Scene
1 IV | de gayeté, tu te laisses abbatre pour un rien.~GILLES.~Oh !
2 V | avaler cette poudre : j'acceptai cet emploi par charité,
3 IV | mes confitures, je lui fis accroire que c'étoit du poison, pendant
4 Act| ACTEURS~LE MAITRE.~GILLES.~LE FILOU.~ ~
5 I | Monsieur, chacun a ses affaires : j'étois en circonférence
6 IV | valet qui vous est bien affectionné.~LE MAITRE.~Il faut avouer
7 I | rien, vous dis-je, à peine ai-je eu le tems de la décacheter.~
8 | ait
9 V | dans cette bourse que j'allois porter au Procureur de mon
10 V | présente de l'argent, et il allonge le bras). Vous allongez
11 V | il allonge le bras). Vous allongez cependant bien le bras.~
12 | alors
13 I | cette joyeuse vie, elle a amassé six cens livres.~GILLES
14 IV | suis bien la dupe de cet animal. Je connois sa gourmandise ;
15 IV | vous sçavez bien que l'année derniere on vous envoya
16 III| étourdiront sa douleur : mais je l'aperçois.~ ~
17 I | payer.~LE MAITRE.~Il y a apparence. (Il lit). Vous sçaurez,
18 I | lire, quand vous m'avez appellé.~LE MAITRE.~Te l'a-t-il
19 I | Facteur : il vient de m'apporter une Lettre, et je le priois
20 I | bien. (Il lit). Je vous apprends que vot' petite soeur Catin
21 V | gauche. (Il lui présente de l'argent, et il allonge le bras).
22 V | Il y a à la suite de l'armée une infinité de fripons
23 V | poche de Gilles qui lui arrête la main).~GILLES.~Ah ! ah !
24 I | Avant que la Lettre fût arrivée, le feu auroit consommé
25 V | raconte ce qui vient de lui arriver, s'embrouille dans son récit,
26 I | bonne femme. Monsieur, cet article est-il bien vrai ?~LE MAITRE.~
27 | assez
28 IV | voilà bien rassuré, auras-tu asssez d'esprit pour porter à mon
29 V | pendant trois mois, en m'assurant que je l'avois perdu : mais
30 IV | près ; mais puisque vous m'assurez que je n'en mourrai pas,
31 V | moi, et qu'il me falloit attendre trois mois, pour que l'opération
32 IV | se peut-il ?~GILLES.~Ne m'attendrissez pas, Monsieur, je vous prie,
33 V | avez tout l'air de faire aujourd'hui le treizieme. Allons,
34 IV | que te voilà bien rassuré, auras-tu asssez d'esprit pour porter
35 V | n'ai pû travailler, et j'aurois gagné plus de cinquante
36 I | Lettre fût arrivée, le feu auroit consommé toute la ville.~
37 IV | pas regret de ce que j'ai avalé, car je trouvois ce poison
38 | Avant
39 V | FILOU.~A Port-Mahon.~GILLES.~Aviez-vous alors cet habit ?~LE FILOU.~
40 I | Cousin Gilles, je vous donne avis que ma Tante, vot' mère,
41 IV | de mon maître ; de quoi s'avise-t-il de me dire que c'est-là
42 IV | affectionné.~LE MAITRE.~Il faut avouer que je suis bien la dupe
43 V | LE FILOU.~ ~LE FILOU.~AYEZ compassion, Monseigneur,
44 I | a reçu sur le visage une Balafre, qui l'a rendue horriblement
45 IV | suis en doute, c'est ta balourdise qui me fait craindre qu'
46 V | portois l'oiseau dans un bâtiment où j'étois Manoeuvre, un
47 I | Monsieur, vous criez comme un bâton qui a perdu son Aveugle.~
48 | beaucoup
49 | belle
50 V | que je n'ai jamais été à Berg-op-zoom.~LE FILOU.~Et moi je fournirai
51 I | toujours s'égosiller quand on a besoin de ce Coquin là. Gilles,
52 IV | Jacqueline.~LE MAITRE.~Eh ! bête que tu es.~GILLES.~Ah !
53 V | pleure).~GILLES.~Vous en êtes bien-aise, et vous pleurez, qu'est-ce
54 I | mais il me paroît que tu es bientôt consolé de la perte de ta
55 IV | envoya de Rouen six pots blancs de fayance que je prenois
56 I | courage, rentrons ; viens boire un coup, ensuite je t'enverrai
57 V | vous parlez comme une pie borgne.~LE FILOU.~Ah ! Monsieur,
58 V | Monsieur, je n'ai pas ouvert la bouche.~GILLES.~Mais il y a un
59 V | rencontrerons, je payerai bouteille.~GILLES seul.~Volontiers.
60 V | not' Général en a fait brancher une douzaine à la derniere
61 I | y a quinze jours avec un Bréteur, elle en a reçu sur le visage
