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Eugène Villemin Neufville alias Etienne de Neufville
Physiologie de la femme

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  • III. DIFFÉRENTES PÉRIODES DE LA VIE DE LA FEMME.
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III.

DIFFÉRENTES PÉRIODES DE LA VIE DE LA FEMME.

 

Petite Fille.


SI, physiquement parlant, petits garçons et petites filles se confondent, pour le moral, quelles différences !

Le premier instinct qui se réveille chez la petite fille, c’est la coquetterie, coquetterie qui se déploie dans toute sa nudité, sur laquelle, en un mot, le respect humain, la dissimulation sociale n’ont encore jeté aucun voile.

Fait-elle un pas, une gambade ? a-t-elle une robe, un chapeau neufs ? est-elle debout ? assise ? à table ? au piano ? au spectacle ? à la promenade ? en toutes circonstances, en tous lieux, vous la verrez lancer à droite, à gauche, sa petite prunelle maligne, furtive et inquiète, afin de juger de l’effet qu’elle produit.

Fleur à peine éclose, elle se tourne déjà vers les hommes, comme les anémones vers le soleil.

Pensionnaire.


ON composerait un curieux volume, je vous jure, de tout ce qui se dit et se fait dans ces ruches bourdonnantes qu’on nomme institutions de jeunes demoiselles.

On y vient candide et ignorante jeune fille, et souvent…

    Désir de veuve est un feu qui dévore,
    Désir de nonne est cent fois pis encore.

Les nonnes s’en vont, mais les pensionnaires restent pour éterniser la vérité du spirituel distique de Gresset.

Jeune fille, Epouse et Mère.

 

AU milieu des heureux du monde.
Quand jeune fille elle brillait,
Sur sa blanche épaule la blonde
A flots chatoyants ondulait.
Elle allait, reine de la fête
Avec des perles sur la tête,
Avec des fleurs dans les cheveux
Et sur son gracieux passage,
Les coeurs à la divine image
En silence adressaient leurs voeux
Sur son front pur les girandoles
Étincelaient en reflets d’or,
Un concert de douces paroles
Saluait son pudique essor.
A travers la foule amoureuse,
Comme une forme vaporeuse
Elle glissait sur le parquet,
Et son coeur, tout gonflé de joie,
Sous les plis mouvants de la soie
Faisait tressaillir son bouquet.
A son luth d’autrefois encore
Elle allait marier sa voix,
Et dès que la corde sonore
Prenait une âme sous ses doigts,
On voyait la foule ravie
Frémir à la douce magie
De ses mélodieux accents,
Et comme un ange sur la terre
Chacun l’adorait en mystère ;
Les soupirs étaient son encens.

 

D’où vient donc aujourd’hui la retraite profonde
    Où son coeur s’est plongé ?
D’où vient que sa ferveur pour les plaisirs du monde
    En dédain s’est changé ?
Et pourtant c’est bien doux de convertir en trône
    La banquette du bal,
De se voir adorée ainsi qu’une madone
    Sur son beau piédestal ;
De s’entendre à voix basse appeler la plus belle
    Dans les groupes émus ;
De sentir aux rayons de sa douce prunelle
    Tous les yeux suspendus ;

 

De voir autour de soi les danseurs qu’on attire
    Mendier un coup d’oeil,
Puis de leur accorder l’aumône d’un sourire
    Qui les comble d’orgueil.
Oui, certes, c’est bien doux quand la fête s’achève,
    Trop tôt pour son désir,
De se rasseoir encor, dans le cours d’un beau rêve
    Au banquet du plaisir !

 

Aussi parfois, dans sa tristesse,
La jeune femme se souvient
De ces heures de folle ivresse
Dont l’impression lui revient ;
Jours de secousse et de vertige,
Où sa pauvre âme qui s’afflige
Retourne encor d’un vol joyeux !
Jours dont l’image a tant de charmes
Que, sans le vouloir, bien des larmes
Roulent sur le bord de ses yeux !

