3 "Eh quoi !
lui dit Sécundus, les propos des méchants vous effrayent-ils si peu que vous
aimiez les hardiesses dangereuses de votre Caton ? ou bien avez-vous repris ce
livre pour le retoucher soigneusement, et, après avoir ôté ce qui a pu donner
lieu à des interprétations fâcheuses, publier un Caton, non pas meilleur sans
doute, mais moins aventureux ? -Vous pouvez lire, répondit Maternus, et vous
reconnaîtrez ce que vous avez entendu. Si
Caton a omis quelque chose, à la prochaine lecture Thyeste le dira ; car j'ai
déjà fait le plan de cette tragédie, et les principaux traits en sont dessinés
dans ma tête. Aussi je me hâte de préparer la publication de l'ouvrage que vous
voyez, afin que mon esprit, dégagé de ce premier soin, se livre sans partage à
sa nouvelle conception. - Vous ne vous lassez donc jamais, reprit Aper, de
toutes ces tragédies qui vous arrachent à l'éloquence et au barreau ? Naguère c'était
Médée, maintenant c'est Thyeste qui consume votre temps ; et cela quand les
causes de tant d'amis, quand la défense de tant de colonies et de municipes
vous appellent au Forum. Vous auriez déjà peine à y suffire, et vous allez
encore vous imposer une tâche de plus, un Domitius, un Caton, c'est-à-dire,
allier les histoires domestiques et des noms romains aux fables de la Grèce.
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