SCÈNE QUATRIÈME
Le comte, le gouverneur, onze chevaliers.
Il sont vétus d'une pèlerine qui est entrouverte,
et laisse apercevoir leurs habits de chevaliers.
LE CHOEUR
Ah! la bonne folie!
C'est charmant, c'est divin!
Le plaisir nous convie
À ce joyeux festin.
LE COMTE
L'aventure est jolie,
N'est-il pas vrai... monsieur le gouverneur?
LE GOUVERNEUR
Je pense comme Monseigneur.
Mais si le duc...
LE COMTE
Mon père...
LE GOUVERNEUR
Apprend cette folie,
Ma place m'est ravie!
Il faudra prendre garde.
LE COMTE
Eh! mais, c'est ton emploi;
Tu veilleras pour nous, et nous rirons pour toi.
Rien ne nous manquera, je pense;
Car sagement j'ai su choisir
Mes compagnons, pour le plaisir,
Mon gouverneur pour la prudence.
LE GOUVERNEUR
Qui peut vous inspirer pareille extravagance?
LE COMTE
C'est mon page Isolier... mon rival.
LE GOUVERNEUR
L'imprudent!
LE COMTE
Qui, ne connaissant point l'objet de ma tendresse,
M'a suggéré lui-même un tel déguisement
Pour mieux enlever sa maîtresse.
LE GOUVERNEUR
Et le ciel le punit.
LE COMTE
En me récompensant.
LE CHOEUR
Oh! la bonne folie!
C'est charmant, c'est divin!
Le plaisir nous convie
À ce joyeux festin.
(Ils se mettent à table).
LE GOUVERNEUR
Eh! mais, quelle triste observance!
Rien que du laitage et des fruits.
LE COMTE
C'est le repas de l'innocence, Mesdames.
LE GOUVERNEUR
Point de vin!
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