62 IV | inhumanité à me traiter ainsi, je brule.....~LE MAITRE.~Je le crois
63 I | tout ce qui n' a pas été brûlé, et vos cinquante écus vous
64 IV | poison ?~LE MAITRE.~Non, butord, et si tu n'as pas d'autre
65 IV | MAITRE.~Je le crois bien, or ç'a à présent que te voilà
66 V | aviez mise, et qui me la cachiez avec le bras depuis si long-tems.
67 V | au même.~LE FILOU.~En ce cas, Monsieur, il peut bien
68 V | Manoeuvre, un échellon ayant cassé sous moi, je me suis donné
69 V | entendez-vous ?~GILLES.~Diable, ceci devient sérieux.~LE FILOU.~
70 | celui
71 | cent
72 | cependant
73 I | appelle ?~GILLES.~Monsieur, chacun a ses affaires : j'étois
74 V | Il falloit avec un gros chalumeau de paille, lui souffler
75 V | dans les yeux, et sur le champ je fus privé de la vue.~
76 V | acceptai cet emploi par charité, moyennant un écu de six
77 I | comme pere et mere ; je suis charmé de ton bon naturel pour
78 V | Maître qui le rosse et le chasse. Cela finit la parade).~ ~
79 V | LE FILOU.~Ce fripon de Chirurgien qui m'a pansé pendant trois
80 V | remercie.~GILLES.~Mais vous choisissez la pièce de vingt-quatre
81 IV | meurs.....~LE MAITRE.~Oh Ciel ! se peut-il ?~GILLES.~Ne
82 I | ses affaires : j'étois en circonférence avec le Facteur : il vient
83 V | vous ne voyez donc plus clair ?~LE FILOU.~Non, Monsieur,~
84 V | arrivé encore par un accident comique et singulier.~GILLES.~Racontez-moi
85 V | FILOU.~ ~LE FILOU.~AYEZ compassion, Monseigneur, d'un pauvre
86 IV | Oui, Monsieur, faites mes complimens à Jacqueline.~LE MAITRE.~
87 IV | Monsieur, vous pouvez compter sur ma fidélité.~LE MAITRE.~
88 III| succession sur laquelle il comptoit. Quelques verres de vin
89 IV | la dupe de cet animal. Je connois sa gourmandise ; pour l'
90 IV | pommes.~GILLES.~Je l'ai bien connu, Monsieur, et ce poison
91 V | cela est d'une extrême conséquence.~GILLES.~Je le crois bien,
92 I | paroît que tu es bientôt consolé de la perte de ta mere ?~
93 I | réputation.~LE MAITRE.~Là, là, console-toi.~GILLES.~Non, Monsieur,
94 I | fût arrivée, le feu auroit consommé toute la ville.~GILLES.~
95 I | cette maison, elle a été consummée avec tous les meubles, l'
96 V | méchant, et je veux bien me contenter d'une somme aussi modique :
97 I | sçait pas tant à Limoges : continuez de lire, s'il vous plaît.~
98 I | Monsieur, j'étriperai cette coquine là : j'aime cent fois mieux
99 V | dans la playe une poudre corrosive, c'est-à-dire, tres-brulante.
100 V | celui d'en-haut, et cela m'a coupé la langue tout net.~GILLES.~
101 V | GILLES.~Vous avez la langue coupée ?~LE FILOU.~Oui, Monsieur,
102 I | allons, Gilles, un peu de courage, rentrons ; viens boire
103 IV | GILLES.~Allez, Monsieur, ne craignez rien.~LE MAITRE.~Eh bien !
104 I | Pardienne voilà une bonne créature, et une bien honnête fille.~
105 I | Dame aussi, Monsieur, vous criez comme un bâton qui a perdu
106 IV | ce sot en mange deux pots croyant se donner la mort.~GILLES.~
107 V | la parole.~LE FILOU.~Vous croyez donc que je parle, Monsieur ?~
108 IV | parbleu, si j'ai jamais cru aller mourir, c'est dans
109 IV | seulement la valeur d'une cuillerée, c'étoit fait de moi, et
110 I | lit). Comme le coup étoit dangereux, elle a fait son testament,
111 I | peine ai-je eu le tems de la décacheter.~LE MAITRE.~Voyons.~GILLES.~
112 | déjà
113 | demande
114 V | une fistule lacrymale au derriere. Il falloit avec un gros
115 IV | ce poison là n'est point désagréable à prendre : mais je sens
116 V | entendez-vous ?~GILLES.~Diable, ceci devient sérieux.~LE FILOU.~Très-sérieux.
117 I | l'a rendue horriblement difforme.~GILLES pleurant.~Ah ! la
118 V | parlez, et vous parlez fort distinctement.~LE FILOU.~Ah ! tant mieux,
119 V | c'est lui qui me les a donnés.~GILLES.~Cela revient au
120 I | Gilles.~GILLES~arrive tout doucement, et lui dit d'un ton très-haut
