Jean-Henri Fabre
Souvenirs entomologiques - VIII
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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES - LIVRE VIII

XVII LE TROX PERLÉ

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XVII

LE TROX PERLÉ

Le diptère a bien mérité de l’hygiène. Venu le premier à la taupe morte, il y a laissé garnison d’assainisseurs qui, sans trousse de dissection, ni bistouris, ni scalpels, ont travaillé le cadavre. Le plus pressant était de stériliser la pièce, d’en extraire les matières très altérables, source de rapides et dangereuses putridités. C’est ce que vient d’opérer l’asticot. De sa bouche pointue, qui toujours fouille et refouille, il a bavé un dissolvant comme mes officines n’en possèdent pas de plus efficace ; de son réactif il a fondu les chairs et les viscères ; il les a réduits pour le moins en une purée fluide. À mesure le sol s’est imbibé de la fertile humeur, que la plante ne tardera pas à faire rentrer dans le laboratoire de la chimie vivante.

 

Sa mission terminée, le diptère devient à son tour un péril, à cause de son nombre excessif. Afin d’aller plus vite en leur urgente besogne, les vers opéraient par légions. Non refrénés, ils encombreraient le monde. L’équilibre de l’ensemble exige leur disparition. Alors, en temps opportun, arrive l’exterminateur, le Saprin, passionné de grasses andouillettes, le noir cuirassé trotte-menu qui fait carnage de la vermine et ne laisse survivre que le nécessaire au maintien de la race.

 

La taupe est maintenant une momie aride, et malgré tout pernicieuse si l’humide l’atteint. Cette loque doit aussi disparaître. Le Dermeste est chargé de l’ouvrage. Il s’établit sous la relique, en compagnie du Silphe, son collaborateur. De sa dent patiente, il lime, il râpe, il désarticule tant qu’il reste une parcelle de cartilage à ronger. Plus souple de reins pour se glisser dans les étroits défilés, sa larve famélique lui vient largement en aide.

 

Quand le Dermeste a fini, mes terrines sont des ossuaires, un pêle-mêle de vertèbres de couleuvre rangées en file, de mâchoires de taupe à fin râtelier d’insectivore, de phalanges de crapaud rayonnant en baguettes noueuses, de crânes de lapin entrecroisant leurs fortes incisives, le tout d’une blancheur, d’une netteté qu’envieraient nos préparateurs anatomiques.

 

Eh oui, travaillant l’un sur le mou d’abord, puis l’autre sur le ferme, l’asticot et le Dermeste ont fait œuvre méritoire. Plus de souillures pestilentielles, plus d’effluves dangereux. Le résidu, en majeure partie de nature pierreuse, s’il offense encore le regard, ne peut du moins vicier l’air, premier aliment de la vie. L’hygiène générale est satisfaite.

 

Outre les ossements, la taupe a laissé les haillons de sa fourrure ; la couleuvre s’est excoriée en lambeaux pareils à la dépouille que l’eau bouillante détache d’une racine charnue. Le dissolvant du diptère n’a pas eu de prise sur ces matériaux de nature cornée ; le Dermeste les a refusés. Ces nippes épidermiques resteront-elles inutilisées ? Non, certes. La nature, sublime économe, veille à ce que tout rentre dans le trésor de ses ouvrages. Pas un atome ne doit s’égarer.

 

D’autres vont venir, grignoteurs de riens, sobres et patients qui, poil par poil, moissonneront la fourrure de la taupe pour s’en couvrir et s’en habiller ; il s’en trouvera, l’affaire est certaine, qui feront régal avec l’écailleuse défroque du serpent. Ce sont les Teignes, humbles chenilles de non moins humbles papillons.

 

Tout leur agrée dans ce qui fut le vêtement d’un animal : crin, poil, écaille, corne, bourre, plume ; mais pour travailler il leur faut le repos et l’obscurité. Au soleil et dans l’agitation du plein air, elles refusent les résidus de mes terrines ; elles attendent qu’un coup de vent balaye les ossuaires et entraîne dans un recoin ténébreux le velours de la taupe et le parchemin du reptile. Alors infailliblement disparaîtra la friperie des morts. Quant aux os, les agents atmosphériques, riches de temps, les émietteront, les dissoudront à la longue.

 

Si je veux hâter le dénouement pour les restes épidermiques dédaignés du Dermeste, je n’ai qu’à les tenir dans l’obscur et le sec. Les Teignes ne tardent pas à venir les exploiter. Elles infestent ma demeure. J’avais reçu de la Guyane une peau de Crotale. L’horrible dépouille, roulée en paquet, m’était parvenue intacte, avec ses crochets venimeux dont la seule vue donne le frisson, avec sa sonnette d’anneaux crépitants. Au pays des Caraïbes on l’avait imprégnée d’un toxique qui devait indéfiniment en assurer la conservation. Précaution vaine : les Teignes ont envahi la pièce ; elles rongent la peau du serpent à sonnettes et trouvent excellente la victuaille insolite, consommée ici pour la première fois. Avec plus de zèle encore serait exploitée la victuaille connue, la peau de la couleuvre, tannée par l’asticot et le soleil.

