Sextus Iulius Frontin
Stratagèmes

LIVRE QUATRIÈME.

II. Effets de la discipline.

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II. Effets de la discipline.

 

1 On rapporte que pendant la guerre civile, lorsque les armées de Brutus et de Cassius traversaient ensemble la Macédoine, celle de Brutus arriva avant l’autre près d’une rivière sur laquelle il fallait jeter un pont, et que cependant celle de Cassius eut le sien plus tôt achevé, et passa la première. Une discipline ferme avait donné aux soldats de Cassius la supériorité sur ceux de Brutus, non seulement pour de semblables ouvrages, mais encore pour les actions les plus importantes de la guerre.

 

2 C. Marius, pouvant choisir entre deux armées qui avaient été commandées, l’une par Rutilius, l’autre par Metellus, et toutes deux par lui-même, opta pour celle de Rutilius, quoiqu’elle fût la moins nombreuse, sachant qu’elle était la mieux disciplinée.

 

Domitius Corbulon, n’ayant que deux légions, et fort peu de troupes auxiliaires, fut en état, grâce à la discipline qu’il avait rétablie, de soutenir la guerre contre les Parthes.

 

Alexandre, à la tête de quarante mille hommes, que déjà Philippe124, son père, avait habitués à la discipline, entreprit la conquête du monde, et vainquit des armées innombrables.

 

Cyrus, faisant la guerre aux Perses avec quatorze mille hommes, surmonta les plus grandes difficultés125.

 

Épaminondas126, général thébain, à la tête de quatre mille hommes, dont quatre cents cavaliers, battit l’armée lacédémonienne, qui comptait vingt-quatre mille fantassins et seize cents cavaliers.

 

Quatorze mille Grecs, qui étaient venus au secours de Cyrus contre Artaxerxès, défirent cent mille barbares.

 

8 Ces mêmes quatorze mille Grecs, ayant perdu leurs chefs dans un combat, confièrent le soin de leur retraite à l’Athénien Xénophon, l’un d’eux, qui les ramena sains et saufs, à travers des lieux dangereux qu’ils ne connaissaient pas.

 

Xerxès, arrêté aux Thermopyles par les trois cents Spartiates, dont il ne put triompher qu’avec beaucoup de peine, dit qu’on l’avait trompé : qu’il avait beaucoup d’hommes, mais de soldats aguerris et disciplinés, point.

 





124 Alexandre dut, en effet, une grande partie de ses succès à ses vieux soldats. C’est une vérité reconnue par les tacticiens de tous les temps, que les anciens soldats sont supérieurs aux jeunes, non seulement pour supporter les fatigues en campagne, mais encore pour attaquer de sang-froid et avec courage, et pour profiter de toutes les circonstances qui peuvent mettre à l’abri du danger.

 

« Il faut encourager par tous les moyens, dit Napoléon, les soldats à rester sous les drapeaux, ce qu’on obtiendra facilement en témoignant une grande estime aux vieux soldats. Il faudrait aussi augmenter la solde en raison des années de service : car il y a une grande injustice à ne pas mieux payer un vétéran qu’une recrue. »



125 Ce fait paraît ne faire qu’un, pour le sens, avec le § 7, dont il a peut-être été séparé par les copistes.

 



126 Il s’agit ici de la bataille de Leuctres, qu’Épaminondas gagna, non seulement parce que ses troupes étaient bien disciplinées, mais aussi parce qu’il exécuta une savante manœuvre d’ordre oblique, voir la note 62.



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