121 III| verres de vin étourdiront sa douleur : mais je l'aperçois.~ ~
122 IV | trouvois ce poison là bien doux.~LE MAITRE.~Je le crois
123 V | Général en a fait brancher une douzaine à la derniere campagne,
124 V | Monsieur, il peut bien y avoir douze semaines.~GILLES.~Et combien
125 V | passé à travers les pores du drap de la manche de mon juste-au-corps.~
126 V | étonne plus : ce sont ces drogues qui vous ont rendu l'usage
127 IV | Mais à qui en veut ce drôle là ?~ ~
128 I | et que l'on jette toute l'eau possible sur ce feu-là.~
129 V | où j'étois Manoeuvre, un échellon ayant cassé sous moi, je
130 I | ferai rien..~LE MAITRE.~Ecoute. (Il lit). En quatre mois
131 I | je suis ruiné, et vite, écrivez au pays, que l'on ait recours
132 V | par charité, moyennant un écu de six livres. Je soufflai
133 V | privé de la vue.~GILLES.~Effectivement, voilà un événement bien
134 IV | bien qu'il fait déjà son effet. Ah ! Monsieur, je me meurs.....~
135 I | GILLES.~Mais oui, à mon égard, Monsieur, me voilà bien
136 I | hola ! il faut toujours s'égosiller quand on a besoin de ce
137 V | vient de lui arriver, s'embrouille dans son récit, impatiente
138 I | me manquent. (Le Maître l'emmene).~ ~
139 II | de tems sans que je m'en empare, justement j'ai ici près
140 IV | sa gourmandise ; pour l'empêcher de manger mes confitures,
141 V | poudre : j'acceptai cet emploi par charité, moyennant un
142 IV | pots de confitures.~GILLES.~Empoisonnées, c'est-là le diable : soutenez
143 IV | Monsieur, je viens de m'empoisonner.~LE MAITRE.~Miséricorde !~
144 V | fripons comme vous, qui emportent ainsi nos bras et nos jambes :
145 V | donné du menton sur celui d'en-haut, et cela m'a coupé la langue
146 III| pitié, il pleure comme un enfant ; mais c'est moins sa mere
147 V | et je vous ferai pendre, entendez-vous ?~GILLES.~Diable, ceci devient
148 V | Excusez-moi, Monsieur, je n'entends rien que lorsque l'on me
149 V | un habile Opérateur m'a entrepris, et a promis de me guérir,
150 I | boire un coup, ensuite je t'enverrai porter trente pistoles à
151 V | reste-t'il encore ?~LE FILOU.~Environ long comme cela.~GILLES.~
152 V | le tonnerre fondoit une épée dans son fourreau, sans
153 IV | fait craindre qu'on ne t'escamote ces trente pistoles.~GILLES.~
154 IV | rassuré, auras-tu asssez d'esprit pour porter à mon Procureur,
155 V | une poudre corrosive, c'est-à-dire, tres-brulante. Personne
156 V | poudre ; mais cette fille s'étant mise à rire au moment de
157 V | autre.~LE FILOU.~Ma main n'étoit-elle pas dans vot' poche ?~GILLES.~
158 V | Parguenne, cela est bien étonnant ! que j'examine un peu cette
159 V | GILLES.~Oh ! je ne m'en étonne plus : ce sont ces drogues
160 III| Quelques verres de vin étourdiront sa douleur : mais je l'aperçois.~ ~
161 I | Il pleure). Monsieur, j'étriperai cette coquine là : j'aime
162 | eût
163 V | Effectivement, voilà un événement bien particulier : depuis
164 V | donc pas sourd ?~LE FILOU.~Excusez-moi, Monsieur, je n'entends
165 V | LE FILOU.~Il faut vous expliquer cela. C'est qu'un habile
166 V | marché : not' Maître se fâchera s'il veut, mais j'aime encore
167 I | en circonférence avec le Facteur : il vient de m'apporter
168 V | ne m'est resté que cette faculté de la vue.~GILLES.~Vous
169 I | Catin étoit oeconome, et se faisoit apparemment bien payer.~
170 V | GILLES.~Et combien cela fait-il de mois ?~LE FILOU.~Je crois
171 IV | moment. Mais aussi c'est la faute de mon maître ; de quoi
172 IV | Rouen six pots blancs de fayance que je prenois pour des
173 I | qui s'appelle une bonne femme. Monsieur, cet article est-il
174 I | Monsieur, le coeur me fend.~LE MAITRE lit.~Par ce testament
175 I | toute l'eau possible sur ce feu-là.~LE MAITRE.~Eh ! mon pauvre
176 V | rosse et le chasse. Cela finit la parade).~ ~
