Jean-Henri Fabre
Souvenirs entomologiques - III
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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES - LIVRE III

CHAPITRE IX LES LEUCOSPIS

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CHAPITRE IX

LES LEUCOSPIS

 

Visitons en juillet les nids du Chalicodome des murailles, en les détachant de leurs galets par la méthode du choc, ainsi que je viens de l’exposer dans l’histoire des Anthrax. Les cocons de la Maçonne à double habitant, l’un dévorant, l’autre dévoré, sont assez nombreux pour permettre d’en récolter quelques douzaines dans une matinée, avant que le soleil soit devenu intolérable. Cognons ferme sur les silex pour desceller les dômes de terre, empaquetons dans de vieux journaux, bourrons la boîte et rentrons au plus vite ; tout à l’heure l’atmosphère va s’embraser comme le ciel d’une Gomorrhe.

 

L’examen, mieux suivi dans l’ombre du chez soi, nous apprend bientôt que si le dévoré est toujours le misérable Chalicodome, le dévorant appartient à deux espèces. D’une part, à sa forme de cylindre, à sa coloration d’un blanc crémeux, à son petit mamelon céphalique, se reconnaît la larve de l’Anthrax, hors de cause en ce moment ; d’autre part, à sa structure d’ensemble, à son aspect général, se révèle la larve de quelque hyménoptère. Le second exterminateur de la Maçonne est, en effet, un Leucospis (Leucospis gigas, Fab.) superbe insecte, zébré de noir et de jaune, à ventre arrondi au bout et creusé, ainsi que le dos, en gorge de poulie pour recevoir, dans sa rainure, une longue rapière, aussi déliée qu’un crin, que l’animal dégaine et plonge, à travers le mortier, jusque dans la cellule où il se propose d’établir son œuf. Avant de nous occuper de son métier d’inoculateur, apprenons comment vit la larve dans la loge envahie.

 

C’est un ver nu, apode, aveugle, facile à confondre, pour des yeux non expérimentés, avec celui de divers hyménoptères collecteurs de miel. Ses caractères les plus apparents consistent en une coloration de beurre rance, une peau luisante et comme huilée, une segmentation accusée par de forts bourrelets, de manière que, vu de profil, le dos est très nettement ondulé. Au repos, cette larve est courbée en arc, revenant sur lui-même. Elle est composée de treize segments, y compris la tête. Celle-ci, très petite relativement au reste du corps, ne montre, sous la loupe, aucune pièce buccale ; tout au plus aperçoit-on un léger trait roux, qui vous engage à recourir au microscope. On distingue alors deux fines mandibules, très courtes et façonnées en pointe, aiguë. Une petite embouchure ronde, un subtil perçoir de droite et de gauche, voilà tout ce que montre l’appareil à fort grossissement. Quant à mes meilleures loupes, elles ne me montrent rien du tout. On voit très bien, au contraire, et sans armer l’œil d’une lentille, l’armature buccale, notamment les mandibules, soit d’un mangeur de miel. Osmie, Chalicodome, Mégachile, soit d’un mangeur de proie, Scolie, Ammophile, Bembex. Tous possèdent des pinces robustes, propres à saisir, à broyer, à lacérer. À quoi peut donc servir l’invisible outillage du Leucospis ? Le mode de consommation va nous l’apprendre.

 

Comme l’Anthrax, son modèle, le Leucospis ne mange pas la larve de Chalicodome, c’est-à-dire ne la dépèce pas en bouchées ; il l’épuise sans l’ouvrir et lui fouiller les flancs. Avec lui reparaît cet art merveilleux qui consiste à se nourrir du patient sans le tuer jusqu’à la fin du repas, afin d’avoir toujours ration de chair fraîche. La bouche assidûment appliquée sur la peau de la victime, le ver meurtrier s’emplit et grossit tandis que la larve nourricière se dégonfle et se flétrit tout en conservant assez de vie pour résister à la décomposition. De la défunte transvasée, il reste la peau qui, ramollie dans l’eau, puis insufflée, se ballonne sans fuite de gaz, preuve de sa continuité. L’outre dépourvue d’ouverture a tout de même perdu son contenu. C’est la répétition de ce que nous a montré l’Anthrax, avec cette différence que le Leucospis paraît moins versé dans les délicates opérations de l’épuisement. Au lieu du granule, si blanc et si propre, que le diptère laisse pour tout résidu de sa pièce alimentaire, l’insecte à longue sonde abandonne pour reliefs une dépouille fréquemment souillée par la teinte brune de vivres gâtés. Il semble que, sur la fin, la consommation devient plus brutale et ne dédaigne pas la chair morte. Je reconnais aussi que le Leucospis n’est pas apte à se lever de table ou bien à s’y remettre avec la promptitude de l’Anthrax. Je dois le harceler quelque temps avec la pointe d’un pinceau pour le décider à lâcher prise ; et une fois la pièce quittée, il n’y fixe de nouveau la bouche qu’après quelques hésitations. Son adhérence ne peut être le simple effet d’un baiser de ventouse ; des crocs qu’il faut dégager peuvent seuls en rendre compte.

