Longanimité et indulgence dans le support fraternel.
Prendre de solides résolutions à cet égard. Ne pas tout voir, ne pas tout reprendre.
Vaugirard, 15
avril 1860
Bien cher ami et fils en N.S.,
J'ai appris avec satisfaction que, malgré les pénitences du carême et les
travaux assez rudes que vous avez à supporter chaque jour, votre santé se
soutient et suffit à vos charges. J'en bénis avec vous la divine Providence qui
sait les besoins de vos enfants et ne veut les laisser sans surveillance et
sans soins. Je ne m'étonne point que notre petit ami Frédéric Streicher vous
donne parfois quelques contrariétés. Il est bon et a une sincère volonté de
servir Dieu, mais il est bien jeune, sa raison, son caractère sont à former, sa
foi à affermir, son cœur à cultiver. A son âge, l'éducation n'est pas finie, nous
le savons par notre propre expérience. C'est souvent assez tard qu'un homme
devient réellement raisonnable. Jusque là, il faut que ceux qui l'entourent
aient beaucoup de patience, de longanimité, d'indulgence. Je vous engage bien,
cher ami, à vous armer sur ce point et à prendre de fermes résolutions; avec
l'aide de Dieu, vous réussirez et vous aurez ainsi concouru à former un
instrument pour les œuvres de Dieu. Soyez sûr que vous ne sauriez rien faire
qui lui soit plus agréable, car si déjà c'est une belle et noble tâche d'élever
des enfants pour les conditions communes, c'en est une bien plus intéressante
encore de diriger et de façonner ceux qui doivent s'attacher au service du
Seigneur. Patience donc, cher ami, condescendance et douceur; il ne faut pas tout
voir, tout reprendre; les jeunes gens alors s'irritent, se butent et se
découragent. J'ai la confiance, mon bien cher enfant, que si vous demandez
l'aide de Dieu et de la Ste
Vierge, vous gagnerez le cœur de notre petit Frédéric, vous
l'attirerez à vous et vous parviendrez à tirer bon parti de ses services, tout
en lui faisant à lui-même beaucoup de bien.
Nous n'allons pas mal ici, tout le monde se rappelle à votre bon souvenir et
vous embrasse cordialement, ainsi que je le fais moi-même.
Votre affectionné ami et Père en J. et M.
Le Prevost
La retraite aura lieu du 22 au soir au 27 au matin. M. Caille pense qu'il sera
difficile que vous puissiez cette fois y assister.
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