177 IV | manger mes confitures, je lui fis accroire que c'étoit du
178 V | de not' Village avoit une fistule lacrymale au derriere. Il
179 | fit
180 V | Personne ne vouloit faire cette fonction, de peur en respirant d'
181 V | entendu dire que le tonnerre fondoit une épée dans son fourreau,
182 I | GILLES.~Ah ! Monsieur, les forces me manquent. (Le Maître
183 IV | MAITRE.~Et mon ami, tu es fou..~GILLES.~Non, Monsieur,
184 V | Monsieur. (Pendant ce tems il fouille dans la poche de Gilles
185 V | Berg-op-zoom.~LE FILOU.~Et moi je fournirai vingt témoins qui soutiendront
186 I | a pensé faire mourir de frayeur.~GILLES.~Dame aussi, Monsieur,
187 V | l'armée une infinité de fripons comme vous, qui emportent
188 V | yeux, et sur le champ je fus privé de la vue.~GILLES.~
189 I | tourne. Avant que la Lettre fût arrivée, le feu auroit consommé
190 V | travailler, et j'aurois gagné plus de cinquante pistoles.~
191 IV | étoit du poison, que je me gardasse bien d'y toucher : et que
192 I | écus de ma mere, une maison garnie de ma soeur.~LE MAITRE.~
193 IV | ALLONS, mon ami, un peu de gayeté, tu te laisses abbatre pour
194 V | bras et nos jambes : not' Général en a fait brancher une douzaine
195 V | Monseigneur, d'un pauvre Gentishomme, qui est dans une extrême
196 V | Je ne donne pas dans ce godan, vous êtes un fripon, vous
197 IV | cet animal. Je connois sa gourmandise ; pour l'empêcher de manger
198 | gros
199 V | Le voici, Monsieur. Une grosse fille de not' Village avoit
200 V | expliquer cela. C'est qu'un habile Opérateur m'a entrepris,
201 I | son métier aussi joliment. Hélas ! voilà le sort de presque
202 V | Mais il y a un quart d'heure que vous parlez avec moi.~
203 V | voir s'il me trompe. J'ai heureusement sur moi une pièce de vingt-quatre
204 IV | de moi, et que j'étois un homme mort.~LE MAITRE.~Oui, je
205 I | j'aime cent fois mieux l'honneur que la réputation.~LE MAITRE.~
206 I | Balafre, qui l'a rendue horriblement difforme.~GILLES pleurant.~
207 V | tout l'air de faire aujourd'hui le treizieme. Allons, en
208 | ici
209 II | SCENE II.~LE FILOU.~LA résolution
210 III| SCENE III.~LE MAITRE.~CE pauvre misérable
211 V | embrouille dans son récit, impatiente le Maître qui le rosse et
212 V | la suite de l'armée une infinité de fripons comme vous, qui
213 IV | Monsieur, il y a de l'inhumanité à me traiter ainsi, je brule.....~
214 V | GILLES.~Vous faites l'innocent, mais je ne prétends pas
215 V | Monsieur, vous avez tort de m'insulter, et vous êtes bienheureux
216 IV | cette bourse. Pendant que tu iras les porter, je vais faire
217 IV | SCENE IV.~LE MAITRE, GILLES.~ ~LE
218 IV | faites mes complimens à Jacqueline.~LE MAITRE.~Eh ! bête que
219 V | emportent ainsi nos bras et nos jambes : not' Général en a fait
220 I | de la ville, et que l'on jette toute l'eau possible sur
221 I | plus faire son métier aussi joliment. Hélas ! voilà le sort de
222 I | eu querelle il y a quinze jours avec un Bréteur, elle en
223 I | mois qu'elle a mené cette joyeuse vie, elle a amassé six cens
224 | jusqu
225 V | drap de la manche de mon juste-au-corps.~GILLES.~Sans l'endommager ?~
226 II | sans que je m'en empare, justement j'ai ici près un habit de
227 V | Village avoit une fistule lacrymale au derriere. Il falloit
228 I | Par ce testament elle vous laisse une maison des mieux garnies.~
229 V | trente pistoles, que de me laisser traîner en prison.~(Le Maître
230 IV | un peu de gayeté, tu te laisses abbatre pour un rien.~GILLES.~
231 III| soeur que la succession sur laquelle il comptoit. Quelques verres
232 I | mortels, poursuivons la lecture de la Lettre. (Il lit).
233 V | vingt-quatre sols et quelques liards. Tiens, mon ami. (Il lui
234 V | pour que l'opération eût lieu.~GILLES.~Et combien y a-t'
235 | long
