Recueil d’extraits
1: Disciples de Marcellin
Champagnat
1.1
Premier jour d'école
Sa mère et
sa tante n'ayant pu lui apprendre à lire que très imparfaitement, on l'envoya
chez un maître d'école pour le perfectionner dans la lecture et pour lui
apprendre à écrire. Le premier jour qu'il y fut, comme il était très timide et
ne sortait pas de la place qui lui avait été assignée, le maître l'appelle
auprès de lui pour le faire lire, mais au moment où il arrive, un autre écolier
se présente et se met devant lui. Alors, le maître emporté par un mouvement de
vivacité, et croyant peut-être faire plaisir au petit Marcellin, donne un grand
soufflet à l'enfant qui voulait lire avant lui, et le renvoie sanglotant au
fond de la salle. Un tel procédé n'était guère propre à rassurer le nouvel
écolier et à lui faire perdre sa timidité; aussi disait-il plus tard qu'il
tremblait de tous ses membres, et qu'il avait plus envie de pleurer que de
lire. Cet acte brutal révolta son esprit judicieux; il se dit à lui-même: je ne
reviendrai plus à l'école d'un pareil maître; le mauvais traitement qu'il
inflige sans raison à cet enfant me montre ce que je dois attendre de lui; au
premier moment, il pourra m'en faire autant: je ne veux donc ni de ses leçons
ni moins encore de ses châtiments. Il ne voulut plus retourner en effet chez
cet instituteur, malgré toutes les instances que lui firent ses parents. Cent
fois il a raconté dans la suite ce trait à ses Frères, pour leur faire
comprendre combien les mauvais traitements et les corrections faites par
passion, sont propres à éloigner les enfants de l'école, à aliéner leur esprit contre
le maître et à leur faire prendre en dégoût ses instructions.
Vie, I, pp. 5-6
1.2
L’appel de Marcellin
La
résolution d'étudier le latin, que venait de prendre Marcellin, n'était pas une
résolution éphémère; ses parents qui savaient qu'il avait peu de moyens,
cherchèrent à l'en dissuader, en lui rappelant les difficultés qu'il avait eues
pour apprendre à lire et le peu de goût qu'il avait montré pour l'étude. Mais
tout ce qu'ils purent lui dire, fut inutile; il ne se sentait plus d'attrait
pour les travaux ni pour le petit commerce qu'il faisait auparavant avec tant
de goût . . . Il fut un an chez cet oncle (instituteur), qui ne lui épargna pas
ses soins, sans néanmoins le faire beaucoup avancer. Aussi, à fin de l'année,
il ne fut pas d'avis que son neveu entrât au séminaire. "Votre enfant,
dit-il à ses parents, s'entête à vouloir faire ses études; mais vous aurez tort
si vous le laissez faire: il a trop peu de talents pour réussir". . . Marcellin
qui, pendant toute l'année, avait prié et réfléchi, ne fut pas un moment
ébranlé par le discours de son oncle ni par les observations de ses parents.
"Préparez, dit-il, mes effets, je veux aller au séminaire; je réussirai,
puisque c'est Dieu qui m'appelle". Comme on faisait encore quelques
difficultés pour acheter son trousseau; "Que cette dépense, ajouta-t-il,
ne vous arrête pas: j'ai de l'argent pour la couvrir". Son linge fut en
effet payé avec l'argent qu'il avait amassé.
Vie, II, pp. 10, 12-13
1.3
La Société de Marie
C'est vers
cette époque (1812 - 1815) que furent jetées les premières bases de la Société
des Maristes. Quelques séminaristes, à la tête desquels se trouvaient M. l’abbé
Colin et M. l’abbé Champagnat, se réunissaient souvent pour s'animer à la
piété, et à la pratique des vertus sacerdotales. Le zèle du salut des âmes et
la recherche des moyens pour le procurer, étaient le sujet le plus ordinaire de
leurs entretiens. De la communication mutuelle de leurs sentiments et de leurs
projets, pour atteindre ce but, surgit la pensée de la fondation d'une Société
de prêtres . . . La dévotion particulière que cette réunion d'élite professait
pour la Sainte Vierge, lui inspira la pensée de placer cette nouvelle Société
sous le patronage de la Mère de Dieu, et de lui donner le nom de Marie. . . .
Dans une de ces réunions, il fut convenu qu'ils feraient, tous ensemble, le
pèlerinage de Fourvière, pour déposer aux pieds de Marie leur projet. . .
Mais dans
le plan de la nouvelle association, aucun de ces MM. n'avait pensé aux Frères
enseignants. L'abbé Champagnat seul conçut le projet de leur institution, et
lui seul l'a mis à exécution. Souvent il disait à ses confrères: "Il nous
faut des Frères, il nous faut des Frères pour faire le catéchisme, pour aider
les missionnaires, pour faire l'école aux enfants."
Vie, III, pp. 29-31
1.4
Pourquoi des Frères ?
Né dans le
canton de Saint Genest Malifaux (Loire), j'ai senti par ces peines infinies que
j'avais éprouvées pour apprendre à lire et à écrire l'urgente nécessité de
créer une société qui pût donner à moins de frais aux campagnes le bon
enseignement que les Frères des Ecoles Chrétiennes procurent aux villes.
Champagnat au Ministre de l'Instruction publique,
1837, Lettre 159
1.6
L'expérience Montagne
Les choses
étaient là, quand un événement, ménagé sans doute par la Providence, vint fixer
les incertitudes de M. Champagnat, et le déterminer à s'occuper sans délai de
l'institution des Frères. Un jour, il fut appelé pour aller confesser dans un
hameau un enfant malade, et selon son habitude, il y alla tout de suite pour
confesser l'enfant, il l'interrogea pour s'assurer s'il connaissait les
dispositions nécessaires pour recevoir les sacrements; il ne fut pas peu
surpris de voir qu'il ignorait les principaux mystères et qu'il ne savait pas
même s'il y avait un Dieu. Affligé de voir un enfant de dix-sept ans dans une
si grande ignorance, de le voir mourir en cet état, il s'assied à côté de lui
pour lui apprendre les principaux mystères et les vérités essentielles du
salut. Il passa deux heures pour l'instruire ou pour le confesser et ce ne fut
qu'avec de grandes difficultés qu'il lui apprit les choses les plus
indispensables: car l'enfant était si mal qu'il comprenait à peine ce qu'il lui
disait. Après l'avoir confessé et lui avoir fait produire plusieurs fois les
actes d'amour de Dieu et de contrition pour le disposer à la mort, il le quitta
pour aller voir un autre malade qui se trouvait dans la maison voisine. En
sortant, il s'informa de l'état de l'enfant: "Il est mort un instant après
que vous l'avez quitté, lui répondent ses parents tout en pleurs. Alors un
sentiment de joie, pour s'être trouvé là si à propos, se confond dans son âme
avec un sentiment de frayeur . . . Il s'en retourne tout pénétré de ces
sentiments, et en se disant souvent à lui-même: "Combien d'autres enfants
sont tous les jours dans la même position et courent les mêmes périls, parce
qu'ils n'ont personne pour les instruire des vérités de la foi! " Et alors
la pensée de fonder une Société de Frères, destinés à prévenir de si grands
malheurs, en donnant aux enfants l'instruction chrétienne, le poursuit avec
tant de force, qu'il va trouver Jean-Marie Granjon, et lui communique tous ses
projets.
Vie, VI, pp.61-62
1.7
L'éducation des jeunes Frères à La Valla
(Marcellin)
appelait de tous ses voeux le moment où ses Frères pourraient se charger d'une
classe. Mais ne les trouvant pas encore assez capables. , il prit le parti de
faire venir un maître d'école. En agissant ainsi, il avait un double but:
l'instituteur, dans sa pensée, était nécessaire, d'abord pour donner
l'instruction primaire aux enfants de la paroisse, ensuite pour perfectionner
les Frères dans les connaissances qu'ils avaient acquises, et pour les initier
à la méthode d'enseignement. . .
L'instituteur
vécut en communauté avec les Frères; il ouvrit son école dans leur maison, et
bientôt elle fut pleine d'enfants. Les Frères le secondaient dans l'instruction
des élèves, le voyaient opérer, se formaient sur lui, et prenaient sa méthode;
ils recevaient en outre, entre les classes, des leçons particulières sur les
diverses parties de l'enseignement.
Vie, VII, pp. 74-75
1.8
Le Supérieur
de l'association des Petits Frères de Marie, établie à Notre Dame de
l'Hermitage, canton de Saint Chamond (Loire), a l'honneur d'exposer à votre
Excellence que le but de cette association étant de faciliter aux communes
rurales le moyen de procurer à peu de frais à leurs enfants les avantages de
l'instruction, il a réduit au minimum le traitement de chaque frère
instituteur;
Champagnat au Ministre de l'Instruction publique,
Lettre 113
La somme
est déjà très faible pour couvrir les dépénses de trois Frères dans la ville.
La réduire encore serait, me semble-t-il, leur ôter non seulement leur
misérable salaire affecté au plus méprisé et difficile des métiers, mais leur
ôter aussi leur pauvre et misérable nourriture.
Champagnat au Maire de Bourg-Argental, Lettre 8
1.9
Esprit missionnaire
Le Père
Champagnat. . . demanda au Révérend Père Colin la faveur de faire partie du
groupe de missionnaires qui partaient pour l'Océanie afin de consacrer ses
derniers jours et le peu de forces qui lui restaient, à l'instruction et à la
sanctification des infidèles. Le Révérend Père Colin, extrêmement édifié de son
zèle et de son dévouement, lui répondit : "Vous faites plus de bien en
France que vous n'en pourriez faire en Océanie. Votre mission à vous n'est pas
d'aller en personne évangéliser ces peuples, mais de leur préparer des apôtres
pleins de zèle et d’esprit de sacrifice. L'obéissance ne permit pas au bon Père
d'insister, et son humilité lui fit même croire qu'il était indigne de cette
faveur; mais tout en se résignant, il ne pouvait s'empêcher de laisser paraître
le désir qu'il en avait.
(Note:
Avec l’évêque Pompallier s’en allèrent, le 24 décembre 1836, les Pères Servant,
Bataillon, Bret and Chanel; les Frères Marie-Nizier, Michel and Joseph-Xavier )
Vie, XIX, pp. 208-209
1.11
Entreprise de jeunesse
Ses
parents à qui cet esprit d'ordre et d'économie ne déplaisait pas, lui donnèrent
deux ou trois agneaux, lui permettant de les vendre à son profit quand ils seraient
gros. Il les éleva, en effet, avec grand soin, les vendit ensuite, et en acheta
d'autres qu'il éleva de même et qu'il revendit toujours avec bénéfice: de sorte
qu'en peu de temps, avec ce petit commerce et des économies soutenues, il se
fit une somme ronde de six cents francs. C'était beaucoup pour un enfant de
seize ans; aussi, s'il ne se crut pas riche, il eut au moins la pensée qu'il le
deviendrait. Il faisait des projets pour étendre son petit commerce, un de ses
frères devait s'unir à lui; ils étaient convenus de faire bourse commune et de
rester ensemble toute leur vie.
Vie, I, pp. 7-8
1.12
Marcellin, constructeur et bâtisseur
Les
postulants couchaient toujours à la grange. Pour les en sortir, M. Champagnat
travailla plus de huit jours pour réparer le grenier de la maison, et le
transformer en dortoir. Avec quelques mauvaises planches, il y monta des lits
de ses propres mains . . . Visiblement, la maison ne pouvait suffire pour loger
tant de monde, et une nouvelle construction était urgente, M. Champagnat ne
balança pas à l'entreprendre. Toutefois, comme il était sans ressources, cette
construction fut faite par lui et par les Frères; nul ouvrier étranger n'y mit
la main. La communauté se levait à quatre heures; les Frères et les novices faisaient
ensemble une demi-heure de méditation, assistaient à la messe, et allaient
ensuite à l'ouvrage jusqu'à sept heures du soir.
Vie, X, p. 105
". .
. si Dieu nous bénit, nous pourrons bien nous y établir". Néanmoins avant
de se décider pour cette position, il parcourut, avec deux de ses principaux
Frères, les pays d'alentour, afin de s'assurer s'il ne trouverait pas quelque
chose de mieux. . .
Ce fou de
Champagnat, disaient plusieurs de ses confrères et beaucoup d'autres personnes,
a donc perdu la tête ? que prétend-il faire ? où prendra-t-il pour payer cette
maison ? . . .
Le père
Champagnat n'ignorait pas ce que l'on pensait et ce que l'on disait de lui dans
le public, mais il était peu touché des discours des hommes, et jamais il ne
prit pour règle de sa conduite les principes de la prudence humaine. Ainsi,
quoiqu'il eût sur les bras une nombreuse communauté, qu'il dût quatre mille
francs, et qu'il fût sans argent, avec sa seule confiance en Dieu, mais une
confiance sans bornes, il entreprit, sans s'effrayer, la construction d'une
maison assez vaste, avec une chapelle, pour loger cent cinquante
personnes.
Vie, XII, pp. 125,127,128
. . .
Toujours nous sommes en réparations ou en constructions et cependant toujours à
l'étroit. Nous ne donnons ni paix ni trêve aux rochers de l'Hermitage, nous
défrichons, nous plantons des vignes, nous tâchons de tout fertiliser.
Champagnat à Monsieur Fontbonne, St. Louis, Missouri,
U.S.A., Lettre 109
1.13
Le Projet de Marcellin
Elevé au
sacerdoce en 1816, je fus envoyé dans une commune des cantons de St. Chamond
(Loire). Ce que je vis de mes yeux dans cette nouvelle position touchant
l'éducation des jeunes gens me rappela les difficultés que j'avais moi-même
éprouvées à leur âge, faute d'instituteurs.
Lettre 59
Une bonne
éducation est le moyen le plus sûr de procurer de bons sujets à la société.
Malheureusement la plupart des communes rurales sont privées de cet avantage:
l'insuffisance des ressources municipales, la pénurie des habitants ne leur
permettent pas de confier l'éducation de leurs enfants aux Frères des Ecoles
Chrétiennes, dont on connaît le mérite et la capacité; de là, la triste
nécessité ou de laisser croupir leurs enfants dans une ignorance funeste, ou
(ce qui est encore plus fâcheux) de les livrer à des instituteurs peu capables
de les former à la science et aux vertus nécessaires à de bons citoyens.
Pour
obvier à ces inconvénients, M. Champagnat, soussigné, prêtre du diocèse de Lyon,
voyant le zèle que le Roi et son gouvernement mettent à procurer à toutes les
classes de la société le grand bienfait de l'instruction, s'est proposé de
former, près de la ville de St. Chamond, une association d'instituteurs
primaires, sous le nom de PETITS FRERES DE MARIE, et a rédigé les statuts
suivants aux fins d'obtenir une autorisation qui procurera aux membres de cette
société le moyen d'exercer leur importante et pénible fonction d'une manière
légale et par là plus avantageuse.
Champagnat à Sa Majesté, Louis Philippe, Roi de
France, 1834, Lettre 34
1.14
Marcellin catéchiste
(Pendant
ses vacances de séminariste) Souvent il réunissait dans sa chambre les enfants
de son village, pour leur apprendre le catéchisme et les prières. Les jours de
dimanche, il réunissait même les grandes personnes et leur faisait une courte
mais pathétique instruction sur les mystères de la religion et les devoirs du
chrétien, sur la manière d'entendre la sainte messe et d'assister avec fruit
aux saints offices.
Vie, III, p. 25
1.15
Les succès des prédications et des enseignements de Marcellin
Les
catéchismes de M. Champagnat étaient si intéressants, que bientôt ils firent
bruit dans la paroisse. Les grandes personnes voulurent les entendre, et le
dimanche elles s'y rendirent en foule. Ces nouveaux auditeurs l'obligèrent à
changer un peu la forme de ses instructions. Ainsi, après avoir développé la
lettre de la leçon du jour par des sous-demandes claires, simples, et à la
portée des plus faibles intelligences, il en tirait des conséquences morales
pour le règlement des moeurs, et des réflexions propres à toucher les coeurs,
et à les porter à pratique de la vertu. Quel que fût le sujet du catéchisme, il
savait en faire ressortir pour chaque état, pour chaque condition, pour chaque
âge, ce qui convenait à la position et aux besoins de chacun. . .
