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1 Lorsque Hannibal eut repassé en Afrique, Scipion, sachant que plusieurs villes, dont ses plans exigeaient qu’il se rendît maître, étaient défendues par de fortes garnisons, envoyait de temps en temps quelques troupes pour les inquiéter. Il se présenta enfin lui-même comme pour les enlever de vive force ; puis il feignit d’avoir peur, et fit un mouvement de retraite. Hannibal, persuadé que son ennemi avait réellement pris l’épouvante, appela de toutes parts les garnisons, afin d’engager une affaire décisive, et se mit à sa poursuite. Scipion obtint par là ce qu’il désirait : les villes étant restées sans défense, il envoya les Numides, sous les ordres de Masinissa, pour s’en emparer.
2 P. Cornélius Scipion, ayant senti la difficulté de prendre Delminium, parce que toutes les troupes du pays s’étaient réunies pour défendre cette ville, alla se présenter devant d’autres places. Ces troupes étant par là forcées de courir à la défense de leurs villes respectives, Delminium se trouva dépourvue de secours97, et Scipion s’en empara.
3 Pyrrhus, roi d’Épire, voulant se rendre maître de la capitale des Illyriens, mais ne pouvant compter sur le succès, mit le siège devant quelques autres de leurs villes. il en résulta que les ennemis, ayant la con fiance que leur capitale était assez en sûreté par ses fortifications, se séparèrent pour aller secourir les places attaquées : alors Pyrrhus, rassemblant de nouveau toutes ses troupes, s’empara de la ville, que ses défenseurs avaient abandonnée.
4 Le consul Cornélius Rufinus, ayant assiégé pendant quelque temps, mais en vain, la ville de Crotone, que rendait imprenable une garnison auxiliaire de Lucanie, feignit de renoncer à son dessein. Un prisonnier, qu’il avait gagné à force d’argent, se rendit à Crotone, comme s’il se fût évadé de sa prison, et assura que les Romains étaient en pleine retraite. Les Crotoniates, dans cette croyance, congédièrent leurs alliés, et, réduits à leurs propres forces, furent pris au moment où ils s’y attendaient le moins.
5 Magon, général des Carthaginois, tenant Cn. Pison assiégé dans un fort, après l’avoir vaincu, et soupçonnant que des troupes venaient le secourir, envoya à leur rencontre un faux transfuge, qui leur annonça que Pison était déjà pris. Cet artifice les ayant fait retirer, Magon acheva sa victoire.
6 Alcibiade, faisant la guerre en Sicile98, et voulant prendre Syracuse, choisit à Catane, où il était alors cantonné avec ses troupes, un homme d’une adresse éprouvée, et l’envoya secrètement près des Syracusains. Admis dans l’assemblée du peuple, cet émissaire fit entendre que les habitants de Catane nourrissaient la plus grande haine contre les Athéniens, et que, s’ils étaient secondés, ils auraient bientôt anéanti Alcibiade et son armée. Les Syracusains, se laissant persuader, marchèrent sur Catane avec toutes leurs forces, abandonnant leur propre ville. Alcibiade alors, l’attaquant du côté opposé, et la trouvant dégarnie de troupes, comme il l’avait espéré, la prît et la saccagea.
7 Cléonyime, général athénien, assiégeant Trézène, qui était gardée par des troupes de Cratère, lança dans la place des flèches sur lesquelles il avait écrit aux habitants qu’il n’était venu que pour délivrer leur république ; et en même temps il renvoya quelques prisonniers, après les avoir mis dans ses intérêts, afin qu’ils décriassent Cratère. Ayant, par ce moyen, semé la division chez les assiégés, il en profita pour faire approcher son armée, et se rendit maître de la ville.
« Il n’y a que deux moyens d’assurer le siège d’une place : l’un, de commencer par battre l’armée ennemie chargée de couvrir cette place, l’éloigner du champ d’opérations, et en jeter les débris au delà de quelque obstacle naturel, tel que des montagnes ou une grande rivière ; ce premier obstacle vaincu, il faut placer une armée d’observation derrière cet obstacle naturel, jusqu’à ce que les travaux du siège soient achevés, et la place prise. Mais, si l’on veut prendre la place devant une armée de secours, sans risquer une bataille, il faut être pourvu d’un équipage de siège, avoir ses munitions et ses vivres pour le temps présumé de la durée du siège, et former ses lignes de contrevallation et de circonvallation en s’aidant des localités, telles que hauteurs, bois, marais, inondations. N’ayant plus alors besoin d’entretenir aucunes communications avec les places de dépôt, il n’est plus besoin que de contenir l’armée de secours ; dans ce cas, on forme une armée d’observation qui ne la perd pas de vue, et qui, lui barrant le chemin de la place, a toujours le temps d’arriver sur ses flancs ou sur ses derrières, si elle lui dérobait une marche. En profitant des lignes de contrevallation, on peut employer une partie du corps assiégeant pour livrer bataille à l’armée de secours. Ainsi, pour assiéger une place devant une armée ennemie, il faut en couvrir le siège par des lignes de circonvallation. Si l’armée est assez forte pour qu’après avoir laissé devant la place un corps quadruple de la garnison, elle soit encore aussi nombreuse que l’armée de secours, elle peut s’éloigner de plus d’une marche ; si elle reste inférieure après ce détachement, elle doit se placer à une petite journée de marche du siège, afin de pouvoir se replier sur les lignes, ou bien recevoir du secours en cas d’attaque. Si les deux armées de siège et d’observation ensemble ne sont qu’égales à l’armée de secours, l’armée assiégeante doit tout entière rester dans les lignes ou près des lignes, et s’occuper des travaux de siège, pour le pousser avec toute l’activité possible.
« Feuquières a dit qu’on ne doit jamais attendre son ennemi dans les lignes de circonvallation, et qu’on doit en sortir pour l’attaque. Il est dans l’erreur ; rien ne peut être absolu à la guerre, et on ne doit pas proscrire le parti d’attendre son ennemi dans les lignes de circonvallation.
« Ceux qui proscrivent les lignes de circonvallation et tous les secours que l’art de l’ingénieur peut donner, se privent gratuitement d’une force et d’un moyen auxiliaire qui ne sont jamais nuisibles, presque toujours utiles, et souvent indispensables. Cependant les principes de la fortification de campagne ont besoin d’être améliorés ; cette partie importante de l’art de la guerre n’a fait aucuns progrès depuis les anciens : elle est même aujourd’hui au-dessous de ce qu’elle était il y a deux mille ans. Il faut donc encourager les officiers du génie à perfectionner cette partie de leur art, et à la porter au niveau des autres. » (Napoléon.)
« Les circonstances ne permettant pas de laisser une garnison suffisante pour défendre une ville de guerre où l’on aurait un hôpital et des magasins, on doit au moins employer tous les moyens possibles pour mettre la citadelle à l’abri d’un coup de main. » (Napoléon.)