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Pie XII Ad Caeli Reginam IntraText CT - Lecture du Texte |
IV
Les monuments de
l'antiquité chrétienne, les prières de la liturgie, le sens religieux inné du
peuple chrétien, les oeuvres d'art, nous ont fourni des témoignages qui
affirment l'excellence de la Vierge Mère de Dieu en sa dignité royale ; Nous
avons aussi prouvé que les raisons déduites par la théologie du trésor de la
foi divine confirment pleinement cette vérité. De tant de témoignages cités, il
se forme un concert dont l'écho résonne au loin pour célébrer le caractère
suprême et 1a gloire royale de la Mère de Dieu et des hommes, " élevée
désormais au royaume céleste au dessus des choeurs angéliques ".
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De longues et mûres
réflexions Nous ayant persuadé que si cette vérité solidement démontrée était
rendue plus resplendissante aux yeux de tous - comme une lampe qui brille
davantage quand elle est placée sur le candélabre - l'Église en recueillerait
de grands fruits, par Notre autorité apostolique Nous décrétons et instituons
la fête de Marie Reine, qui se célébrera chaque année dans le monde entier le
31 mai. Nous ordonnons également que, ce jour-là, on renouvelle la consécration
du genre humain au Coeur Immaculée de la Bienheureuse Vierge Marie. C'est là en
effet que repose le grand espoir de voir se lever une ère de bonheur, où
régneront la. paix chrétienne et le triomphe de la religion.
Que tous s'approchent
donc avec une confiance plus grande qu'auparavant, du trône de miséricorde et
de grâce de notre Reine et Mère, pour demander le secours dans l'adversité, la
lumière dans les ténèbres, le réconfort dans la douleur et les larmes ; qu'ils
s'efforcent surtout de s'arracher à la servitude du péché et qu'ils offrent un
hommage incessant, pénétré de la ferveur d'une dévotion filiale, à la royauté
d'une telle Mère.
Que ses Sanctuaires
soient fréquentés et ses fêtes célébrées par la foule des fidèles ; que la
pieuse couronne du Rosaire soit dans toutes les mains et que, pour chanter ses
gloires, elle rassemble dans les églises, les maisons, les hôpitaux, les
prisons, aussi bien de petits groupes que de grandes assemblées de fidèles. Que
le nom de Marie plus doux que le nectar, plus précieux que n'importe quelle
gemme soit l'objet des plus grands honneurs ; que personne ne prononce de
blasphèmes impies, signe d'une âme corrompue, contre un nom qui brille d'une
telle majesté et que la grâce maternelle rend vénérable ; qu'on n'ose même rien
dire qui trahisse un manque de respect à son égard.
Que tous s'efforcent
selon leur condition de reproduire dans leur coeur et dans leur vie, avec un
zèle vigilant et attentif, les grandes vertus de la Reine du Ciel, Notre Mère
très aimante. Il s'ensuivra en effet que les chrétiens, en honorant et imitant
une si grande Reine, se sentiront enfin vraiment frères et, bannissant l'envie
et les désirs immodérés des richesses, développeront la charité sociale,
respecteront les droits des pauvres et aimeront la paix. Que personne donc ne
se croie fils de Marie, digne d'être accueilli sous sa puissante protection,
si, à son exemple, il ne se montre doux, juste et chaste, et ne contribue avec
amour à la vraie fraternité, soucieuse non de blesser et de nuire, mais d'aider
et de consoler.
En bien des régions du
globe, des hommes sont injustement poursuivis pour leur profession de foi
chrétienne et privés des droits humains et divins de la liberté ; pour écarter
ces maux, les requêtes justifiées et les protestations répétées sont jusqu'à
présent restées impuissantes. Veuille la puissante Souveraine des choses et des
temps qui, de son pied virginal, sait réduire les violences, tourner ses yeux
de miséricorde dont l'éclat apporte le calme, éloigne les nuées et les
tempêtes, vers ses fils innocents et éprouvés ; qu'elle leur accorde à eux
aussi de jouir enfin sans retard de la liberté qui leur est due, pour qu'ils
puissent pratiquer ouvertement leur religion, et que, tout en servant la cause
de l'Évangile, ils contribuent aussi par leur collaboration et l'exemple
éclatant de leurs vertus au milieu des épreuves, à la force et au progrès de la
cité terrestre.
Nous pensons également
que la Fête instituée par cette Lettre Encyclique afin que tous reconnaissent
plus clairement et honorent avec plus de zèle l'empire clément et maternel de
la Mère de Dieu, peut contribuer grandement à conserver, consolider et rendre
perpétuelle la paix des peuples, menacée presque chaque jour par des événements
inquiétants. N'est-Elle pas l'arc-en-ciel posé sur les nuées devant Dieu en
signe d'alliance pacifique ? " Regarde l'arc et bénis celui qui l'a fait ;
il est éclatant de splendeur ; il embrasse le ciel de son cercle radieux et les
mains du Très-Haut l'ont tendu ". 63 Que quiconque honore donc la
Souveraine des Anges et des hommes - et personne ne doit se croire exempté de
ce tribut de reconnaissance et d'amour - l'invoque aussi comme la Reine très
puissante, médiatrice de paix : qu'il respecte et défende la paix qui n'est ni
injustice impunie ni licence effrénée, mais concorde bien ordonnée dans
l'obéissance à la volonté de Dieu ; c'est à la conserver et à l'accroître que
tendent les exhortations et les ordres maternels de la Vierge Marie.
Vivement désireux que la
Reine et Mère du peuple chrétien accueille ces voeux et réjouisse de sa paix la
terre secouée par la haine et, après cet exil, nous montre à tous Jésus qui
sera notre paix et notre joie pour l'éternité, à vous Vénérables Frères et à
vos fidèles, Nous accordons de tout coeur, comme gage du secours du Dieu
tout-puissant et comme preuve de Notre affection, la Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près
Saint-Pierre, en la fête de la Maternité de la Vierge Marie, le 11 octobre
1954, seizième année de Notre Pontificat.
PIE XII, PAPE.