape, comme don de sa
bonté et de sa providence. En effet, à l'exemple de la première communauté
chrétienne dont il est question dans les Actes des Apôtres (cf. 1, 14),
l'Église universelle, spirituellement unie à Marie, Mère de Jésus, doit
persévérer unanimement dans la prière ; ainsi l'élection du nouveau Pontife ne
sera pas un fait étranger au Peuple de Dieu et réservé au seul Collège des
électeurs, mais, dans un sens, elle sera une action de toute l'Église. En
conséquence, j'établis que dans toutes les villes et autres lieux, au moins les
plus importants, à peine connue la nouvelle de la vacance du Siège apostolique
et, de manière particulière, de la mort du Pontife, ainsi qu'après la
célébration des services solennels à son intention, on élève des prières
humbles et assidues vers le Seigneur (cf. Mt 21, 22 ; Mc 11, 24), pour qu'il
éclaire le coeur des électeurs et réalise si bien leur accord dans l'élection
que cette dernière soit rapide, unanime et utile, comme l'exige le salut des
âmes et le bien de tout le Peuple de Dieu.
85. Je
recommande cela de manière très vive et très cordiale aux vénérés Pères
Cardinaux qui, en raison de leur âge, ne jouissent plus du droit de participer
à l'élection du Souverain Pontife. En vertu du lien très spécial avec le Siège
apostolique que comporte la pourpre cardinalice, qu'ils guident le Peuple de
Dieu particulièrement dans les Basiliques patriarcales de la ville de Rome et
aussi dans les sanctuaires des autres Églises particulières, pour que, par la
prière assidue et intense, surtout pendant que se déroule l'élection, soient
accordées par Dieu Tout-Puissant l'assistance et les lumières de l'Esprit Saint
nécessaires à leurs confrères électeurs ; ils participent ainsi efficacement et
réellement à la lourde charge de donner un nouveau Pasteur à l'Église
universelle.
86.
Enfin, je prie celui qui sera élu de ne pas se dérober à la charge à laquelle
il est appelé, par crainte de son poids, mais de se soumettre humblement au
dessein de la volonté divine. Car Dieu qui lui impose la charge le soutient par
sa main, pour que l'élu ne soit pas incapable de la porter ; Dieu qui donne
cette lourde charge est aussi celui qui l'aide à l'accomplir, et celui qui
confère la dignité, donne la force, afin que l'élu ne succombe pas sous le
poids de la mission.
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