II.
PHYSIOLOGIE
PHYSIOLOGIQUE DE LA FEMME.
Ce qui différencie les Dames des Messieurs.

Développement de la Femme.
A peine éclose au soleil de la vie, la petite fille conserve pendant quelques
années les apparences des petits garçons de son âge : allures vives et
pétulantes, timbre de voix, gracilité des membres, indécision des formes, tout les
confondra longtemps encore.
Mais, pareille à la fleur qui ne demande qu’un rayon de soleil pour épanouir sa
corolle, la jeune et gracieuse créature appelée un jour à devenir mère, éprouve
les premières secousses qui lui révèlent une nouvelle existence ; rose
virginale, elle entr’ouvre son calice, et elle éprouve les douloureuses
prémices des nombreuses et redoutables épreuves qui l’attendent.
Une fois cette révolution opérée dans son être, son extérieur se métamorphose
rapidement. La pudeur voile son front, ses yeux s’animent, puis ses cheveux
croissent, son cou s’incline avec grâce, ses épaules s’évasent, sa poitrine
développe ses contours naissants, la taille se dessine et se cambre, les
hanches s’élargissent, et toutes ses formes, plus moelleuses, plus élégamment
arrondies, prennent ce caractère particulier que l’on admire dans la Vénus de
Médicis.
Mais, hélas ! les années, dans leur vol rapide, déjà s’accumulent sur sa tête,
- elle touche à son été, époque mélangée de délices douteuses et d’angoisses
trop réelles ! Dépositaire du fruit qu’elle sent bondir dans son sein, l’heure
approche où la jeune mère entendra son précieux fardeau mêler ses premiers
vagissements à ses derniers cris de détresse !
Et c’en est fait… Adieu fraîcheur, jeunesse et beauté ! les ans poursuivent
leur course avec une effrayante rapidité, les traits se décomposent, les
cheveux blanchissent, le front se ride, et, comme dit La Fontaine :
Le chagrin vient
ensuite, et l’on voit chaque jour
Déloger quelques ris, quelques jeux, puis… l’amour !
Qu’est-ce que la Beauté ?
PARLEZ d’une femme à vingt jeunes gens, s’ils ne
l’ont point encore vue, je vous défie d’en trouver un seul qui ne commence par
vous dire : - Est-elle jolie ?
De fait, la femme n’existe qu’à la condition d’être belle. Plaire est sa
mission. Retirez-lui ce don précieux, elle s’éclipse du monde où l’on aime. Une
femme laide est une négation, une erreur de la nature, une fleur avortée, un
beau fruit déformé par la grêle, un arbre qui s’est déjeté en croissant ; c’est
une anomalie.
Et qu’est-ce donc que la Beauté ? la Beauté !! cette conquérante victorieuse
qui pour vous traîner derrière son char, que la foule assiège, n’a d’autre soin
à prendre que celui de paraître ?
La Beauté est ce qu’il y a de plus capricieux dans l’univers ! Elle varie comme
les temps, comme les lieux, comme les rangs, comme les peuples, comme les
provinces, comme les modes, comme les idées de chacun.… Ce qui est beau ici ne
l’est point ailleurs ; ce qui l’est aujourd’hui le sera-t-il encore demain ? Il
existe autant de genres de beautés que de manières de voir dans la tête des
individus composant la vaste fourmilière qui se remue à la surface de notre
planète.
Or, de nos longues méditations sur cette grave matière, il résulte que la
beauté est moins telle ou telle forme que telle harmonie d’ensemble qui
s’accorde avec la manière de sentir de tel individu.
Et cela est si vrai, que les femmes qui, d’après nos convictions, réunissent
tous les caractères de la beauté, tout en ayant le privilège d’exciter
l’étonnement général, n’ont pas toujours celui d’inspirer une affection bien
profonde. - C’est un frissonnement qui ne passe pas l’épiderme.
Il est des femmes qui sont jolies avec un oeil louche, un nez retroussé, de
grosses lèvres et des sourcils chinois. - Qu’y a-t-il donc en elles ? -
L’expression,
Et la grâce, plus belle encor que la beauté.
Tout le monde s’accorde à dire que les femmes laides sont quelquefois celles
qui font naître les passions les plus ardentes et les plus durables. En effet,
comme le pense La Bruyère, si une laide se fait aimer, ce ne peut être
qu’éperdûment, car il faut que ce soit par une étrange faiblesse de son amant,
ou par de plus secrets et de plus invincibles charmes que la beauté.
Nos idées sur la toilette.
LA première fois qu’un jeune artiste de ma
connaissance mit le pied dans un atelier de statuaire, un fort joli modèle
posait en Vénus ; il fut tout surpris de rester froid comme glace.
Quelques heures plus tard, il aperçut par-derrière, non loin de lui, une jeune
femme à la tournure svelte et dégagée comme l’ont les Parisiennes. Il avait
plu, le ruisseau était large ; elle saute, sa robe se soulève, et lui découvre
un bas de jambe… délicieux ! Ce fut comme un choc électrique. - Il presse le
pas. - Qu’était-ce ? - Son modèle.
MORALE. - Mesdames, ne montrez jamais rien, et
ne laissez entrevoir que le moins possible. Une nudité repousse ; un voile
aiguillonne et stimule.
En fait de toilettes : du blanc pour tout et toujours. Rien ne poétise une
femme comme la couleur du lis. Mais il ne suffit pas qu’une étoffe soit
blanche, il faut encore qu’elle soit fine, légère et moelleuse. Est-il rien de
ravissant comme les tissus qui s’affaissent, ondulent sur les formes et
laissent soupçonner leurs contours, comme fait un peignoir humide les épaules
d’une baigneuse qui sort de l’eau ?
Au salon, gardez-vous des parfums ! c’est une peste ; à la promenade, c’est un
délice ; on aime qu’une femme laisse derrière elle une traînée odorante, dont
l’impression vous pénètre longtemps encore après qu’elle a disparu.
Le Corset.
LA drôle de figure que feraient les dames de
l’ancienne Grèce, si de retour dans ce monde elles s’entendaient dire : «
Depuis que vous avez passé l’Achéron, Mesdames, la mode, non contente de faire,
défaire et refaire des millions de milliards de fois la forme des vêtements
féminins, s’est attaquée à celle du corps lui-même. Aujourd’hui, par exemple,
pour qu’une femme soit réputée bien faite, il est d’urgence qu’à l’aide d’une
machine de basin, renforcée de baleines, quelquefois même bardée de fer, elle
se torde les os, se strangule la poitrine, se pressure l’estomac, se mette la
rate et le foie en marmelade, le tout afin qu’on dise d’elle : - « On lui
prendrait la taille entre les deux mains ! »
Et pour cette puérile gloriole, elle se condamne durant toute une vie, qu’elle
abrège, au supplice quotidien d’une asphyxie en détail !
Que de souffrances, bon dieu ! pour déformer le plus grotesquement du monde
l’oeuvre où le créateur épuisa ses plus riches trésors de grâce, d’élégance, de
souplesse et d’harmonie !
Il nous sied bien d’oser ensuite nous étonner qu’il existe des peuplades
sauvages où les femmes, s’imaginant aussi se rendre plus belles, se font
tatouer le visage, rougir les ongles, et passer un anneau à travers les narines
!...
Qu’est-ce qu’un Boudoir ?
UNE oasis au milieu du désert…
Une ville franche au milieu des grands états despotiques.
|