Appel à venir seconder les œuvres de la Société de St-Vt-de-Paul à
Paris.
Paris, 10
janvier 1845
Mon cher confrère,
Nos
entrevues ont été rapides lors de votre court séjour ici que je n'ai pu saisir
dans leur ensemble les détails que vous m'avez communiqués sur vos œuvres
d'Angers. je n'ai gardé, en particulier, qu'un souvenir confus des essais
infructueux, je crois, que vous aviez faits dans la maison de
Mille-pieds128, et des projets que nos amis auraient pour utiliser
cette acquisition. Je le regrette d'autant plus que notre Société s'occupe à
Paris tout particulièrement des enfants et apprentis et que peut-être nos
efforts unis aux vôtres pourraient amener quelque utile résultat. La colonie de
Mettray, celle de St-Firmin129 qui commence aussi à prospérer
grandement sont des exemples bien frappants du bien qu'on peut faire avec des
ressources moindres peut-être que celles dont nous pouvons disposer. Pourquoi,
mon cher confrère, une sainte émulation ne nous saisirait-elle pas aussi et
pourquoi, avec l'aide du Seigneur, des tentatives mieux mûries et mieux
préparées n'auraient-elles pas un heureux succès? Mais pour un pareil dessein
nos conférences isolées sont trop peu fortes, plusieurs d'entre elles, sinon toutes,
devraient s'unir et se concerter pour prévenir de nouveaux mécomptes et assurer
le bien moral qu'elles voudraient produire. Dans ce cas que pourriez-vous faire
vous et les vôtres, cher confrère, quelle coopération, quelle sympathie
pourrions-nous espérer de votre côté; quels moyens auriez-vous si les choses
tendaient à s'agrandir et à se porter hors de Paris, pour aider plus tard à la
création d'un établissement? Ces questions, je le sens bien, sont graves et ne
peuvent guère être résolues avec précision par lettres. Aussi, cher confrère,
ne croirais-je pas trop présumer de votre zèle en vous priant, si vos affaires
sont maintenant moins pressantes, comme vous l'aviez espéré, de nous accorder
une entrevue qui, telle courte qu'elle pût être, éclaircirait les choses plus
qu'un volume de correspondance. J'ai laissé entrevoir à notre Président Général
que nos amis d'Angers et vous en particulier, seriez disposé à nous seconder
activement; il en a montré une vive satisfaction et ne doute pas qu'un concert
si désirable ne fût pour nos conférences le commencement d'une ère nouvelle
dans la carrière de nos œuvres.
Pesez ces choses mûrement, cher confrère, voyez ce que
votre position vous permet de faire et si vous cédez à nos vœux, faites en
sorte que votre arrivée ne tarde guère; nos amis désireraient se concerter
définitivement avant la fin de janvier.
J'attends votre réponse pour la leur communiquer.
A vous bien affectueusement en N.S.
Le Prevost
P.S. Qu'est devenu votre projet de voyage en Italie? nous
en reparlerions ici, s'il y avait lieu.
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