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1 P. Scipion, en Espagne, ayant appris qu’Hasdrubal, général des Carthaginois, s’avançait contre lui en bataille, dès le matin, avec des troupes qui étaient à jeun, retint les siennes dans le camp jusqu’à la septième heure, leur fit prendre du repos et de la nourriture ; puis, quand l’ennemi, pressé par la faim et la soif, et fatigué d’avoir été longtemps sous les armes, se mit à regagner son camp, Scipion fit tout à coup sortir son armée54, engagea le combat, et remporta la victoire.
2 Metellus Pius, ayant affaire à Hirtuleius, en Espagne, et voyant que celui-ci s’était approché de ses retranchements dès la pointe du jour, avec son armée rangée en bataille, dans le temps le plus chaud de l’été, se tint renfermé dans le camp jusqu’à la sixième heure du jour ; et, avec ses troupes ainsi ménagées et fraîches, il défît aisément un ennemi que l’ardeur du soleil avait abattu.
3 Le même chef, après avoir combiné ses forces avec celles de Pompée contre Sertorius, en Espagne, avait souvent offert la bataille à ce dernier, qui la refusait parce qu’il se croyait trop faible contre deux. Quelque temps après, s’étant aperçu que les soldats de Sertorius manifestaient un violent désir de combattre élevant les bras et agitant leurs lances, il pensa qu’il ne devait pas, pour le moment, s’exposer à tant d’ardeur : il fit retirer ses troupes, et conseilla à Pompée d’en faire autant.
4 Le consul Postumius avait, en Sicile, son camp à trois milles de celui des Carthaginois, et chaque jour les généraux ennemis se présentaient avec leur armée jusque sous ses retranchements, dont il leur défendait l’approche en ne leur opposant jamais que de faibles détachements. Déjà cette habitude excitait le mépris des Carthaginois, lorsque Postumius, retenant au camp ses troupes reposées et prêtes à combattre, soutint comme auparavant, avec un petit nombre de soldats, l’incursion des ennemis, et les arrêta même plus longtemps qu’à l’ordinaire. Puis, au moment où ceux-ci, fatigués et pressés par la faim, commençaient à se retirer, vers la sixième heure, le consul, avec ses troupes fraîches, mit en déroute cette armée déjà épuisée, comme nous l’avons dit.
5 Iphicrate, général athénien, étant informé que les ennemis prenaient leur repas tous les jours à la même heure, ordonna à ses troupes d’avancer le leur, puis il les rangea en bataille. Il prit ainsi l’ennemi à jeun, et le tint en échec sans engager le combat, et sans lui permettre de se retirer. Enfin, au déclin du jour, il fit rentrer ses troupes, mais les retint sous les armes. Les ennemis, fatigués d’avoir été sur pied, et souffrant de la faim, coururent aussitôt prendre du repos et de la nourriture ; et, au moment où ils n’étaient plus sur leurs gardes, Iphicrate sortit de nouveau, et alla les surprendre dans leur camp.
6 Le même, faisant la guerre aux Lacédémoniens, avait depuis plusieurs jours son camp tout près du leur, et les deux armées allaient habituellement, à de certaines heures, chercher du fourrage et du bois. Il y envoya un jour les esclaves, ainsi que les valets d’armée, déguisés eu soldats, et retint les soldats dans ses retranchements. Lorsque les ennemis se furent dispersés pour faire de semblables approvisionnements, il s’empara de leur camp ; et tandis que, sans armes et chargés de fardeaux, ils revenaient attirés par le bruit, il les tua ou les prit facilement.
7 Le consul Virginius, dans la guerre contre les Volsques, voyant ceux-ci fondre sur lui de loin et en confusion, ordonna à ses soldats de s’arrêter et de tenir le javelot en terre. Les Volsques, arrivant hors d’haleine, furent bientôt mis en déroute par les troupes reposées du consul.
8 Fabius Maximus, sachant que les Gaulois et les Samnites55 excellaient au premier choc, tandis que le courage de ses soldats était infatigable, et s’échauffait même dans la durée du combat, prescrivit à ceux-ci de se borner à soutenir la première attaque, et de fatiguer l’ennemi en traînant l’action en longueur. Ce moyen ayant réussi, il fit avancer les réserves ; et, reprenant l’offensive avec toutes ses forces, il mit en fuite l’ennemi dès la première charge.
