MLP. remet au jugement de M. Halluin le cas d'un jeune
postulant. nouvelles de Vaugirard
et de Grenelle. Former des maîtres est une œuvre de
patience.
Vaugirard, 1er
mars 1859
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Notre jeune Marchal nous avait donné satisfaction
jusqu'ici, mais, de temps à autre, il avait quelques indispositions qui lui
donnaient un peu d'inquiétude; dès qu'elles étaient passées, il reprenait sa
tranquillité et sa gaieté. Depuis quelques jours, ses malaises de santé s'étant
répétés, il semble tout découragé et voudrait, dit-il, s'en retourner dans son
pays où il n'était jamais malade. Le médecin ne voit rien d'inquiétant dans son
état et pense qu'il y a beaucoup d'imagination et de faiblesse d'esprit dans
son mal. Je ferai, à l'égard de cet enfant, ce que vous croirez le mieux pour
lui. Il peut nous être un peu utile, s'il montre, comme il l'avait fait
jusqu'ici, de la bonne volonté; mais, si son esprit se trouble et se bute, nous
n'en pourrons rien faire. J'espérais que cette disposition serait toute
passagère. Voilà trois jours qu'il persiste à demander à retourner en Belgique,
disant que là il retrouvera la santé dont il n'a jamais joui à Arras, non plus
qu'ici. je vous serai
reconnaissant, cher Monsieur l'abbé, de me dire ce qui vous semble à faire au
sujet de cet enfant. Si vous jugiez, d'après la connaissance que vous avez de
son esprit, qu'on peut espérer un retour à de meilleures dispositions et qu'il
y eût lieu de temporiser, je vous serais obligé de lui écrire et de l'inviter à
attendre jusqu'à la retraite, moment où peut-être quelqu'un de chez vous
viendra et pourrait remettre un peu sa raison facile à ébranler. Je m'en
rapporte pleinement à votre sagesse et suivrai la marche que vous croirez
devoir me conseiller. Il assure qu'il rend du sang par la poitrine et
quelquefois par les urines. M. Lantiez dit que, si cela est arrivé, c'est à la
suite de fatigue prise au jeu auquel il se livre parfois un peu ardemment, ce
qui peut lui occasionner des inflammations. En ensemble, il nous semble bon
garçon, mais peu ferme en volonté et peu fort en raison.
Le f. Joseph [Loquet] me prie de vous remettre la petite
note ci-jointe, où il vous fait quelques demandes, particulièrement de semences
pour le jardin. Il vous prierait d'en faire l'envoi bientôt, afin que
l'ensemencement ne soit point retardé. Vous auriez la bonté d'en porter la note
au compte de la maison de Vaugirard.
Ce bon frère paraît assez rassis en ce moment. Sans être
bien tenace au travail, il montre assez de bonne volonté; le mouvement de la
communauté le soutien du reste, et nous n'en sommes pas mécontents. Georges
paraît aussi reprendre un peu de bon vouloir, mais on ne sait jamais bien ce
qu'il est, à cause de son peu d'ouverture et d'initiative. Le reste va assez
bien. Je souhaite, cher Monsieur l'abbé, que le Seigneur vous assiste et vous
donne secours pour vos classes surtout. Les nôtres laissent à désirer également
parce que nos sujets sont jeunes et que l'expérience est un grand point dans
l'enseignement. Nous travaillons à former des maîtres, mais c'est une œuvre
lente et qui veut bien de la patience.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, nous prierons bien le bon St
Joseph, dont nous commençons le mois aujourd'hui, de protéger tout
particulièrement vous, vos frères et vos chers enfants.
Votre tout respectueux et affectionné ami et Père en N.S.
Le Prevost
P.S. Nos frères vont bien à Grenelle; le bon abbé Leleu
s'accoutume bien avec nous. C'est, je crois, union parfaitement consommée.
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