Par.
1 77 | et il pleura.~4 novembre 1883~ ~
2 | 4
3 5 | poitrine dans un complet abandon d'amour. Il ne connaissait
4 44 | Saval; est-il arrivé quelque accident? "~
5 1 | ainsi, tout seul, sans une affection dévouée !~
6 6 | souverainement heureux, de deux êtres affolés l'un par l'autre.~
7 3 | Saval sur la terre. Quelle affreuse chose! D'autres gens vivront,
8 4 | était arrivé comme cela à l'âge de soixante-deux ans. Il
9 17 | plus gais et des coups d'ailes plus rapides. On avait mangé
10 11 | lui, Saval, puisqu'il l'aimait bien, elle, Mme Sandres?~
11 37 | Sandres lui dire : "Je vous aime!"~
12 3 | D'autres gens vivront, s'aimeront, riront. Oui, on s'amusera
13 23 | M'aimez-vous, comme ça ?"~
14 | ainsi
15 | air
16 49 | La petite bonne s'en alla, et Saval se mit à marcher
17 38 | venait de lui entrer dans l'âme le torturait ! Etait-ce
18 | amour
19 10 | réveillait toujours un peu moins amoureux que le soir. Pourquoi?~
20 3 | étrange qu'on puisse rire, s'amuser, être joyeux sous cette
21 3 | aimeront, riront. Oui, on s'amusera et il n'existera plus, lui !
22 2 | Il se rappelle, dans l'ancien passé, dans le passé de
23 5 | Il ne connaissait pas les angoisses délicieuses de l'attente,
24 35 | Maintenant il lui semblait apercevoir quelque chose qu'il n'avait
25 1 | M. Saval, qu'on appelle dans Mantes " le père Saval ",
26 16 | souvenir net lui revint d'un après-midi passé avec elle dans un
27 27 | lui. En passant sous un arbre penché, il avait senti son
28 77 | Alors il s'assit sous les arbres dénudés et il pleura.~4
29 76 | songer où il allait. Quand il arriva sur la berge, il tourna
30 7 | M. Saval s'était assis, les pieds au feu, en robe
31 77 | Alors il s'assit sous les arbres dénudés
32 70 | Il attendit. Elle avait cessé de rire
33 5 | angoisses délicieuses de l'attente, le divin frisson de la
34 76 | Saval ressortit dans la rue, atterré comme après un désastre.
35 5 | avait même pas été aimé. Aucune femme n'avait dormi sur
36 75 | J'aurais cédé, mon ami." Puis elle
37 73 | entreprenant... qu'est-ce que vous auriez fait ? "~
38 65 | pensiez-vous?... que... que... Qu'auriez-vous répondu? "~
39 1 | C'est un triste jour d'automne; les feuilles tombent. Elles
40 | autour
41 | avaient
42 4 | chose; s'il avait eu des aventures, de grands plaisirs, des
43 | avons
44 59 | Saval se mit à trembler; il balbutia :~
45 | beaucoup
46 76 | Quand il arriva sur la berge, il tourna à droite et la
47 3 | Et maintenant il mourra bientôt à son tour. Il disparaîtra,
48 11 | autrefois, et mignonne, blonde, frisée, rieuse! Sandres
49 16 | avec elle dans un petit bois le long de la rivière.~
50 | bonne
51 37 | sentit rougir, et il se leva bouleversé comme si, de trente ans
52 66 | de sirop lui coulaient au bout des doigts et tombaient
53 27 | lui, et il s'était reculé brusquement, dans la crainte qu'elle
54 17 | d'odeurs de sève ; on le buvait avec délices. Qu'il faisait
55 | ça
56 8 | Sandres, la femme de son vieux camarade Sandres. Ah ! s'il l'avait
57 75 | J'aurais cédé, mon ami." Puis elle tourna
58 | cependant
59 71 | Mais certainement, je me le rappelle."~
60 4 | nonchalance. Il est si difficile à certaines natures de se lever, de
61 3 | joyeux sous cette éternelle certitude de la mort. Si elle était
62 70 | Il attendit. Elle avait cessé de rire et le regardait
63 | chambre
64 76 | ruisselaient d'eau, son chapeau déformé, mou comme une loque,
65 14 | femme était jeune et si charmante.~
66 13 | choses. Il revivait sa vie, cherchait à ressaisir une foule de
67 53 | Non, ma chère amie, mais je veux vous
68 | chez
69 74 | franchement, d'une voix claire où pointait une ironie :~
70 2 | avec les parents ; puis le collège, les sorties, le temps de
71 4 | mal, son défaut, son vice. Combien de gens ratent leur vie
72 5 | sur sa poitrine dans un complet abandon d'amour. Il ne connaissait
73 47 | fourneau; et pas habillée, vous comprenez.~
74 5 | complet abandon d'amour. Il ne connaissait pas les angoisses délicieuses
