Envoi d'un professeur laïc à Arras. Nouvelles
explications sur la lecture des journaux. Regret de ne parler que des affaires et des urgences du quotidien.
6 décembre
1866
Bien cher ami et fils en N.S.,
Le jeune professeur, dégagé de son emploi, est venu aujourd'hui se mettre à
notre disposition; je l'ai envoyé à Chaville où M. Lantiez donne la retraite
aux jeunes étudiants, revenant chaque soir à Vaugirard. L'instituteur restera
là jusqu'à lundi, jour où il doit se rendre avec M. Lantiez à Arras, à moins
qu'on ne trouve mieux qu'il parte à l'avance pour prendre une première
connaissance des choses et mieux comprendre sa position. Il nous paraît être de
tout point fort bien; je le crois capable de remonter vos classes et de les
établir sur un bon pied. Il serait bien que l'un de vous étudiât un peu le mouvement
et l'organisation régulière des classes, afin de les maintenir en bonne
condition après qu'elles y auront été placées; cette étude vous sera assurément
nécessaire pour surveiller l'ensemble de l'œuvre du pensionnat, car comment
surveiller et faire d'utiles observations sans la connaissance des opérations
qu'on a à contrôler?
J'écris ci-joint un mot à M. Guillot pour l'encourager. Je partage votre
reconnaissance pour les bontés de votre excellente mère; rien ne m'étonne de
ses sollicitudes pour vous et pour votre maison. Je trouve que vous avez bien
fait pour les 2.000f
oubliés.
Je crains que la petite retraite de ces MM. de St Vincent de Paul ne
vous fatigue, vous avez tant à faire et tant à ménager vos forces;
défendez-vous contre le dehors, puisque vous suffirez à peine au dedans.
Je finis, ayant beaucoup à écrire. M. Lantiez causera avec vous à loisir de
tout et plus que tout.
Je n'ai pas dit qu'un coup d'œil sur un journal ne vous fût pas d'une certaine
utilité; mais ce qui serait d'un usage fort discret, pour vous, serait un abus
presque, ou même tout à fait inévitable pour tous les autres; je ne vois
absolument aucun moyen de l'éviter; il s'indiquait déjà à Chaville, où on
n'avait que des feuilles peu attirantes; je crois qu'il serait périlleux chez
vous.
Adieu, mon bien cher ami, les causeries intimes font place dans nos lettres aux
affaires, aux urgences de tous les jours; vous voilà dans le mouvement, le
noviciat est bien passé; il y a ainsi plusieurs âges dans la vie, sachons
demander à chacun d'eux ce qu'il comporte d'occasions et de moyens pour
glorifier Dieu et nous sanctifier nous-mêmes.
Votre ami et Père tendrement affectionné
Le Prevost
Affections bien dévouées à nos frères.
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