 

Je m’explique alors l’usage des microscopiques mandibules. Ces deux subtiles pointes sont incapables de rien mâcher, mais elles peuvent très bien servir à percer l’épiderme d’un orifice comme n’en ferait pas l’aiguille la plus déliée, et c’est à travers la piqûre que le Leucospis hume le suc de sa proie. Ce sont des instruments propres à perforer le sac graisseux qui lentement, sans éprouver en son intérieur aucun dommage, se vide à travers un pertuis çà et là renouvelé. La ventouse de l’Anthrax est ici remplacée par des perçoirs très aigus, et si réduits qu’ils ne peuvent rien blesser au delà de l’épiderme. Ainsi se trouve réalisée, avec un autre outillage d’attaque, la prudente consommation qui maintient les vivres frais.

 

Est-il nécessaire de dire, après l’histoire de l’Anthrax, que pareille alimentation serait impossible avec une proie dont les tissus posséderaient leur finale fermeté ? C’est donc pendant qu’elle est à demi fluide et plongée dans la torpeur de la nymphose que la larve du Chalicodome est vidée par celle du Leucospis. La dernière quinzaine de juillet et la première quinzaine d’août sont les époques favorables pour assister au repas, que j’ai vu durer de douze à quatorze jours. Plus tard, on ne trouve dans le cocon du Chalicodome que la larve du Leucospis, superbe d’embonpoint, et à côté une sorte de mince et rance lardon, relique de la défunte nourrice. Jusqu’aux chaleurs de l’été suivant, jusqu’en fin juin au plus tôt, les choses restent en l’état.

 

Alors apparaît la nymphe, qui n’a rien de saillant à nous apprendre ; et enfin l’insecte parfait, dont l’éclosion peut se retarder jusqu’au mois d’août. Sa sortie hors de la forteresse de la Maçonne n’a rien de l’étrange méthode employée par l’Anthrax. Doué de vaillantes mandibules, l’insecte parfait crève lui-même le plafond de son domicile sans grave difficulté. À l’époque de sa libération, les Chalicodomes, qui travaillent en mai, ont depuis longtemps disparu. Sur les galets, tous les nids sont clos, les provisions sont achevées, les larves dorment dans leur cocon ambre. Comme les vieux nids sont utilisés par la Maçonne tant qu’ils ne sont pas trop délabrés, le dôme d’où vient de sortir le Leucospis, plus vieux d’un an, a ses autres loges occupées par les fils de l’abeille. Il y a là, pour sa race, sans chercher au loin, grasse prébende dont il est maître de profiter. Il ne dépend que de lui de faire de sa maison natale la maison des siens. Du reste, si les explorations à distance lui plaisent, les dômes de mortier abondent dans l’harmas. Sous peu, l’inoculation des œufs à travers la muraille va commencer. Avant d’assister à ce curieux travail, occupons-nous de la sonde qui doit l’accomplir.

 

En dessus, le ventre de l’insecte est creusé d’un sillon qui remonte jusqu’à la base du thorax ; à l’extrémité, élargie et ronde, il est fendu par une étroite scissure, qui semble partager cette région en deux ; on dirait une poulie à fine gorge. À l’état de repos, la sonde inoculatrice ou oviscapte reste engagée dans cette rainure et ce sillon. La délicate machine fait ainsi presque le tour complet de l’abdomen. En dessous, sur la ligne médiane, se voit une longue écaille d’un brun marron, lancéolée, carénée, fixée par sa base au premier segment abdominal et prolongée sur les côtés en ailes membraneuses qui viennent étroitement s’appliquer sur les flancs. Sa fonction est de protéger la région sous-jacente, région à parois molles où la sonde prend origine. C’est un opercule une cuirasse qui, pendant l’inaction, protège les délicatesses du mécanisme moteur, mais fait bascule d’arrière en avant et se relève quand il faut dégainer l’outil et en faire usage.

 

Détachons cet opercule d’un coup de ciseaux pour avoir sous le regard tout l’appareil : puis soulevons l’oviscapte avec la pointe d’une aiguille. La partie longeant le dos se dégage sans difficulté aucune, mais la partie enchâssée dans la gorge de poulie du bout du ventre offre une résistance qui nous avertit d’une complication non aperçue d’abord. L’outil, en effet, se compose de trois pièces, une centrale ou filament inoculateur, et deux latérales, dont l’ensemble constitue un fourreau. Ces deux-ci, plus fortes, sont creusées en façon de demi-canal et forment, en se rejoignant, un canal complet dans lequel le filament est engainé. Ce fourreau à deux valves est libre d’adhérence dans la partie dorsale ; mais plus loin, au bout de l’abdomen et sous le ventre, il ne peut plus s’isoler, ses valves se trouvant soudées avec la paroi abdominale. Là règne donc, entre les deux pièces protectrices rapprochées, une simple rigole où le filament est à couvert. Quant à ce dernier, il s’extrait aisément de sa gaine et se met en liberté jusqu’à sa base, sous le bouclier de l’écaille.