Vie, IV, pp. 46, 47-48
1.17
Innovations pédagogiques de Marcellin Champagnat
Nous
n'avons pas besoin de vous dire que, dans la composition ou plutôt dans la rédaction
de cet ouvrage, nous avons suivi fidèlement les règles et les instructions que
nous a laissées notre pieux Fondateur sur l'éducation de la jeunesse. Nous
avons cherché, avant tout, à nous pénétrer de son esprit, à le faire revivre, à
le reproduire, autant qu'ils nous a été possible, afin de vous le transmettre
et de le perpétuer parmi nous. C'était notre plus profonde conviction, que
notre bon Père a consacré spécialement les deux mois de vacances qu'il nous
accordait à nous former à l'enseignement, à nous apprendre à faire le
Catéchisme et à nous enseigner les principes invariables qui constituent une
bonne éducation. Ceux qui ont eu le bonheur de l'entendre, se rappelleront
qu'il entrait sur ce sujet dans les plus menus détails, et qu'il nous a donné
des leçons sur toutes les parties de l'éducation de l'enfant. Que ne nous
a-t-il pas dit, par exemple, sur la petite classe qu'il disait être la plus
importante? sur les soins que les Frères qui en sont chargés doivent donner à
ses tendres enfants qu'il appelait de petits Anges, à cause de leur innocence ?
sur les moyens que l'on doit prendre pour leur faire connaître les premières
vérités de la religion, pour leur inspirer la piété, la vertu, et pour leur
aplanir les difficultés de la lecture ? L'esprit de Dieu, dont il était rempli,
et l'amour tendre qu'il avait pour les enfants, lui avaient révélé tous les
besoins de leur âge et les moyens de les soulager; tous les secrets pour gagner
leur coeur, pour les tourner au bien, pour leur inspirer la piété et pour
former les facultés de leur âme. C'est ce talent ardent dont il était animé
pour la sanctification des enfants, et qu'il cherchait à communiquer à ses
Frères dans les instructions journalières qu'il leur faisait sur ce sujet, dont
nous vous présentons ici le tableau.
Guide des Ecoles, pp. 5-6
Le Frère
François note ensuite cinq domaines qui, dans la méthode d'enseignement de
l'Institut, sont l'oeuvre personnelle du Père Champagnat :
1- La méthode de lecture
2- Les qualités d'une bonne discipline
3- La méthode pour faire le catéchisme et le soin qu'il prit de former de bons
catéchistes
4- L'enseignement du chant
5- Les règles concernant la formation des jeunes Frères.
1.18
Attention personnelle à ses frères
Mon bien
cher frère Barthelemy,
Vous ne
devez pas douter que vous regardant tous comme mes chers enfants en Jésus et
Marie par le doux nom de père que vous me donnez, je vous porte tous bien
chèrement dans mon coeur. Je suis bien sensible aux souhaits que vous formez
pour moi, je ne les oublierai pas. Dans mes prières je recommanderai celui qui
forme de si beaux voeux pour moi. Je prends bien part à tous les ennuis que
peuvent causer toutes les indispositions qu'éprouvent vos collaborateurs. Ayez
bien soin de vous, afin que vous puissiez bien accomplir vos pénibles devoirs.
Tous les pères et frères se portent bien. Je leur ferai part de vos souhaits de
bonne année.
Ayez bon courage, voyez, mon cher ami, combien est précieuse aux yeux de Dieu
votre occupation. De grands saints et de grands hommes se félicitaient d'un
emploi si précieux à Jésus et Marie. Laissez venir à moi ces petits enfants,
car c'est à eux à qui le ciel appartient.
Vous avez en mains le prix du sang de Jésus Christ. Vos nombreux enfants vous
seront, après Dieu, redevables de leur salut. Leur vie entière sera l'écho de
ce que vous leur aurez appris. Efforcez-vous, n'épargnez rien pour former leurs
jeunes coeurs à la vertu; faites leur bien sentir que sans la vertu, sans la
piété, sans la crainte de Dieu, ils ne seront jamais heureux; qu'il n'y a point
de paix pour l'impie. Que Dieu seul peut faire leur bonheur, que c'est pour lui
seul qu'ils ont été faits. Que de bien, mon cher ami, vous pouvez faire!
Vos parents se portent bien. Votre frère qui était à l'armée, est mort à Paris
d'un grand mal de tête. Priez pour lui, les regrets ne lui peuvent être
d'aucune utilité; il n'a besoin que de prières.
J'aurais encore bien des choses à vous dire; j'espère que dans peu de jours, je
vous les dirai de vive voix. Je vous laisse tous les deux dans les Sacrés
Coeurs de Jésus et de Marie, ce sont de si bonnes places!
J'ai l'honneur d'être votre tout dévoué père en Jésus et Marie
Champagnat, Notre Dame de l'Hermitage, 1831, Lettre 19
Mon bien
cher frère Barthelemy
Je vous
promets que le premier voyage que je ferai à Lyon, j'irai vous voir, courage,
mon bon ami, il suffit que vous ayez la volonté, avec votre brave
collaborateur, d'enseigner un bon nombre d'enfants. Vous n'en auriez point, que
votre récompense serait la même. Ne vous inquiétez pas du petit nombre que vous
avez. Dieu tient les coeurs de tous les hommes entre ses mains, il vous enverra
du monde quand il le jugera à propos, il suffit que vous ne vous y opposiez pas
par vos infidélités, vous êtes où Dieu vous voulait, puisque vous êtes où vos
supérieurs vous ont voulu. Je ne doute pas que le Seigneur ne vous en récompense
par beaucoup de grâces.
Lettre 24,
1.19
La foi de Marcellin
La manière
dont le Père Champagnat pratiquait l'exercice de la présence de Dieu,
consistait à croire d'une foi vive et actuelle Dieu présent partout,
remplissant l'univers de son immensité, des oeuvres de sa bonté, de sa
miséricorde et de sa gloire. . . Tout lui était un sujet de s'élever à Dieu et
de le bénir; aussi, en toute occasion, son âme se répandait en actes d'amour,
de louange et d'action de grâces.. .
Le
sentiment de la présence de Dieu tenait son âme dans une paix et une
tranquillité inaltérables. Sa grande maxime était que l'on n'a rien à craindre
quand on est avec Dieu, et que rien ne peut nuire à ceux qui se confient en la
divine Providence.
Vie, V, pp. 323-324,325,328
1.20
Marie notre modèle et notre Bonne Mère
A toutes
ces pratiques établies dans l'Institut pour honorer la Mère de Dieu, le pieux
Fondateur voulait, et il a prescrit que l'on joignit deux choses
indispensables, et qui, dans sa pensée, doivent être le complément des hommages
rendus à Marie et les efforts de la dévotion que l'on a pour elle. La première
est l'imitation de ses vertus. Il demande donc que l'amour des Frères pour
Marie les porte surtout à prendre son esprit, et à imiter son humilité, sa
modestie, sa pureté et son amour pour Jésus-Christ. La vie pauvre et cachée de
la divine Mère et les exemples sublimes qu'elle nous a donnés, doivent être la
règle de la conduite des Frères, et chacun doit tellement s'efforcer de lui
ressembler, que tout dans ses actions et dans sa personne rappelle Marie,
retrace l'esprit et les vertus de Marie. La seconde chose, c'est que les Frères
se regardent comme particulièrement obligés de la faire connaître, de la faire
aimer, de répandre son culte et d'inspirer sa dévotion aux enfants.
Vie, VII, pp. 347-348
1.21
La Crèche, la Croix et l’Autel
Je désire
que les Petits Frères de Marie soient les assidus de Jésus naissant, de Jésus
mourant et de Jésus immolé sur l'autel. Qu'ils soient les assidus de Jésus dans
tous ses mystères: sa vie, ses actions, ses souffrances; voilà quel doit être
le grand et principal sujet de leurs méditations. . . .
Savez-vous, mes cherss Frères, pourquoi je désire que vous soyez les assidus de
Jésus dans sa crèche, sur le Calvaire et à l'autel ? Parce que ces trois lieux
sont les trois grandes fontaines de la grâce et que là surtout Jésus la répand
abondamment sur ses élus. .. .
Oui, Dieu
est charité partout, mais particulièrement à la crèche, à la croix et à
l'autel; c'est-à-dire que c'est surtout dans ces trois endroits qu'il embrase
de son divin amour les coeurs de ses Saints; c'est dans ces trois endroits que
notre pauvre coeur peut mieux comprendre et sentir combien il nous aime. . .
Jésus est venu apporter le feu sacré sur la terre; partout il le répand de
mille manières, mais il a établi trois grands foyers où viennent s'embraser
tous les Saints, toutes les âmes ferventes. Ces foyers sont: l'étable de
Bethléem, le Calvaire et l'autel. . . Allez aux fontaines du Sauveur et
puisez-y abondamment !
ALS, VI, pp. 64-65
1.22
La compassion de Marcellin pour les pauvres
Un jour,
on vient l'appeler pour un malade; il s'empresse de le visiter, et trouve un
malheureux couvert d'ulcères, couché sur un peu de paille, et n'ayant que des
lambeaux pour couvrir sa nudité et ses plaies. Touché d'une profonde compassion
à la vue de tant de souffrances et d'une si grande indigence, il adresse
d'abord des paroles de consolation au malade; puis, il court chez lui, fait
appeler le Frère économe, et lui ordonne de porter tout de suite une paillasse,
des draps et des couvertures au pauvre qu'il vient de voir. "Mais, mon
Père, lui fit observer le Frère, nous n'avons point de paillasse libre. - Comment,
répliqua le Père, vous ne trouvez pas une seule paillasse dans la maison? -
Non, il n'y en a pas une seule, et vous devez vous rappeler que j'ai donné la
dernière les jours passés. - Eh bien ! reprit-il, prenez celle de mon lit, et
portez-la à l'instant à ce pauvre malade." Souvent, il lui est arrivé de
se dépouiller lui-même pour assister les pauvres, ou pour procurer à ses Frères
ce qui leur manquait.
Vie, XXI, p. 522
1.23
Voir
1.17
1.24
Formation des responsables
Pendant les
deux mois de vacances il faisait souvent des conférences aux Frères directeurs
sur le gouvernement des maisons, l'administration du temporel et la direction
des classes. Dans ses conférences il traitait, dans le plus grand détail, des
vertus nécessaires à un bon supérieur et des moyens de les acquérir, des
obligations d'un instituteur, d'un Frère directeur et de la manière de les
remplir.
Vie, XVII, p. 462
Dans ses
conférences, le pieux Fondateur donnait à tous les Frères la liberté de lui
proposer leurs difficultés, de lui soumettre leurs doutes et tout ce qui les
embarrassait dans le détail de leurs fonctions. Les Frères usaient largement de
cette liberté et chacun lui faisait ses observations, lui exposait ses
sentiments, ses scrupules sur une foule de questions d'administration, de
direction des maisons, ou lui demandait quel était le parti le plus conforme à
la règle, à l'esprit de l'Institut dans telles et telles circonstances et la
conduite qu'il y avait à tenir dans une infinité d'affaires que doit traiter et
règler un Frère directeur.
Il
admettait souvent les principaux Frères dans son conseil et ne faisait presque
rien sans prendre leur avis. Il croyait qu'initier les Frères aux affaires de
l'Institut et les consulter sur les règles qu'il élaborait et sur la méthode
d'enseignement qu'il voulait adopter, c'était un moyen sûr de former leur
esprit, de rectifier leurs idées, de développer leur jugement, de leur donner
de l'expérience, de leur apprendre à juger, à apprécier les choses et à les
traiter ensuite avec intelligence et succès. Quelquefois, après avoir débattu
en conseil des inconvénients et des avantages d'une mesure, d'une affaire, il
en confiait l'exécution ou la poursuite à un Frère et laissait à son jugement
le soin de la traiter. Mais une fois la tâche du Frère terminée, il se faisait
rendre compte de la manière dont elle avait été accomplie, louait et approuvait
ce qu'il jugeait bien conduit, indiquait quel moyen on aurait dû prendre pour
écarter une difficulté, pour vaincre un obstacle, pour concilier un différend,
ou se contentait de dire que si l'on avait pris telle autre voie, on aurait
mieux réussi.
Vie, XVII, p. 463
2: Frères et Laïcs, ensemble en
mission, dans l’Eglise et dans le monde
2.1
Encouragements de Marcellin aux autres œuvres d’éducation chrétienne.
Que notre
bonne Mère bénisse toutes vos entreprises, vous bénisse vous même et vous
conserve longtemps à sa bonne oeuvre que vous conduisez
Champagnat à Monsieur MAZELIER, 1837, Lettre 122
Ayant le
même but et travaillant pour le même maître, nous désirons vous être toujours
unis et agir de concert avec vous.
A Monsieur MAZELIER, Lettre 141
Je désire,
mes bien chers Frères, que cette charité qui doit vous unir tous ensemble,
comme les membres d'un même corps, s'étende aussi à toutes, les autres
congrégations. Ah! je vous en conjure par la charité sans bornes de
Jésus-Christ, gardez-vous de ne jamais porter envie à personne et surtout à
ceux que le bon Dieu appelle à travailler, comme vous, dans l'état religieux, à
l'instruction de la jeunesse. Soyez des premiers à vous réjouir de leurs succès
et à vous affliger de leurs disgrâces. Recommandez-les souvent au bon Dieu et à
la divine Marie. Cédez-leur sans peine. Ne prêtez jamais l'oreille à des
discours qui tendraient à leur nuire. Que la seule gloire de Dieu et l'honneur
de Marie soient votre unique but et toute votre ambition.
Testament Spirituel, Vie, XX, pp. 242-243
2.4
Les divers éducateurs de l'enfant
I- Les
parents sont les éducateurs naturels placés par la Providence auprès du berceau
de chaque enfant. Ils possèdent, en effet, au plus haut point l'affection,
l'autorité qui sont les deux facteurs principaux de toute éducation
2- Le
prêtre représente l'Eglise qui tient de son divin Fondateur lui-même sa mission
d'éducatrice des peuples (Matt., 28: 19, 20). Outre son rôle direct, l'Eglise a
un droit de contrôle sur l'enseignement religieux et moral donné dans la
famille et à l'école.
3-
L'instituteur aide; il est le suppléant des parents et du prêtre, il tient,
après eux, le premier rang dans l'éducation, car son influence s'exerce
méthodiquement pendant plusieurs années, à l' époque où l'enfant subit le plus
facilement l'empreinte de ceux qui l'approchent.
Guide, pp. 194-195
2.6
Image de l’Eglise Communion
". .
.La communion avec Jésus, d'où découle la communion des chrétiens entre eux,
est absolument indispensable pour porter du fruit: "En dehors de moi, vous
ne pouvez rien faire" (Jn 15, 5) Et la communion avec les autres est le
fruit le plus beau que les sacrements peuvent porter: c'est, en effet, un don
du Christ et de son Esprit.
La
communion et la mission sont profondément unies entre elles, elles se
compénètrent et s'impliquent mutuellement, au point que la communion représente
la source et tout à la fois le fruit de la mission: . . .De son côté, l'Eglise
sait que la communion, reçue en don, a une destination universelle.
Christifideles Laici, 32
Mais qui
donc a la mission d'évangéliser ? Le Concile Vatican II a répondu avec clarté:
"Par mandat divin, incombe à l'Eglise la fonction d'aller dans le monde
entier et d'annoncer l'Evangile à toute créature" Et dans un autre texte
du même Concile: "l'Eglise tout entière est missionnaire, l'oeuvre
d'évangélisation est un devoir fondamental du peuple de Dieu."
Nous avons
déjà rappelé cette liaison intime entre l'Eglise et l'évangélisation. Lorsque
l'Eglise annonce le Règne de Dieu et le construit, elle s'implante elle-même au
cœur du monde comme signe et instrument de ce Règne qui est et qui vient.
Evangelii Nuntiandi, 59
Toute
l'Eglise est donc appelée à évangéliser et cependant dans son sein nous avons
différentes tâches évangélisatrices à accomplir. Cette diversité de services
dans l'unité de la même mission fait la richesse et la beauté de
l'évangélisation. Ces tâches, Nous les rappellerons d'un mot.
Evangelii Nuntiandi, 66
2.9
Tous les baptisés sont appelés à la mission
. . . Le
Concile Vatican II a confirmé cette tradition, mettant en lumière le caractère
missionnaire de tout le Peuple de Dieu, en particulier l'apostolat des laïcs,
et soulignant la contribution spécifique que ceux-ci sont appelés à apporter à
l'activité missionnaire. La nécessité pour tous les fidèles de partager une
telle responsabilité n'est pas seulement une question d'efficacité apostolique:
c'est un devoir et un droit fondés sur la dignité conférée par le baptême, en
raison de laquelle" les fidèles laïcs participent, pour leur part, à la
triple fonction de Jésus Christ: sacerdotale, prophétique et royale ".
