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Eugène Asse Jules de Rességuier IntraText CT - Lecture du Texte |
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IX Sur son lit de mort Jules de Rességuier avait semblé d'abord vouloir donner aux siens quelques instructions touchant les manuscrits qu'il laissait non publiés, mais il s'était brusquement arrêté, ajoutant : «Non, non, il vaut mieux qu'il en soit ainsi». La modestie du poète et le détachement du chrétien lui avaient imposé silence. Les siens, cependant, - et ils ont eu raison - ont publié deux ans après sa mort, en 1864, un recueil posthume sous ce titre : Dernières | Poésies | du | comte Jules de Rességuier. | Toulouse | Imprimerie de A. Chauvin | rue Mirepoix, 3. | 1864, in-8. 8 pp. pour le faux-titre, le titre et la préface, et 203 pp. chiff.. dont 3 pour la table. Couverture imp., encadrement à double filet, papier glacé gris perle 49. Voici une partie de la Préface que l'on peut supposer écrite par sa famille, bien qu'elle ne soit pas signée : «Nous croyons
les dernières poésies du comte Jules de Rességuier supérieures à celles dont la
publication, déjà ancienne, a jeté sur son nom un éclat littéraire qui se
rattache au grand mouvement intellectuel des trente premières années de ce
siècle. Sauveterre, janvier 1864. Ce recueil se compose de 58 pièces de vers de formes et de mètres variés. Aucune ne porte d'épigraphe. Sous le titre général de Médaillons : Physionomies et caractères de femmes, (douze, pp. 53-87), il nous offre un modèle peut-être unique de poésie à la fois mondaine et religieuse. Une certaine quantité de pièces, comme le Chien d'Orio, le Maréchal de Boucicaut, Charles-Quint au couvent de Saint-Just, Déclaration d'Henri V d'Angleterre à Catherine (Shakspeare), Un mot sur Shakspeare et une scène du «Marchand de Venise», Une Fille de roi, le Vieux roi, A Viva, Au bord de la mer, sont assez fortement empreintes de romantisme, et doivent remonter à des dates plus anciennes ; mais le plus grand nombre sont des tableaux très fins, très émus, de la vie intime, des anciennes amitiés ; parmi ces dernières, nous citerons : A M. de L[amartine], à l'occasion de la Chute d'un Ange (1838) ; Saint-James, le pavillon Beauchesne, qu'il faudra consulter sur ce poète trop oublié, ou plutôt que l'historien de Louis XVII a rejeté dans l'ombre ; le Cloître de Villemartin, où il chante cette création champêtre d'Alexandre Guiraud, qui y écrivit son dernier poëme en lui en donnant le nom ; Le R. P. Lacordaire, souvenir des dernières conférences prêchées à Toulouse par le grand Dominicain. Nous avons fait connaître les pièces de ce recueil où il a célébré sa demeure ancestrale de Sauveterre (Notre maison, la Nouvelle maison), et la vieille servante Sophie. En finissant, nous citerons encore ces vers, si pleins de hautes et religieuses pensées, de la pièce, Ah ! ne nous plaignons pas : Sitôt
que vient sur nous la souffrance avec l'âge, Cette dernière pensée, si belle, a été reprise par Victor de Laprade dans une pièce de vers de ses Symphonies, qu'elle a rendue célèbre : Feuilles, tombez. Sans pouvoir le compter parmi les grands poètes de la France, qui ont laissé dans le champ de la poésie un puissant sillon, Jules de Rességuier est un de ceux qui ont eu leur originalité propre, qui sont les représentants d'un genre. Jules de Rességuier fut le poète du foyer élégant. Cette poésie qui en Angleterre a été depuis brillamment cultivée par Coventry Patmore, n'aurait pas eu sans Rességuier de représentant en France. C'est en quelque sorte un Sainte-Beuve aristocratique, un Sainte-Beuve élégant, religieux aussi, ce que ne fut en aucune façon l'auteur des Poésies de Joseph Delorme. Ce domaine, Jules de Rességuier le fit sien, et il brille encore d'assez de beautés pour que les Lettres françaises conservent sa mémoire 50.
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49 Bibl. de l'Arsenal, Poésie, 2839. - A l'occasion de ce volume, le Bulletin du Bibliophile publia un article nécrologique et critique du prince Augustin Galitzim sur Jules de Rességuier, 1864, p. 1102. 50 Au cours de la publication de cette étude, nous avons recueilli quelques renseignements nouveaux, que nous donnons ici, et qu'il sera facile de reporter aux passages correspondants : Delphine Gay, a donné pour épigraphe à son élégie : L'une ou l'autre, ce vers de Jules de Rességuier : Pour le malheur d'un autre on manque de courage. Une note des Euménides, Paris, 1840, d'Edouard d'Anglemont, nous apprend qu'à cette époque, Jules de Rességuier était propriétaire du château du Marais, près d'Argenteuil, où était mort le marquis de Mirabeau, l'Ami des hommes, père du célèbre tribun, p. 263. On lit dans la préface, vrai manifeste littéraire, qu'Emile Deschamps a placée en tête de ses Etudes françaises et étrangères, Paris, Urbain Canel, 1828, in-8, imprimerie de Goetschy, LXI et 319 pp. : "Si j'ai intercalé dans ce recueil des poésies toutes modernes, quelques extraits d'une traduction inédite des Odes d'Horace, malgré l'espèce de bigarrure qui en résulte, c'est que M. Jules de Rességuier me l'a demandé dans une de ses plus charmantes pièces de ses Tableaux poétiques, LA BAYADÈRE, composition pleine d'harmonie, de couleur et de nouveauté : on concevra qu'il m'était plus aisé de lui obéir que de lui répondre." |
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