75 8 | Sandres. Ah ! s'il l'avait connue jeune fille ! Mais il l'
76 27 | elle ne crût volontaire ce contact.~
77 50 | marchait les mains loin du corps et les manches relevées
78 | côté
79 4 | aux mêmes heures, et se coucher. Et il était arrivé comme
80 66 | Des gouttes de sirop lui coulaient au bout des doigts et tombaient
81 | coup
82 17 | des cris plus gais et des coups d'ailes plus rapides. On
83 22 | Elle s'était fait une couronne avec de grandes herbes et
84 33 | Si vous craignez que mon mari soit réveillé,
85 27 | reculé brusquement, dans la crainte qu'elle ne crût volontaire
86 17 | heureux. Les oiseaux ont des cris plus gais et des coups d'
87 27 | dans la crainte qu'elle ne crût volontaire ce contact.~
88 49 | aurait demandé une recette de cuisine. C'est qu'il avait soixante-deux
89 28 | elle l'avait regardé d'une curieuse façon. Il n'y avait pas
90 67 | à moi de vous faire une déclaration ! "~
91 4 | avait été son grand mal, son défaut, son vice. Combien de gens
92 76 | ruisselaient d'eau, son chapeau déformé, mou comme une loque, dégouttait
93 76 | déformé, mou comme une loque, dégouttait à la façon d'un toit. Il
94 76 | la place où ils avaient déjeuné au jour lointain dont le
95 16 | long de la Seine, leurs déjeuners sur l'herbe, le dimanche,
96 17 | sève ; on le buvait avec délices. Qu'il faisait bon, ce jour-là !~
97 5 | connaissait pas les angoisses délicieuses de l'attente, le divin frisson
98 13 | Et Saval se demandait mille autres choses. Il
99 8 | mariée. Certes, il l'aurait demandée, celle-là! Comme il l'avait
100 4 | de remuer, de faire des démarches, de parler, d'étudier des
101 34 | En revenant, elle demeura silencieuse; et elle ne
102 77 | s'assit sous les arbres dénudés et il pleura.~4 novembre
103 | depuis
104 76 | atterré comme après un désastre. Il filait à grands pas
105 76 | pluie, droit devant lui, descendant vers la rivière, sans songer
106 2 | paisiblement, sans rien désirer de plus. Elle est morte
107 13 | à ressaisir une foule de détails.~
108 6 | Quel bonheur surhumain devait vous inonder le coeur quand
109 1 | seul, sans une affection dévouée !~
110 4 | par nonchalance. Il est si difficile à certaines natures de se
111 16 | déjeuners sur l'herbe, le dimanche, car Sandres était employé
112 48 | Oui, mais dis-lui que c'est pour une chose
113 20 | sur lui. Elle riait, elle disait :~
114 18 | meilleur somme de sa vie ", disait-il en se réveillant.~
115 3 | mourra bientôt à son tour. Il disparaîtra, lui, et ce sera fini. Il
116 5 | délicieuses de l'attente, le divin frisson de la main pressée,
117 66 | lui coulaient au bout des doigts et tombaient sur le parquet.~
118 | dont
119 5 | aimé. Aucune femme n'avait dormi sur sa poitrine dans un
120 18 | Sandres s'était endormi sur le dos : " Le meilleur somme de
121 8 | avait aimé secrètement, douloureusement et nonchalamment, comme
122 | doute
123 56 | vue. Vous en étiez-vous doutée? "~
124 76 | sur la berge, il tourna à droite et la suivit. Il marcha
125 14 | toutes les longues soirées d'écarté chez Sandres, quand sa femme
126 | Eh
127 | Elles
128 49 | nerveux. Il ne se sentait pas embarrassé cependant. Oh! il allait
129 9 | Il se rappelait son émotion toutes les fois qu'il la
130 16 | dimanche, car Sandres était employé à la sous-préfecture. Et
131 17 | étaient partis le matin, emportant leurs provisions dans des
132 9 | nuits où il ne pouvait pas s'endormir parce qu'il pensait à elle.~
133 2 | passé, dans le passé de son enfance, la maison, la maison avec
134 75 | elle tourna ses talons et s'enfuit vers ses confitures.~
135 17 | saules, tout près de l'eau engourdie par le soleil. L'air était
136 69 | déjeuner... où nous avons été ensemble, jusqu'au tournant, là-bas... "~
137 37 | ans plus jeune, il avait entendu Mme Sandres lui dire : "
138 73 | été... si j'avais été... entreprenant... qu'est-ce que vous auriez
139 38 | soupçon qui venait de lui entrer dans l'âme le torturait !
