Encouragements
à prodiguer à un postulant. Générosité dans l'épreuve.
Chaville,
18 juin 1871
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je sympathise bien à la sollicitude que cause à M. Helluin son état présent de
santé; je crois qu'il ne doit pas s'étonner de souffrir plus que de coutume, à
raison du temps orageux et de la température si variable que nous subissons.
Beaucoup de tempéraments, les nerveux particulièrement, en sont fort éprouvés;
encouragez-le cordialement, qu'il se confie en Dieu qui veut se servir de lui
pour le bien des âmes, et qu'il compte aussi sur notre bon vouloir pour
pourvoir, autant que nous le pourrons, à lui donner soulagement. Je crois qu'il
trouverait ici, à Chaville, le repos et les soins que sa santé demande, en même
temps qu'un accueil affectueux. Nous n'y sommes pas nombreux; il y trouverait
M. Frézet, peu fort comme lui et qui pourrait lui faire société; il ferait
aussi plus ample connaissance avec moi qui l'ai vu trop peu de temps, et qui serais
heureux de lui témoigner qu'il est bien du nombre de mes enfants.
Toutefois si, malgré ces assurances, sa volonté le portait avec persistance à
se rendre vers l'ecclésiastique dont vous me parlez, je ne refuserai pas de l'y
autoriser, sachant que les malades ont besoin de condescendance et qu'il faut
souvent incliner à leur donner satisfaction.
Nous comptons ramener, à la fin de juillet je crois, nos chers étudiants de
Tournay. Ce serait avec eux que M. Helluin devrait suivre désormais son cours
pour se préparer au sacerdoce.
Répétez-lui bien qu'il ne faut pas aisément renoncer à une si sainte et si
privilégiée vocation, que Dieu se plaît très ordinairement à éprouver ceux
qu'Il a choisis, et qu'Il mène à bonne fin ceux qui supportent généreusement
l'épreuve.
Adieu, mon bien cher ami; je n'ai pas besoin de vous dire que nous avons eu
entière satisfaction des actes de M. Bouquet; embrassez-le pour moi ainsi que
le malade, M. Helluin; que ne sais-je faire des miracles! je voudrais que cet
embrassement le guérît.
Votre tout dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
P. S. M. de Varax part aujourd'hui
pour son voyage des eaux; il passe par Angers; il sera 5 peut-être 6 semaines
absent; c'est bien long.
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