236 V | cachiez avec le bras depuis si long-tems. J'en vais rendre plainte,
237 I | LE MAITRE.~Te l'a-t-il lue ?~GILLES.~Vous ne m'en avez
238 V | vous arrive pas davantage : malepeste, un bras volé de cette maniere,
239 IV | pommes de Rouen, et ce sot en mange deux pots croyant se donner
240 IV | toucher : et que si j'en mangeois seulement la valeur d'une
241 V | malepeste, un bras volé de cette maniere, cela est d'une extrême
242 I | Monsieur, les forces me manquent. (Le Maître l'emmene).~ ~
243 V | perdu : mais voilà un grand maraud !~GILLES.~Vous faites l'
244 V | soutiendront le contraire. Allons, marchez en prison.~GILLES.~Attendez
245 V | Est-ce que vous avez la vue mauvaise ?~LE FILOU.~Oh ! très-mauvaise,
246 V | perds, mais je ne suis pas méchant, et je veux bien me contenter
247 I | En quatre mois qu'elle a mené cette joyeuse vie, elle
248 V | moi, je me suis donné du menton sur celui d'en-haut, et
249 I | avis que ma Tante, vot' mère, z'est morte.~GILLES pleurant.~
250 IV | Oui, je m'en souviens à merveille.~GILLES.~Et que vous me
251 V | ami.~GILLES.~Cela est bien merveilleux.~LE FILOU.~Il est vrai,
252 I | six cens livres.~GILLES se met à rire.~Six cens livres !
253 I | ne pourra plus faire son métier aussi joliment. Hélas !
254 I | consummée avec tous les meubles, l'on a pillé tout ce qui
255 I | décédée, il faut aussi que je meure.~LE MAITRE.~Allons, allons,
256 IV | effet. Ah ! Monsieur, je me meurs.....~LE MAITRE.~Oh Ciel !
257 IV | empoisonner.~LE MAITRE.~Miséricorde !~GILLES.~Oui, Monsieur,
258 V | contenter d'une somme aussi modique : mais que cela ne vous
259 I | mere, mais nous sommes tous mortels, poursuivons la lecture
260 IV | vous m'assurez que je n'en mourrai pas, Vivat Gilles. Je n'
261 V | Attendez donc ! n'y a-t'il pas moyen d'accommoder cette affaire ?~
262 V | cet emploi par charité, moyennant un écu de six livres. Je
263 I | je suis charmé de ton bon naturel pour ta mere, mais nous
264 V | est que pour demander mes nécessités.~GILLES.~Mais c'est toujours
265 V | m'a coupé la langue tout net.~GILLES.~Vous avez la langue
266 I | oh ? ma soeur Catin étoit oeconome, et se faisoit apparemment
267 V | mon plaisir je portois l'oiseau dans un bâtiment où j'étois
268 IV | MAITRE.~Je le crois bien, or ç'a à présent que te voilà
269 V | Monsieur, c'est mon habit d'ordonnance.~GILLES à part.~Oh ! je
270 I | dit d'un ton très-haut à l'oreille.~Me voici, Monsieur.~LE
271 | ou
272 V | train de me guérir, j'ai oublié de lui demander un remede
273 V | Monsieur, je n'ai pas ouvert la bouche.~GILLES.~Mais
274 V | avec un gros chalumeau de paille, lui souffler dans la playe
275 V | fripon de Chirurgien qui m'a pansé pendant trois mois, en m'
276 V | le chasse. Cela finit la parade).~ ~
277 IV | Il sort).~GILLES.~Allez, parbleu, si j'ai jamais cru aller
278 I | est fort bien fait à elle. Pardienne voilà une bonne créature,
279 II | LA résolution de Monsieur Parlaventrebleu me réjouit fort, s'il est
280 V | Vous croyez donc que je parle, Monsieur ?~GILLES.~Si je
281 V | ont rendu l'usage de la parole.~LE FILOU.~Vous croyez donc
282 V | voilà un événement bien particulier : depuis ce tems là vous
283 V | terrible, qu'elle m'envoya une partie de cette poudre dans les
284 V | chose : le boulet de canon a passé à travers les pores du drap
285 II | vient de parler, il ne se passera pas beaucoup de tems sans
286 V | qui est dans une extrême pauvreté, et qui ne peut pas demander
287 I | faisoit apparemment bien payer.~LE MAITRE.~Il y a apparence. (
288 V | nous nous rencontrerons, je payerai bouteille.~GILLES seul.~
289 I | sçais rien, vous dis-je, à peine ai-je eu le tems de la décacheter.~
290 V | plainte, et je vous ferai pendre, entendez-vous ?~GILLES.~
291 I | soit du Coquin, qui m'a pensé faire mourir de frayeur.~