140 1 | comme une autre pluie plus épaisse et plus lente. M. Saval
141 32 | avait dit, en haussant les épaules :~
142 3 | mort, on pourrait encore espérer ; mais non, elle est inévitable,
143 44 | Vous déjà, monsieur Saval; est-il arrivé quelque accident? "~
144 4 | Pourquoi? Oui, pourquoi ne s'était-il pas marié? Il l'aurait pu,
145 3 | être joyeux sous cette éternelle certitude de la mort. Si
146 56 | je vous ai vue. Vous en étiez-vous doutée? "~
147 44 | Elle fut étonnée de le voir si tôt :"Vous
148 3 | existera plus, lui ! Est-ce étrange qu'on puisse rire, s'amuser,
149 6 | la première fois, quand l'étreinte de quatre bras fait un seul
150 6 | souverainement heureux, de deux êtres affolés l'un par l'autre.~
151 4 | démarches, de parler, d'étudier des questions.~
152 | eu
153 | eût
154 2 | Il songe à son existence si nue, si vide. Il se rappelle,
155 3 | Oui, on s'amusera et il n'existera plus, lui ! Est-ce étrange
156 5 | frisson de la main pressée, l'extase de la passion triomphante.~
157 43 | côté de la rue, presque en face de la sienne. Il s'y rendit.
158 25 | Il avait failli pleurer sans trouver encore
159 11 | l'homme qu'il lui aurait fallu. Maintenant, elle avait
160 7 | était assis, les pieds au feu, en robe de chambre.~
161 1 | triste jour d'automne; les feuilles tombent. Elles tombent lentement
162 24 | mécontent, en lui jetant par la figure : "Gros bête, va ! On parle,
163 76 | comme après un désastre. Il filait à grands pas sous la pluie,
164 3 | disparaîtra, lui, et ce sera fini. Il n'y aura plus de M.
165 | fit
166 | fort
167 4 | car il possédait quelque fortune. Est-ce l'occasion qui lui
168 13 | cherchait à ressaisir une foule de détails.~
169 47 | hiver; et elle est dans son fourneau; et pas habillée, vous comprenez.~
170 55 | Je suis toujours franche. Dites.~
171 21 | grise." Il la regardait, frémissant jusqu'au coeur, se sentant
172 11 | autrefois, et mignonne, blonde, frisée, rieuse! Sandres n'était
173 5 | délicieuses de l'attente, le divin frisson de la main pressée, l'extase
174 72 | Il reprit en frissonnant :~
175 21 | redoutant que ses yeux ne fussent trop hardis, qu'un tremblement
176 | fut
177 1 | lente. M. Saval n'est pas gai. Il va de sa cheminée à
178 17 | oiseaux ont des cris plus gais et des coups d'ailes plus
179 1 | ans ! Il est seul, vieux garçon, sans personne autour de
180 24 | il serait plutôt tombé à genoux, - elle s'était mise à rire,
181 66 | Elle rit plus fort. Des gouttes de sirop lui coulaient au
182 | grand
183 22 | fait une couronne avec de grandes herbes et des lis d'eau,
184 17 | une de ces journées qui grisent. Tout sent bon, tout semble
185 50 | C'était maintenant une grosse femme large et ronde, aux
186 41 | Et il s'habilla vite, se vêtant à la hâte.