 

À la loupe, c’est un fil rond, corné, rigide, compris pour la grosseur entre un cheveu et un crin de cheval. Son extrémité se montre un peu rugueuse, pointue et longuement taillée en biseau. Le microscope est nécessaire pour reconnaître sa réelle structure, bien moins simple qu’elle ne le semble d’abord. On reconnaît alors que la partie terminale, taillée en biseau, se compose d’une série de cônes tronqués, emboîtés l’un dans l’autre et dont la large base déborde un peu. De cette disposition résulte une sorte de lime, de râpe à dents très émoussées. Pressé sur le porte-objet, le fil se subdivise en quatre pièces de longueur inégale. Les deux plus longues ont pour terminaison le biseau dentelé. Elles s’assemblent en une gouttière très étroite pour recevoir les deux autres pièces, un peu plus courtes, Celles-ci se terminent l’une et l’autre par une pointe, mais non dentelée, et en retrait par rapport à la râpe finale. Assemblées en un demi-canal, elles s’enchâssent dans le demi-canal des deux autres, de façon que le tout forme un canal complet. En outre, les deux pièces courtes, considérées ensemble, sont mobiles, suivant leur longueur, dans la gouttière qui les reçoit ; elles sont de plus mobiles l’une sur l’autre, toujours dans le sens de la longueur, si bien que, sur le porte-objet, leurs pointes terminales correspondent rarement au même niveau.

 

Si l’on tronque d’un coup de ciseaux le fil inoculateur sur l’animal vivant et qu’on observe la section à la loupe, on voit la demi-gouttière interne s’allonger et faire saillie en dehors de la demi-gouttière externe, puis rentrer tour à tour, tandis que suinte de la blessure une gouttelette albumineuse, provenant sans doute du liquide qui donne à l’œuf le singulier appendice dont il sera fait mention plus loin. Au moyen de ces mouvements longitudinaux de la rigole interne dans la rigole externe, et du glissement, l’une sur l’autre, des deux pièces de la première rigole, l’œuf peut être acheminé jusqu’au bout de l’oviscapte malgré l’absence de toute contraction musculaire, impossible dans un conduit de nature cornée.

 

Pour peu que l’on presse l’abdomen en dessus, on le voit se disloquer après le premier segment, comme si l’insecte, en ce point, avait été à demi sectionné. Il se produit, entre le premier et le second anneau, un large entrebâillement, un hiatus, où sous une fine membrane, fait hernie la base de l’oviscapte, fortement recourbée en crosse. Là le filament traverse de part en part l’animal et va émerger en dessous. Son point de sortie se trouve ainsi vers la base de l’abdomen, au lieu de se trouver au bout suivant la règle générale. Cette étrange disposition a pour effet de raccourcir le bras de levier de l’oviscapte, de rapprocher du point d’appui, c’est-à-dire des pattes, l’origine du filament, et de favoriser par ce moyen le difficultueux travail de l’inoculation en utilisant du mieux possible l’effort dépensé. En somme, l’oviscapte au repos fait le tour de l’abdomen. Parti de la base, à la face inférieure, il contourne le ventre d’avant en arrière, puis revient d’arrière en avant à la face supérieure, pour aboutir à peu près à la même hauteur que le point de départ. Sa longueur lest de 14 millimètres. Ainsi est déterminée la limite des profondeurs que la sonde peut atteindre dans les nids de Chalicodome.

 

Un mot encore, avant d’en finir avec l’outil du Leucospis. Sur l’animal agonisant, décapité, privé de pattes et d’ailes, transpercé d’une épingle, les parois de la scissure où le fil inoculateur est engagé, éprouvent de vifs mouvements trépidatoires comme si le ventre allait s’entrouvrir, se partager en deux suivant la ligne médiane, puis ressouder ses deux moitiés. Le fil lui-même est animé de trépidations convulsives ; il se dégage de son fourreau, puis y rentre pour se dégainer encore. Il semble que la machine à pondre ne puisse se résoudre à périr avant d’avoir accompli sa mission. L’animal a pour but suprême l’œuf : et tant qu’il lui reste une étincelle de vie, il agonise dans des essais de ponte.

 

Le Leucospis géant exploite avec la même ferveur les nids du Chalicodome des galets et ceux du Chalicodome des hangars. Pour assister aisément à l’inoculation de l’œuf et suivre à nombreuses reprises l’opérateur dans la pratique de son art, j’ai donné la préférence à la seconde Maçonne, dont les nids, détachés des toitures voisines, ont été appendus par mes soins, depuis quelques années, sous le porche de mon cellier. Ces ruches en pisé, accolées contre des tuiles, me fournissent, chaque saison, de nouveaux documents. Je leur dois beaucoup pour l’histoire des Leucospis.