292 IV | cher Maître, adieu ; vous perdez un valet qui vous est bien
293 V | C'est bien peu, et j'y perds, mais je ne suis pas méchant,
294 I | Eh ! tu es grand comme pere et mere ; je suis charmé
295 V | est-à-dire, tres-brulante. Personne ne vouloit faire cette fonction,
296 I | es bientôt consolé de la perte de ta mere ?~GILLES.~Oh,
297 I | voici, Monsieur.~LE MAITRE.~Peste soit du Coquin, qui m'a
298 V | l'opération, elle fit un pet si terrible, qu'elle m'envoya
299 V | faire cette fonction, de peur en respirant d'avaler cette
300 I | Voyons le reste, il y aura peut-être encore queuque bonne chose
301 IV | LE MAITRE.~Oh Ciel ! se peut-il ?~GILLES.~Ne m'attendrissez
302 | peux
303 V | mais vous parlez comme une pie borgne.~LE FILOU.~Ah ! Monsieur,
304 V | le Filou examine les deux pieces, prend les vingt-quatre
305 I | tous les meubles, l'on a pillé tout ce qui n' a pas été
306 III| misérable Gilles m'a fait pitié, il pleure comme un enfant ;
307 I | pauvre Orphelin n'est plus à plaindre ?~GILLES.~Au contraire,
308 I | petite Catin, que je te plains : elle ne pourra plus faire
309 V | long-tems. J'en vais rendre plainte, et je vous ferai pendre,
310 V | C'est que comme pour mon plaisir je portois l'oiseau dans
311 I | continuez de lire, s'il vous plaît.~LE MAITRE lit.~Mon Cousin
312 V | paille, lui souffler dans la playe une poudre corrosive, c'
313 V | êtes bien-aise, et vous pleurez, qu'est-ce que cela veut
314 IV | bien, Monsieur, pour aller plutôt rejoindre ma mere et ma
315 IV | Monsieur, et ce poison là n'est point désagréable à prendre :
316 V | canon a passé à travers les pores du drap de la manche de
317 V | perdu le bras ?~LE FILOU.~A Port-Mahon.~GILLES.~Aviez-vous alors
318 V | comme pour mon plaisir je portois l'oiseau dans un bâtiment
319 | pourquoi
320 I | que je te plains : elle ne pourra plus faire son métier aussi
321 I | nous sommes tous mortels, poursuivons la lecture de la Lettre. (
322 IV | GILLES.~Oh ! Monsieur, vous pouvez compter sur ma fidélité.~
323 V | Et pourquoi, mon ami, ne pouvez-vous pas demander vot' vie ?~
324 V | vie : il m'a dit qu'il ne pouvoit rien faire davantage pour
325 V | examine les deux pieces, prend les vingt-quatre sols).~
326 IV | est point désagréable à prendre : mais je sens bien qu'il
327 V | LE FILOU.~Pour qui me prenez-vous, Monsieur ! je n'en ai pas
328 IV | blancs de fayance que je prenois pour des confitures.~LE
329 | presque
330 V | faites l'innocent, mais je ne prétends pas être vot' dupe.~LE FILOU.~
331 IV | attendrissez pas, Monsieur, je vous prie, recevez mes derniers adieux.~
332 I | apporter une Lettre, et je le priois de me la lire, quand vous
333 V | et sur le champ je fus privé de la vue.~GILLES.~Effectivement,
334 V | Le Maître revient de la promenade ; il demande à Gilles s'
335 V | Opérateur m'a entrepris, et a promis de me guérir, mais seulement
336 V | sera faite.~GILLES.~Mais je prouverai que je n'ai jamais été à
337 V | avez volé mon bras, je n'ai pû travailler, et j'aurois
338 IV | vue de bien près ; mais puisque vous m'assurez que je n'
339 V | GILLES.~Mais il y a un quart d'heure que vous parlez
340 I | MAITRE.~Ecoute. (Il lit). En quatre mois qu'elle a mené cette
341 | quelque
342 I | sçaurez, Cousin, qu'ayant eu querelle il y a quinze jours avec
343 I | y aura peut-être encore queuque bonne chose pour moi.~LE
344 I | ayant eu querelle il y a quinze jours avec un Bréteur, elle
345 V | son Procureur, Gilles lui raconte ce qui vient de lui arriver,
346 V | comique et singulier.~GILLES.~Racontez-moi donc cela ? ~LE FILOU.~Le
347 IV | mort.~LE MAITRE.~Oui, je me rappelle tout cela.~GILLES.~Eh bien,
348 IV | présent que te voilà bien rassuré, auras-tu asssez d'esprit
349 IV | craindre la mort, tu peux te rassurer, et j'en suis quitte encore
350 IV | Monsieur, je vous prie, recevez mes derniers adieux.~LE
