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Quelques jours se passèrent. La situation à la fabrique ne se modifiait pas. Pierken et Fikandouss restaient absolument à l’écart des autres ouvriers. Ils continuaient de refuser obstinément leurs gouttes et persistaient dans leur attitude distante et hostile. Ils semblaient plongés en des réflexions profondes. On eût dit que Pierken méditait l’exécution d’un plan secret, que Fikandouss n’était pas encore tout à fait disposé à suivre. Parfois ils tenaient de longs et mystérieux conciliabules, où Fikandouss disait à peine quelques mots. Il avait mauvaise mine et maigrissait à vue d’œil. Sauf le moment où il s’entretenait avec Pierken, il n’échangeait mot avec qui que ce fût et passait des journées entières sombrement absorbé dans ses pensées : « Ça y est ; il est maboul ! » disaient les autres. De toute son excitation fébrile, et souvent exagérée, de jadis, il ne restait plus rien. Il ne riait plus, ne criait plus, n’effarouchait plus les ouvrières, et jamais plus on n’entendait son obsédant et agaçant « Fikandouss-Fikandouss ! » Du reste, sur toute la fabrique semblait peser une lourde et accablante tristesse. Seules, les tournées de Sefietje avec sa bouteille amenaient une passagère détente.