Redemptoris Missio, 71
Les
fidèles laïcs, précisément parce qu'ils sont membres de l'Eglise, ont la
vocation et la mission d'annoncer l'Evangile: à cette activité ils sont
habilités et engagés par les sacrements de l'initiation chrétienne et par les
dons du Saint Esprit. (33)
. . .
Ouvrir toutes grandes les portes au Christ, l'accueillir dans l'espace de sa
propre existence humaine ne comporte aucune menace pour l'homme; bien au
contraire, c'est le seul chemin à parcourir si l'on veut reconnaître l'homme
dans sa vérité totale et l'exalter dans ses valeurs.
La
synthèse vitale que les fidèles laïcs sauront opérer entre l'Evangile et les
devoirs quotidiens de la vie sera le témoignage le plus beau et le plus
convaincant pour montrer que ce n'est pas la peur, mais la recherche du Christ
et l'attachement à sa personne qui sont le facteur déterminant pour que l'homme
vive et grandisse, et pour que naissent de nouveaux modèles de vie plus
conformes à la dignité humaine.
L'homme
est aimé de Dieu! Telle est l'annonce si simple et si bouleversante que
l'Eglise doit donner à l'homme. La parole et la vie de chaque chrétien peuvent
et doivent faire retentir ce message: Dieu t'aime. Le Christ est venu pour toi,
pour toi le Christ est "le Chemin, la Vérité et la Vie!" (Jn 14, 6).
(34)
Christifideles Laici, 33, 34
Faisons de
tous ceux qui veulent partager notre spiritualité et notre mission de
véritables partenaires. Risquons de perdre une certaine forme de pouvoir pour
vivre l’audace d’une franche collaboration avec les laïcs, non pas parce que
nous sommes moins nombreux mais parce que nous reconnaissons la vocation et la
mission propres des baptisés.
XIX Chapitre Général, Message, 19
2.10
L’Eglise et les croyants des autres religions
A notre
époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où
les relations entre les divers peuples augmentent, l'Eglise examine plus
attentivement quelles sont ses relations avec les religions non chrétiennes.
Tous les
peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine, . .
L'Eglise
catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. .
.Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue
et par la collaboration avec ceux qui suivent d'autres religions, et tout en
témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et
fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socioculturelles qui se
trouvent en eux.
. . .
L'Eglise réprouve donc, en tant que contraire à l'esprit du Christ, toute
discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de
leur couleur, de leur classe ou de leur religion.
Nostra Aetate, 1, 2, 5
La
collaboration entre chrétiens et croyants des autres religions
Un autre
niveau (de relation entre personnes de différentes croyances) est le dialogue
des oeuvres et de la collaboration visant les objectifs à caractère
humanitaire, social, économique et politique qui favorisent la libération et le
développement de l'homme. Ce dialogue est fréquent au sein des organisations
locales, nationales et internationales, dans lesquelles chrétiens et croyants
des autres religions se penchent ensemble sur les problèmes mondiaux.
Le Dialogue et la Mission, 31
". .
. . Tous les fidèles, spécialement les laïcs qui vivent au milieu de peuples
d'autres religions, que ce soit leur pays d'origine ou un pays où ils ont
émigré, ces laïcs devront être pour les habitants de ces pays un signe du
Seigneur et de son Eglise, d'une façon adaptée aux circonstances de vie de
chaque pays.
Christifideles Laici, 35
2.11
Les charismes
Le Saint
Esprit, en confiant à l'Eglise-Communion les différents ministères, l'enrichit
d'autres dons et impulsions particulières, appelés charismes. . ..
Extraordinaires
ou simples et humbles, les charismes sont des grâces de l'Esprit Saint qui ont,
directement ou indirectement, une utilité ecclésiale, ordonnés qu'ils sont à
l'édification de l'Eglise, au bien des hommes et aux besoins du monde.
. . . Ils
sont donnés à une personne déterminée, mais ils peuvent être partagés par
d'autres, de sorte qu'ils se maintiennent à travers le temps comme un héritage
vivant et précieux, qui engendre une affinité spirituelle particulière entre de
nombreuses personnes.
Christifideles Laici, 24
2.12
Le charisme de Marcellin
Guidé par
l’Esprit, Marcellin Champagnat a été saisi par l’amour de Jésus et de Marie
pour lui-même et pour les autres. Cette expérience, ainsi que son ouverture aux
événements et aux personnes, est à la source de sa spiritualité et de son zèle
apostolique. Elle le rend sensible aux besoins de son temps, spécialement à
l’ignorance religieuse et aux situations de pauvreté de la jeunesse.
Sa foi et
son désir d’accomplir la volonté de Dieu lui révèlent sa mission: "faire
connaître et aimer Jésus Christ". Il disait souvent, "Je ne puis voir
un enfant sans éprouver l’envie de lui faire le catéchisme, sans désirer lui
faire connaître combien Jésus Christ l’a aimé."
Dans cet
esprit, il a fondé notre Institut pour l’éducation chrétienne des jeunes,
particulièrement des plus délaissés.
Constitutions, 2
2.13
Expression du charisme dans les diverses situations et cultures
L'actualité
du charisme de Marcellin Champagnat provoque notre engagement, personnel et
communautaire, pour l'incarner dans les diverses situations et cultures. Nous
sommes tous responsables de cette tâche. En communion avec les Supérieurs, nous
travaillons à bâtir des communautés rayonnantes de la présence de Jésus.
Constitutions, 165
2.14
Nouvelles relations entre Religieux et Laïcs
Ces
dernières années, la doctrine de l'église comme communion a permis de mieux
comprendre que ses diverses composantes peuvent et doivent unir leurs forces,
dans un esprit de collaboration et d'échange des dons, pour participer plus
efficacement à la mission ecclésiale. ..
Aujourd'hui,
beaucoup d'Instituts, souvent en raison de situations nouvelles, sont parvenus
à la conviction que leur charisme peut être partagé avec les laïcs, qui, par
conséquent, sont invités à participer de façon plus intense à la spiritualité
et à la mission de l'Institut lui-même. On peut dire qu’un nouveau chapitre,
riche d'espérance, s'ouvre dans l'histoire des relations entre les personnes
consacrées et le laïcat.
Vita Consecrata, 54
2.15
La vocation spécifique des Laïcs
Les laïcs,
que leur vocation spécifique place au coeur du monde et à la tête des tâches
temporelles les plus variées, doivent exercer par là même une forme singulière
d'évangélisation.
La tâche
première . . . c'est la mise en œuvre de toutes les possibilités chrétiennes et
évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans le monde. Le champ
propre de leur activité évangélisatrice, c'est le monde vaste et compliqué de
la politique, du social, de l'économie, mais également de la culture, des
sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que
certaines autres réalités ouvertes à l'évangélisation comme sont l'amour, la
famille, l'éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel,
la souffrance.
Evangelii Nuntiandi, 70
Tous, dans
l'Eglise, précisément parce qu'ils sont ses membres, reçoivent et donc
partagent la vocation commune à la sainteté. De plein droit, et sans aucune
différence avec les autres membres de l'Eglise, les fidèles laïcs sont appelés
à la sainteté.
Christifideles Laici, 16
En résumé,
on peut dire que l'éducateur laïc catholique est un laïc qui exerce sa mission
dans l'Eglise en vivant par la foi sa vocation séculière dans la structure
communautaire de l'école, avec la plus grande qualité professionnelle possible
et avec un projet apostolique de cette foi dans la formation intégrale de
l'homme, dans la communication de la culture, dans la pratique d'une pédagogie
de contact direct et personnel avec l'élève et dans l'animation spirituelle de
la Communauté éducative à laquelle il appartient et des catégories de personnes
avec lesquelles la Communauté éducative est en relation. C'est à lui, en tant
que membre de cette Communauté, que la famille et l'Eglise confient la tâche
éducative dans l'école.
Le Laïc Catholique Témoin de la Foi dans L'Ecole, 24
Les
Laïcs, immense espérance de l'Eglise. . .
Les Laïcs
catholiquesss qui travaillent dans l'école à des tâches éducatives comme
professeurs, dirigeants, administrateurs ou auxiliaires ne peuvent douter
qu'ils constituent pour l'Eglise une immense espérance. En général, c'est à eux
que l'Eglise fait confiance pour l'intégration progressive des réalités
temporelles dans l'Evangile et pour faire parvenir celui-ci à tous les hommes;
et, d'une manière particulière, pour la tâche extrêmement importante de la formation
intégrale de l'homme et l'éducation de la foi de la jeunesse, de laquelle
dépend que le monde futur soit plus proche ou plus éloigné de Jésus-Christ.
Le Laïc Catholique Témoin de la Foi dans L'Ecole, 81
2.16
La vocation spécifique des Frères
. . .Selon
la terminologie en vigueur, les Instituts qui, en vertu de l'intention du
fondateur , ont un caractère et une finalité qui ne comportent pas l'exercice
de l'Ordre sacré, sont appelés "Instituts laïques ". Cependant, au
cours du Synode, on a fait ressortir le fait que cette terminologie n'exprime
pas de manière appropriée le caractère particulier de la vocation des membres
de ces Instituts religieux. En effet, tout en exerçant les nombreuses activités
qu'ils ont aussi en commun avec les fidèles laïques, les religieux le font en
fonction de leur identité de consacrés et ils expriment ainsi un esprit de don
total au Christ et à l'église, selon leur charisme spécifique. Pour cette
raison, de manière à éviter toute ambiguïté et toute confusion avec le
caractère séculier des fidèles laïques, les pères synodaux ont voulu proposer
le terme d'Instituts religieux de Frères. La proposition est significative,
surtout si l'on considère que le terme de frère évoque aussi un riche contenu
spirituel. "Ces religieux sont appelés à être des frères du Christ,
profondément unis à Lui, "l'aîné d'une multitude de frères" (Rm
8,29); frères entre eux, dans l'amour mutuel et dans la coopération au même
service pour le bien dans l'Eglise; frères de chaque homme par le témoignage de
la charité du Christ envers tous, spécialement envers les plus petits et les
plus nécessiteux; frères pour une plus grande fraternité dans l'Eglise.
Vita Consecrata, 60
2.18
Rémunération juste
Les Frères
préposés à l’administration des biens de l’Institut veillent à ce que tous nos
auxiliaires reçoivent un salaire en accord avec les lois du pays et qu’ils
bénéficient des avantages sociaux , dans le respect de la justice.
Constitutions 156.1
Les
associations professionnelles qui se proposent de protéger les intérêts de ceux
qui travaillent dans ce domaine doivent être considérées, elles aussi, dans le
cadre de la mission spécifique de l'Ecole Catholique. Il va de soi que les
droits des personnes engagées au service de l'Ecole Catholique doivent être
respectées avec un sens très élevé de la justice. Mais qu'il s'agisse
d'intérêts matériels ou de conditions sociales et morales permettant
l'épanouissement professionnel, le principe énoncé par le Concile Vatican II trouve
ici une application particulière: si "les fidèles doivent apprendre à
distinguer soigneusement les droits et les devoirs qui leur incombent du fait
de leur appartenance à l'Eglise et qui leur reviennent en tant que membres de
la société humaine, ils doivent s'appliquer à unir harmonieusement les uns et
les autres, se souvenant qu'en toute chose temporelle ils doivent se laisser
conduire par leur conscience chrétienne" . . . Si par conséquent, ils se
proposent, dans des associations spécifiques de veiller à la sauvegarde des
droits relatifs des éducateurs, des parents et des élèves, il ne peuvent
manquer de prendre en considération la mission spécifique de l'Ecole Catholique
au service de l'éducation chrétienne de la jeunesse.
L'Ecole Catholique, 79
2.19
Le droit et le devoir d'éducation qui reviennent aux parents
. . .
Comme l'a rappelé le Concile Vatican II: "Les parents, parce qu'ils ont
donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à
ce titre, ils doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux
éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas
de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux
parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour et le
respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise l'éducation totale,
personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école
des vertus sociales dont aucune société ne peut se passer".
Le droit
et le devoir d'éducation sont pour les parents quelque chose d'essentiel, de
par leur lien avec la transmission de la vie; quelque chose d'original et de
primordial, par rapport au devoir éducatif des autres, en raison du caractère
unique du rapport d'amour existant entre parents et enfants; quelque chose
d'irremplaçable et d'inaliénable, qui ne peut donc être totalement délégué à
d'autres ni usurpé par d'autres. (36)
. . .
Ainsi, la famille des baptisés, assemblée en tant qu'Eglise domestique par la
Parole et par le sacrement, devient en même temps, comme l'Eglise dans son
ensemble, mère et éducatrice. (38)
. . . Le
droit des parents au choix d'une éducation conforme à leur foi doit être
absolument assuré. . . Et donc, tous ceux qui dans la société sont à la tête
des écoles ne doivent jamais oublier que les parents ont été institués par Dieu
lui-même premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, et que c'est là un
droit absolument inaliénable. Mais, corrélativement à leur droit, les parents
ont la grave obligation de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour
entretenir des relations cordiales et constructives avec les enseignants et les
responsables des écoles. (40)
Familiaris Consortio 36, 38, 40
2.20
Travailler avec les parents
Il est des
cas où il convient de voir les parents de certains enfants pour se concerter
avec eux: il faut toujours laisser entrevoir aux parents que leurs enfants
donnent beaucoup à espérer, et qu'avec un peu de peine et beaucoup de soin, en
agissant de concert, on parviendra à les bien former.
La Règle de 1837, 5, 16
2.22
Coresponsabilité et subsidiarité
Cette
coresponsabilité s'exprime selon la diversité des tâches, et se développe à
travers les structures mises en place par notre droit propre.
Selon le
principe de subsidiarité, l'étendue des pouvoirs de chaque instance est
délimitée et respectée. Les organes prennent les décisions qui sont de leur
compétence, selon les Constitutions. L'instance supérieure n'intervient que
lorsque la situation l'exige.
Constitutions, 119
2.24
Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste
Il est
facile de préciser les lignes de force du Mouvement Champagnat. Même si cela
s'est fait avec des expressions variées, elles sont facilement reconnaissables
dans la vie de quelques groupes et dans celles des personnes très proches de
l'oeuvre des Frères. Il y a par exemple, chez eux, le désir manifeste:
- d'être
des apôtres de Jésus dans leur milieu et leur état de vie,
- d'aimer
et imiter la Vierge Marie,
- de
chercher ensemble, réunis en petits groupes, à partager leur foi en
Jésus-Christ et leur expérience de l'action apostolique.
- de
témoigner par leur vie de la spiritualité du Père Champagnat.
Frère Charles Howard, Le Mouvement Champagnat de la
Famille Mariste, p. 401
3: Parmi les jeunes, spécialement
les plus délaissés
3.1
Les jeunes que le Père Champagnat voulait servir avant tout
. .. Puisque
vous désirez vous livrer à l'instruction chrétienne des enfants, ce qui fait le
but de votre vocation et ce que j'approuve fort, je désire que vous consacriez
les premiers effets de votre zèle aux enfants les plus ignorants et les plus
abandonnés. Ainsi, je vous propose d'aller faire la classe dans les hameaux de
la paroisse".
Vie, VII, p. 75
L'instruction
des enfants en général et, en particulier, des pauvres orphelins est l'objet de
notre Etablissement. Aussitôt que nous aurons terminé la maison de l'Hermitage
et que nos moyens nous permettront d'utiliser une bonne prise d'eau pour
subvenir aux frais de l'oeuvre, nous recevrons les enfants des maisons de
charité; nous leur donnerons une situation en leur donnant une éducation
chrétienne. Ceux d'entre eux qui auront des dispositions pour la vertu et pour
la science, seront employés dans la
maison.
PROSPECTUS 1824A, 10
L'objet de
la Congrégation est encore de diriger des maisons de Providence ou de refuge
pour les gens revenus du désordre ou exposés à perdre les
moeurs.
Statuts 1828, 9
Article
premier. Les Frères de Marie qui ont pour but principal l'éducation des pauvres
enseigneront la lecture, l'écriture, le calcul, les principes de la Grammaire
et surtout la pratique de la Religion. Leurs écoles seront gratuites et ils
conviendront avec les communes des moyens de leur procurer une existence
honnête et peu onéreuse.
Statuts 1830, 2
3.2
Suivre l’exemple du Fondateur en manifestant notre préférence pour les pauvres
Aimant les
pauvres, notre Fondateur a voulu nous envoyer vers eux, de préférence, sans
exclure personne. Ses premiers disciples, par leur vie rude, restaient proches
de ceux auxquels ils se dévouaient. (33)
Par
fidélité au Christ et au Fondateur, nous aimons les pauvres. Bénis de Dieu, ils
nous attirent ses faveurs et nous évangélisent.