187 47 | dans son fourneau; et pas habillée, vous comprenez.~
188 2 | sa mort. Il est revenu habiter avec sa mère. Ils ont vécu
189 21 | ses yeux ne fussent trop hardis, qu'un tremblement de sa
190 41 | habilla vite, se vêtant à la hâte. Il pensait : "J'ai soixante-deux
191 32 | Et elle avait dit, en haussant les épaules :~
192 22 | couronne avec de grandes herbes et des lis d'eau, et lui
193 4 | lever, manger, aux mêmes heures, et se coucher. Et il était
194 47 | confitures de poires pour l'hiver; et elle est dans son fourneau;
195 4 | marié, comme les autres hommes. Pourquoi? Oui, pourquoi
196 53 | qui a pour moi beaucoup d'importance, et qui me torture le coeur.
197 48 | est pour une chose très importante. "~
198 6 | bonheur surhumain devait vous inonder le coeur quand les lèvres
199 50 | jus sucré. Elle demanda, inquiète :~
200 76 | longtemps, comme poussé par un instinct. Ses vêtements ruisselaient
201 57 | avec quelque chose de l'intonation d'autrefois :~
202 15 | elle lui avait dites, des intonations qu'elle avait autrefois,
203 74 | voix claire où pointait une ironie :~
204 11 | l'avait aimé, celle-là, jadis ; si elle l'avait aimé!
205 24 | un rire mécontent, en lui jetant par la figure : "Gros bête,
206 11 | Comme elle était jolie, autrefois, et mignonne,
207 27 | oreille, à elle, contre sa joue, à lui, et il s'était reculé
208 50 | femme large et ronde, aux joues pleines, au rire sonore.
209 17 | paquets. C'était, par une vive journée de printemps, une de ces
210 17 | de printemps, une de ces journées qui grisent. Tout sent bon,
211 3 | puisse rire, s'amuser, être joyeux sous cette éternelle certitude
212 74 | heureuse qui ne Mon oncle Juleste rien, et elle répondit franchement,
213 50 | ses bras nus, poissés de jus sucré. Elle demanda, inquiète :~
214 | là
215 69 | ensemble, jusqu'au tournant, là-bas... "~
216 28 | revenir? " elle lui avait lancé un regard singulier. Certes,
217 50 | maintenant une grosse femme large et ronde, aux joues pleines,
218 1 | pluie plus épaisse et plus lente. M. Saval n'est pas gai.
219 1 | feuilles tombent. Elles tombent lentement dans la pluie, comme une
220 | leur
221 37 | sentit rougir, et il se leva bouleversé comme si, de
222 6 | inonder le coeur quand les lèvres se rencontrent pour la première
223 22 | de grandes herbes et des lis d'eau, et lui avait demandé :~
224 | loin
225 76 | avaient déjeuné au jour lointain dont le souvenir lui torturait
226 | longtemps
227 14 | se rappelait toutes les longues soirées d'écarté chez Sandres,
228 76 | chapeau déformé, mou comme une loque, dégouttait à la façon d'
229 47 | C'est que Madame fait sa provision de confitures
230 50 | sonore. Elle marchait les mains loin du corps et les manches
231 46 | fille, mais va dire à ta maîtresse que je voudrais lui parler
232 | mal
233 51 | mon ami; vous n'êtes pas malade? "~
234 2 | son droit à Paris. Puis la maladie du père, sa mort. Il est
235 50 | mains loin du corps et les manches relevées sur ses bras nus,
236 17 | ailes plus rapides. On avait mangé sur l'herbe, sous des saules,
237 4 | jamais rien que se lever, manger, aux mêmes heures, et se
238 4 | l'occasion qui lui avait manqué? Peut-être ! Mais on les
239 1 | Saval, qu'on appelle dans Mantes " le père Saval ", vient
240 76 | droite et la suivit. Il marcha longtemps, comme poussé
241 50 | pleines, au rire sonore. Elle marchait les mains loin du corps
242 49 | alla, et Saval se mit à marcher dans le salon, à grands
243 33 | Si vous craignez que mon mari soit réveillé, c'est autre
244 8 | trop tard; elle était déjà mariée. Certes, il l'aurait demandée,
245 43 | servante vint ouvrir au coup de marteau.~
246 24 | était mise à rire, d'un rire mécontent, en lui jetant par la figure : "
247 18 | endormi sur le dos : " Le meilleur somme de sa vie ", disait-il
248 4 | que se lever, manger, aux mêmes heures, et se coucher. Et
249 2 | est revenu habiter avec sa mère. Ils ont vécu tous les deux,
250 11 | était jolie, autrefois, et mignonne, blonde, frisée, rieuse!