 

Comme terme de comparaison avec ce qui se passait chez moi, j’observais les mêmes scènes sur les galets des harmas d’alentour. Chaque sortie dans ce but était loin de me dédommager de mon zèle, quelque peu méritoire par un soleil atroce ; mais enfin, de loin en loin, je parvenais à voir quelque Leucospis implantant la sonde dans le dôme de mortier. Couché à terre, du commencement à la fin de l’opération, qui pouvait durer des heures entières, je suivais de très près l’insecte dans tous ses actes, tandis que mon chien, lassé d’une température d’étuve, sournoisement abandonnait la partie, et la queue basse, la langue pendante, rentrait au logis pour s’étendre à plat ventre sur les fraîches dalles du vestibule. Ah ! qu’il était bien avisé de dédaigner la contemplation devant les cailloux ! Je rentrais à demi cuit, bruni comme un grillon. Je retrouvais mon camarade qui, les flancs haletants, le dos dans l’angle de la muraille et les quatre pattes étalées à plat, exhalait les derniers jets de vapeur de sa chaudière surchauffée. Ah ! comme Bull était mieux avisé de regagner au plus vite l’ombre de la maison ! Pourquoi l’homme s’informe-t-il ? Pourquoi n’a-t-il pas l’insouciance des choses, cette haute philosophie de la bête ? En quoi peut nous intéresser ce qui ne remplit pas le ventre ? À quoi bon apprendre ? À quoi bon le vrai quand l’utile suffit ? Pourquoi, descendant de quelque macaque tertiaire à ce que l’on dit, suis-je affligé du besoin de savoir, lorsque Bull, mon compagnon, en est affranchi ? Pourquoi…. Ah ! ça mais ! où donc en suis-je ? Rentrerai-je, le cerveau congestionné par un coup de soleil ? Revenons vite à nos moutons.

 

C’est dans la première semaine de juillet que j’ai vu l’inoculation débuter sur mes nids de Chalicodome des hangars. Au fort de la chaleur, sur les trois heures de l’après-midi, le travail se poursuit, de moins en moins actif, pendant presque tout le mois. Je compte jusqu’à douze Leucospis à la fois sur la paire de tuiles la mieux peuplée. L’insecte explore les nids, lentement, gauchement. Du bout des antennes, fléchies à angle droit après le premier article, il palpe la surface. Puis immobile et la tête penchée, il semble méditer et débattre en lui-même l’opportunité du lieu. Est-ce bien ici, est-ce ailleurs que gît la larve convoitée ? Au dehors rien, absolument rien, ne l’indique. C’est une nappe pierreuse, bosselée mais très uniforme d’aspect, car les cellules ont disparu sous une couche de crépi, travail d’intérêt général où l’essaim dépense ses derniers jours. S’il me fallait, avec ma longue pratique, décider moi-même du point convenable, me serait-il loisible d’user d’une loupe pour scruter le mortier grain par grain, et d’ausculter la surface pour me renseigner au moyen du son rendu, je déclinerais l’entreprise, convaincu d’avance d’échouer le plus souvent et de ne réussir que par hasard.

 

Où sont en défaut mes moyens optiques et mon discernement raisonné, l’insecte ne se trompe pas, guidé qu’il est par les bâtonnets des antennes. Son choix est fait. Le voici qui dégaine sa longue mécanique ; la sonde est dirigée normalement à la surface et occupe à peu près le milieu entre les deux pattes intermédiaires. Une large dislocation se déclare sur le dos, entre le premier et le second segment de l’abdomen, et par cet entrebâillement fait hernie la base de l’outil, dont la pointe s’efforce de plonger dans le tuf. Des mouvements trépidatoires au sein de cette hernie trahissent l’énergie dépensée. On craint de voir se rompre, d’un moment à l’autre, la frêle bourse violentée par l’effort. Mais elle tient bon et le fil progresse.

 

Immobile, hautement guindé sur jambes pour développer son appareil, l’insecte n’a que de très légères oscillations pour tout signe de son laborieux travail. Je vois des sondeurs qui dans un quart d’heure ont fini d’opérer. Ce sont les plus prompts à la besogne. La rencontre d’une couche de moindre épaisseur et de moindre résistance les a favorisés. J’en vois d’autres qui, pour une seule opération, dépensent jusqu’à trois heures, trois longues heures de patience pour l’observateur désireux de suivre l’acte jusqu’à la fin, trois longues heures d’immobilité pour l’animal, encore plus désireux d’assurer à son œuf le vivre et le couvert. Mais aussi n’est-ce pas travail des plus difficiles, que d’insinuer un cheveu dans l’épaisseur de la pierre ? Pour nous, avec toute notre dextérité des doigts, ce serait impossible ; pour l’animal, qui simplement pousse du ventre, ce n’est que laborieux.

