On est
sans nouvelles du père Baumert. Ce qu'on envisage pour
lui et pour le frère Emes.
Chaville,
le 28 avril 1871
Mon bien cher frère en N.S.,
Le Père Général attend avec un certain désir des nouvelles de vous et de votre
voyage. Etes-vous encore à Londres ou déjà en Belgique? Il attend de le savoir
d'une façon positive pour pouvoir fixer la place que le Bon Dieu doit vous
marquer dans l'Institut. Selon toute apparence, il ne serait pas temps encore
de vous rendre en France, où les esprits demeurent toujours troublés et ne
s'apaiseront qu'un peu plus tard. Mais il y a lieu de penser qu'à Metz, sous le
régime nouveau qui y est établi, vous pourriez rendre d'utiles services. Le
Père s'occupe en ce moment d'examiner le projet. Attendez donc à Tournay,
auprès de M. Faÿ, les décisions qu'il vous communiquera. La Belgique (à défaut de la Lorraine) pourrait vous
ouvrir au besoin un beau champ de travail.
Ecrivez-nous, s'il vous plaît, et ne craignez point de perdre votre temps à
marquer les détails de votre situation. La poste, quoique lente, est
aujourd'hui assez sûre, et nos communications sont régulières entre tous les
postes desservis par l'Institut et notre quartier général de Chaville. Si donc
vous aviez quelque décision notable à prendre, soit au point de vue de vos
finances, soit pour votre propre personne, ne vous contentez pas (comme il
était nécessaire de faire pendant le siège) d'en référer à Tournai.
Entendez-vous directement avec le Père Supérieur.
Vous feriez bien, par la prochaine occasion, de lui rendre compte en quelques
mots de votre situation spirituelle au point de vue de la retraite et
des secours dont vous pourriez avoir besoin en ce sens.
M. Emes ayant averti le Père que vous lui aviez donné contre-ordre pour
Londres, on s'occupe de lui fixer sa destination, afin que ce bon et si digne
frère ne reste pas plus longtemps privé de la vie de communauté.
Adieu, mon bon frère, offrons ensemble le sacrifice des espérances conçues à
Londres pour le bien. Le Bon Dieu, en couronnant vos efforts par un grand acte
d'abnégation, a montré qu'Il les a eus pour agréables.
Votre humble et dévoué frère en N.S.
B. de Varax pr. ff. S V P.
J'embrasse cordialement mon fils
Baumert.
Le Prevost
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