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Marc Tulle Cicéron Caton l’Ancien de la vieillesse IntraText CT - Lecture du Texte |
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XI. Le vieillard est
sans force. Mais on ne lui demande pas d’en avoir. La loi et la coutume établie
dispensent les gens de mon âge de tout service exigeant de la force. Loin de
nous demander ce que nous ne pouvous donner, on ne nous oblige donc pas à
donner tout ce dont nous sommes capables. 35 Mais,
objecte-t-on, il y a des vieillards si débiles que toute fonction, toute
besogne leur sont interdites. Pour
ceux-là ce n’est pas la vieillesse qu’il faut accuser, c’est la santé. Quel ne
fut pas l’état de faiblesse de Publius Scipion, le fils de l’Africain et ton
père adoptif ! Quelle santé chétive ou plutôt quelle absence de santé. S’il
avait eu une constitution meilleure, l’État aurait eu en lui une seconde lumière
du plus vif éclat, car à la grandeur d’âme de son père il joignait des
connaissances plus étendues. Est-il surprenant que les vieillards soient parfois débiles alors que la débilité n’épargne même pas toujours les jeunes hommes. Il faut résister à la vieillesse et suppléer par son industrie à ce qui lui manque. Il faut lutter contre la vieillesse tout comme on doit lutter contre la maladie, 36 prendre de l’exercice avec modération, régler sa nourriture et sa boisson de façon à restaurer ses forces, non à les ruiner. Et ce n’est pas seulement aux besoins du corps qu’on pourvoira, on aura égard bien davantage à ceux de l’âme et de l’esprit : faute d’aliments leur vie s’éteindra comme meurt une lampe où l’on ne verse pas d’huile. Observez aussi que, si des exercices trop violents fatiguent le corps, quand c’est l’esprit qui s’exerce, loin d’être accablée, l’âme éprouve un allégement. Pour ceux que Cécilius appelle les sots vieillards de la comédie, ce sont des vieillards crédules, oublieux, sans énergie. Ce ne sont pas là des défauts propres à la vieillesse mais seulement à une vieillesse incapable d’aucune besogne, flasque et somnolente. De même que la légèreté présomptueuse et le goût immodéré des plaisirs sont des traits qui s’observent dans le jeune homme plus que dans le vieillard et que ce ne sont pas cependant des défauts communs à tous les jeunes gens, mais seulement à ceux qui ne savent pas se conduire, de même cette sottise sénile, que volontiers on appelle un égarement de l’esprit, est le propre des vieillards inconsistants, non de tous les vieillards. 37 Appius, aveugle et âgé, gouvernait ses quatre fils en pleine vigueur, ses cinq filles, toute une très grande maison, toute une clientèle très étendue. Il avait l’esprit tendu comme un arc, sa vieillesse n’avait certes rien d’accablé ni de languissant, il ne jouissait pas seulement de la considération des siens, il exerçait sur eux un commandement effectif. Redouté de ses esclaves, il inspirait à ses enfants un respect intimidé, à tous il était cher. Dans sa maison, la discipline romaine à l’ancienne mode était toujours en vigueur. 38 Ainsi le vieillard est honoré quand il sait se défendre, quand il maintient son droit, quand il garde contre tous son indépendance et sur les siens son autorité. Il me plaît que le jeune homme ait quelqu’une des qualités du vieillard et le vieillard quelqu’une des qualités du jeune homme. Qui s’inspire de cette idée pourra être vieux de corps, son ceeur restera jeune. Je travaille présentement au septième livre des “Origines”; je rassemble tous les monuments des temps anciens, en ce moment même je m’occupe à mettre la dernière main aux discours que j’ai prononcés quand j’ai plaidé dans quelque cause célèbre, je poursuis l’étude du droit augural, du droit pontifical, du droit civil, je donne beaucoup de temps aux lettres grecques et, pour exercer ma mémoire, je passe en revue chaque soir, suivant la coutume des Pythagoriciens, ce que j’ai dit, entendu ou fait dans la journée. Voilà comment s’exerce mon esprit, comment ma pensée est constamment active. Aussi, m’astreignant à tant de travaux, je ne m’aperçois guère de mon manque de force physique. Mes amis me trouvent toujours prêt à les assister, je suis assidu au sénat même quand ma présence n’y est pas spécialement requise, j’y apporte fréquemment des opinions mûrement réfléchies et je les défends, ce qui demande un effort de l’esprit, non du corps. Si je me trouvais dans l’incapacité de remplir ces tâches, ce serait encore une satisfaction pour moi, demeurant couché, de penser aux choses mêmes que je ne pourrais plus faire. Mais autant que possible ma vie restera active. Qui est occupé de la sorte ne sait même pas à quel moment la vieillesse a fait irruption dans sa vie; on vieillit doucement, insensiblement, on n’est pas brisé brusquement, on s’éteint longuement. |
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