SCÈNE DEUXIÈME
Les précédents, Dame Ragonde.
DAME RAGONDE
(d'un air agité)
Quand tomberont sur lui les vengeances divines?
Quelle horreur!
TOUTES
Qu'avez-vous?
DAME RAGONDE
Dieu! quel crime inouï!
LA COMTESSE
Mais qu'est-ce donc?
DAME RAGONDE
Encore un trait du comte Ory.
De malheureuses pèlerines
Qui, fuyant sa porsuite, et cherchant un abri,
Pour la nuit demandent un asile.
LA COMTESSE
Que nos secours leur soient offerts!
DAME RAGONDE
J'ai prévenu vos voeux! ce soin m'était facile.
On aime à compatir aux maux qu'on a soufferts...
LA COMTESSE
Ces dames sont-elles nombreuses?
DAME RAGONDE
Quatorze.
LA COMTESSE
C'est beaucoup!
DAME RAGONDE
Mais quel air! quel maintien!
LA COMTESSE
Leur âge?
DAME RAGONDE
Quarante ans.
LA COMTESSE
Leurs figures?
DAME RAGONDE
Affreuses!
Ce comte Ory n'a peur de rien.
Je les ai fait entrer au parloir en silence.
Elles tremblant encor de froid et de frayeur.
L'une d'elles pourtant, dans sa reconnaissance,
De vous voir un istant demande le faveur.
Mais c'est elle, je pense:
Elle approche.
LA COMTESSE
C'est bien.
Laissez-nous un instant.
DAME RAGONDE
(au comte Ory, qui paraît en
pèlerine et les yeux baissés)
Entrez, ne craignez rien.
(Toutes les dames sortent).
LA COMTESSE
Ragonde avait raison, quel modeste maintien!
|