Joseph Bédier
La chanson de Roland
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CLXXI

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CLXXI

 

ROLAND sent que sa vue se perd. Il se met sur pieds, tant qu'il peut s'évertue. Son visage a perdu sa couleur. Devant lui est une pierre bise. Il y frappe dix coups, plein de deuil et de rancœur. L'acier grince, il ne se brise, ni ne s'ébrèche. « Ah ! » dit le comte, « sainte Marie, à mon aide ! Ah ! Durendal, bonne Durendal, c'est pitié de vous ! Puisque je meurs, je n'ai plus charge de vous. Par vous j'ai gagné en rase campagne tant de batailles, et par vous dompté tant de larges terres, que Charles tient, qui a la barbe chenue ! Ne venez jamais aux mains d'un homme qui puisse fuir devant un autre ! Un bon vassal vous a longtemps tenue ; il n'y aura jamais votre pareille en France la Sainte. »

 


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