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1 Dans le combat que le roi Tarquin livra aux Sabins, la tête de l’armée agissant avec peu d’ardeur, Servius Tullius, encore très jeune, prit une enseigne et la jeta au milieu des ennemis82. Les Romains alors se battirent si vaillamment, qu’ils la reprirent, et remportèrent la victoire.
2 Le consul Furius Agrippa, voyant plier l’aile qu’il commandait, arracha une enseigne des mains d’un soldat, la jeta dans les rangs des Herniques et des Èques, et rétablit ainsi le combat83 : car les Romains firent des prodiges de valeur pour recouvrer leur étendard.
3 Le consul T. Quinctius Capitolinus84 lança une enseigne au milieu des Falisques, et ordonna à ses soldats de la reprendre.
4 Salvius Pelignus fit de même dans la guerre contre Persée.
5 M. Furius Camillus, tribun des soldats avec puissance de consul, voyant l’hésitation de son armée en présence des Volsques et des Latins, saisit par la main un porte-enseigne, et l’entraîna vers l’ennemi ; la honte força les autres à le suivre85.
6 M. Furius s’élança au-devant de ses soldats qui fuyaient, et leur déclara qu’aucun ne rentrerait dans le camp que victorieux. Les ayant ainsi ramenés au combat, il remporta la victoire.
7 Scipion, voyant ses troupes prendre la fuite près de Numance, leur annonça qu’il traiterait en ennemi tout soldat qu’il trouverait rentré au camp.
8 Le dictateur Servilius Priscus, voulant faire avancer les enseignes des légions contre les Falisques, tua un porte-enseigne qui hésitait. Les autres, effrayés cet exemple, fondirent sur l’ennemi.
9. Tarquin, livrant bataille aux Sabins, et voyant que sa cavalerie tardait à charger, donna l’ordre de débrider les chevaux, et de les lancer à toutes jambes pour rompre les rangs ennemis.
10 Cossus Cornélius, maître de la cavalerie, en fit autant contre les Fidénates.
11 Dans la guerre des Samnites, le consul M. Atilius opposa des troupes à ceux de ses soldats qui abandonnaient le champ de bataille pour se réfugier dans le camp, et déclara à ceux-ci qu’ils avaient à combattre contre lui-même et les bons citoyens, ou contre l’ennemi. Par ce moyen il les ramena tous au combat.
12 L. Sylla, voyant ses légions lâcher pied devant une armée de Mithridate, commandée par Archelaùs, tira son épée, courut en avant de la première ligne, et, s’adressant aux soldats : « Si l’on vous demande, dit-il, où vous avez laissé votre général, répondez : « Sur le champ de bataille, en Béotie. Aussitôt l’armée entière, saisie de honte, le suivit. »
13 Le divin Jules César, à la bataille de Munda, voyant ses troupes plier, fit emmener son cheval hors de leur vue, et courut à pied se mettre aux premiers rangs86. Les soldats, ayant honte d’abandonner leur général, rétablirent le combat.
14 Philippe, craignant que les siens ne pussent soutenir l’attaque impétueuse des Scythes, plaça en arrière sa cavalerie la plus éprouvée, avec ordre de ne pas laisser fuir un seul soldat, et de faire main basse sur ceux qui s’obstineraient à lâcher pied. Tel fut l’effet de cette injonction, que, les plus lâches aimant mieux être tués par l’ennemi que par leurs camarades, Philippe remporta la victoire.
Des moyens de ce genre ont été souvent mis en usage pour relever le moral du soldat. Ainsi, à la bataille d’Austerlitz, le 15e régiment léger, qui venait de se battre avec courage, se voyant forcé d’opérer un mouvement rétrograde, le faisait avec trop de précipitation pour pouvoir se reformer, et arrêter la marche de l’infanterie russe, qu’il avait en tête. Le colonel Dulong saisit l’aigle du 2e bataillon, et s’écria : « Soldats ! je m’arrête ici ; abandonnerez-vous votre étendard et votre colonel ? » Le 2e bataillon se reforme, et reprend l’offensive ; le 1er bataillon en fait autant, et bientôt les Russes sont repoussés.
Le général Souvaroff, voyant ses troupes en déroute, courut à la tête des fuyards, se coucha par terre, et s’écria : « Qui osera passer sur le corps de son général ? » On assure qu’il réussit plusieurs fois, par cet expédient, à rétablir le combat.
« On dit que César fut sur le point de se donner la mort pendant la bataille de Munda. Ce projet eût été bien funeste à son parti : il eût été battu comme Brutus et Cassius !... Un magistrat, un chef de parti peut-il abandonner les siens volontairement ? » (Napoléon.)