251 13 | Et Saval se demandait mille autres choses. Il revivait
252 24 | à genoux, - elle s'était mise à rire, d'un rire mécontent,
253 44 | voir si tôt :"Vous déjà, monsieur Saval; est-il arrivé quelque
254 2 | désirer de plus. Elle est morte aussi. Que c'est triste,
255 25 | sans trouver encore un seul mot.~
256 76 | eau, son chapeau déformé, mou comme une loque, dégouttait
257 1 | lui. Comme c'est triste de mourir ainsi, tout seul, sans une
258 3 | resté seul. Et maintenant il mourra bientôt à son tour. Il disparaîtra,
259 15 | autrefois, des petits sourires muets qui signifiaient tant de
260 4 | Peut-être ! Mais on les fait naître, ces occasions ! Il était
261 4 | si difficile à certaines natures de se lever, de remuer,
262 49 | dans le salon, à grands pas nerveux. Il ne se sentait pas embarrassé
263 16 | Et soudain le souvenir net lui revint d'un après-midi
264 8 | secrètement, douloureusement et nonchalamment, comme il faisait tout.
265 4 | ces occasions ! Il était nonchalant, voilà. La nonchalance avait
266 | nous
267 77 | dénudés et il pleura.~4 novembre 1883~ ~
268 2 | songe à son existence si nue, si vide. Il se rappelle,
269 3 | aussi inévitable que la nuit après le jour.~
270 9 | tristesses en la quittant, les nuits où il ne pouvait pas s'endormir
271 50 | manches relevées sur ses bras nus, poissés de jus sucré. Elle
272 4 | quelque fortune. Est-ce l'occasion qui lui avait manqué? Peut-être !
273 4 | on les fait naître, ces occasions ! Il était nonchalant, voilà.
274 17 | air était tiède, plein d'odeurs de sève ; on le buvait avec
275 17 | tout semble heureux. Les oiseaux ont des cris plus gais et
276 74 | femme heureuse qui ne Mon oncle Juleste rien, et elle répondit
277 27 | penché, il avait senti son oreille, à elle, contre sa joue,
278 43 | La petite servante vint ouvrir au coup de marteau.~
279 50 | La porte s'ouvrit; elle parut. C'était maintenant
280 2 | homme et la vieille femme, paisiblement, sans rien désirer de plus.
281 21 | jusqu'au coeur, se sentant pâlir, redoutant que ses yeux
282 17 | leurs provisions dans des paquets. C'était, par une vive journée
283 | parce
284 2 | maison, la maison avec les parents ; puis le collège, les sorties,
285 2 | le temps de son droit à Paris. Puis la maladie du père,
286 12 | aurait-elle pensé? S'il avait parlé, qu'aurait-elle répondu ?~
287 66 | doigts et tombaient sur le parquet.~
288 50 | La porte s'ouvrit; elle parut. C'était maintenant une
289 27 | appuyait tendrement sur lui. En passant sous un arbre penché, il
290 5 | pressée, l'extase de la passion triomphante.~
291 3 | Il n'y aura plus de M. Paul Saval sur la terre. Quelle
292 27 | En passant sous un arbre penché, il avait senti son oreille,
293 12 | jamais ? Alors qu'aurait-elle pensé? S'il avait parlé, qu'aurait-elle
294 15 | qui signifiaient tant de pensées.~
295 65 | Alors... que pensiez-vous?... que... que... Qu'auriez-vous