 

Malgré la résistance du milieu traversé, l’insecte persévère, certain de réussir ; et il réussit en effet sans que je puisse encore m’expliquer son succès. La matièredoit plonger la sonde n’a pas la structure poreuse ; elle est homogène et compacte comme notre ciment durci. En vain mon attention se porte sur le point précisfonctionne l’outil ; je ne vois pas de fissure, de pertuis qui puisse faciliter l’accès. Un trépan, un foret de mineur pulvérisent la roche pour avancer d’autant. Celle méthode de percussion n’est pas ici de mise ; l’extrême délicatesse de la sonde s’y oppose. Il faut à la frêle tige, ce me semble, une voie toute faite, une faille où elle puisse glisser ; mais cette faille, je n’ai jamais pu la découvrir. Est-il permis d’invoquer un liquide dissolvant qui ramollirait le mortier sous la pointe de l’oviscapte ? Non, car je ne vois aucune trace d’humidité autour du point où le fil est engagé. Je reviens à la fissure, au défaut de continuité, bien que mon examen soit impuissant à le découvrir sur le nid du Chalicodome. En d’autres circonstances, j’ai été mieux servi. Le Leucospis dorsigera, Fab., établit ses œufs auprès de la larve de l’Anthidie diadème, qui nidifie parfois dans des tronçons de roseau. À diverses reprises, je l’ai vu introduisant sa tarière par une subtile rupture du canal. L’enceinte n’étant pas la même, ici bois et là mortier, peut-être convient-il de laisser une part à l’inconnu.

 

Mon assiduité, pendant la majeure partie de juillet, devant les tuiles appendues contre les murailles du porche, m’a permis la comptabilité des inoculations. À mesure que l’insecte, son opération terminée, dégageait la sonde, je marquais au crayon le point précis d’où sortait l’instrument ; et tout à côté, j’inscrivais la date. Ces données devaient être utilisées à la fin des travaux du Leucospis.

 

Les sondeurs disparus, je procède à l’examen des nids, noircis de mon grimoire, les indications au crayon. Un premier résultat, auquel je m’attendais d’ailleurs, me dédommage de mes patientes stations. Sous chaque point marqué de noir, sous chaque point d’où j’ai vu retirer l’oviscapte, se trouve constamment une cellule, sans une seule exception. Il y a pourtant d’une cellule à l’autre des intervalles pleins, ne résulteraient-ils que de l’adossement des parois. D’ailleurs les loges, très irrégulièrement distribuées par un essaim dont chaque ouvrière travaille à sa guise, laissent entre elles d’amples anfractuosités, que remplit à la fin l’enduit général du nid. De ces dispositions, il résulte que les parties massives équivalent presque en volume aux parties vides. Rien au dehors n’indique le plein ou le creux des régions sous-jacentes. Il m’est absolument impossible de décider si en creusant tout droit, je rencontrerai la capacité d’une cellule ou bien l’épaisseur d’un mur.

 

L’insecte, lui, ne s’y trompe pas, comme en témoignent toutes mes fouilles sous les points notés par le crayon ; il dirige toujours son appareil vers la cavité d’une loge. Comment est-il averti que le dessous est vide ou plein ? Ses organes d’information sont, à ne pas en douter, les antennes, qui palpent le terrain. Ce sont deux doigts d’inouïe délicatesse, qui scrutent le sous-sol en tapotant dessus. Que perçoivent-ils donc, ces organes énigmatiques ? – Une odeur ? Nullement ; je m’en étais toujours douté, et aujourdhui j’en suis certain après ce que je vais raconter dans un instant. – Perçoivent-ils un son ? Faut-il les regarder comme des appareils microphoniques d’ordre supérieur, aptes à recueillir les échos moléculaires du plein et les résonnantes du vide ? Cette idée me séduirait si, dans une foule de circonstances où sont étrangères les sonorités d’une voûte, les antennes ne remplissaient leur rôle avec la même efficacité. Nous ignorons et peut-être sommes-nous destinés à toujours ignorer la vraie valeur du sens antennal, dont notre nature n’a pas l’analogue ; mais s’il nous est impossible de dire ce qu’il perçoit, nous pouvons du moins reconnaître en partie ce qu’il ne perçoit pas, et lui refuser en particulier l’aptitude à l’olfaction.