Guidés par
la voix de l’Eglise et selon notre vocation propre, nous sommes solidaires des
pauvres et de leurs causes justes. Nous leur réservons notre préférence,
partout où nous sommes et quel que soit notre emploi. Nous aimons les lieux et
les maisons qui nous font partager leur condition, et nous saisissons les
occasions de contact avec la réalité de leur vie quotidienne.
Le souci
des pauvres nous pousse à découvrir les causes de leur misère et à nous libérer
de tout préjugé ou indifférence à leur égard. Il nous fait devenir plus
responsables dans l’usage de nos biens que nous devons partager avec les plus
démunis d’entre eux. Nous évitons de les choquer par un train de vie trop
confortable.
Notre
mission d’éducateurs auprès des jeunes nous engage à oeuvrer pour la promotion
de la justice. (34)
L'expérience
enseigne que la vitalité d'une famille religieuse est étroitement liée a la
manière dont elle pratique la pauvreté évangélique. En raison de la tendance
naturelle au confort et à la richesse, nous veillons à garder la simplicité
dans notre style de vie personnelle, communautaire, et dans nos oeuvres. Notre
préférence va aux pauvres, avec qui nous partageons nos vies et notre travail.
De cette façon, nous nous conformons à la recommandation du Fondateur:
"Conservez-vous dans un grand esprit de pauvreté et détachement. (167)
Constitutions, 33, 34, 167
3.3
Les cris des jeunes
- Le cri
de douleur de tant de pauvres et de marginalisés qui, partout dans le monde,
sont laissés sur le bord du chemin.
- Le cri
de détresse de tous ces jeunes sans emploi, dont les talents sont méprisés.
- Le cri
du silence de tous ceux qui sont rejetées, de ceux qui sont sans voix, sans
liberté, de ceux qui sont dans une solitude extrême.
- Le cri
de désespoir de tant de jeunes qui sont en quête d'un sens pour leur vie et
cherchent le bonheur dans des paradis artificiels.
L'injustice
des structures qui engendrent tant de souffrances crie vers les cieux (Ex. 3:
7-10).
- Le cri
de ces enfants des rues, abandonnés, condamnés à une vie inhumaine.
- Le cri
de ces enfants victimes des injustices, de la faim, de la guerre.
- Le cri
de ces enfants découragés par l'échec scolaire.
- Le cri
de ces enfants du divorce, des familles brisées.
- Le cri
de ces enfants dont on abuse ou qui vendent leur corps.
Derrière ces
visages de souffrance, se cache le visage de Jésus (Mt. 25: 35-40)
Derrière
tous ces cris, c'est le cri de Jésus sur la croix (Mk 15: 34-37)
Mais aussi
les cris d'espérance
- de tous
ceux qui s'engagent à garantir les droits de l'homme,
- de tous
ceux qui bâtissent la paix,
- de tous
ceux qui font reculer la misère,
- de tous
ceux qui travaillent à une société plus juste,
- de tous
ceux qui prennent part à la mission d'éducation
- de tous
ceux qui luttent pour le respect de la vie,
- de tous
ceux qui participent à la sauvegarde de la création,
- de tous
ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle.
Dans ces
cris d'espérance germent les semences du Royaume et se manifeste la présence de
l'Esprit.
XIX Chapitre Général, Message, 5, 6, 7
Des
signes d'espérance
·
La
soif et la quête de Dieu et du sens de la vie parmi les jeunes, Même s'ils
l'expriment quelquefois par des manifestations équivoques.
·
Le
désir des pauvres et des marginaux de devenir acteurs de leur libération et de
leur développement, particulièrement face aux structures oppressives.
·
Les
citoyens qui poussent à la mise en place de structures démocratiques dans leur
pays, pour un meilleur respect des droits de l'homme et de la liberté.
·
Une
plus grande sensibilité aux valeurs de la culture.
·
Les
associations non gouvernementales ou populaires qui se constituent pour venir
en aide aux sinistrés des catastrophes, des guerres, des famines.
·
Les
jeunes qui travaillent pour plus de justice et qui se battent pour s'organiser
et devenir des agents de transformation sociale.
XIX Chapitre Général, Notre Mission, 8
3.4
Marcellin et l’orphelin rebelle
Jean-Baptiste
est orphelin et vit un peu comme un sauvage. Le P. Champagnat, aidé de pieuses
personnes, est venu au secours de sa mère qui mourait, abandonnée par son mari,
dans un dénuement extrême. Après la mort de sa mère, Jean-Baptiste n'a pu vivre
avec les enfants de la famille charitable, des voisins, qui l'ont recueilli.
Alors M. Champagnat le confie à ses Frères. Fr. Jean-Baptiste Furet, historien
de notre Fondateur, écrit: "Habitué à vivre en vagabond et à suivre en
toute liberté ses mauvais penchants, il ne put supporter la vie réglée d'une
maison d'éducation... Il s'enfuit plusieurs fois, aimant mendier son pain et
vivre de l'indigence plutôt que de se soumettre à la discipline de l'école. Les
Frères, découragés, finirent par prier le Père de l'abandonner à son malheureux
sort, car, lui dirent-ils: "nous perdons notre temps avec cet enfant et tôt
ou tard, nous serons forcés de le renvoyer..."M. Champagnat dut beaucoup
exhorter ses Frères à la patience et au courage, durant de longs mois.
Finalement Jean-Baptiste Berne "changea entièrement; il devint doux,
docile, sage et pieux comme un ange". Après sa première communion il
demanda à être formé pour être Frère. "Il fut un Frère pieux, régulier,
obéissant et mourut en prédestiné, à l'âge de vingt et un ans, entre les bras
du Père Champagnat, après l'avoir remercié de ce qu'il avait fait pour lui."
Cahiers Maristes, No. 4, p. 72
3.6
Appelés à l’audace
Nous
croyons que nous participons à la mission de Jésus "envoyé pour annoncer
la bonne nouvelle aux pauvres " (Lc 4:18) et parce qu'aujourd'hui davantage
qu'hier, augmente le nombre de pauvres et de marginalisés auxquels on n'a pas
apporté l'Evangile, nous nous sentons appelés à revivre "l'expérience du
jeune homme Montagne" par fidélité au Christ et au Fondateur, à éveiller
la solidarité et à évangéliser: C'est le meilleur service que nous puissions
rendre à l'humanité. (10)
Le moment
est venu d’assumer collectivement, de façon décidée et sans équivoque, l’appel
évangélique à la solidarité. (20)
XIX Chapitre Général, Solidarité, 10, 20
Nous
rejoignons les jeunes là où ils sont. Nous allons avec hardiesse dans des
milieux peut-être inexplorés, où l'attente du Christ se révèle dans la pauvreté
matérielle et spirituelle. Dans nos rencontres, nous leur manifestons une
attention empreinte d'humilité, de simplicité et d'oubli de soi.
Nous leur
présentons le Christ, la Vérité qui rend libre, lui qui appelle chacun par son
nom. Nous les aidons à découvrir leur vocation dans l'Eglise et dans le monde.
Nous demeurons disponibles à l'Esprit-Saint qui nous interpelle par les
réalités de leur vie et qui nous pousse à des actions courageuses.
Constitutions, 83
Discerner
les appels
La
fidélité à notre mission exige une attention continuelle aux signes des temps,
aux appels de l'Eglise et aux besoins de la jeunesse. Cette attention nous
facilite l'adaptation des structures et la prise de décisions courageuses,
parfois inédites. Le choix de nos options apostoliques se fait dans le
discernement communautaire et avec la médiation des Supérieurs.
Constitutions, 168
3.7
La transformation de nos oeuvres
Il faut
chercher comment transformer nos oeuvres de façon qu'elles répondent aux
attentes de l'Eglise et aux besoins des jeunes; de façon qu'elles nous aident à
être vraiment ce à quoi nous avons été appelés et ce pourquoi nous avons engagé
nos vies: des apôtres de Jésus Christ, des disciples de Champagnat.
Frère Benito Arbues, "Avancer sereinement mais
sans tarder", 31
3.8
Prendre des risques
Ayons
l'audace de quitter certaines sécurités pour nous rendre plus proches des
petits et des pauvres. Ne craignons pas de rejoindre tous ceux qui sont
"aux frontières".
XIX Chapitre Général, Message, 20
Au cours
des temps modernes, l'activité missionnaire s'est surtout déroulée dans des
régions isolées, éloignées des centres civilisés et inaccessibles par suite des
difficultés de communication, de langue, de climat. Aujourd'hui, l'image de la
mission "ad gentes" est peut-être en train de changer: ses lieux
privilégiés devraient être les grandes cités où apparaissent des moeurs
nouvelles et de nouveaux modèles de vie, de nouvelles formes de culture et de
communication qui, ensuite, influent sur l'ensemble de la population. Il est
vrai que le "choix des plus petits" doit conduire à ne pas ignorer
les groupes humains les plus marginaux ou les plus isolés, mais il n'en est pas
moins vrai que l'on ne peut évangéliser les personnes ou les petits groupes en
négligeant les centres où naît, pour ainsi dire, une humanité nouvelle avec de
nouveaux modèles de développement. L'avenir des jeunes nations est en train de
se forger dans les villes.
En parlant
de l'avenir, on ne peut oublier les jeunes qui, dans de nombreux pays,
constituent déjà plus de la moitié de la population. Comment faire parvenir le
message du Christ aux jeunes non chrétiens qui sont l'avenir de continents
entiers? A l'évidence, les moyens ordinaires de la pastorale ne suffisent plus:
il faut des associations et des institutions, des groupes et des centres de
jeunes, des initiatives culturelles et sociales pour les jeunes.
Redemptoris Missio, 37 (b)
3.9
Le sens de l’urgence
Il est
important de créer de nouvelles présences qui soient des points de référence
pour re-créer notre vie en mission selon le charisme du Père Champagnat. La
refondation de l’Institut a besoin de ces fondations qui rendent visible et
actuelle l’intuition du Père Champagnat sensible aux besoins de son temps,
surtout à l’ignorance religieuse et aux situations de pauvreté des enfants et
des jeunes (cf. C 2). Je sais qu’il est difficile de penser à tout cela quand
nous constatons nos limites en ressources humaines. C’est là que l’on peut
juger, je crois, de la force ou de la faiblesse de notre foi.
Frère Benito Arbues, "Avancer sereinement mais
sans tarder", 31
". .
Nos pensées vont aux jeunes générations qui sont hors du circuit scolaire, aux
130 millions d’enfants et d’adolescents qui ne peuvent pas fréquenter l’école
et aux 100 millions ou davantage qui abandonnent l’école avant d’avoir terminé
leurs études (cf UNESCO. Rapport de la Commission internationale sur
l’Education pour le XXI° siècle, 1996). Cette réalité, ajoutée à la pauvreté
des familles, devrait vous décider à orienter courageusement votre charisme, né
du feu de la charité , dans de nouvelles fondations où les diverses formes de
pauvreté sont les plus criantes et dans des réponses éducatives adaptées aux
nouveaux besoins de la formation intégrale des jeunes.
Lettre de la Congrégation de l’Education aux Supérieurs généraux, 1996, 11
Le
Chapitre demande à l'Institut de s'engager prioritairement avec les plus
pauvres.
Chaque
Province engagera un processus de discernement. Suite à ce discernement, elle
mettra en oeuvre, dans les quatre années à venir, au moins un projet
significatif d'une présence mariste auprès des enfants et des jeunes les plus
délaissés. Ce projet sera élaboré et réalisé en collaboration avec des Laïcs.
XIX Chapitre Général, Message, 27
Nous
croyons que l'option préférentielle pour les pauvres est un impératif
évangélique qui nous engage à travailler dans notre mission d'éducateurs pour
la promotion de la justice (C 34) et qui nous donne la hardiesse d'aller dans
des milieux peut-être inexplorés. (C 83) et parce qu'aujourd'hui davantage
qu'hier, malgré les progrès de la technique, le nombre d'analphabètes augmente
sans cesse, nous nous sentons appelés à mettre l'accent sur la solidarité comme
dimension essentielle de notre éducation et à mettre nos oeuvres au service des
pauvres. (9)
Engager
les responsables à tous les niveaux à privilégier les nouveaux projets destinés
aux enfants et aux jeunes défavorisés. (14)
Engager
toutes les unités administratives à plus de collaboration entre elles en
permettant une plus grande mobilité des Frères quand un projet de solidarité le
demande. (15)
XIX Chapitre Général, Solidarité, 9, 14, 15
4: Nous sommes semeurs de Bonne
Nouvelle
4.1
La Mission de l’Institut
Dans ses
instructions, il revenait toujours sur ce sujet. "Faire connaître
Jésus-Christ, faire aimer Jésus-Christ, répétait-il sans cesse, voilà la fin de
votre vocation, et le but de l'Institut....
Dans une
foule de lettres, il leur fait les mêmes recommandations, les engageant à
rappeler sans cesse aux enfants combien Jésus-Christ les a aimés, et combien,
par conséquent, ils étaient obligés de l'aimer.
Vie, VI, p. 340
4.3
Nous éduquons, nous évangélisons
En effet,
on ne parle pas ici du professeur comme d’un professionel qui se borne à
communiquer de façon systématique dans l’école une série de connaissances, mais
de l’éducateur, du formateur d’hommes.
Le Laïc Catholique Témoin de la Foi Dans L'Ecole, 16
4.4
Formation intégrale de la personne humaine et développement social
En
recevant et en annonçant l'Evangile dans la force de l'Esprit, l'Eglise devient
une Communauté évangélisée et évangélisante, et par là, elle se fait la
servante des hommes. En son sein, les fidèles laïcs participent à la mission de
servir la personne et la société.
Ayant reçu
la charge de manifester au monde le mystère de Dieu qui resplendit en
Jésus-Christ, l'Eglise, en même temps, révèle l'homme à l'homme lui-même; elle
lui enseigne le sens de son existence, elle l'introduit dans la vérité totale
sur lui-même et sur son destin. Dans cette perspective, l'Eglise est appelée,
en vertu même de sa mission évangélisatrice, à servir l'homme. Ce service
s'enracine tout d'abord dans le fait prodigieux et bouleversant que, "par
son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni Lui-même à tout
homme".
C'est
pourquoi l'homme "est la première route que l'Eglise doit suivre pour
l'accomplissement de sa mission: il est la première route fondamentale de
l'Eglise, route tracée par le Christ, route qui passe à travers le mystère de
l'Incarnation et de la Rédemption".
Christifideles Laici, 36
La
formation intégrale de l'homme comme finalité de l'éducation comprend le
développement de toutes les facultés humaines de l'élève, sa préparation à la
vie professionnelle, la formation de son sens éthique et social, son ouverture
à la transcendance et son éducation religieuse. . .(17)
Tout
éducateur catholique a dans sa vocation un travail d'élaboration continue de
projet social, puisqu'il forme l'homme en vue de son insertion dans la société,
le préparant à prendre un engagement social visant à améliorer ses structures
en les rendant conformes aux principes évangéliques et à faire de la
coexistence entre les hommes une relation pacifique, fraternelle et
communautaire. Notre monde d'aujourd'hui. avec ses terribles problèmes de faim,
d'analphabétisme et d'exploitation de l'homme, de contrastes aigus dans le
niveau de vie des personnes et des pays, d'agressivité et de violence,
d'extension croissante de la drogue, de législation de l'avortement et, sous
beaucoup d'aspects, de sous-estimation de la vie humaine, exige que l'éducation
catholique développe en lui-même et cultive chez ses élèves une sensibilité
sociale affinée et une profonde responsabilité civile et politique. En fin de
compte, l'éducateur catholique est engagé dans la tâche de former des hommes
qui fassent de la "civilisation de l'amour" une réalité (19)
Le Laïc Catholique Témoin de la Foi dans L'Ecole, 17,
19
4.5
La Mission évangélisatrice de l’Eglise
Evangéliser,
pour l'Eglise, c'est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l'humanité
et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l'humanité elle-même:
Voici que je fais l'univers nouveau! . .des zones d’humanité qui se
transforment: pour l’Eglise dans des tranches géographiques toujours plus
vastes ou à des populations toujours plus massives, mais aussi d’atteindre et
comme de bouleverser par la force de l’Évangile les critèrres de jugement, les
valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources
inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en contraste avec
la Parole de Dieu et le dessein du salut.
Evangelii Nuntiandi, 18, 19
L’Eglise a
appris que les oeuvres orientées vers la justice et la promotion humaine sont
une part indispensable de sa mission évangélique.