296 1 | seul, vieux garçon, sans personne autour de lui. Comme c'est
297 | petit
298 15 | elle avait autrefois, des petits sourires muets qui signifiaient
299 | peu
300 7 | Saval s'était assis, les pieds au feu, en robe de chambre.~
301 76 | Et il se trouva sur la place où ils avaient déjeuné au
302 4 | des aventures, de grands plaisirs, des succès, des satisfactions
303 17 | soleil. L'air était tiède, plein d'odeurs de sève ; on le
304 50 | large et ronde, aux joues pleines, au rire sonore. Elle marchait
305 77 | les arbres dénudés et il pleura.~4 novembre 1883~ ~
306 25 | Il avait failli pleurer sans trouver encore un seul
307 1 | vient de se lever. Il pleut. C'est un triste jour d'
308 24 | trouvé à répondre, il serait plutôt tombé à genoux, - elle s'
309 35 | pourquoi"-là, il ne se l'était point encore posé. Maintenant
310 74 | franchement, d'une voix claire où pointait une ironie :~
311 47 | provision de confitures de poires pour l'hiver; et elle est
312 50 | relevées sur ses bras nus, poissés de jus sucré. Elle demanda,
313 5 | femme n'avait dormi sur sa poitrine dans un complet abandon
314 50 | La porte s'ouvrit; elle parut. C'
315 35 | se l'était point encore posé. Maintenant il lui semblait
316 4 | Il l'aurait pu, car il possédait quelque fortune. Est-ce
317 3 | probable, cette mort, on pourrait encore espérer ; mais non,
318 76 | marcha longtemps, comme poussé par un instinct. Ses vêtements
319 9 | quittant, les nuits où il ne pouvait pas s'endormir parce qu'
320 26 | lui revenait maintenant, précis comme au premier jour. Pourquoi
321 6 | lèvres se rencontrent pour la première fois, quand l'étreinte de
322 | près
323 | presque
324 5 | divin frisson de la main pressée, l'extase de la passion
325 17 | par une vive journée de printemps, une de ces journées qui
326 19 | Mme Sandres avait pris le bras de Saval, et ils
327 3 | Si elle était seulement probable, cette mort, on pourrait
328 16 | Il se rappelait leurs promenades, à trois, le long de la
329 53 | me torture le coeur. Me promettez-vous de me répondre franchement? "~
330 47 | C'est que Madame fait sa provision de confitures de poires
331 17 | le matin, emportant leurs provisions dans des paquets. C'était,
332 4 | était-il pas marié? Il l'aurait pu, car il possédait quelque
333 11 | aurait-elle pas aimé, lui, Saval, puisqu'il l'aimait bien, elle,
334 3 | lui ! Est-ce étrange qu'on puisse rire, s'amuser, être joyeux
335 6 | fois, quand l'étreinte de quatre bras fait un seul être,
336 | Quel
337 | Quelle
338 4 | de parler, d'étudier des questions.~
339 9 | revoyait, ses tristesses en la quittant, les nuits où il ne pouvait
340 | Quoi
341 17 | et des coups d'ailes plus rapides. On avait mangé sur l'herbe,
342 27 | Et il se rappela comme elle s'appuyait tendrement
343 69 | Dites-moi... dites-moi... Vous rappelez-vous ce jour où Sandres s'est
344 4 | son vice. Combien de gens ratent leur vie par nonchalance.