 

Je remarque, en effet, non sans vive surprise, que la grande majorité des cellules visitées par la sonde du Leucospis ne contiennent pas la seule chose que recherche l’insecte, c’est-à-dire la larve récente du Chalicodome enfermée dans son cocon. Leur contenu consiste en détritus divers, si fréquents dans tout vieux nid de la Maçonne : miel liquide et resté sans emploi, l’œuf ayant péri ; provisions gâtées, tantôt moisies, tantôt devenues culot goudronneux ; larve morte, durcie en un cylindre brun ; insecte parfait desséché, à qui les forces ont manqué pour la libération ; décombres poudreux, provenant de la lucarne de sortie qu’a bouchée plus tard la couche générale de crépi. Les effluves odorants qui peuvent se dégager de ces résidus ont certainement des caractères très divers. L’aigre, le faisandé, le moisi, le goudronneux, ne sauraient être confondus par un odorat un peu subtil ; chaque loge, suivant son contenu, possède un fumet spécial, sensible ou non pour nous ; et ce fumet, à coup sûr, n’a rien de commun avec celui que nous pouvons supposer à la larve fraîche, recherchée par le Leucospis. Si néanmoins l’insecte ne distingue par ces loges l’une de l’autre et plonge la sonde dans toutes indifféremment, n’est-ce pas la preuve évidente que l’odorat ne le guide en rien dans ses recherches ? Par d’autres considérations, en traitant de l’Ammophile hérissée, j’étais arrivé à nier, dans les antennes, la sensibilité olfactive. Aujourdhui le Leucospis, avec ses fréquentes erreurs, malgré sa continuelle exploration antennale, établit ma négation sur des bases inébranlables.

 

Le sondeur des nids en mortier vient de nous délivrer, je crois, d’un vieux préjugé physiologique. N’aurait-elle que ce résultat, son étude serait déjà méritoire ; mais l’intérêt est loin d’être épuisé. Entamons un autre point de vue, dont toute l’importance ne se révélera qu’à la fin ; parlons d’un fait auquel j’étais fort loin de m’attendre lorsque je surveillais avec tant d’assiduité les nids de mes Chalicodomes.

 

La même cellule peut recevoir à diverses reprises, à plusieurs jours d’intervalle, la sonde des Leucospis. J’ai dit comment je marquais de noir le point précis où l’instrument de ponte s’était engagé et comment j’inscrivais à côté la date de l’opération. Eh bien, en beaucoup de ces points déjà visités, sur lesquels je possédais les documents les plus authentiques, j’ai vu revenir l’insecte une seconde, fois, une troisième et même une quatrième, tantôt le même jour, tantôt quelque temps après, et y replonger son fil inoculateur, exactement au même endroit, comme si rien ne s’était passé. Était-ce le même individu qui répétait son acte dans une cellule déjà visitée par lui mais oubliée ; étaient-ce des individus différents qui venaient, l’un après l’autre, déposer l’œuf dans une loge prise pour inoccupée ? Je ne saurais le dire, ayant négligé de marquer les opérateurs, crainte de les troubler.

 

Comme rien, si ce n’est la marque de mon crayon, marque de signification nulle pour l’animal, n’indique que la tarière a déjà travaillé là, il peut très bien arriver que le même opérateur, retrouvant sous ses pas un point déjà exploité par lui-même, mais effacé de son souvenir, renouvelle son coup de sonde dans une loge qu’il croit découvrir pour la première fois. Si tenace que soit sa mémoire des lieux, on ne peut admettre que l’insecte possède, pendant des semaines et point par point, la topographie d’un nid de quelques mètres carrés de superficie. Ses souvenirs, s’il en a, le servent mal ; l’aspect extérieur ne le renseigne pas ; et sa tarière pénètre, au hasard des découvertes, en des points déjà sondés peut-être à plusieurs reprises.

 

Il peut arriver encore – et ceci me paraît le cas le plus fréquent – qu’à l’exploiteur d’une cellule en succède un second, puis un troisième, un quatrième et davantage, tous avec le zèle de premier occupant parce que leurs prédécesseurs n’ont pas laissé de trace de leur passage. De l’une et de l’autre manière, la même loge est exposée à des pontes multiples, bien que son contenu, la larve de Chalicodome, soit une ration tout juste suffisante pour une seule larve de Leucospis.

 

Ces sondages réitérés sont loin d’être rares : j’en ai inscrit une vingtaine sur mes tuiles, et pour quelques cellules, l’opération s’est renouvelée sous mes yeux jusqu’à quatre fois. Rien ne dit qu’en mon absence ce nombre n’ait été dépassé. Le peu que j’ai reconnu m’empêche d’assigner des limites. Maintenant une question surgit, grosse de conséquences : l’œuf est-il réellement pondu toutes les fois que la sonde pénètre dans une cellule ? Je n’entrevois rien qui plaide en faveur de la négative. À cause de sa nature cornée, l’oviscapte ne doit être doué que d’une sensibilité tactile des plus obtuses. L’insecte n’est averti du contenu de la loge que par l’extrémité de ce long crin, témoin, ce me semble, peu digne de confiance. L’arrivée dans le vide est annoncée par le défaut de résistance ; et voilà, probablement, le seul avis que puisse fournir l’insensible outil. La sonde, forant la roche, ne saurait avertir le mineur sur le contenu de la caverne où elle vient de s’engager ; ainsi doit-il en être du fil rigide des Leucospis.