Jean Paul II, aux évêques du Mexique à Puebla, 1979
Le
dialogue inter-religieux fait partie de la mission évangélisatrice de l’Eglise
. . .
Redemptoris Missio, 55
Une
conversion plus profonde de tous à Dieu
Dans ce
dialogue de salut, les chrétiens et les autres sont tous appelés à collaborer
avec l'Esprit du Seigneur ressuscité, Esprit qui est universellement présent et
agissant. . . Il parvient à un niveau beaucoup plus profond, celui-là même de
l'esprit, où l'échange et le partage consistent en un témoignage mutuel de ce
que chacun croit et une exploration commune des convictions religieuses
respectives. (40)
Etant
donné cet objectif, à savoir une conversion plus profonde de tous à Dieu, le
dialogue interreligieux possède sa propre valeur. . . Le dialogue sincère implique
d'une part que l'on accepte l'existence de différences et même de
contradictions, et d'autre part que l'on respecte la libre décision que les
personnes prennent en accord avec les impératifs de leur conscience. (41)
Dialogue et Annonce, 40,41
4.6
Le Royaume de Dieu
. . . Le
Royaume de Dieu est destiné à tous les hommes, car tous sont appelés à en être
les membres. Pour souligner cet aspect, Jésus s'est fait proche surtout de ceux
qui étaient en marge de la société, leur accordant sa préférence, lorsqu'il
annonçait la Bonne Nouvelle. . . La libération et le salut qu'apporte le
Royaume de Dieu atteignent la personne humaine dans ses aspects physiques et
spirituels. Deux gestes caractérisent la mission de Jésus: guérir et pardonner.
(14)
Le Royaume
doit transformer les rapports entre les hommes et se réalise progressivement,
au fur et à mesure qu'ils apprennent à s'aimer, à se pardonner, à se mettre au
service les uns des autres. . . C'est pourquoi la nature du Royaume est la
communion de tous les êtres humains entre eux et avec Dieu. Le Royaume concerne
les personnes humaines, la société, le monde entier. Travailler pour le Royaume
signifie reconnaître et favoriser le dynamisme divin qui est présent dans
l'histoire humaine et la transforme. Construire le Royaume signifie travailler
pour la libération du mal dans toutes ses formes. En un mot, le Royaume de Dieu
est la manifestation et la réalisation de son dessein de salut dans sa
plénitude. (15)
Il est
donc vrai que la réalité commencée du Royaume peut se trouver également au-delà
des limites de l'Eglise, dans l'humanité entière, dans la mesure où celle-ci
vit les "valeurs évangéliques " et s'ouvre à l'action de l'Esprit qui
souffle où il veut et comme il veut" (cf. Jn 3, 8); mais il faut ajouter
aussitôt que cette dimension temporelle du Royaume est incomplète si elle ne
s'articule pas avec le Règne du Christ, présent dans l'Eglise et destiné à la
plénitude eschatologique.
L'Eglise
est sacrement du salut pour toute l'humanité et son action ne se limite pas à
ceux qui acceptent son message. Elle est force dynamique sur le chemin de
l'humanité vers le Règne eschatologique, elle est signe et promotrice des
valeurs évangéliques parmi les hommes.
Redemptoris Missio, 14-15, 20
4.7
Le désir de Marcellin de conduire les enfants à Jésus
Dans ses
voyages, s'il rencontrait des enfants, aussitôt il liait conversation avec eux,
et après quelques instants d'entretien, il leur demandait avec bonté s'ils
avaient fait leur première communion et s'ils suivaient les catéchismes de
l'église; il s'informait adroitement s'ils connaissaient les mystères et les
autres vérités essentielles au salut, et les leur faisait répéter ou les leur
enseignait, sans qu'ils s'en doutassent. Souvent on l'a entendu dire: "Je
ne puis voir un enfant sans éprouver l'envie de lui faire le catéchisme, sans
désirer lui faire connaître combien Jésus-Christ l'a aimé, et combien il doit
son tour aimer ce divin Sauveur.
Vie, XX, p. 504
4.8
Présenter Jésus Christ
L'évangélisation
contiendra aussi toujours - base, centre et sommet à la fois de son dynamisme -
une claire proclamation que, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort
et ressuscité, le salut est offert à tout homme, comme don de grâce et
miséricorde de Dieu.
Evangelii Nuntiandi, 27
Notre
service de l'évangélisation vise à former de vrais disciples de Jésus-Christ.
Nous l'accomplissons d'abord par le témoignage de notre vie et par des contacts
où s'exerce notre capacité d'écoute et de dialogue.
Nous
donnons la préférence à la catéchèse. Nous nous dévouons de tout coeur à ce
ministère, selon nos aptitudes, confiants dans l'aide du Seigneur et la
protection de Marie. Nous portons un intérêt particulier aux mouvements
apostoliques de jeunes, qui constituent un complément à la catéchèse.
En raison
des liens profonds qui existent entre l'évangélisation et la promotion humaine
nous secourons ceux qui sont dans le besoin et coopérons avec les artisans de
justice et de paix dans le monde.
Constitutions, 86
4.10
Jésus nous révèle ce que doit être l’homme complet
En
réalité, le Mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du
Verbe Incarné . . . "Image du Dieu invisible"(Col 1:15). Il est
l'Homme parfait. . . Car, par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque
sorte uni Lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme. Il a
pensé avec une intelligence d'homme. Il a agi avec une volonté d'homme. Il a
aimé avec un coeur d'homme. Né de la Vierge Marie, Il est vraiment devenu l'un
de nous , en tout semblable à nous, hormis le péché.
Gaudium et Spes, 22
4.14
Apôtres des jeunes
En fondant
son Institut, le Père Champagnat ne se proposait pas seulement de procurer aux
enfants l'instruction primaire, ni même de les instruire des vérités de la
religion, mais encore de leur donner l'éducation dans le sens que nous venons
d'attacher à ce mot. "S'il ne s'agissait, disait-il, que d'enseigner les
sciences humaines aux enfants, les Frères ne seraient pas nécessaires; car les
maîtres d'école suffiraient à cette tâche. Si nous ne prétendions que donner
l'instruction religieuse, nous nous contenterions d'être de simples
catéchistes, de réunir une heure chaque jour les enfants et de leur faire
répéter les vérités chrétiennes. Mais notre but est de faire mieux; nous
voulons élever les enfants, c'est-à-dire les instruire de leurs devoirs, leur
apprendre à les pratiquer, leur donner l'esprit, les sentiments du
christianisme, les habitudes religieuses, les vertus du chrétien et du bon
citoyen.
Vie, XXIII, p. 547
L'instituteur
participe essentiellement à ce qu'il y a de plus noble dans la paternité
divine.
ALS, XLI, p.420
Que
l'éducation soit un apostolat et comme un sacerdoce, ce fut toujours la pensée
de l'Eglise.
ALS, XLI, p. 421
4.15
Education intégrale
Elever un enfant,
ce n'est pas lui apprendre à lire, à écrire, et l'initier aux diverses
connaissances qui constituent l'enseignement primaire. Cet enseignement
suffirait à l'homme, s'il n'était que pour ce monde; mais il a une tout autre
destinée: il est pour le ciel, pour Dieu; et c'est pour le ciel et pour Dieu
qu'il faut l'élever. Elever un enfant, c'est donc lui faire connaître cette
haute et sublime destinée, c'est lui donner les moyens de l'atteindre; en un
mot, élever un enfant, c'est en faire un bon chrétien et un vertueux citoyen.
Vie, XXIII, p. 547
4.16
Vision de la personne humaine et du monde
Toute
éducation est donc guidée par une conception déterminée de l'homme. Dans le
monde pluraliste d'aujourd'hui, l'éducateur catholique est appelé à se guider
consciencieusement dans sa tâche d'après la conception chrétienne de l'homme en
communion avec le magistère de l'Eglise. Une conception qui, incluant la
défense des droits de l'homme, place celui-ci dans la dignité de fils de Dieu:
dans la liberté la plus pleine, libéré du péché par le Christ lui-même; dans la
destinée la plus haute, la possession, définitive et totale de Dieu par
l'amour. Elle le met dans la relation de solidarité la plus étroite avec les
autres hommes par l'amour fraternel et la communauté ecclésiale; elle le porte
au développement les plus haut de tout ce qui est humain, car il a été
constitué seigneur du monde par son propre Créateur; elle lui donne enfin comme
modèle et comme but le Christ, Fils de Dieu incarné. Homme parfait, dont l'imitation
peut nous rendre certain qu'il rend l'homme plus homme. Il appartiendra
néanmoins à l'éducateur laïc de faire connaître existentiellement à ses élèves
que l'homme immergé dan le terrestre, celui qui mène la vie séculière et
constitue l'immense majorité de la famille humaine, est en possession d'une
dignité et d'une destinée si éminentes.
Le Laïc Catholique, 18
En quoi
consiste l’éducation de l’enfant ?
1.
c'est
éclairer son intelligence.
2.
c'est
redresser ses mauvaises inclinations.
3.
c'est
former son coeur.
4.
c'est
former sa conscience.
5.
c'est
le former à la piété.
6.
c'est
lui faire aimer la vertu et la religion.
7.
c'est
former sa volonté, . . . et lui apprendre à obéir.
8.
c'est
aussi et surtout, former son jugement.
9.
c'est
encore former et polir son caractère.
10. c'est exercer sur
lui une continuelle vigilance.
11. c'est lui inspirer
l'amour du travail.
12. c'est lui donner
les connaissances qui lui seront nécessaires dans sa position et sa condition.
13. c'est aussi
s'occuper du développement physique de l'enfant.
14. c'est lui donner
les moyens d'acquérir toute la perfection de son être, c'est faire de cet
enfant un homme complet.
ALS, XXXV, pp. 356-364
4.17
L'enfant acteur de son éducation
Dieu
occupe le premier rang dans l'éducation parce que l'enfant, pour travailler
personnellement à son éducation, a absolument besoin du secours de Dieu. La
piété est la première chose nécessaire à l'enfant pour faire l'œuvre de son
éducation . . .
L'enfant a
un travail opiniâtre à soutenir contre sa propre nature; on peut l'aider,
l'encourager, mais, en fin de compte, c'est à lui à déraciner le mal, à
cultiver le bien, à corriger ses défauts, et à développer ses qualités. .
ALS, XLI, pp. 428-429
4.18
Le respect des consciences
Une chose
des plus importantes dans l'éducation de l'enfant, c'est de lui faire aimer la Religion
et de le porter à en remplir
les devoirs par amour. . . Eviter la contrainte en fait de Religion. La Religion
ne s'impose pas par la force, elle doit pénétrer dans le cœur comme une douce
rosée. Jésus-Christ lui-même n'a rien voulu faire par contrainte: Si vous
voulez, disait-il, entrer dans la vie, observez les Commandements de Dieu. Il
est de la dernière importance de bien comprendre cela, car la contrainte morale
ne rend pas les enfants vertueux, mais hypocrites. . .
Guide (1853), pp. 100-101
4.19
Une attitude d’invitation
. . .
(L’éducateur), par conséquent, en homme expérimenté, accueille les élèves avec
sympathie et charité. Il les accepte comme ils sont. Il explique que doute et indifférence
sont des phénomènes communs et compréhensibles. Puis, il les invite amicalement
à rechercher et à découvrir ensemble le message évangélique, source de joie et
de sérénité. La personnalité et le prestige de l'enseignant seront de grande
utilité pour préparer le terrain.
La dimension religieuse de l’éducation, 71
4.20
Liberté et responsabilité
Au fond de
la conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée
lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le
presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun
résonne dans l'intimité de son coeur. Car c'est une loi inscrite par Dieu au
coeur de l'homme, . . . La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le
sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre.
Gaudium et Spes, 16
. . .Il
est nécessaire de faire parvenir l'évangile de la vie au coeur de tout homme et
de toute femme et de l'introduire dans les replis les plus intimes de la société
tout entière. (80)
Pour être
vraiment un peuple au service de la vie, nous devons, avec constance et
courage, proposer ce message dès la première annonce de l'évangile, et ensuite
dans la catéchèse et dans les diverses formes de prédication, dans le dialogue
personnel et en toute démarche éducative. . . nous trouverons également de
précieux points de rencontre et de dialogue avec les non-croyants, nous
engageant tous ensemble à faire éclore une nouvelle culture de la vie.
Evangelium Vitae, 80-82
4.21
Le dialogue de vie
. . . ce
qu’il est convenu d’appeler "le dialogue de la vie", à travers lequel
les croyants de diverses confessions témoignent les uns pour les autres, dans
l’existence quotidienne, de leurs valeurs humaines et spirituelles et
s’entraident à en vivre pour édifier une societé plus juste et plus
fraternelle.
Redemptoris Missio, 55
4.22
Inculturation
Le
processus d'insertion de l'Eglise dans les cultures des peuples demande
beaucoup de temps: il ne s'agit pas d'une simple adaptation extérieure, car
l'inculturation "signifie une intime transformation des authentiques
valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et
l'enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines".
C'est donc un processus profond et global qui engage le message chrétien de
même que la réflexion et la pratique de l'Eglise.
Par
l'inculturation, l'Eglise incarne l'Evangile dans les diverses cultures et, en
même temps, elle introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre
Communauté; elle leur transmet ses valeurs, en assumant ce qu'il y a de bon
dans ces cultures et en les renouvelant de l'intérieur.
Redemptoris Missio, 52,53
4.23
Evangéliser les cultures et la culture
Nous
pourrions exprimer tout cela en disant: il importe d'évangéliser - non pas de
façon décorative, comme par un vernis superficiel, mais de façon vitale, en
profondeur et jusque dans leurs racines - la culture et les cultures de
l'homme. . . partant toujours de la personne et revenant toujours aux rapports
des personnes entre elles et avec Dieu. La rupture entre Evangile et culture
est sans doute le drame de notre époque. . .
Evangelii Nuntiandi, 20
Foi,
Culture et Vie
Evangéliser
la culture et les cultures de l'homme:
Le service
de la personne et de la société humaine se traduit et se réalise à travers la
création et la transmission de la culture,. . . En ce sens, la culture doit
être considérée comme le bien commun de chaque peuple, l'expression de sa
dignité, de sa liberté et de sa créativité, le témoignage de son cheminement
historique. En particulier, c'est seulement à l'intérieur et par le moyen de la
culture que la foi chrétienne devient historique et créatrice d'histoire.
En face
d'une culture qui se présente comme détachée non seulement de la foi chrétienne
mais même des valeurs humaines, comme aussi devant une certaine culture
scientifique et technologique impuissante à fournir une réponse à la demande de
vérité et de bien qui brûle dans le coeur des hommes, l'Eglise a pleinement
conscience qu'il est urgent, du point de vue pastoral, de réserver à la culture
une attention toute particulière.
C'est
pourquoi l'Eglise demande aux fidèles laïcs d'être présents, guidés par le
courage et la créativité intellectuelle, dans les postes privilégiés de la
culture, comme le sont le monde de l'école et de l'université, les centres de
la recherche scientifique et technique, les lieux de la création artistique et
de la réflexion humaniste. Cette présence a pour but non seulement de
reconnaître et éventuellement de purifier les éléments de la culture existante,
en les soumettant à une sage critique, mais aussi à accroître leur valeur,
grâce aux richesses originales de l'Evangile et de la foi chrétienne.
Christifideles Laici, 44
". .
.. Par leur consécration propre, par leur expérience particulière des dons de
l'Esprit, par leur écoute assidue de la Parole et par la pratique du
discernement, par le riche patrimoine de traditions éducatives constitué dans
le temps par leur Institut, par la connaissance approfondie des vérités d'ordre
spirituel (cf. Ep 1,17), les personnes consacrées sont en mesure de mener une
action éducative particulièrement efficace, en apportant une contribution
spécifique aux démarches des autres éducateurs et éducatrices.
Fortes de
ce charisme, elles peuvent créer des cadres éducatifs pénétrés par l'esprit
évangélique de liberté et de charité, où les jeunes seront aidés à croître en
humanité sous la conduite de l'Esprit. La Communauté éducative devient ainsi une
expérience de communion et un lieu de grâce, où le projet pédagogique contribue
à unir en une synthèse harmonieuse le divin et l'humain, l'Evangile et la
culture, la foi et la vie."
Vita Consecrata 96
4.24
Voir
3.5
4.26
Les jeunes, espoir de l'Eglise
Aux
personnes de notre siècle, à vous tous, chers jeunes, qui avez faim et soif de
vérité, l’Eglise se présente pour être votre compagnon de voyage. Elle présente
l’éternel message de l’Evangile et vous invite à une tâche apostolique
exaltante: être les acteurs de la Nouvelle Evangélisation.