351 V | arriver, s'embrouille dans son récit, impatiente le Maître qui
352 I | écrivez au pays, que l'on ait recours aux sceaux de la ville,
353 I | avec un Bréteur, elle en a reçu sur le visage une Balafre,
354 IV | Vivat Gilles. Je n'ai pas regret de ce que j'ai avalé, car
355 IV | Monsieur, pour aller plutôt rejoindre ma mere et ma petite soeur
356 II | Monsieur Parlaventrebleu me réjouit fort, s'il est assez dupe
357 V | oublié de lui demander un remede pour la vue.~GILLES.~Est-ce
358 V | que vous avez pris de ses remèdes ?~LE FILOU.~Pour qui me
359 V | FILOU.~Monsieur, je vous remercie.~GILLES.~Mais vous choisissez
360 II | s'il est assez dupe pour remettre à son valet Gilles les trente
361 IV | je vais faire un tour de rempart. (Il sort).~GILLES.~Allez,
362 V | premiere fois que nous nous rencontrerons, je payerai bouteille.~GILLES
363 V | si long-tems. J'en vais rendre plainte, et je vous ferai
364 V | ces drogues qui vous ont rendu l'usage de la parole.~LE
365 I | visage une Balafre, qui l'a rendue horriblement difforme.~GILLES
366 I | Gilles, un peu de courage, rentrons ; viens boire un coup, ensuite
367 I | fois mieux l'honneur que la réputation.~LE MAITRE.~Là, là, console-toi.~
368 II | SCENE II.~LE FILOU.~LA résolution de Monsieur Parlaventrebleu
369 V | cette fonction, de peur en respirant d'avaler cette poudre :
370 V | qu'un liard. Il ne m'est resté que cette faculté de la
371 V | GILLES.~Et combien vous en reste-t'il encore ?~LE FILOU.~Environ
372 V | bras gauche qui est tout retiré, et si un boulet de canon
373 V | l'obligation de m'avoir retrouvé mon bras.~GILLES.~Je ne
374 V | LE FILOU.~Adieu, jusqu'au revoir : la premiere fois que nous
375 I | mieux garnies.~GILLES en riant très-fort.~Une maison des
376 I | Monsieur, me voilà bien riche au moins. Cinquante écus
377 V | impatiente le Maître qui le rosse et le chasse. Cela finit
378 I | ah ! Monsieur, je suis ruiné, et vite, écrivez au pays,
379 I | GILLES.~Oh ! l'on n'en sçait pas tant à Limoges : continuez
380 I | apparence. (Il lit). Vous sçaurez, Cousin, qu'ayant eu querelle
381 IV | GILLES.~Oui, Monsieur, vous sçavez bien que l'année derniere
382 I | que l'on ait recours aux sceaux de la ville, et que l'on
383 V | peut bien y avoir douze semaines.~GILLES.~Et combien cela
384 I | sort de presque toutes ses semblables.~LE MAITRE.~Attendez, mon
385 IV | désagréable à prendre : mais je sens bien qu'il fait déjà son
386 | sera
387 V | GILLES.~Diable, ceci devient sérieux.~LE FILOU.~Très-sérieux.
388 V | Procureur de mon Maître. Seriez-vous content de cette somme ?~
389 V | vrai, mais tout cela ne seroit rien si j'avois l'usage
390 V | paroît pourtant qu'il se sert bien du bras gauche. (Il
391 | seul
392 V | par un accident comique et singulier.~GILLES.~Racontez-moi donc
393 I | est-ce qui aura à présent soin de moi ?~LE MAITRE.~Eh !
394 V | êtes bienheureux que je sois sourd, car si j'avois entendu
395 | soit
396 II | ai ici près un habit de Soldat : voilà mon affaire (Il
397 | sommes
398 V | lorsque l'on me dit des sottises, ou tiens, mon ami.~GILLES.~
399 V | un écu de six livres. Je soufflai la poudre ; mais cette fille
400 V | chalumeau de paille, lui souffler dans la playe une poudre
401 | sous
402 IV | Empoisonnées, c'est-là le diable : soutenez moi, Monsieur mon cher Maître,
403 V | fournirai vingt témoins qui soutiendront le contraire. Allons, marchez
404 IV | LE MAITRE.~Oui, je m'en souviens à merveille.~GILLES.~Et
405 III| mere et sa soeur que la succession sur laquelle il comptoit.
406 V | Très-sérieux. Il y a à la suite de l'armée une infinité
407 IV | et si tu n'as pas d'autre sujet de craindre la mort, tu
408 I | mon cher Cousin, il est survenu un très-grand malheur, le
409 I | est fait ! je ne veux plus survivre à un tel malheur : ma mere
