Victor Hugo
Napoléon le Petit
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LIVRE HUITIÈME LE PROGRÈS INCLUS DANS LE COUP D’ÉTAT

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II

En attendant les simplifications merveilleuses, mais ultérieures, qu’amènera un jour l’union de l’Europe et la fédération démocratique du continent, quelle sera en France la forme de l’édifice social dont le penseur entrevoit dès à présent, à travers les ténèbres des dictatures, les vagues et lumineux linéaments ?

 

Cette forme, la voici :

 

La commune souveraine, régie par un maire élu ; le suffrage universel partout, subordonné, seulement en ce qui touche les actes généraux, à l’unité nationale ; voilà pour l’administration. Les syndicats et les prudhommes réglant les différends privés des associations et des industries ; le juré, magistrat du fait, éclairant le juge, magistrat du droit ; le juge élu ; voilà pour la justice. Le prêtre hors de tout, excepté de l’église, vivant l’œil fixé sur son livre et sur le ciel, étranger au budget, ignoré de l’État, connu seulement de ses croyants, n’ayant plus l’autorité, mais ayant la liberté ; voilà pour la religion. La guerre bornée à la défense du territoire ; la nation garde nationale, divisée en trois bans, et pouvant se lever comme un seul homme ; voilà pour la puissance. La loi toujours, le droit toujours, le vote toujours ; le sabre nulle part.

 

Or, à cet avenir, à cette magnifique réalisation de l’idéal démocratique, quels étaient les obstacles ?

 

Il y avait quatre obstacles matériels, les voici :

 

L’armée permanente,

L’administration centralisée,

Le clergé fonctionnaire,

La magistrature inamovible.

 


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