Fidèle
gardienne et responsable de la richesse de la foi que lui a transmise le
Christ, l’Eglise est prête à entrer en dialogue avec la nouvelle génération
pour répondre à ses besoins et à ses attentes et pour trouver, dans un dialogue
franc et ouvert, le chemin le plus approprié vers la source du salut divin…
A vous,
les jeunes, vous est confiée de manière toute particulière, la tâche d’être des
semeurs d’espérance et de paix (cf.Mt 5:6) dans un monde qui a de plus en plus
besoin de témoins crédibles et de messagers authentiques. Sachez parler au cœur
de vos contemporains qui ont soif de vérité et de bonheur et qui sont, même
inconsciemment parfois, des éternels chercheurs de Dieu.
Message du Pape Jean Paul II aux jeunes , 4.5.1993
Le Synode
a voulu réserver une attention particulière aux jeunes. Et très justement. En
beaucoup de pays du monde, ils représentent la moitié de la population totale,
et, souvent, la moitié en chiffre du peuple de Dieu lui-même qui vit dans ces
pays. Sous cet aspect, les jeunes forment déjà une force exceptionnelle et sont
un grand défi pour l'avenir de l'Eglise.
Les jeunes
gens ne doivent pas être regardés simplement comme l'objet de la sollicitude
pastorale de l'Eglise: ils sont en fait, et ils doivent être encouragés à
"devenir des sujets actifs, qui prennent part à l'évangélisation et à la
rénovation sociale". La jeunesse est le temps d'une découverte
particulièrement intense du propre "moi" et du propre "projet de
vie"; c'est le temps d'une croissance qui doit se réaliser "en
sagesse, âge et grâce devant Dieu et devant les hommes" (Lc 2, 52).
L'Eglise a
tant de choses à dire aux jeunes et les jeunes ont tant de choses à dire à
l'Eglise.
Christifideles Laici, 46
4.27 La présence
de Dieu dans les personnes et dans les traditions religieuses au-delà de
l’Eglise
. . . il
n'est pas possible de se limiter aux deux mille ans écoulés depuis la naissance
du Christ. Il faut remonter en arrière, embrasser aussi toute l'action de
l'Esprit Saint avant le Christ - depuis le commencement - dans le monde entier
et spécialement dans l'économie de l'Ancienne Alliance. Cette action, en effet,
en tout lieu et en tout temps, même en tout homme, s'est accomplie selon
l'éternel dessein de salut, dans lequel elle est étroitement unie au mystère de
l'Incarnation et de la Rédemption; . .
Mais, . .
, nous devons aussi porter plus loin notre regard et avancer "vers le
large", en sachant que le vent souffle où il veut". . . Le Concile
Vatican II, nous rappelle que l'Esprit Saint agit aussi "à
l'extérieur" du corps visible de l'Eglise. Il parle justement de
"tous les hommes de bonne volonté, dans le coeur desquels, invisiblement,
agit la grâce".
Dominum et Vivificantem, 53
Dieu
appelle à lui toutes les nations dans le Christ, il veut leur communiquer la
plénitude de sa révélation et de son amour, il ne manque pas non plus de
manifester sa présence de beaucoup de manières, non seulement aux individus
mais encore aux peuples, par leurs richesses spirituelles dont les religions
sont une expression principale et essentielle, bien qu'elles comportent
"des lacunes, des insuffisances et des erreurs".
Redemptoris Missio, 55
4.28
La prière des croyants de confessions différentes
Toute prière authentique est sous l’action de l’Esprit-Saint "qui
intercède avec force pour nous. , parce que nous ne savons pas prier comme il
faut". Celui qui sonde les cœurs sait quels sont les désirs de l’Esprit"
.(cf. Rom. 8:26-27).. Nous pouvons donc affirmer que toute prière authentique
est inspirée par l’Esprit-saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de
chacun .
Du Pape Jean Paul II à la Curie romaine après la
Journée de Prière pour la paix à Assise,
Bulletin du Secrétariat
pour les Non-Chrétiens 11.1987
4.29
Le salut de ceux qui ne reconnaissent pas Jésus comme Sauveur
Le mystère
du salut les atteint, néanmoins, par des voies connues de Dieu, grâce à
l'action invisible de l'Esprit du Christ. Concrètement, c'est dans la pratique
sincère de ce qui est bon dans leurs traditions religieuses et en suivant les
directives de leur conscience, que les membres des autres religions répondent
positivement à l'appel de Dieu et reçoivent le salut en Jésus Christ même s'ils
ne le reconnaissent et ne le confessent pas comme leur Sauveur.
Dialogue et Annonce, 29
4.30
Construire l’unité chrétienne
Tout cela
est extrêmement important et a une portée fondamentale pour l'action
œcuménique. Il en résulte indubitablement que l'oecuménisme, le mouvement pour
l'unité des chrétiens, n'est pas qu'un "appendice" quelconque qui
s'ajoute à l'activité traditionnelle de l'église. Au contraire, il est partie
intégrante de sa vie et de son action, et il doit par conséquent pénétrer tout
cet ensemble. . .
L'amour
est le courant très profond qui donne vie et force à la marche vers l'unité.
Cet amour trouve son expression la plus accomplie dans la prière commune. ..
Enfin, la communion
de prière amène à porter un nouveau regard sur l'Eglise et sur le
christianisme.
Ut Unum Sint, 20 -28
4.31
Un seul Dieu, un Seul Christ, des chemins convergents
Le
dialogue . . .: il est demandé par le profond respect qu'on doit avoir envers
tout ce que l'Esprit, qui "souffle où il veut", a opéré en l'homme.
Grâce au dialogue, l'Eglise entend découvrir les "semences du Verbe",
les "rayons de la vérité qui illumine tous les hommes", semences et
rayons qui se trouvent dans les personnes et dans les traditions religieuses de
l'humanité.
Redemptoris Missio, 56
Les
relations de l’Eglise avec les musulmans
Mais le
dessein du salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi
eux, d'abord, les Musulmans qui, en déclarant qu'ils gardent la foi d'Abraham,
adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au
denier jour.
Lumen Gentium, 16
4.32
La diversité de contextes religieux
. . . En
considérant le monde d'aujourd'hui du point de vue de l'évangélisation, nous
pouvons distinguer trois situations.
Tout
d'abord, celle à laquelle s'adresse l'activité missionnaire de l'Eglise: des
peuples, des groupes humains, des contextes socio-culturels dans lesquels le
Christ et son Evangile ne sont pas connus, ou dans lesquels il n'y a pas de
Communautés chrétiennes assez mûres pour pouvoir incarner la foi dans leur
milieu et l'annoncer à d'autres groupes. Telle est, à proprement parler, la
mission ad gentes.
Il y a ensuite
des Communautés chrétiennes aux structures ecclésiales fortes et adaptées, à la
foi et à la vie ferventes, qui rendent témoignage à l'Evangile de manière
rayonnante dans leur milieu et qui prennent conscience du devoir de la mission
universelle. En elles s'exerce l'activité pastorale de l'Eglise.
Il existe
enfin une situation intermédiaire, surtout dans les pays de vieille tradition
chrétienne mais parfois aussi dans les Eglises plus jeunes, où des groupes
entiers de baptisés ont perdu le sens de la foi vivante ou vont jusqu'à ne plus
se reconnaître comme membres de l'Eglise, en menant une existence éloignée du
Christ et de son Evangile. Dans ce cas, il faut une "nouvelle
évangélisation" ou une "réévangélisation".
Redemptoris Missio, 33
4.33
L’enfant
1.
C'est
la créature visible la plus noble et la plus parfaite; c'est "le plus
grand miracle de Dieu, dit saint Augustin. . .
2.
L'enfant
est l'image et la ressemblance de Dieu. Comme Dieu, il est trinité ; il a la
vie, l'intelligence, la raison et l'amour ; ces qualités constituent le fond de
son être. Semblable au Père, il a l'être; semblable au Fils, il a
l'intelligence ; semblable au Saint-Esprit, il a l'amour; semblable au Père, au
Fils et au Saint-Esprit, il a dans son être, dans son intelligence, dans son
amour, une même félicité et une même vie. . .
3.
L'enfant,
c'est le fils de Dieu; c'est le fils du Très-Haut. (Ps. LXXXI, 6.) Oui, tout
petit, tout faible, tout infirme que vous paraît cet enfant, il n'a pas
seulement le nom d'enfant de Dieu, mais il l'est dès à présent sous ces
haillons qui le couvrent. . .
4.
L'enfant,
c'est la conquête et le prix du sang du Dieu Saveur, c'est le membre et le
frère de Jésus-Christ; c'est le temple du Saint-Esprit, et l'objet des
complaisances de Dieu. . .
5.
L'enfant
est l'espérance du ciel, c'est l'ami et le frère des Anges et des Saints, C'est
l'héritier du royaume céleste et des palmes éternelles. . .
6.
L'enfant,
c'est ce qu'il y a de plus aimable et de plus beau sur la terre, c'est la fleur
et l'ornement du genre humain, dit saint Macaire. . .
7.
L'enfant,
c'est votre frère, votre semblable, et l'os de vos os, c'est un autre
vous-même. . .
8.
L'enfant,
c'est le champ que Dieu vous a donné à cultiver ; c'est un tendre rejeton, une
faible plante, mais qui sera un jour un grand arbre chargé de tous les fruits
de vertus, et projetant au loin son ombre glorieuse.
9.
L'enfant,
c'est un faible ruisseau, une source naissante, mais qui deviendra peut-être un
fleuve majestueux, si vous, semblable à cet habile fontainier dont parlent les
saints Livres, avez soin, de diriger ses eaux dociles, et ne souffrez jamais
que les eaux étrangères, impures ou amères, viennent troubler leur cours.
10. L'enfant, c'est le
sujet de vos travaux, de vos fatigues et l'exercice de vos vertus. L'enfant
sera votre consolation à la mort, votre défense au jugement de Dieu, votre
couronne et votre gloire dans le ciel.
11. L'enfant, c'est la
bénédiction de Dieu, c'est l'espérance de la terre dont il est déjà la richesse
et le trésor, dont il sera un jour la force et la gloire. . .
12. L'enfant, en un
mot, c'est le genre humain, c'est l'humanité tout entière, c'est l'homme, rien de
plus, rien de moins: il a droit à tous les respects, et il les doit à son tour.
Voilà ce que c'est que l'enfant que vous devez respecter.
ALS, pp. 386-390.
4.35
Le travail de l’Esprit
On peut
dire que l'Esprit Saint est l'agent principal de l'évangélisation: c'est lui
qui pousse chacun à annoncer l'Evangile et c'est lui qui dans le tréfonds des
consciences fait accepter et comprendre la Parole du salut. Mais l'on peut dire
également qu'il est le terme de l'évangélisation: lui seul suscite la nouvelle
création, l'humanité nouvelle à laquelle l'évangélisation doit aboutir, avec
l'unité dans la variété que l'évangélisation voudrait provoquer dans la
Communauté chrétienne. A travers lui l'Evangile pénètre au coeur du monde car
c'est lui qui fait discerner les signes des temps - signes de Dieu - que
l'évangélisation découvre et met en valeur à l'intérieur de l'histoire.
Evangelii Nuntiandi, 75.
4.36
L’Espirt renouvelle la face de la terre
L'Esprit
est aussi pour notre époque l'agent principal de la nouvelle évangélisation. Il
importera donc de redécouvrir l'Esprit comme Celui qui construit le Royaume de
Dieu au cours de l'histoire et prépare sa pleine manifestation en Jésus Christ,
en animant les hommes de l'intérieur et en faisant croître dans la vie des
hommes les germes du salut définitif qui adviendra à la fin des temps.
Tertio Millenio Adveniente, 45
4.37
Le renouveau de l’Eglise
La Société
(de Marie) doit recommencer une nouvelle Eglise. Je n'entends me servir de cette expression pas dans
le sens littéral qu'elle offre; ce serait impie; mais en quelque sorte, oui,
nous devons recommencer une nouvelle Eglise. La Société de Marie, comme l'Eglise,
commence par des hommes simples, peu instruits, puis elle s'est développée,
elle a tout embrassé.
P. Colin, Origines Maristes, Vol. 2, 632
4.38
Confiance en Dieu
Il n’y a
pas de vertu que le Père Champagnat ait tant recommandée à ses Frères que la
confiance en Dieu. Il a commenté des milliers de fois les deux premiers versets
du psaume, Si le Seigneur ne bâtit la maison. . ., et les explications
qu’il en a données formeraient des volumes.
Vie, III, p. 299
4.39
Confiance en Marie
"C'est
votre oeuvre, lui dit-il, c'est vous qui nous avez réunis, malgré les
contradictions du monde, pour procurer la gloire de votre divin Fils; si vous
ne venez à notre secours, nous périrons, nous nous éteindrons, comme une lampe
qui n'a pas d'huile. Mais si cette oeuvre périt, c'est n'est pas notre oeuvre
qui périt, c'est la vôtre, car c'est vous qui avez tout fait chez nous; nous
comptons donc sur vous, sur votre puissant secours, et nous y compterons
toujours."
Vie, IX, p. 97
4.41
Le sens de l’appel
Mes chers
Frères, nous disait-il un jour, que votre emploi est élevé aux yeux de Dieu!
Que vous êtes heureux d'avoir été choisis pour une fonction si noble! Vous
faites ce que Jésus-Christ a fait sur la terre; vous enseignez les mêmes
mystères, les mêmes vérités; Elever un enfant, c'est-à-dire, l'instruire des
vérités de la religion, le former à la vertu et lui apprendre à aimer Dieu,
c'est une fonction plus sublime et plus élevée que celle de gouverner le monde!
Vie, XX, p. 509
L'éducateur
coopérateur de Dieu
"Paul
plante, Apollon arrose", les pédagogues font ce qu'ils peuvent; mais celui
qui plante, pas plus que celui qui arrose, n'est rien. Il n'y en a qu'un seul
qui compte véritablement dans l'éducation de l'homme; c'est celui qui donne
l'accroissement, c'est-à-dire, celui qui développe, fortifie, éclaire, élève,
et celui-là, c'est Dieu. . .
L'instituteur
n'est donc que le coopérateur de Dieu dans l'œuvre de l'éducation; mais pour
être apte à coopérer avec Dieu, il est évident qu'il faut lui être très uni et
participer largement à son
esprit.
ALS, XLI, p. 427
L'enfant
nous est confié par Dieu
Figurez-vous,
au moment où l'on vous confie un enfant, Jésus-Christ vous disant, comme la
fille de Pharaon au sujet de Moïse qu'elle venait de retirer du Nil: Reçois cet
enfant, élève-le pour moi, je t'en donnerai la récompense. C'est ce que j'ai de
plus précieux sur la terre; je te le confie. .
.
ALS, XLI, p. 428
5: Dans un style mariste spécifique
5.1
La "Règle d’Or" de l’éducateur Mariste.
"Pour
bien élever les enfants, il faut les aimer et les aimer tous également. Or,
aimer les enfants, c'est se dévouer tout entier à leur instruction, et prendre
tous les moyens qu'un zèle industrieux est capable de suggérer pour les former
à la vertu et à la piété.
Vie, XXIII, p. 550
Education
et amour des enfants
Pour
réussir dans le noble ministère d'instituteur, il faut estimer cet emploi, il
faut aimer les enfants. Il faut mettre toute la puissance de son être, tout son
esprit, tout son coeur, toute son activité, sa vie entière dans
l'accomplissement de son devoir. Il ne faut pas se partager, c'est-à-dire,
s'affaiblir et se diviser soi-même. Toutes les affections, toutes les
sollicitudes de l'instituteur doivent être pour ses élèves. S'il accomplit sa
mission comme on fait un métier, ou à la façon d'un mercenaire; s'il n'aime pas
ses fonctions, ses élèves ; s'il ne se donne pas tout entier à leur éducation,
il ne fait rien de bon.
L'éducation
n'est ni la discipline ni l'enseignement ; elle ne se fait pas par des cours de
civilité ni même de religion ; mais par les rapports journaliers, continuels
des élèves avec leurs maîtres, par les avis personnels, les observations de
détails, les encouragements, les reproches, les leçons de tous genres
auxquelles donnent lieu ces rapports non interrompus
Mais pour
cultiver ainsi ces jeunes âmes, une à une, avec l'assiduité que réclament leurs
besoins et leur faiblesse, il faut aimer les enfants. Quand on les aime, on
fait plus pour eux, on fait mieux, avec moins de peine et plus de succès.