9 À la bataille de Chéronée, Philippe, se rappelant qu’il avait des troupes endurcies par une longue expérience de la guerre, tandis que celles des Athéniens, braves mais peu exercées, n’avaient de force que dans la première attaque, fit à dessein prolonger le combat ; et, aussitôt qu’il vit les Athéniens se ralentir, il fondit sur eux avec plus de vigueur, il les tailla en pièces.
10 Les Lacédémoniens, avertis par des espions que les Messéniens étaient enflammés de fureur, à tel point qu’ils descendaient dans la plaine pour livrer bataille, suivis de leurs femmes et de leurs enfants, différèrent d’en venir aux mains.
11 Pendant, la guerre civile. C. César tenait l’armée d’Afranius et de Petreius assiégée, sans qu’elle pût avoir de l’eau. Exaspérée dans sa détresse, elle avait tué toutes ses bêtes de charge, et était descendue dans la plaine pour offrir la bataille. César retint ses troupes, jugeant défavorable le moment où l’ennemi était poussé par la colère et par le désespoir.
12 Cn. Pompée, voulant faire accepter la bataille à Mithridate, qui fuyait devant lui, choisit la nuit pour lui couper la retraite et pour combattre. Il fit à cet effet ses dispositions, et mit tout à coup l’en nemi dans la nécessité d’en venir aux mains. Il eut même la précaution de disposer ses troupes de manière que celles du roi de Pont fussent éblouies par la clarté de la lune, qu’elles avaient en face, et qui les faisait voir à découvert.
13 On sait que Jugurtha, qui avait éprouvé le courage des Romains, ne leur livrait bataille que vers le déclin du jour, afin que, si les siens étaient mis en fuite, ils pussent, à la faveur de la nuit, se dérober à la poursuite de l’ennemi.
14 Lucullus, ayant en tête Mithridate et Tigrane, près de Tigranocerte, dans la Grande Arménie, ne comptait pas plus de quinze mille combattants dans son armée, tandis que les troupes ennemies étaient innombrables, mais, par cela même, difficiles à faire manœuvrer. Profitant de cet inconvénient, Lucullus les attaqua avant qu’elles fussent rangées en bataille, et les mit si promptement en déroute, que les deux rois eux-mêmes prirent la fuite, après s’être dépouillés de leurs insignes.
16 Dans une guerre contre les Pannoniens, Tibère Néron, ayant vu les barbares s’avancer fièrement au combat dès la pointe du jour, retint ses troupes au camp, laissant les ennemis à la merci du brouillard et de la pluie, qui, ce jour-là, tombait en abondance.
Enfin, quand il jugea qu’ils étaient fatigués d’être sur pied, et que cette fatigue même, aussi bien que la pluie, avait abattu leur courage, il donna le signal, les chargea et les défit.
17 C. César, pendant la guerre des Gaules, informé qu’Arioviste, roi des Germains, observant une coutume qui était comme une loi aux yeux de ses soldats, s’abstenait de combattre pendant le décours de la lune, choisit ce moment pour l’attaquer56, et défit cet ennemi enchaîné par la superstition.
18 L’empereur Auguste Vespasien livra bataille aux Juifs le jour du sabbat57, pendant lequel il leur est défendu de rien faire d’important, et les vainquit.
19 Lysandre, commandant les Spartiates contre les Athéniens à Ægos-Potamos, allait souvent, à certaine heure, inquiéter la flotte ennemie, et faisait ensuite retirer la sienne. Cette manœuvre étant devenue tout à fait habituelle, les Athéniens, après sa retraite, se dispersaient à terre pour leur approvisionnement. Un jour Lysandre fit, comme de coutume, avancer et revenir ses vaisseaux ; et, quand la plupart des Athéniens se furent séparés, il retourna sur ceux qui restaient, les tailla en pièces, et s’empara de tous leurs navires.
Tous les livres de tactique ancienne recommandent de faire prendre le repas aux soldats avant la bataille
Si l’on en croit Josèphe, les Juifs avaient depuis longtemps obtenu de leurs chefs la permission de combattre le jour du sabbat, parce que leurs ennemis pouvaient profiter de leur observance scrupuleuse pour les attaquer.