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Louise-Victorine Ackermann
L'amour et la mort

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II

Non, non, tout n'est pas dit, vers la beauté fragile

Quand un charme invincible emporte le désir,

Sous le feu d'un baiser quand notre pauvre argile

A frémi de plaisir.

Notre serment sacré part d'une âme immortelle ;

C'est elle qui s'émeut quand frissonne le corps ;

Nous entendons sa voix et le bruit de son aile

Jusque dans nos transports.

Nous le répétons donc, ce mot qui fait d'envie

Pâlir au firmament les astres radieux,

Ce mot qui joint les coeurs et devient, dès la vie,

Leur lien pour les cieux.

Dans le ravissement d'une éternelle étreinte

Ils passent entraînés, ces couples amoureux,

Et ne s'arrêtent pas pour jeter avec crainte

Un regard autour d'eux.

Ils demeurent sereins quand tout s'écroule et tombe ;

Leur espoir est leur joie et leur appui divin ;

Ils ne trébuchent point lorsque contre une tombe

Leur pied heurte en chemin.

Toi-même, quand tes bois abritent leur délire,

Quand tu couvres de fleurs et d'ombre leurs sentiers,

Nature, toi leur mère, aurais-tu ce sourire

S'ils mouraient tout entiers ?

Sous le voile léger de la beauté mortelle

Trouver l'âme qu'on cherche et qui pour nous éclôt,

Le temps de l'entrevoir, de s'écrier : " C'est Elle ! "

Et la perdre aussitôt,

Et la perdre à jamais ! Cette seule pensée

Change en spectre à nos yeux l'image de l'amour.

Quoi ! ces voeux infinis, cette ardeur insensée

Pour un être d'un jour !

Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles,

Grand Dieu qui dois d'en haut tout entendre et tout voir,

Que tant d'adieux navrants et tant de funérailles

Ne puissent t'émouvoir,

Qu'à cette tombe obscure où tu nous fais descendre

Tu dises : " Garde-les, leurs cris sont superflus.

Amèrement en vain l'on pleure sur leur cendre ;

Tu ne les rendras plus ! "

Mais non ! Dieu qu'on dit bon, tu permets qu'on espère ;

Unir pour séparer, ce n'est point ton dessein.

Tout ce qui s'est aimé, fût-ce un jour, sur la terre,

Va s'aimer dans ton sein.

 




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