Pourquoi cela?
Parce que
les paroles et les actions inspirées par une affection véritable portent avec
elles une vertu spéciale, pénétrante, irrésistible. Un maître qui aime, peut
avertir et conseiller ; l'amour qui respire dans ses paroles leur donne plus de
grâce et de force ; on reçoit ses avis comme des témoignages d'amitié, et on
les suit avec docilité. Un maître qui aime, peut reprendre et punir, car, dans
ses sévérités, il n'y a ni prévention ni rigueur ; aussi l'élève est plus fâché
d'avoir contristé son maître dont il se sait aimé, que du châtiment. qu'il
s'est attiré.
Aimez donc
vos enfants ; combattez sans relâche l'indifférence, la lassitude, les dégoûts
que leurs fautes excitent si aisément. Sans fermer les yeux sur leurs défauts
puisque vous devez les corriger, ni sur leurs fautes puisque souvent vous devez
les punir, pensez aussi à tout ce que vos enfants ont de qualités aimables et
dignes de votre intérêt ; voyez l'innocence qui brille sur leur visage et leur
front serein, la naïveté de leurs aveux, la sincérité de leur repentir, bien
qu'il soit peu durable, la franchise de leurs résolutions, quoique sitôt
violées, la générosité de leurs efforts, quoique rarement soutenus. Sachez-leur
gré du bien même imparfait qu'ils accomplissent et, de tout le mal qu'ils ne
commettent pas.
Enfin, et
quoi qu'ils fassent, continuez à les aimer tant qu'ils sont avec vous; puisque
c'est le seul moyen de travailler avec fruit à leur réforme. Aimez-les tous
également. Point de proscrits et point de favoris ou plutôt, que tous puissent
se croire favoris. et privilégiés en recevant des témoignages individuels de
votre affection.
Qui vous a
confié ces enfants? Dieu et leurs familles.
Or, Dieu
est tout amour pour les hommes, et quiconque gouverne en son nom doit imiter sa
providence et partager son amour. Les pères et les mères vous ont confié ces
enfants, mais ignorez-vous que le coeur d'un père, d'une mère est un foyer
inépuisable d'amour ? Au nom de Dieu et des familles, aimez donc ces enfants, et
alors seulement vous serez dignes et capables de les
élever.
ALS, pp. 431-433
5.3
Présence parmi les jeunes.
Mon bien
cher frère Barthelemy et votre cher collaborateur,
. . .Je
sais aussi que vous avez un bon nombre d'enfants, vous aurez par conséquent un
bon nombre de copies de vos vertus, car c'est sur vous que vos enfants se
forment, c'est d'après vos exemples, qu'ils ne manquent de régler leur
conduite. Que votre occupation est relevée, quelle est sublime! vous êtes
continuellement avec ceux avec qui Jésus Christ faisait ses délices, puisqu'il
défendait expressément à ses disciples d'empêcher les enfants de venir à lui.
Et vous, mon cher ami, non seulement vous ne voulez pas les empêcher, mais vous
faites tous vos efforts pour les lui conduire. Ho! que vous en serez bien reçu
de ce divin maître, ce maître libéral qui ne laisse pas un verre d'eau froide
sans récompense. Dites à vos enfants que Jésus et Marie les aiment bien tous. .
. Que je voudrais avoir le bonheur d'enseigner, de consacrer d'une manière plus
immédiate mes soins à former ces tendres enfants.
Champagnat
Lettre 14
De toutes
les leçons que vous pouvez et que vous devez donner à vos élèves, la première,
la principale, la plus méritoire pour vous, la plus efficace pour eux, c'est
votre exemple. L'instruction pénètre plus facilement, se grave plus
profondément par les yeux que par les
oreilles.
ALS, XLI, p. 424
5.4
Attentifs aux jeunes et disponibles à l'Esprit
Nous
rejoignons les jeunes là où ils sont. Nous allons avec hardiesse dans des milieux
peut-être inexplorés, où l'attente du Christ se révèle dans la pauvreté
matérielle et spirituelle. . .
Constitutions, 83
5.5
La discipline dans la tradition mariste
Qualité
essentielle d'une bonne discipline
. . . le
but que l'on se propose en disciplinant les enfants n'est pas de les faire
trembler ni de les soumettre par la force, mais de gagner leur cœur, de les
former à vertu et de les porter à remplir leurs devoirs par amour. Pour cela,
la Discipline doit être paternelle; si elle n'est pas telle, elle n'élève pas
l'enfant, et, au lieu de le rendre meilleur, elle le rend pire; si elle n'est
pas telle, elle est avilissante pour ceux qui la subissent, et plus avilissante
encore pour ceux qui la font subir. . .
Sans Religion,
au contraire, la Discipline n'est qu'une police toute matérielle . . .
L'amour
n'est pas moins nécessaire que la Religion, et un Maître qui ne sait pas aimer
les enfants, n'est pas propre à les élever. L'éducation est surtout l'œuvre du
cœur; le cœur dur, le mauvais cœur ne comprend rien à ce ministère tout de
charité, de douceur et de dévouement. Pour élever l'enfant, pour remplacer
auprès de lui son père et sa mère, il faut partager leur tendresse. . . .
Un Maître
qui aime, peut avertir et conseiller. . . Un Maître qui aime, peut reprendre et
punir. . C'est au Maître qui aime qu'on peut appliquer ces paroles de Saint
Augustin: Aimez et faites ce que vous voudrez; ce que fous ferez sera bien
fait, ce que vous direz sera bien accueilli, ce que vous désirez sera accompli
. .
Mais
l'amour qu'un Instituteur doit avoir pour ses enfants, n'est pas cet amour faux
qu'inspire une molle condescendance pour les caprices et les défauts. . .
Un Maître
doit témoigner son amour à ses enfants.
Guide (1853), pp. 74-77
Devoirs
des maîtres concernant les punitions
En ce qui
concerne les punitions, un Maître a trois devoirs à remplir : prévenir les
fautes, punir peu, se posséder en punissant.
Le premier
devoir des Maîtres "touchant la répression est de prévenir, par la
vigilance et par une conduite irréprochable, les infractions et les
manquements; car les enfants ne sont presque jamais coupables qu'il n'y ait de
la faute de ceux qui les conduisent."
Il faut de
plus qu'une pénitence soit elle-même juste, proportionnée à la faute,
charitable et prudente.
Guide, pp. 150-151
Moyens
pour assurer la discipline
La
surveillance elle-même qui prévient tant les fautes ne les empêche pas toutes.
Le maître doit. donc savoir peser sur la volonté de l'enfant, en se servant
tour à tour ou simultanément des divers moyens capables d'agir sur elle: appel
à la raison et à la conscience, louable émulation, désir des louanges et des
récompenses, crainte des punitions, etc.
Guide, p. 135
Prévenir
les fautes
. . . Pour
que les pénitences soient profitables, on ne doit en user que rarement et avec
une grande sagesse. . .
Le premier
devoir des Maîtres touchant la répression est donc de prévenir, par la
vigilance et par une conduite irréprochable, les infractions et les
manquements; car les enfants ne sont presque jamais coupables qu'il n'y ait
autant et souvent plus de la faute de ceux qui les conduisent que de la leur.
Les principaux moyens que les Maîtres doivent employer pour prévenir les fautes
sont: . .
2. De se
maintenir dans une grande égalité d'âme, d'avoir toujours un extérieur grave et
prévenant tout à la fois. Ce qui gâte tout dans une école, c'est un Maître
changeant, qui est tantôt dans la joie, tantôt dans la tristesse, qui exige
d'un moment à l'autre des choses différentes ou néglige dans un temps ce qu'il
a voulu dans un autre; qui agit comme par ressort ou par caprice, qui souffre
tout aujourd'hui et qui demain punit tout, ou qui passe tout aux uns et rien
aux autres.
3. De ne
jamais perdre de vue les enfants, de les tenir toujours occupés, d'être exact à
tout faire à l'heure; car rien ne retient mieux les enfants, ou ne les ramène
plus vite et plus sûrement au devoir, s'ils étaient tentés de s'en écarter, que
cette vigilance et cette ponctualité.
4. De leur
donner des avis à propos, de les instruire avec bonté de leurs devoirs, de les
reprendre avec douceur et fermeté, de ne jamais pousser à bout un enfant que
l'on voit de mauvaise humeur ou prêt à s'emporter, et de ne pas mettre ensemble
certains enfants qui ne pourraient s'empêcher de badiner.
Guide (1853), pp. 55-56
Punir
le moins possible
Il y a
aussi un grand nombre de fautes qu'il faut pardonner. . .
Il ne faut
jamais attaquer toute la classe en général, lorsqu'il est arrivé quelque faut
même grave. Ce qu'il y a à faire dans ces circonstances, c'est de tâcher (sic)
de découvrir les auteurs du désordre et de les punir comme ils le méritent.
S'il n'est pas possible de les connaître avec certitude, il faut dissimuler.
Les enfants sont des enfants, il y a des jours où l'on ne saurait deviner ce
qui les rend plus légers et plus inappliqués. Ce qu'il y a de mieux dans ces
moments, ce n'est pas de les pousser à bout, on ne ferait que les aigrir et les
irriter; mais de prendre patience et de les occuper à quelque chose de sérieux.
En se conduisant ainsi, on ne compromet jamais son autorité, on ne donne de
pénitence qu'avec réserve, qu'avec équité, et les enfants restent persuadés
qu'on ne les punit que par devoir, et parce qu'on les aime.
Guide (1853), pp. 56-57
Se
maîtriser en punissant
Dans les
réprimandes et les punitions, un Frère doit toujours posséder son âme en paix,
réprimer ses mouvements et tâcher d'être assez maître de lui-même pour ne
laisser paraître aucune passion, aucune marque d'humeur. Punir un enfant dans
un mouvement de colère, ce n'est plus correction, c'est vengeance. Les
châtiments que l'on impose avec calme et discrétion, sont mieux reçus et
produisent plus de fruit. Il faut même éviter de punir un écolier, lorsqu'on
éprouve en soi quelque agitation. Si on le fait les enfants s'aperçoivent que
l'agit par humeur et non par raison ni par amitié, et dès lors le Maître perd
son autorité sans ressource. Une Frère ne doit pas craindre de dire à un
enfant: "Je ne vous punis point aujourd'hui, ou dans ce moment, parce que
je suis fâché contre vous."
Guide (1853), pp. 60-61
Des
conditions que doit avoir une pénitence
Il ne
donnera jamais de pénitence ridicule ou qui puisse troubler l'ordre de la
classe. . . Toute pénitence pour être véritablement utile aux enfants doit
avoir les conditions suivantes:
Elle doit
être juste, proportionnée aux fautes, modérée, paisible, honnête, volontaire,
respectueuse, silencieuse.
Guide (1853), pp. 62-63
La
punition corporelle
Est-ce à
coups de férule, disait-il, qu'on élève les enfants et qu'on leur inspire
l'amour de la vertu? Non: c'est la raison, c'est la religion qui portent la
conviction dans l'esprit, qui tournent le coeur au bien, et non les châtiments.
Il est étrange que l'on se serve, pour élever les enfants, d'un moyen dont on
ne voudrait pas user à l'égard même des animaux . .
De pareils
moyens d'éducation outragent la dignité de l'homme, dégradent l'enfant, font
mépriser et détester celui qui les emploie, mettent le désordre dans l'école,
détruisent les sentiments d'amour, d'estime, de confiance et rendent inutiles
tous les soins donnés à l'enfant.
Vie, XXII, p. 541
De
l'expulsion
Comme
l'expulsion est le dernier et le plus terrible des châtiments, on ne doit en venir
à cette extrémité, toujours fâcheuse, que lorsqu'on a épuisé tous les autres
moyens. Il faut, pour une mesure aussi grave, prendre du temps pour examiner si
les raisons que l'on a de renvoyer sont assez fortes. . .
Guide (1853), p. 72
5.6
Etre simples
Dans nos
rencontres, nous leur manifestons une attention empreinte d’humilité, de
simplicité et d’oubli de soi.
Constitutions, 83
5.7
L’attitude de l’enseignant
L'instituteur
aussi, doit tirer du fond de son âme les idées vraies, les sentiments bons,
nobles, vertueux, tout ce qui constitue la vie morale. Si tout cela n'est que
dans ses paroles et non dans ses habitudes, ce ne sera qu'un vain bruit, une
lettre morte et non la vie qui engendre la vie.
ALS, XLI, p. 425
5.8
Humilité, Simplicité, Modestie
L'humilité
est un élément de base dans nos relations puisqu'elle est nécessaire pour voir
clair en soi-même. Elle suppose connaissance et acceptation de sa propre
vérité, donc honnêteté avec soi, absence de prétentions et d'illusions sur soi.
La simplicité concerne la manière dont nous vivons notre vérité, elle nous
donne une transparence personnelle qui permet à d'autres de nous connaître et
d'avoir des contacts avec nous tels que nous sommes. La modestie peut être
comprise comme le résultat de l'humilité et de la simplicité spécialement par
rapport à ce que nous manifestons aux autres: notre sensibilité à leur égard
dans ce que nous disons et faisons. Ces vertus maristes "marquent
d'authenticité et de bienveillance nos relations avec les Frères et avec ceux
que nous rencontrons".
Frère Charles Howard, Circulaire sur la Spiritualité
Mariste Apostolique, p. 502
5.9
Notre esprit de famille
Notre
pédagogie de la présence et notre esprit de famille prennent une grande
signification dans une société qui engendre souvent l'égoïsme, l'individualisme
et la solitude.
XIX Chapitre, Message, 12
En nous
appelant Frères, nous affirmons notre appartenance à une famille unie dans
l'amour du Christ.
Notre
esprit de famille prend modèle sur le foyer de Nazareth. Il est fait d'amour et
de pardon, d'entraide et de soutien, d'oubli de soi, d'ouverture aux autres et
de joie.
Constitutions, 6
5.10
Membres d’une famille où l’on s’aime
"Je
vous prie aussi, Mes bien chers Frères, de tout l'affection de mon âme et par
toute celle que vous avez pour moi, de faire en sorte que la sainte charité se
maintienne toujours parmi vous. Aimez-vous les uns et les autres comme
Jésus-Christ vous a aimés. Qu'il n'y ait parmi vous qu'un même esprit. Qu'on
puisse dire des Petits Frères de Marie, comme des premiers chrétiens: Voyez
comme ils s'aiment !.. .
Vie, XXII (1), 242
5.11
L'école mariste, une communauté éducative
Nous
partageons notre spiritualité et notre pédagogie avec les parents, les professeurs
laïques, et les autres membres de la communauté éducative. Le personnel
non-enseignant, par ses services, collabore étroitement à notre tâche
apostolique.
Nous nous
montrons Frères envers nos élèves, en même temps qu'éducateurs. En nous efforçant
de faire régner dans l'école un climat de cordialité et de participation, nous
aidons les jeunes à devenir les artisans de leur propre formation.
Constitutions, 88
5.12
Frères et sœurs des jeunes
. .
.L'esprit d'une école de Frères doit être un esprit de famille. Or, dans une
bonne famille, dans une famille bien réglée, ce sont les sentiments de respect,
d'amour de confiance réciproque qui dominent, et non la crainte des châtiments.
Vie, XXII, p. 543
5.13
Enthousiasme pour notre travail
(L’esprit
de famille) s'exprime et se construit d'une manière spéciale par l'amour du
travail, qui nous a toujours caractérisés.
Constitutions, 6
5.14
L’exemple de Marcellin
Le travail
ne fut pas jamais pour lui une peine, et dès son enfance il s'y livra avec
goût. Nous l'avons vu dans la maison de ses parents s'essayer à tout et réussir
à tout. . . .
C'est
ainsi qu'il construisit lui-même la maison de Lavalla, et qu'à l'Hermitage une
bonne partie des constructions furent faites de la même manière, ainsi que les
réparations, l'ameublement de la maison, la clôture et les embellisssements de
la propriété. . .
Il est inutile
de dire qu'il s'occupait moins par goût que par nécessité au travail manuel, et
que c'était là la moindre de ses occupations. S'appliquer à l'étude, instruire
et former ses Frères, faire sa correpondance, suivre toutes les parties de
l'administration de son Institut, visiter les écoles, élaborer, étudier,
méditer les règles qu'il voulait donner à sa communauté, rendre raison à toutes
sortes de personnes qui avaient des affaires à traiter avec lui, voir les
Frères et les postulants en particulier pour leurs besoins et leur conduite
personnelle; telles étaient les occupations qui remplissaient sa journée, ou
plutôt qui ont rempli toute sa vie. . .
