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Pie XII Ad Caeli Reginam IntraText CT - Lecture du Texte |
I
Le peuple chrétien, même
dans les siècles passés, croyait avec raison que celle dont est né le Fils du
Très-Haut, qui " régnera à jamais dans la. maison de Jacob ",
5 " Prince de la paix ", 6 " Roi des rois et
Seigneur des Seigneurs ", 7 avait reçu plus que toute autre
créature des grâces et privilèges uniques ; et considérant aussi les relations
étroites qui unissaient la mère au fils, il a reconnu sans peine la dignité
royale suprême de la Mère de Dieu.
C'est pourquoi il n'est
pas étonnant que les anciens écrivains ecclésiastiques, forts de la parole de
l'Archange Gabriel prédisant que le Fils de Marie régnerait éternellement,
8 et de celle d'Élisabeth, qui, en la saluant avec respect, l'appelait
" la Mère de mon Seigneur ", 9 aient déjà appelé Marie "
la Mère du Roi ", " la Mère du Seigneur ", montrant clairement
qu'en vertu de la dignité royale de son Fils elle possédait une grandeur et une
excellence à part.
Aussi Saint Ephrem, dans
l'ardeur de son inspiration poétique, lui prête-t-il ces paroles " Que le
ciel me soutienne de son étreinte, car j'ai été honorée plus que lui. En effet
le ciel ne fut pas ta mère, mais tu en as fait ton trône ! ". 10
Et ailleurs il la prie en ces termes " ... noble jeune fille et Patronne,
Reine, Maîtresse, garde-moi, protège-moi, de peur que Satan auteur de tout mal
ne se réjouisse à mon sujet et que le criminel adversaire ne triomphe de moi
". 11
Saint Grégoire de
Nazianze appelle Marie " Mère du Roi de tout l'univers ", " Mère
Vierge, (qui) a enfanté le Roi du monde entier ". 12 Prudence
déclare que cette mère s'étonne d'avoir engendré Dieu comme homme et même comme
Roi suprême ". 13
Cette dignité royale de
la. Bienheureuse Vierge Marie est clairement et nettement signifiée par ceux
qui l'appellent " Souveraine ", " Dominatrice ", "
Reine ".
Déjà dans une homé1ie
attribuée à Origène, Marie est appelée par Élisabeth non seulement " Mère
de mon Seigneur ", mais " Ma Souveraine ". 14
La même idée ressort du
passage suivant de saint Jérôme dans lequel, parmi les différentes
interprétations du nom de Marie, il met en dernier lieu celle-ci : " Il
faut savoir qu'en syriaque Marie signifie Souveraine ". 15 Après
lui Saint Chrysologue formule la même pensée d'une manière encore plus
affirmative : " Le mot hébreu Marie se traduit en latin Souveraine :
l'Ange l'appelle Souveraine pour qu'elle cesse de trembler comme une servante,
elle à qui l'autorité même de son Fils a obtenu de naître et d'être appelée
Souveraine ". 16
Épiphane, évêque de
Constantinople, écrivant au Souverain Pontife Hormisdas, dit qu'il faut prier
pour que l'unité de l'Église soit conservée " par la grâce de la sainte et
consubstantielle Trinité et par l'intercession de notre Sainte Souveraine, la
glorieuse Vierge Marie Mère de Dieu ". 17
Un auteur de la même
époque salue en ces termes solennels la Sainte Vierge, assise à la droite de
Dieu, pour lui demander de prier pour nous : " Souveraine des mortels,
très sainte Mère de Dieu ". 18
Saint André de Crète
attribue plusieurs fois à la Vierge Marie la dignité de Reine ; il écrit par
exemple : " (Jésus) transporte aujourd'hui hors de sa demeure terrestre la
Reine du genre humain, sa Mère toujours Vierge, dans le sein de laquelle, sans
cesser d'être Dieu, il a pris la forme humaine ". 19 Et ailleurs :
" Reine de tout le genre humain, fidèle en réalité au sens de ton nom et
qui, Dieu seul excepté, dépasse toute chose ". 20
Saint Germain salue en
ces termes l'humble Vierge : " Assieds-toi, ô Souveraine, il convient en
effet que tu sièges en haut lieu puisque tu es Reine et plus glorieuse que tous
les rois ". 21 Il l'appelle aussi : " Souveraine de tous les
habitants de la. Terre ". 22
Saint Jean Damascène lui
donne le nom de " Reine, Patronne, Souveraine ", 23 et même
de : " Souveraine de toute créature " ; 24 un ancien écrivain
de l'Église Occidentale l'appelle : " heureuse Reine ", " Reine
éternelle près du Roi son Fils ", elle dont " la tête blanche comme
la neige est ornée d'un diadème d'or ". 25
Enfin Saint Ildefonse de
Tolède unit presque tous ces titres d'honneur en cette salutation : " Ô ma
Souveraine, Maîtresse suprême ; Mère de mon Souverain, tu règnes sur moi...
Souveraine parmi les servantes, Reine parmi tes soeurs ". 26
À partir de ces
témoignages et d'autres analogues, presque innombrables, qui remontent à
l'antiquité, les théologiens de l'Église ont élaboré la. doctrine selon
laquelle ils appellent la Très Sainte Vierge, Reine de toutes les créatures,
Reine du monde, Souveraine de l'Univers.
Les Pasteurs suprêmes de
l'Église ont estimé de leur devoir d'approuver et d'encourager par leurs
exhortations et leurs éloges la piété du peuple chrétien envers sa Mère du ciel
et sa Reine. Aussi, sans parler des documents des Papes récents, rappelons
simplement ceux-ci : dès le septième siècle Notre Prédécesseur Saint Martin I
appelle Marie " Notre glorieuse Souveraine toujours Vierge " ;
27 Saint Agathon, dans son épître synodale aux Pères du sixième Concile
oecuménique dit d'elle " notre Souveraine, vraiment Mère de Dieu au sens
propre " ; 28 au huitième siècle, Grégoire II dans sa lettre au
Patriarche Saint Germain, qui fut lue aux acclamations de tous les Pères du
septième Concile oecuménique, lui donne le titre de " Souveraine
universelle et vraie Mère de Dieu ", et de " Souveraine de tous les
chrétiens ". 29
Rappelons en outre que
Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire Sixte IV, mentionnant avec faveur la
doctrine de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge dans sa Lettre
Apostolique Cum praeexcelsa, 30 commence par appeler Marie " Reine
du ciel et de la terre " et affirme que le Roi suprême lui a en quelque
sorte transmis son pouvoir. 31
C'est pourquoi Saint
Alphonse de Liguori rassemblant tous les témoignages des siècles précédents écrit
avec grande piété : " Puisque la Vierge Marie a été élevée à la dignité si
haute de Mère de Dieu, c'est à bon droit que l'Église lui à décerné le titre de
Reine ". 32