345 49 | il lui aurait demandé une recette de cuisine. C'est qu'il
346 27 | joue, à lui, et il s'était reculé brusquement, dans la crainte
347 21 | coeur, se sentant pâlir, redoutant que ses yeux ne fussent
348 28 | elle lui avait lancé un regard singulier. Certes, elle
349 28 | singulier. Certes, elle l'avait regardé d'une curieuse façon. Il
350 50 | du corps et les manches relevées sur ses bras nus, poissés
351 4 | encore sa vie avait été remplie ! S'il avait fait quelque
352 4 | natures de se lever, de remuer, de faire des démarches,
353 8 | fille ! Mais il l'avait rencontrée trop tard; elle était déjà
354 6 | coeur quand les lèvres se rencontrent pour la première fois, quand
355 43 | face de la sienne. Il s'y rendit. La petite servante vint
356 8 | avait aimée pourtant, sans répit, depuis le premier jour!~
357 24 | Comme il ne répondait rien, - car il n'avait rien
358 13 | revivait sa vie, cherchait à ressaisir une foule de détails.~
359 76 | Saval ressortit dans la rue, atterré comme
360 3 | Il est resté seul. Et maintenant il mourra
361 40 | veux savoir. Je ne peux rester dans ce doute. Je veux savoir!~
362 10 | Le matin, il se réveillait toujours un peu moins amoureux
363 18 | sa vie ", disait-il en se réveillant.~
364 21 | tremblement de sa main ne révélât son secret.~
365 26 | Tout cela lui revenait maintenant, précis comme
366 34 | En revenant, elle demeura silencieuse;
367 28 | Ne serait-il pas temps de revenir? " elle lui avait lancé
368 2 | du père, sa mort. Il est revenu habiter avec sa mère. Ils
369 16 | soudain le souvenir net lui revint d'un après-midi passé avec
370 13 | mille autres choses. Il revivait sa vie, cherchait à ressaisir
371 9 | toutes les fois qu'il la revoyait, ses tristesses en la quittant,
372 20 | s'appuyait sur lui. Elle riait, elle disait :~
373 57 | Elle répondit en riant, avec quelque chose de l'
374 11 | mignonne, blonde, frisée, rieuse! Sandres n'était pas l'homme
375 3 | gens vivront, s'aimeront, riront. Oui, on s'amusera et il
376 66 | Elle rit plus fort. Des gouttes de
377 19 | tous les deux le long de la rive.~
378 7 | assis, les pieds au feu, en robe de chambre.~
379 50 | une grosse femme large et ronde, aux joues pleines, au rire
380 37 | M. Saval se sentit rougir, et il se leva bouleversé
381 76 | instinct. Ses vêtements ruisselaient d'eau, son chapeau déformé,
382 39 | contre ce bonheur sans le saisir!~
383 49 | se mit à marcher dans le salon, à grands pas nerveux. Il
384 4 | plaisirs, des succès, des satisfactions de toute sorte. Mais non,
385 17 | mangé sur l'herbe, sous des saules, tout près de l'eau engourdie
386 60 | Vous le saviez ?... Alors... "~
387 21 | de sa main ne révélât son secret.~
388 8 | aimé, lui. Il avait aimé secrètement, douloureusement et nonchalamment,
389 16 | à trois, le long de la Seine, leurs déjeuners sur l'herbe,
390 17 | grisent. Tout sent bon, tout semble heureux. Les oiseaux ont
391 17 | journées qui grisent. Tout sent bon, tout semble heureux.
392 49 | grands pas nerveux. Il ne se sentait pas embarrassé cependant.
393 21 | frémissant jusqu'au coeur, se sentant pâlir, redoutant que ses
394 27 | un arbre penché, il avait senti son oreille, à elle, contre
395 37 | M. Saval se sentit rougir, et il se leva bouleversé
396 | sera
397 | serait
398 28 | Quand il avait dit : " Ne serait-il pas temps de revenir? "
399 43 | Il s'y rendit. La petite servante vint ouvrir au coup de marteau.~
400 17 | tiède, plein d'odeurs de sève ; on le buvait avec délices.
401 43 | rue, presque en face de la sienne. Il s'y rendit. La petite
402 15 | petits sourires muets qui signifiaient tant de pensées.~
403 34 | En revenant, elle demeura silencieuse; et elle ne s'appuyait plus
404 28 | lui avait lancé un regard singulier. Certes, elle l'avait regardé
405 66 | plus fort. Des gouttes de sirop lui coulaient au bout des
406 10 | peu moins amoureux que le soir. Pourquoi?~
407 14 | rappelait toutes les longues soirées d'écarté chez Sandres, quand
408 31 | Ce n'est pas que je sois fatigué; mais Sandres est
409 | soit
410 17 | de l'eau engourdie par le soleil. L'air était tiède, plein
411 18 | sur le dos : " Le meilleur somme de sa vie ", disait-il en
412 2 | Il songe à son existence si nue,
413 28 | façon. Il n'y avait pas songé, alors ; et voilà qu'il
414 76 | descendant vers la rivière, sans songer où il allait. Quand il arriva
415 50 | aux joues pleines, au rire sonore. Elle marchait les mains
416 4 | des satisfactions de toute sorte. Mais non, rien. Il n'avait
417 2 | parents ; puis le collège, les sorties, le temps de son droit à
418 42 | Et il sortit.~
419 16 | à la sous-préfecture. Et soudain le souvenir net lui revint
420 38 | Etait-ce possible? Ce soupçon qui venait de lui entrer
421 74 | Elle se mit à sourire en femme heureuse qui ne
422 15 | avait autrefois, des petits sourires muets qui signifiaient tant
423 54 | Elle sourit.~
424 16 | Sandres était employé à la sous-préfecture. Et soudain le souvenir
425 28 | alors ; et voilà qu'il s'en souvenait maintenant.~
426 6 | fait un seul être, un être souverainement heureux, de deux êtres affolés
427 4 | de grands plaisirs, des succès, des satisfactions de toute
428 50 | bras nus, poissés de jus sucré. Elle demanda, inquiète :~
429 46 | voudrais lui parler tout de suite.~
430 76 | il tourna à droite et la suivit. Il marcha longtemps, comme
431 6 | Quel bonheur surhumain devait vous inonder le coeur
432 | ta
433 75 | ami." Puis elle tourna ses talons et s'enfuit vers ses confitures.~
434 | tant
435 8 | l'avait rencontrée trop tard; elle était déjà mariée.
