Exhortation
à la résignation dans l'épreuve; MLP. lui promet de chercher à l'adoucir.
Difficulté d'avoir de bons employés.
Vaugirard, 28 août
1865
Bien cher ami et fils en N.S.,
J'ai reçu votre petite lettre à mon retour d'un voyage que ma santé fatiguée
m'a obligé de faire. J'ai vu avec peine que vous rencontriez dans vos emplois
quelques difficultés qui troublent votre esprit et qui vous semblent nuire à
votre bien spirituel. Vous le savez comme moi, bien cher enfant, les
tribulations sont pour notre âme un précieux exercice quand nous savons les
unir aux contradictions de N.S. et les lui offrir dans une patience humble et
soumise; le plus parfait serait donc ici que vous vous armiez de courage pour
accepter cette épreuve comme venant de la main de Dieu. Toutefois, cher ami, je
sais bien que c'est là la perfection et l'œuvre des Saints, que notre pauvre
nature ne sait pas toujours se tenir à cette hauteur et qu'elle demande parfois
un peu de condescendance. Dans cette pensée, j'écris à notre bon abbé Risse
pour l'inviter à voir s'il n'aurait pas quelque moyen d'adoucir les amertumes
dont vous avez à souffrir. Il se peut qu'il aime mieux s'entretenir de vive
voix avec moi de ce sujet, puisqu'il doit venir tout prochainement à Vaugirard
pour la retraite, et même avant pour se reposer un peu. Jusque là, cher enfant,
tenez votre âme en paix et comptez bien que j'unirai mes prières aux vôtres
pour que telle épreuve finisse et qu'elle laisse en définitive un bien à votre
âme, un mérite qui tournera à l'avantage de vos œuvres.
Adieu, bien cher enfant, croyez à ma plus tendre affection en N.S.
Votre ami et Père
Le Prevost
P. S. Peut-être ne savez-vous pas assez, cher enfant, combien il est rare,
aujourd'hui surtout, de rencontrer des serviteurs dont on n'ait pas énormément
à souffrir; l'esprit de notre temps détruit en eux la docilité, le dévouement
avec la foi simple des anciens temps, se servir d'eux devient une croix
perpétuelle; nous avons, pour nous, beaucoup à souffrir des quelques employés
que nous prenons pour nos services. M. Risse jugera néanmoins ce que le cas
demande ou m'en parlera ici prochainement.
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