Paroles d'encouragement. Il le félicite de son bon
vouloir, son impressionnabilité tenant "plus du naturel que de la volonté". Supporter la légèreté et
l'indocilité des enfants.
Vaugirard, 6
décembre 1866
Bien cher ami et fils en N.S.,
Je voulais répondre sans retard à la petite lettre que vous m'avez écrite
dernièrement pour me dire votre état financier; le temps m'a manqué pour me
donner cette satisfaction. En ce qui touche les finances, j'espère que
l'équilibre se fera, Dieu aidant; M. Laroche promet, vers la première partie de
l'année, de s'en occuper avec vous; le pensionnat se remontera, la position
mieux définie de M. de Varax et l'arrivée d'un professeur capable donneront
plus grande confiance aux familles.
Pour vous-même, cher ami, M. de Varax se loue beaucoup de votre bon vouloir, de
votre esprit religieux, de votre régularité; tout serait donc très bien, si ce
n'est que vous vous impressionnez trop vivement des indocilités des enfants et
des défauts ordinaires à leur âge; faites ce que vous pourrez pour dominer
cette impatience qui tient plus, je le sais, chez vous du naturel que de la
volonté. M. Lantiez, qui va à Arras au commencement de la semaine prochaine,
causera avec vous et verra où vous en êtes à cet égard, et nous ferons ce qui
semblera le mieux dans votre intérêt. Surmonter cette difficulté de nature
serait très certainement le plus méritoire et le plus parfait, mais chacun sent
dans quelle mesure des sacrifices pareils lui sont possibles; tenez-vous, en
tout cas, bien paisible, cher ami, et soyez assuré que nous vous mettrons
certainement à quelque emploi moins pénible pour vous, dès que nous le pourrons
sans trop d'embarras; si même cette attente vous semblait décourageante, nous
aviserions sans retard à cette mesure, quelque difficulté que nous y puissions
trouver. Avec cette certitude, vous ne pourrez plus garder de souci, puisque
vous serez sûr de sortir de peine, dès que vous croirez tout à fait nécessaire
d'avoir un autre emploi. M. Lantiez verra ce qui est à faire en un sens ou en
un autre.
Adieu, bien cher ami, je prie Dieu de vous accorder sa grâce pour travailler
vaillamment à son service, à l'avenir comme par le passé.
Votre ami et Père
Le Prevost
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