 

À toute ruine de ce qui a vécu ne manquent jamais d’accourir des spécialistes, chargés de travailler la matière morte et de la remettre en circulation sous de nouvelles formes. Dans le nombre, il s’en trouve dont la singulière spécialité nous montre avec quelle scrupuleuse économie s’utilisent les déchets de la vie. Tel est le Trox perlé (Trox perlatus Scriba), humble coléoptère, gros au plus comme un noyau de cerise, tout noir et décoré sur les élytres de rangées de nodosités qui lui ont valu le qualificatif de perlé.

 

On est très excusable de ne pas le connaître, car l’insecte n’a jamais bien fait parler de lui. C’est un obscur, oublié de l’histoire. Empalé dans une boîte à collection, il prend rang non loin des bousiers, après les Géotrupes. Son costume sordide, terreux, dénote un fouilleur du sol. Mais quel est au juste son métier ? Comme tant d’autres, je l’ignorais, quand une trouvaille fortuite vint me renseigner et m’apprendre que l’insecte perlé mérite mieux qu’une simple case dans la nécropole du collectionneur.

 

Février finissait. Le temps était doux, le soleil bon. Sortis en famille, avec le goûter des enfants, pomme et morceau de pain dans le panier, nous étions allés voir fleurir les amandiers. L’heure du goûter venue, on faisait halte sous de grands chênes, quand Anna, la plus jeune de la maisonnée, toujours aux aguets de la petite bête avec ses yeux neufs de six ans, m’appela à quelques pas de notre groupe. « Une bête, disait-elle, deux, trois, quatre, et jolies ! Viens voir, papa, viens voir ! »

 

J’accourus. Un bout de rameau en main, l’enfant fouillait superficiellement dans le sable et subdivisait une sorte de loque poilue. Avec ma houlette de poche, je me mis de la partie. En un moment j’étais possesseur d’une douzaine de Trox, trouvés la plupart dans un abject feutre de bourre et d’os broyés. Ils y travaillaient, ils semblaient s’en nourrir. J’ai troublé leur banquet.

 

Que peut bien être cette ordure ? Question fondamentale à résoudre. Brillat-Savarin l’a formulée en axiome : « Dis-moi ce que tu manges, et je te dirai qui tu es. » Si je veux connaître le Trox, je dois m’informer d’abord de ses vivres. Lecteur, prenez en pitié les misères du naturaliste. Me voici scrutant, méditant, conjecturant, l’esprit tourneboulé par un problème inavouable, un problème stercoral.

 

À qui rapporter ce paquet filandreux, où je crois reconnaître de la bourre de lapin comme élément principal ? Les probabilités sont pour le chien. Le lapin est fréquent sur les collines sérignanaises ; il jouit même auprès des gourmets d’un certain renom. Les chasseurs du village le persécutent assidûment, et leurs chiens, braconniers insoucieux du permis et du gendarme, ne se font pas faute de le harceler pour leur propre compte en toute saison, prohibée ou licite.

 

Deux me sont connus de renommée, Mirate et Flambard. Ils se donnent rendez-vous le matin sur la place, se consultent du regard, se visitent avec les trois tours réglementaires, lèvent la patte contre la muraille, et les voilà partis. La majeure partie de la matinée, sur les pentes voisines, on les entendra japper d’une voix brève, aux trousses d’un lapin qui détale d’un fourré à l’autre, sa petite queue blanche retroussée. Enfin ils rentrent. Le dénouement de l’expédition se lit sur leurs babines ensanglantées : le lapin a été dévoré sur place tel quel, la peau comprise.

 

Est-ce bien ainsi que s’explique le produit dont vivaient mes Trox ? Il me le semble. L’éducation, dès lors, me paraît aisée. J’installe les insectes dans une grande terrine avec couche de sable et cloche en toile métallique. Le service consiste en excréments de chien, desséchés sur les tas de pierre du cantonnier au bord de la route. Ma ménagerie n’en veut pas, absolument pas. Je me suis mépris. Que lui faut-il donc ?

 

C’est sous l’ordure poilue, toujours là, jamais ailleurs, que je fais rencontre de l’insecte. Il est rare qu’un lopin de cette filasse n’en recèle quelques-uns. Sous leurs élytres, étroitement ajustés, ils n’ont que des ailes très rudimentaires, impropres à l’essor. C’est pédestrement que ces courts de jambes accourent au morceau et s’y rassemblent. Ils y viennent de loin, de partout à la ronde, guidés par le fumet. Encore une fois, quelle est l’origine de ce feutre assez apuanti à l’état frais pour attirer de si loin ses consommateurs ?