436 27 | rappela comme elle s'appuyait tendrement sur lui. En passant sous
437 3 | de M. Paul Saval sur la terre. Quelle affreuse chose!
438 [Titre]| Texte~
439 17 | par le soleil. L'air était tiède, plein d'odeurs de sève ;
440 76 | dégouttait à la façon d'un toit. Il allait toujours, toujours
441 66 | coulaient au bout des doigts et tombaient sur le parquet.~
442 24 | répondre, il serait plutôt tombé à genoux, - elle s'était
443 53 | d'importance, et qui me torture le coeur. Me promettez-vous
444 44 | fut étonnée de le voir si tôt :"Vous déjà, monsieur Saval;
445 | tour
446 69 | avons été ensemble, jusqu'au tournant, là-bas... "~
447 | toute
448 21 | fussent trop hardis, qu'un tremblement de sa main ne révélât son
449 59 | Saval se mit à trembler; il balbutia :~
450 37 | bouleversé comme si, de trente ans plus jeune, il avait
451 | très
452 5 | l'extase de la passion triomphante.~
453 9 | fois qu'il la revoyait, ses tristesses en la quittant, les nuits
454 16 | rappelait leurs promenades, à trois, le long de la Seine, leurs
455 76 | toujours devant lui. Et il se trouva sur la place où ils avaient
456 43 | La maison de Sandres se trouvait de l'autre côté de la rue,
457 24 | rien, - car il n'avait rien trouvé à répondre, il serait plutôt
458 25 | avait failli pleurer sans trouver encore un seul mot.~
459 61 | Et il se tut.~
460 2 | habiter avec sa mère. Ils ont vécu tous les deux, le jeune
461 38 | possible? Ce soupçon qui venait de lui entrer dans l'âme
462 41 | Et il s'habilla vite, se vêtant à la hâte. Il pensait : "
463 76 | poussé par un instinct. Ses vêtements ruisselaient d'eau, son
464 4 | grand mal, son défaut, son vice. Combien de gens ratent
465 2 | son existence si nue, si vide. Il se rappelle, dans l'
466 1 | Mantes " le père Saval ", vient de se lever. Il pleut. C'
467 43 | rendit. La petite servante vint ouvrir au coup de marteau.~
468 41 | Et il s'habilla vite, se vêtant à la hâte. Il
469 17 | paquets. C'était, par une vive journée de printemps, une
470 3 | affreuse chose! D'autres gens vivront, s'aimeront, riront. Oui,
471 44 | Elle fut étonnée de le voir si tôt :"Vous déjà, monsieur
472 74 | répondit franchement, d'une voix claire où pointait une ironie :~
473 27 | crainte qu'elle ne crût volontaire ce contact.~
474 46 | dire à ta maîtresse que je voudrais lui parler tout de suite.~
475 29 | Comme vous voudrez, mon ami. Si vous êtes fatigué,
476 39 | Oh! si cela était vrai, s'il avait passé contre
477 56 | aimée du jour où je vous ai vue. Vous en étiez-vous doutée? "~
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