A
propos du mariage de son fils. Relations avec les familles de St-Maur, Benoît
d'Azy et Cochin.
Chaville, 24 juillet
1871
Madame la Marquise,
J'attendais la lettre que vous voulez bien m'écrire et j'étais très empressé de
connaître le résultat du voyage que vous avez fait dans le Nivernais, pour
régler l'affaire si grave qui intéresse l'avenir de votre cher fils. Je n'ai
pas besoin de dire que je prie grandement pour lui et pour vous, Madame, et
pour tous les vôtres au St Sacrifice de la Messe, dans une circonstance
de telle importance; je l'eusse fait de moi-même si vos instances maternelles
ne m'y eussent pas porté; je vais, en particulier, faire avec ceux qui
m'entourent une neuvaine à cette intention.
Il me paraît, comme à vous, que les choses se présentent avec des signes
providentiels et l'on peut justement espérer qu'elles se détermineront dans le
meilleur sens possible, car vous n'avez entrepris rien sans demander lumière et
secours d'en haut, ne voulant que la volonté du Père Céleste à l'égard de votre
cher enfant et désirant avant tout le poser dans une bonne et chrétienne
famille.
J'ai toute assurance que, sous ce rapport, le choix qu'il s'agirait de faire
ici remplirait bien vos vues. J'ai beaucoup connu, dans les œuvres charitables,
les deux MM. de St Maur, le futur beau-père de votre cher fils et
son frère. Leurs habitudes chrétiennes dignes et distinguées faisaient d'eux
des jeunes gens (jeunes en ce temps-là) qui étaient fort remarqués et
particulièrement estimés. Leur alliance avec la famille Benoît d'Azy, dont je
connais aussi quelques membres, et avec laquelle plusieurs de ceux qui
m'entourent ont des relations, m'a été aussi une occasion de les suivre dans leur
carrière. Enfin, je connais intimement M. Cochin, dont les circonstances m'ont
depuis longtemps habituellement rapproché, sa bienveillance pour nos œuvres
nous ayant été d'un constant appui. Hier, précisément, il nous est venu voir
ici, à Chaville, avec ses trois fils, à propos d'une demande concernant notre
maison, fort maltraitée par l'occupation prussienne. A mon grand regret, je
n'avais pas encore votre lettre, autrement j'aurais pris les devants et l'eusse
entretenu des détails qu'elle contient. Je suis bien persuadé que toute cette
famille désire l'alliance projetée, plus même que la vôtre, et que toute
intervention est superflue; néanmoins, si vous désirez, Madame, que j'aie
occasion d'en parler avec M. Cochin ou de lui écrire, il me serait facile de la
trouver.
Je suis heureux de vous savoir près de votre cher oncle, qui est de si bon
conseil et qui vous est si grandement attaché. Veuillez, Madame, lui offrir mes
bons souvenirs ainsi qu'à sa famille, pour laquelle j'éprouve une respectueuse
sympathie; mille respects aussi à Madame votre mère, et enfin tous mes vœux les
meilleurs pour le cher M. Richard; je suis persuadé que le bon p. Olivaint, qui
l'aimait particulièrement, veillera sur lui et le bénira du haut du Ciel où il
triomphe aujourd'hui parmi les légions des martyrs.
Veuillez agréer, Madame la
Marquise, tous mes sentiments de respect et de dévouement
sincère en N.S.
Le Prevost
P. S. Je recommande l'orphelinat de
Putanges en toute occasion, je l'ai fait encore ces jours passés. Je n'oublie
pas la demande de sujets pour Lille; Tournay, en suite des événements qui nous
y ont poussés, va en retenir 5; nous venons de perdre, par une petite vérole,
un de ceux qui y travaillaient le plus activement, le f. Jean-Marie
[Tourniquet], homme d'un grand cœur et d'une ardente charité.
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