410 I | je vous donne avis que ma Tante, vot' mère, z'est morte.~
411 I | veux plus survivre à un tel malheur : ma mere est morte,
412 V | Et moi je fournirai vingt témoins qui soutiendront le contraire.
413 V | Manoeuvre, et depuis ce tems-là vous ne parlez plus ?~LE
414 V | étoit.~LE FILOU.~La main ne tenoit-elle pas au bras ?~GILLES.~Sans
415 V | opération, elle fit un pet si terrible, qu'elle m'envoya une partie
416 | Tes
417 I | mon pauvre Gilles, la tête te tourne. Avant que la
418 V | jamais entendu dire que le tonnerre fondoit une épée dans son
419 V | Ah ! Monsieur, vous avez tort de m'insulter, et vous êtes
420 IV | je me gardasse bien d'y toucher : et que si j'en mangeois
421 | tour
422 I | pauvre Gilles, la tête te tourne. Avant que la Lettre fût
423 | toutes
424 V | que l'Opérateur étoit en train de me guérir, j'ai oublié
425 V | pistoles, que de me laisser traîner en prison.~(Le Maître revient
426 IV | y a de l'inhumanité à me traiter ainsi, je brule.....~LE
427 V | volé mon bras, je n'ai pû travailler, et j'aurois gagné plus
428 V | boulet de canon a passé à travers les pores du drap de la
429 V | de faire aujourd'hui le treizieme. Allons, en prison.~GILLES.~
430 V | mieux, Monsieur, j'en suis très-aise. (Il pleure).~GILLES.~Vous
431 V | corrosive, c'est-à-dire, tres-brulante. Personne ne vouloit faire
432 I | garnies.~GILLES en riant très-fort.~Une maison des mieux garnies !
433 I | Cousin, il est survenu un très-grand malheur, le feu ayant pris
434 I | doucement, et lui dit d'un ton très-haut à l'oreille.~Me voici, Monsieur.~
435 V | mauvaise ?~LE FILOU.~Oh ! très-mauvaise, Monsieur, je suis aveugle.~
436 V | devient sérieux.~LE FILOU.~Très-sérieux. Il y a à la suite de l'
437 I | est-il bien vrai ?~LE MAITRE.~Très-vrai : mais il me paroît que
438 V | GILLES.~Je vais voir s'il me trompe. J'ai heureusement sur moi
439 IV | ce que j'ai avalé, car je trouvois ce poison là bien doux.~
440 | V
441 IV | en mangeois seulement la valeur d'une cuillerée, c'étoit
442 V | Monsieur, j'ai bien vu qu'elle valloit mieux qu'un liard. Il ne
443 V | avois entendu ce que vous venez de dire.....~GILLES.~Quoi ?~
444 V | vot' poche ?~GILLES.~Oui, ventrebille elle y étoit.~LE FILOU.~
445 V | Je le crois bien, mais en vérité, ce n'est pas moi qui vous
446 III| laquelle il comptoit. Quelques verres de vin étourdiront sa douleur :
447 IV | Tu as pris ton parti, que veux-tu dire ?~GILLES.~Cela veut
448 I | GILLES.~Oh, elle étoit bien vieille !~LE MAITRE.~Fort bien. (
449 I | Aveugle.~LE MAITRE.~Et que ne viens-tu quand on t'appelle ?~GILLES.~
450 I | le tems.~LE MAITRE.~D'où vient-elle cette Lettre ?~GILLES.~Je
451 V | Une grosse fille de not' Village avoit une fistule lacrymale
452 III| comptoit. Quelques verres de vin étourdiront sa douleur :
453 V | FILOU.~Et moi je fournirai vingt témoins qui soutiendront
454 I | Bréteur, elle en a reçu sur le visage une Balafre, qui l'a rendue
455 I | Monsieur, je suis ruiné, et vite, écrivez au pays, que l'
456 IV | que je n'en mourrai pas, Vivat Gilles. Je n'ai pas regret
457 IV | pas encore deux heures à vivre.~LE MAITRE.~Et mon ami,
458 V | Monsieur,~GILLES.~Je vais voir s'il me trompe. J'ai heureusement
459 I | cinquante écus vous ont été volés.~GILLES.~Au feu ! aux voleurs !
460 I | volés.~GILLES.~Au feu ! aux voleurs ! ah ! Monsieur, je suis
461 V | bouteille.~GILLES seul.~Volontiers. Parguenne, je suis encore
462 V | tres-brulante. Personne ne vouloit faire cette fonction, de
463 V | FILOU.~Un fripon ? c'est vous-même qui êtes un fripon.~GILLES.~
464 IV | MAITRE.~Je le crois bien, vraiment, manger ainsi deux pots
465 | vu
466 IV | mon Procureur, Monsieur Vuidegousset, les trente pistoles qui
467 | yeux
468 | z
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