 

La réponse arrive enfin. Des recherches patiemment continuées sur la pente des collines, au voisinage des fermes surtout, me valent une pièce décisive. C’est une ordure riche de bourre et de Trox comme les autres, mais cette fois vraie pépite, toute reluisante en élytres de Carabe doré. Eurêka ! Jamais le chien, même affamé, ne fait nourriture de coléoptères, encore moins d’âcres Carabes. Seul le renard, en des moments de pénurie, accepte, faute de mieux, pareille victuaille. Il se dédommage plus tard avec le lapin ; il en fait massacre nocturne, lorsque chôment ses concurrents Flambard et Mirate.

 

La bourre dont ne peut tirer profit l’estomac du renard a ses amateurs. Au naturel, telle qu’elle est sur la dépouille qui fournira du feutre au chapelier, elle convient aux Teignes ; travaillée sans succès par l’intestin du Carnivore et assaisonnée de matière fécale, elle fait les délices du Trox perlé. Tous les goûts sont de ce monde, afin que rien ne se perde. La ménagerie sous cloche, pourvue des vivres requis, poils de lapins marinés par un essai de digestion, prospère très bien.

 

La cueillette de la provende se fait d’ailleurs sans difficulté. Le renard n’est que trop commun dans mon voisinage. Sur les sentiers embroussaillés qu’il fréquente de nuit, dans ses rondes autour des fermes, il m’est aisé de trouver ses galettes poilues. Mes Trox sont dans l’abondance.

 

D’humeur peu vagabonde et copieusement servis, ils paraissent très satisfaits de leur installation. De jour, ils se tiennent sur le monceau de vivres ; longuement ils consomment, immobiles. Si je m’approche de la cloche, à l’instant ils se laissent choir ; puis, revenus de leur émoi, ils se blottissent sous le tas. Rien de saillant dans les mœurs de ces pacifiques, si ce n’est la pariade qui, deux mois durant, traîne en longueur, bien des fois abandonnée, bien des fois reprise, souvent passagère velléité. Ce n’est jamais fini.

 

Les derniers jours d’avril, je procède à une fouille, sous le couvert des vivres. À très peu de profondeur dans le sable frais sont disséminés les œufs, un par un, sans loge, sans aménagement aucun de la mère. Ils sont blancs, globuleux, de la grosseur d’un grain de plomb pour oisillons. Je les trouve bien volumineux par rapport à la taille de l’insecte. Leur nombre n’est pas considérable. Une dizaine au plus, c’est tout pour une mère, autant que je peux en juger.

 

Bientôt suivent les larves, à développement assez rapide. Ce sont des vers nus, cylindriques, d’un blanc terne, courbés en crochet comme ceux des bousiers, mais dépourvus de la besace dorsaleceux-ci tiennent en réserve le ciment destiné à crépir l’intérieur de la miche évidée et à préserver les vivres de la dessiccation. Tête robuste, d’un noir luisant ; un trait brun de chaque côté du premier segment thoracique. Pattes vigoureuses ainsi que les mandibules.

 

Classés aux confins des alimentés de bouse, les Trox forment une tribu à mœurs grossières, bien éloignées des tendresses familiales du Scarabée, du Copris et des autres. Chez eux, plus de vivres emmagasinés à l’avance ; plus de ration pétrie à l’intention de la larve. Les moins industrieux des bousiers, les Onthophages par exemple, compriment au fond d’un puits un court boudin, choisi parmi le meilleur du monceau exploité ; ils ménagent dans la pièce servie une chambre d’éclosion, où l’œuf est délicatement logé. Par les soins de la mère, souvent aussi du père, le nouveau-né se trouve nanti à souhait. C’est un privilégié à qui sont épargnées les rudesses de la vie.

 

De leur côté, les Trox ont une éducation sévère, sans ménagements. À ses risques et périls, le ver doit se procurer le vivre et le gîte, grave question même pour un consommateur de fiente de renard. Sous l’ordure pileuse, la mère sème ses œufs. Ses prévisions dans l’intérêt des jeunes ne vont pas plus loin. Au gâteau qui la nourrit elle-même s’alimentera pareillement la famille. La pièce est copieuse, elle suffira pour tous.

 

Afin de suivre les premiers actes des vers, j’isole quelques œufs, un par un, dans des tubes de verre. Au fond, colonne de sable frais ; au-dessus, provisions alimentaires prélevées sur ce que l’excrément vulpien a de mieux fourni en bourre de lapin. Éclos du jour, le vermisseau s’occupe tout d’abord du gîte. Il fouit, il se creuse une retraite dans le sable, courte galerie verticale où sont après entraînées quelques parcelles du feutre nourricier. À mesure que les vivres sont consommés, l’enfoui revient à la surface en cueillir de nouveaux. De la même manière débutent et se poursuivent les manœuvres des vers dans l’établissement principal, la terrine avec cloche.