Sait-on ce que son coeur renferme ?
A-t-il pour toujours triomphé
D’un premier amour dont le germe
Couve encore mal étouffé ?
Quand un regret vient la poursuivre
Sait-on les combats que se livre
Son coeur enchaîné par l’hymen ?
Quand son pâle sourcil se fronce
Hélas ! sait-on quelle est la ronce
Qui hérisse encor son chemin ?

Mais quel cri frappe son oreille ?
C’est la voix d’un enfant chéri
Cet accent bien-aimé réveille
Son coeur sur lui-même attendri.
Soudain la mère de famille,
De ses chagrins de jeune fille
Se prend à rougir devant Dieu ;
Ce n’est plus pour soi qu’elle existe
Son âme au penser qui l’attriste
Adresse un éternel adieu !

 

Adieu donc les plaisirs et les riches parures
Les flots d’adorateurs aux séduisants murmures
Adieu les tourbillons, les surprises du bal !

A ces enfants chéris celle qui se dévoue
N’a plus d’autre plaisir que d’aller sur leur joue
    Cueillir le baiser matinal.

Sa paupière, a toute heure alerte et vigilante,
S’occupe à surveiller leur marche chancelante,
Les cordes de son coeur ne vibrent que pour eux
S’ils dorment… inquiète, elle prête l’oreille,
Et prend le moindre son de leur bouche vermeille
    Pour quelque sanglot douloureux.

Aussi dans cette femme au vêtement sévère
Reconnaîtriez-vous la sylphide légère
Qui par son élégance éblouissait les yeux,
Et par les mouvements cadencés de sa hanche,
Évaporant les plis de sa tunique blanche,
    Semblait prête à fuir dans les cieux ?

 

Digression sur les avantages d’être le détenteur d’une jolie Femme.


Ô fortunatos nimium sua si bona nôrint maritos ! Trop heureux les maris s’ils savaient leur bonheur ! Quand je dis maris, j’entends maris de jolies femmes ; les autres, ce n’en est que l’ombre.

Monsieur Jacques Durand est un garçon qui, tant qu’il jouissait des douceurs du célibat, n’était pas trop étouffé par la foule de ses amis et connaissances. Mais, depuis qu’il a passé sous la bannière conjugale, il s’est opéré pour lui dans le monde un changement dont il a peine à se rendre compte.

Tout ce qu’il dit est plein de sel ; tout ce qu’il fait obtient l’approbation générale ; toutes les figures lui sont accortes, riantes et bien disposées.

De toutes parts lui pleuvent les offres de service. Il en tombe de son haut.

Heureux monsieur Jacques Durand, vous oubliez donc que vous êtes détenteur d’une jolie femme ?

Vieille Fille.


L’ICHNEUMON est le fléau du crocodile, le chien des matous, le brochet des goujons, le loup des agneaux, etc. ; la vieille fille est le fléau des amoureux.

La vieille fille est toujours jeune - pour elle.

Depuis cinquante-cinq ans qu’elle consulte quotidiennement son miroir, les avaries successives de son visage se sont faites à ses yeux d’une manière si lente, si imperceptible, qu’elle reste intimement convaincue d’avoir conservé ses dix-sept printemps. Il y a quelque chose de vrai ; seulement, ils ont été surchargés de plusieurs autres.

Femme sur le retour.


EPOQUE critique ! très-critique, en effet.

Illusions, secousses du coeur, angoisses et délices d’amour ; jeunesse et beauté ; charme, prestige, sceptre et couronne, tout lui échappe, la malheureuse ! le monde croule sous ses pieds….

L’homme a ses consolations ; mais la femme, plaignez-la, elle qui n’est faite que pour aimer…

Vieille Femme.


JEUNES gens, découvrez-vous ; respect et vénération, je vous prie, sur cette femme qui a mis un fils, une fille au monde ; sur cette femme qui a supporté toutes les douleurs de ce qui n’a été que joie et délices pour vos grands pères !




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