Observations sur le retard excessif apporté à
l'ordination du frère Trousseau et les études qui lui restent à combler. Pénurie d'argent. MLP. a reçu des autorités romaines
les remarques concernant les Constitutions.
Chaville, 16
août 1869
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
J'ai reçu, de l'Administration du Chemin de fer, les billets de demi-place, je
présume donc que le voyage projeté s'accomplira au jour marqué; nos ff., sans
doute, vous écriront un dernier avis; M. Caille m'a répondu cordialement, comme
je le présumais bien.
Pour M. Cauroy, je prie pour lui, ma lettre lui disait assez nos bonnes
dispositions pour lui, j'espère que Dieu l'éclairera; il y a dans son fait
beaucoup d'inexpérience des choses de ce monde, le temps et la grâce de Dieu y
remédieront, je le crois.
Il me semble, quant à l'ordination de M. Trousseau, qu'il serait tout à fait
chrétien et charitable de consulter son attrait pour le temps où on devrait la
préparer. Il nous paraît ici que, nonobstant un désir contraire exprimé par
nous, vous tendez toujours et invinciblement à reculer cette consécration de
notre frère. Il ne semblerait pas impossible qu'il eût une connaissance au
moins suffisante de ce traité de la grâce, qu'un bon résumé bien fait mettrait
peut-être plus nettement dans son esprit que des explications fort développées,
utiles peut-être pour le petit nombre, et qui embarrassent parfois la tête au
lieu de l'éclairer. Il est probable aussi que Mgr d'Amiens [Mgr
Boudinet], qui sait bien nos besoins, ferait l'ordination ou l'autoriserait
volontiers, quand même le traité de la grâce n'aurait pas été vu jusqu'à la
fin, si l'on répondait qu'on l'achèvera sans y manquer et sans tarder. Je
verrais à cela cet avantage qu'on satisferait M. Trousseau en lui assurant le
bonheur de dire la Ste
Messe, qu'on lui donnerait la paix en le délivrant de la
contention où le laisse l'aspiration trop longue au but désiré; enfin, on ne
priverait pas indéfiniment d'étude M. Ginet, qu'on sacrifie ici un peu
impitoyablement. Toutefois, je subordonne toutes ces vues à ce point: M.
Trousseau préférerait-il, comme je l'indique, que son ordination fût sollicitée
pour le mois de septembre? Alors, il conviendrait, selon ma pensée et celle de
nos MM., de chercher cordialement si la chose est praticable. Autrement, si M.
Trousseau aime mieux l'ajournement, nous prendrons l'affaire en ce sens;
j'aimerais qu'il me dît franchement son sentiment.
J'enverrai 46f,
si je puis, pour nos frères; je suis criblé de dettes en ce moment, ayant eu
plusieurs avalanches qui me sont tombées à l'improviste et m'ont créé un
embarras plus qu'ordinaire.
Rien de nouveau ici; je n'avance pas, comme vous le pensez, mes écritures de Directoires;
je suis souffrant depuis quelque temps, affaibli par les chaleurs, avec
jambes presque impotentes et tête presque aussi peu valide. Je vous enverrai
les animadversiones.
Adieu, mon bien bon ami; je vous suis, comme toujours, affectueusement dévoué.
Votre ami et Père en
N.S.
Le Prevost
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