 

Sous le couvert du monceau exploité en commun, les larves se sont creusé, chacune, un couloir vertical, de la longueur du doigt et du calibre d’un fort crayon. Au fond de la demeure, nul amas de vivres fait à l’avance, comme le permettraient les richesses de la surface. Au lieu de thésauriser, les larves des Trox vivent au jour le jour. Je les surprends, le soir surtout, qui discrètement remontent, ratissent le monceau au-dessus de leur puits et font récolte d’une brassée pileuse, aussitôt descendue à reculons. Tant que dure le petit ballot de bourre, elles ne reparaissent plus. La provision achevée et l’appétit revenu, nouvelle ascension et nouvelle collecte.

 

Ce fréquent va-et-vient dans la galerie menace de faire ébouler tôt ou tard la paroi sablonneuse. Ici revient l’industrie du couple Géotrupe, qui sait crépir de bouse la muraille de son puits afin d’en éviter la ruine, lorsque s’amasse, en des voyages répétés, la matière de l’énorme saucisson ; seulement, chez les Trox, c’est la larve elle-même qui procède au travail de consolidation. D’un bout à l’autre, elle tapisse sa galerie de ce même feutre dont elle se nourrit.

 

En trois ou quatre semaines, tous les matériaux pileux du monceau ont disparu sous terre, entraînés par les larves au fond des clapiers. À la surface du sol, il ne reste que les débris d’os. Les adultes sont terrés, défaillants ou morts. Leur temps est fini. Vers le solstice d’été, j’obtiens les premières nymphes. Un récipient de verre me les montre qui lentement tournent sur elles-mêmes et polissent du dos la paroi terreuse de leur loge, simple cellule ovalaire.

 

Vers le milieu de juillet, l’insecte parfait est mûr. Non encore souillé de la crasse de son métier, il est vraiment superbe avec sa cuirasse d’ébène, ses chapelets de grosses perles surmontées de cils blancs, ses tarses postérieurs et moyens gantés de roux vif. Il monte à la surface, trouve l’ordure du renard, s’y établit, et le voilà désormais sordide vidangeur. Engourdi dans le sable, sous le monceau qui fait toiture, il passera l’hiver et reprendra son travail au printemps.

 

En somme, le Trox est de médiocre intérêt. Un seul point, dans son histoire, mérite d’être retenu, savoir, sa prédilection pour ce qu’a refusé l’estomac du renard. Je connais un équivalent de ces goûts singuliers. La chouette, en possession d’un mulot, l’étourdit d’un coup de bec sur la nuque et l’avale tel quel. C’est à la poche digestive de désosser, d’épiler, de faire le triage du bon et du mauvais. La sélection faite, et supérieurement bien, l’oiseau, d’un haut-le-corps, se débarrasse de la chose indigeste ; il vomit une pelote de bourre et d’os. Or, tout autant que la filasse évacuée par le renard, cet immondice pilulaire a des amateurs. Je viens d’en voir un à l’ouvrage. C’est le Choleva tristis Panz., un nain apparenté à la famille des Silphes.

 

C’est donc objet bien précieux que le poil d’un lapin et d’un mulot, pour qu’il ait des exploiteurs spéciaux chargés de le reprendre en sous-œuvre quand l’intestin du renard et le jabot de la chouette n’ont pu le dompter et l’utiliser ? Oui, ce poil a du prix. La recette générale impérieusement le réclame pour de nouveaux ouvrages, à tel point que notre industrie, douée à sa manière d’un terrible pouvoir digestif, ne saurait nous garantir la possession prolongée de ce qui fut un peu de bourre.

 

Le drap vient du mouton. Il a été travaillé par les molaires de la machine chez le filateur et le tisseur, il a été imprégné de drogues chez le teinturier, il a passé par des épreuves pires que celles d’un essai de digestion. Est-il hors d’atteinte ? Non : les Teignes nous le disputent.

 

Toi, mon pauvre habit à queue de morue, souple elbeuf compagnon de mes corvées et témoin de mes misères, sans regret je t’ai délaissé pour la veste du paysan ; entre quelques bouquets de lavande camphrée, tu reposes dans un tiroir de la commode ; la ménagère te surveille, de temps à autre te secoue. Soins inutiles. Tu péris par les Teignes, comme la taupe périt par l’asticot, la couleuvre par le dermeste, comme nous-mêmesNe creusons pas plus avant le gouffre de la fin. Tout doit rentrer dans le creuset rénovateur où la mort verse continuellement de la matière pour la continuelle floraison de la vie.

 


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