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Marc Tulle Cicéron
Caton l’Ancien de la vieillesse

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  • IV
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IV. 10 Pour moi, tout jeune, j’ai aimé un vieillard, Quintus Maximus, celui qui reprit Tarente, comme on aime un contemporain. Il y avait en lui un sérieux tempéré d’affabilité et la vieillesse n’avait pas changé son caractère : quand j’ai commencé à m’attacher à lui il n’était pas encore tellement avancé en âge mais cependant de beaucoup mon aîné. Son premier consulat était postérieur d’un an seulement à ma naissance et quand, tout jeune soldat, j’étais devant Capoue, il était, lui, consul pour la quatrième fois, cinq ans après j’étais avec lui devant Tarente. Edile en suite, je fus nommé questeur quatre ans plus tard sous le consulat de Tuditanus et de Céthégus, et c’est alors que, devenu tout à fait vieux, il soutint la loi Cincia sur les dons et les présents.

Cet homme, âgé déjà, faisait la guerre avec la vigueur de la jeunesse et sa patience eut raison peu à peu de la fouge juvénile d’Hannibal. Comme l’a si bien dit notre ami Ennius, “un chef unique en temporisant a rétabli nos affaires, le salut de la patrie lui importait plus que les clameurs des mécontents, de là l’éclat glorieux qui s’est attaché et s’attache plus encore aujourd’hui à son nom.” 11 De quelle vigilance, de quelle habileté réfléchie il a fait preuve dans la prise de Tarente ! J’ai entendu Salinator qui, après la perte de la ville, s’était réfugié dans la citadelle, lui dire, tout glorieux : “C’est grâce à moi, Fabius, que tu as repris Tarente.” “Certes, répondit Fabius en riant, si tu n’avais perdu cette ville jamais je ne l’aurais reprise.”

Ses mérites de citoyen allaient de pair avec ses services militaires : pendant son deuxième consulat, alors que son collègue, Spurius Carvilius, demeurait inerte, il résista de toutes ses forces au tribun Caïus Flaminius qui, malgré l’opposition du sénat, proposait le partage des terres du Picenum et de la Gaule; augure il osa dire que les auspices étaient toujours favorables quand on agissait pour le bien de la république, toujours sinistres quand on agissait contre elle. 12 J’ai eu connaissance de beaucoup de traits dignes de mémoire dans la vie de cet homme, mais je n’en sais pas de plus admirable que son attitude à la mort de son fils, citoyen éminent et personnage consulaire. Nous possédons son éloge funèbre et à le lire il n’est philosophe qui ne nous paraisse méprisable.

La grandeur de Fabius n’éclatait pas seulement dans sa vie publique, dans cette partie de son activité exposée au regard de ses concitoyens; sa supériorité n’était pas moins réelle chez lui, dans son privé. Quel causeur, quelle abondance de préceptes, quelle connaissance des temps anciens, quelle science du droit augural ! Il était aussi très lettré pour un Romain et sa mémoire conservait également les événements de politique intérieure et les guerres avec l’étranger. Je jouissais avidement de sa conversation, comme si j’avais pressent que, lui mort, il n’y aurait plus personne de qui je pusse recevoir des enseignements.




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