 

La cellule atteinte renferme-t-elle du miel moisi, des décombres, une larve desséchée, une larve au point convenable ? Et surtout renferme-t-elle déjà un œuf ? Sur ce dernier point, au moins, la réponse ne peut être douteuse. Il est impossible que, par l’intermédiaire d’un crin, l’insecte soit renseigné sur ce point si délicat : l’absence ou la présence d’un œuf, corpuscule perdu dans une vaste enceinte. En admettant même le tact à l’extrémité de la tarière, il resterait toujours cette difficulté insurmontable : retrouver dans l’inconnu d’une spacieuse chambre le point précisgît l’atome. Je n’hésite pas même à croire que l’oviscapte n’avertit pas l’insecte ou ne l’avertit que très vaguement du contenu de la cellule, propice ou non à l’évolution du germe. Chaque coup de sonde, pourvu qu’un vide soit rencontré, dépose peut-être son œuf, auquel échoit ainsi, tantôt saine nourriture et tantôt résidu sans valeur.

 

Ces aberrations de la ponte réclament des preuves plus concluantes que les aperçusconduit la nature cornée de l’oviscapte ; il importe de reconnaître directement si la cellule où la tarière a plongé plusieurs fois renferme en effet plusieurs occupants, outre la larve du Chalicodome. Les Leucospis ayant terminé leurs sondages, j’ai attendu encore quelques jours pour donner aux jeunes larves le temps de se développer un peu, ce qui devait rendre mon examen plus facile. Enfin j’ai transporté les tuiles sur la table de mon cabinet pour en scruter les secrets avec les soins les plus minutieux.

 

Là m’attendait une déception comme rarement j’en ai éprouvé de pareilles. Les cellules que j’avais vues, de mes propres yeux vues, traverser par la sonde deux, trois et quatre fois, ne renfermaient qu’une larve de Leucospis, une seule, attablée sur celle du Chalicodome. D’autres, également sondées à plusieurs reprises, contenaient des résidus gâtés ; mais de Leucospis, point. Ah ! sainte patience ! donnez-moi le courage de recommencer, dissipez les ténèbres et délivrez-moi du doute !

 

Je recommence. La larve de Leucospis m’est familière ; je peux la reconnaître, sans erreur possible, tant dans les nids du Chalicodome des galets que dans les nids du Chalicodome des hangars. Toute la morte-saison, je multiplie mes courses ; je détache des toits des vieilles masures et des cailloux des harmas, les constructions des deux Maçonnes ; j’en bourre mes poches, j’en remplis ma boite, j’en charge le havresac de Favier, j’en récolte assez pour encombrer toutes les tables de mon cabinet ; et lorsqu’il fait trop froid, que l’âpre mistral souffle, je déchire la fine étoffe des cocons pour m’informer de l’habitant. La plupart contiennent la Maçonne à l’état parfait ; d’autres me donnent la larve de l’Anthrax ; d’autres encore, et fort nombreux, me donnent la larve du Leucospis. Et cette dernière est seule, toujours seule, immanquablement seule. C’est à n’y rien comprendre lorsqu’on sait, comme je le savais, la multiplicité fréquente des coups de sonde.

 

Ma perplexité ne fait qu’accroître lorsque, au retour de la belle saison, je suis, pour la seconde fois, témoin des opérations du Leucospis réitérées sur les mêmes cellules ; et que, pour la seconde fois, je constate une larve unique dans les loges sondées plusieurs fois. Serai-je donc forcé d’admettre que la tarière sait reconnaître les cellules contenant déjà un œuf, et dès lors s’abstient d’y pondre ? Dois-je accorder un tact extraordinaire à ce rude bout de crin ; mieux que cela : une sorte de divination qui affirme ou nie l’œuf sans avoir besoin de le toucher ? Mais ce que je dis là est insensé ! Certainement quelque chose m’échappe, et toute l’obscurité du problème vient de mes renseignements incomplets. Ô patience ! souveraine vertu de l’observateur, venez encore à mon aide : pour la troisième fois, je dois recommencer.

 

Jusqu’ici mes recherches se sont faites quelque temps après la ponte, à une époque où la larve a pris au moins un développement assez avancé. Qui sait si, dès le début du premier âge, rien ne se passe qui puisse après me fourvoyer ? C’est à l’œuf lui-même que je dois m’adresser pour obtenir le secret que me refuse la larve. Je reprends donc mon étude dans la première quinzaine de juillet, alors que les Leucospis, affairés, commencent à visiter les nids des deux Maçonnes. Les galets des harmas me fournissent en abondance les édifices du Chalicodome des murailles ; les refuges des troupeaux, çà et là disséminés dans la campagne, me donnent, sous leur toiture délabrée, par fragments détachés au ciseau, les constructions du Chalicodome des hangars. Je tiens à ne pas détruire complètement mes ruches domestiques, déjà si éprouvées par mes expériences ; elles m’ont beaucoup appris, elles peuvent m’apprendre encore. Des colonies étrangères, rencontrées un peu de partout, font les frais de mon butin. La loupe d’une main, les pinces de l’autre, je passe en revue ma récolte, le jour même, avec la prudence et le soin que seule permet la table du laboratoire. D’abord les résultats ne répondent pas du tout à mes espérances. Je ne vois rien que je n’aie déjà vu. Nouvelles expéditions à quelques jours d’intervalle et nouveaux chargements de mottes de mortier ; tant et tant qu’à la fin la chance me sourit.

 

La raison avait raison. Un coup de sonde n’est pas donné sans dépôt de l’œuf dans la cellule atteinte. Voici un cocon de la Maçonne des galets avec un œuf accompagné de la larve du Chalicodome. Mais quel œuf étrange ! Jamais rien de pareil ne s’est offert à mes yeux, et puis est-ce bien l’œuf du Leucospis ? Mes transes n’étaient pas petites. L’évolution m’en délivra en me donnant, une paire de semaines après, la larve qui m’était familière. Ces cocons à un seul œuf sont aussi nombreux que je peux le désirer ; ils dépassent même mes désirs ; mes petits récipients en verre ne peuvent y suffire.

 

En voici d’autres, plus précieux, à ponte multiple. J’en trouve abondamment avec deux œufs ; j’en trouve avec trois, avec quatre ; le mieux peuplé m’en offre jusqu’à cinq. Et pour mettre le comble à ma joie de chercheur qui, sur le point de désespérer, soudain réussit, voici encore, bien muni d’un œuf, un cocon stérile, c’est-à-dire ne contenant qu’une larve corrompue et desséchée. Tous mes soupçons se réalisent, tous jusqu’au plus inconséquent : l’œuf auprès d’un amas de pourriture.

 

Ce sont les nids du Chalicodome des murailles, de construction plus régulière, d’examen plus aisé à cause de leur base largement bâillante une fois séparée du galet d’appui, qui m’ont fourni la grande majorité des renseignements ; ceux du Chalicodome des hangars, qu’il faut émietter à coups de marteau pour en visiter les cellules entassées sans aucun ordre, se prêtent bien moins à une enquête délicate, endommagés qu’ils sont par écrasement et les commotions du choc.

 

Et maintenant, c’est fait : il reste établi que la ponte du Leucospis est exposée à des périls bien exceptionnels. Elle peut confier l’œuf à des cellules stériles, sans vivres utilisables ; elle peut en établir plusieurs dans une même loge, quoique cette loge ne renferme de la nourriture que pour un seul. Qu’elles proviennent d’un individu unique revenant, par mégarde, à diverses reprises au même point, ou qu’elles soient le fait d’individus différents non informés des sondages antérieurs, ces pontes multiples sont très fréquentes, presque autant que les pontes normales. La plus complexe que j’aie reconnue se composait de cinq œufs, mais rien n’autorise à voir dans ce nombre une limite extrême. Qui pourrait dire, lorsque la population des sondeurs est nombreuse, jusqu’où peut aller cette accumulation ? J’exposerai dans un autre chapitre comment la ration d’un œuf reste effectivement ration d’un seul œuf, malgré la multiplicité des convives. Je termine par la description de l’œuf. C’est un corps blanc, opaque, en forme d’ovale très allongé. L’une des extrémités se prolonge en un col ou filament, aussi long que l’œuf proprement dit, un peu rugueux, sinueux et d’ordinaire fortement courbé. Le tout figure assez bien certaines courges à panse allongée et goulot anguiforme. La longueur totale, le pédicule compris, est de 3 millimètres environ. Il est inutile de dire, après avoir reconnu le mode d’alimentation du ver, que cet œuf n’est pas déposé à l’intérieur de la larve nourricière. Toutefois, avant de connaître les mœurs du Leucospis, volontiers j’aurais cru que tout hyménoptère porteur de longue sonde inocule ses œufs dans les flancs de la victime, comme le font les Ichneumons à l’égard des chenilles. Je rappelle cette erreur pour en délivrer ceux qui la partageraient.

 

L’œuf du Leucospis n’est pas même déposé sur la larve du Chalicodome ; il est appendu, par son pédicule courbe, à la paroi filamenteuse du cocon. Si je m’y prends avec assez de délicatesse pour ne pas troubler les dispositions des choses lorsque je détache le nid par le choc, et que j’extrais et j’ouvre le cocon, je vois l’œuf osciller à la voûte de soie. Mais il en faut bien peu pour le faire choir. Aussi le plus souvent, ne serait-ce que par l’effet du choc intervenu au moment de la séparation du nid de son galet, je le trouve détaché du point de suspension et gisant à côté de la larve, à laquelle d’ailleurs il n’a jamais aucune adhérence. La sonde du Leucospis ne va pas au delà du cocon traversé ; et l’œuf reste maintenu au plafond dans l’anse de quelque filament soyeux, au moyen de son pédicule en croc.

 

 


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