Dans ses
instructions, le Père Champagnat ne cessait d'encourager les Frères au travail
et de les porter à fuir l'oisiveté. " Le travail, leur disait-il, est
indispensable pour conserver la santé du corps et la pureté de l'âme; il est
nécessaire à l'homme pour son perfectionnement physique et pour son
perfectionnement moral, nécessaire même à son bonheur. . .
"Un
Frère, disait le Père Champagnat, doit se rendre capable de remplir tous les
offices, tous les emplois de l'Institut. . . il doit s’exercer et se former à
tout. Il en est de même pour les études et pour les sciences que comprend notre
programme; nous ne devons pas nous contenter de les connaître d'une manière
superficielle, mais les approfondir et les étudier jusqu'à ce que nous en ayons
une parfaite connaissance; ce qui exige de notre part une application et des
études journalières et soutenues."
Vie, XIV, pp. 425-427, 429, 432
Il est
sans doute un des hommes, les plus ouverts de son temps. Il a même été
remarquable dans la lutte contre beaucoup de préjugés communs chez ses
contemporains. Pensez, par exemple, au travail manuel. En 1817 les Grands Vicaires
de Lyon expriment officiellement dans une circulaire une opinion très
défavorable au prêtre qui s'adonne au travail manuel.. . .
Il est
vrai que le P. Champagnat ne tombe pas dans le travers de laisser l'apostolat
pour le travail manuel, mais on sait qu'il va consacrer de longues heures à
celui-ci, et salir bien des soutanes en menant la "vie si basse" dont
parlent les Grands Vicaires. Et cela ne le dérange pas. Et "Je suis prêt à
vous recevoir en apprentissage", dit-il à un de ses amis ecclésiastiques qui
lui parle à peu près le langage des Grands Vicaires.
Frère Basilio Rueda, "L’Esprit de
l’Institut", Circulaires, 1975, p. 193
5.15
Préparation de la classe
Bien que
l'enseignement de la Religion soit le but principal des Frères et qu'il doive tenir
le premier rang dans leurs Ecoles, les autres parties de l'Instruction primaire
ne doivent pas être négligées, et les Frères s'appliqueront à les donner à
leurs élèves avec beaucoup de soin et de zèle; car ils est important que leurs
classes ne laissent rien à désirer pour la force et la bonne direction des
études, afin que les parents qui leur donnent la préférence pour les principes
religieux, n'aient pas à regretter de ne pas y trouver tous les avantages
qu'ils pourraient désirer pour l'instruction de leurs enfants.
Guide (1853), p. 84
5.16
A la manière de Marie
Marie,
éducatrice de Jésus à Nazareth inspire nos attitudes à l'égard des jeunes.
Notre action apostolique est une participation à sa maternité spirituelle. . .
Nous
orientons le coeur des jeunes vers Marie, la parfaite disciple du Christ; nous
la faisons connaître et aimer comme chemin pour aller à Jésus. Nous lui
confions ceux dont nous sommes chargés; nous les invitons à prier souvent cette
"Bonne Mère' et à l'imiter.
Constitutions, 84
5.18
Marie
Cette
Marie que nous révèlent les évangiles chahute bien des images que l’on a bâties
sur elle. . . à Nazareth, un petit village insignifiant, au sein d’une caravane.
. . la peine de mettre au monde dans une étable. . . la terreur de la
persécution. . . la vie des refugiés. . . Il y avait de la terre sur ses pieds.
C'est
important, bien sûr, de regarder la jeune fille qui écoute silencieuse l'ange
de l'Annonciation; mais c'est important aussi d'être là quand elle parle aux
non-croyants, aux réfugiés épouvantés et à d'autres gens sur son chemin qui ont
si peu d'espoir et qui ont si peur de l'avenir.
Frère Charles Howard, Circulaire sur la Spiritualité
Mariste Apostolique, pp. 504-505
5.26
Marie, notre Ressource Ordinaire
Lorsque
(Marcellin) avait recommandé une affaire à la sainte Vierge, quelque tournure
qu'elle semblât prendre, il était tranquille et plein de confiance. . . c'est à
elle seule, après Dieu,, qu'il voulait tout devoir; c'est de sa protection
qu'il attendait tout. Marie est notre ressource ordinaire, telle était son
expression favorite. . .Vous savez à qui nous devons nous adresser pour obtenir
ces faveurs, à notre Ressource ordinaire. Ne craignons pas de recourir trop
souvent à elle; car sa puissance et sans bornes, sa bonté et son trésor de
grâces sont inépuisables. D'ailleurs, elle est chargée de nous, parce qu'elle
est notre Mère, notre patronne, notre supérieure, et que nous comptons sur
elle. Cette communauté est son oeuvre. . .
Vie, VII, pp. 351-352
Prière
à Marie
Dans le
courant de février 1823, un des Frères de Bourg-Argental était dangereusement
malade; le Père Champagnat ne voulut pas laisser mourir son enfant sans le voir
encore une fois, et lui donner sa bénédiction. Le temps était mauvais et la
terre couverte de neige, ce qui ne l'empêcha pas de se rendre à pied auprès du
malade, dès qu'il apprit qu'il était en danger. Après l'avoir béni et consolé,
il se disposa à repartir pour Lavalla, bien qu'on cherchât à le retenir, par la
raison qu'il était tombé ce jour même une grande quantité de neige, et que la
tourmette fût très grande. Ne consultant que son courage, le Père ne crut pas
devoir se rendre aux prières des Frères et aux conseils de ses amis; bientôt il
eut lieu de s'en repentir. Accompagné du Frère Stanislas, il entreprend, pour
se rendre à Lavalla, de traverser les montagnes de Pilat; mais ils avaient à
peine marché deux heures, qu'ils s'égarèrent; et ne reconnaissant aucune trace
de chemin, ils furent obligés d'aller à l'aventure ou plutôt à la garde de
Dieu. Un vent très fort leur jetait la neige à la figure et les empêchait de
voir où ils allaient, au point qu'ils ne savaient s'ils avançaient ou s'ils reculaient.
Après avoir erré pendant plusieurs heures, le Frère se trouva si fatigué, que
le Père Champagnat fut obligé de le prendre par les bras pour le conduire et
lui aider à se soutenir. Mais bientôt, saisi lui-même par le froid et étouffé
par la neige il se sentit défaillir et fut obligé de s'arrêter. S'adressant au
Frère: "Mon ami, lui dit-il, nous sommes perdus, si la sainte Vierge ne
vient à notre secours; recourons à elle, et supplions-la de nous tirer du
danger où nous sommes de perdre la vie au milieu de ces bois et de cette
neige.". En finissant ces mots, il sentit que le Frère lui échappait et se
laissait tomber de lassitude. Plein de confiance, il se met à genoux à côté du
Frère, qui paraissait avoir perdu connaissance, et récite avec une grande
ferveur le Souvenez-vous. Après cette prière, il essaie de relever le Frère et
de le faire marcher; ils n'avaient pas fait dix pas, qu'ils aperçurent une
lumière qui brillait à quelque distance: car il était nuit. Ils se dirigent du
côté de la lumière, et ils arrivent à une maison, où ils passèrent la nuit. Ils
était tous les deux glacés par le froid et le Frère surtout fut longtemps à
reprendre ses esprits. Le Père Champagnat a avoué plusieurs fois que si le
secours ne fût pas arrivé au moment même, ils périssaient l'un et l'autre, et
que la sainte Vierge les avait arrachés à une mort certaine.
Vie, VII, pp. 352-354
5.27
La devise de Marcellin
Dès lors
sa devise fut: Tout à Jésus par Marie, et tout à Marie pour Jésus. Cette maxime
nous révèle l'esprit qui le dirigea et qui fut la règle de sa conduite pendant
toute sa vie.
Vie, VII, p. 341
6: En milieu scolaire
6.1
Les quatres piliers de l’éducation
L'éducation
tout au long de la vie est fondée sur quatre piliers: apprendre à connaître,
apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à être
·
Apprendre
à connaître, en combinant une culture générale suffisament étendue avec la
possibilité de travailler en profondeur un petit nombre de matières. Cela veut
dire aussi: apprendre à apprendre, pour bénéficier des opportunités offertes
par l'éducation tout au long de la vie.
·
Apprendre
à faire, afin d'acquérir non seulement une qualification professionelle mais,
plus largement, une compétence qui rende apte à faire face à de nombreuses
situations et à travailler en équipe. . .
·
Apprendre
à vivre ensemble, en développant la compréhension de l'autre et la perception
des interdépendances - réaliser des projets communs et se préparer à gérer les
conflits dans le respect des valeurs de pluralisme, de compréhension mutuelle
et de paix.
·
Apprendre
à être, pour mieux épanouir sa personnalité et être en mesure d'agir avec une
capacité toujours renforcée d'autonomie, de jugement et de responsabilité
personnelle. . . .
Alors que
les systèmes éducatifs formels tendent à privilégier l'accès à la connaissance,
au détriment des autres formes d'apprentissage, il importe de concevoir
l'éducation comme un tout.
L'éducation: un trésor est caché dedans, Jacques
Delors, UNESCO, 1996
L'Instituteur
qui si contenterait de donner l'instruction à ses enfants, ne remplirait que la
moindre partie de la tâche; pour y satisfaire entièrement, il doit leur donner
l'EDUCATION.
Donner
l'éducation à un enfant, c'est développer, c'est fortifier et perfectionner
toutes les facultés de son âme; c'est surtout former son cœur, sa volonté, son
caractère, sa conscience et son jugement. . .
Guide des Ecoles, (1853), p. 105
6.2
Le but de l’école catholique
La présence
de l'Eglise dans le domaine scolaire se manifeste à un titre particulier par
l'école catholique. Tout autant que les autres écoles, celle-ci poursuit des
fins culturelles, et la formation humaine des jeunes. Ce qui lui appartient en
propre, c'est de créer pour la communauté scolaire une atmosphère d'un esprit
évangélique de liberté et de charité, d'aider les adolescents à développer leur
personnalité en faisant en même temps croître cette créature nouvelle qu'ils
sont devenus par le baptême, et, finalement, d'ordonner toute la culture
humaine à l'annonce du salut pour éclairer par la foi la connaissance graduelle
que les élèves acquièrent du monde, de la vie et de l'homme. C'est ainsi que
l'école catholique, en s'ouvrant comme il convient aux progrès des temps, forme
ses élèves pour qu'ils travaillent efficacement au bien de la cité terrestre,
et, en même temps, les prépare à travailler à l'extension du royaume de Dieu,
afin que, par l'exercice d'une vie exemplaire et apostolique, ils deviennent comme
un levain de salut pour la Communauté des hommes.
Gravissimum Educationis, 8
En se
proposant de promouvoir chez les élèves la synthèse entre la foi et la culture
à travers l'enseignement, l'Ecole Catholique se fonde sur une conception
profonde du savoir humain et ne cherche nullement à détourner cet enseignement
de l'objectif qui lui est fixé dans l'éducation scolaire. (38)
Autonomie
des disciplines: Elle considère au contraire que les différentes disciplines du savoir
humain ne conduisent à l'éducation intégrale et ne sécrètent leur vertu pour
l'approfondissement et le développement de la foi que dans la mesure où l'on
respecte leur autonomie et leur méthodologie propre. Il serait donc erroné de
considérer ces disciplines comme de simples auxiliaires de la foi et des moyens
principalement orientés vers des fins apologétiques. L'enseignement scolaire
doit tendre à faire acquérir à l'élève des techniques, des connaissances, des
structures mentales et des méthodes intellectuelles, des attitudes morales et sociales
qui lui permettent de s'épanouir dans sa personnalité et de s'insérer dans la
communauté humaine comme un membre utile. Or les disciplines ne présentent pas
seulement un savoir à acquérir, mais encore des valeurs à assimiler et en
particulier des vérités à découvrir. (39)
L'enseignement
comme recherche de vérité. C'est en raison même d'une telle conception de sa
fonction éducative complète que l'activité d'enseignement peut offrir au maître
chrétien une voie excellente pour introduire l'élève dans le domaine de la foi,
pour approfondir celle-ci et lui permettre à son tour d'enrichir le savoir
humain assimilé. Sans doute, l'enseignement peut présenter de nombreuses
occasions pour élever l'esprit de l'élève à des vues de foi et ces occasions ne
sont certes pas à dédaigner. Mais c'est bien au-delà de ces occasions que le
maître chrétien doit chercher les possibilités plus profondes et intrinsèques
que l'acquisition des disciplines comporte pour l'épanousissement de la
personnalité chrétienne. Grâce à l'enseignement, il peut former l'esprit et le
coeur des élèves et les préparer ainsi à adhérir au Christ d'une manière
personnelle et avec toute la profondeur d'une nature humaine enrichie par la
culture. (40)
. . .
en quête de la vérité éternelle. . . Si le maître connaît sa
discipline et possède en même temps la sagesse chrétienne, il révèle à l'élève
le sens profond de ce qu'il enseigne et le conduire par là-même au coeur de la
vérité.
Rôle
important de l'enseignement: Il dépendra notamment du maître que l'enseignement
devienne une véritable école de foi qui communique le message chrétien. A ce
point de vue, la synthèse entre la culture et la foi est conditionnée en grande
partie par la synthèse entre la foi et la vie que se reflète dans la personne
de l'éducateur. A l'imitation de l'unique Maître, le Christ, l'éducateur est
appelé par sa noble mission à manifester le mystère chrétien non seulement par
ses paroles, mais par chacun de ses gestes et par toute son attitude. C'est
dans cette perspective aussi que devient manifeste la différence entre une
école qui se limiterait à ajouter à son programme un enseignement religieux
pour cultiver la foi et celle dont tout l'enseignement est pénétré d'esprit
chrétien. (43)
L'Ecole Catholique, 38-43
6.3
L'école mariste, une communauté éducative
Nous
partageons notre spiritualité et notre pédagogie avec les parents, les
professeurs laïques, et les autres membres de la communauté éducative. Le
personnel non-enseignant, par ses services, collabore étroitement à notre tâche
apostolique.. . .
Constitutions, 88
6.5
l’école catholique
Il s'en
suit que les personnes, l’espace, sont des éléments à considérer dans une
unique vision organique du milieu éducatif. (24)
Le
projet éducatif
Il s’agit
là d’un projet global bien défini, destiné à poursuivre des fins spécifiques,
et devant être réalisé avec la collaboration de tous les intervenants. Dans le
concret, le projet se présente comme un cadre de référence qui fournit un
certain nombre d’indications et d’explications:
ce cadre
définit l’identité de l’école en explicitant les valeurs évangéliques dont elle
s’inspire;
il précise
les objectifs poursuivis sur le plan éducatif, culturel, didactique;
il
présente les contenus et les valeurs à transmettre;
il trace
les contours de l’organisation et du fonctionnement;
il prévoit
certaines tâches fixées et déterniminées par le groupe professionnel
(gestionnaires et éducateurs); d’autres destinées à être gérées en commun avec
les parents et les étudiants, d’autres enfin confiées à la libre initiative des
parents et des étudiants;
il indique
les critères de vérification et d’évaluation. (100)
On
réservera une attention tout particulière à l’exposé de certains critères
généraux déstinés à inspirer l’ensemble du projet par l’harmonisation des choix
culturels, didactiques sociaux, civils et politiques:
a.
La
fidélité àl’Evangile annoncé par l’Eglise
b.
La
rigueur de la recherche culturelle et de la fonction critique
c.
La
gradualité et l’adaptation de la proposition éducative
d.
La
corresponsabilité ecclésiale. (101)
Le projet
éducatif, remis à jour chaque année sur la base des expériences et de la
nécessité, se réalise à travers le processus éducatif. (102)
La dimension religieuse de l'école catholique, 24, 100
- 102
6.6
Manière de former le jugement de l'enfant
Dans
l'enseignement, le but principal de l'instruction est moins de remplir l'esprit
des enfants de connaissances utiles, que de leur donner les moyens d'en
acquérir. Pour cela, il faut développer, diriger et cultiver leurs facultés
intellectuelles, afin de les mettre en état d'en tirer, dans le cours de leur
vie, tout le parti possible. Mais, entre les facultés, celle qu'il faut
s'attacher à former et à cultiver par-dessus tout, c'est le jugement. Ce doit
être là un des grands objets de l'instruction et de l'éducation. . . .
Guide (1853), p. 113
6.7
Ecourager les efforts des élèves
Pour
qu'une classe prospère et pour que l'enseignement y soit fort, il faut que le
concours des élèves accompagne toujours celui du maître; car ce que fait
l'instituteur par lui-même, par son dévouement, par ses leçons, est peu de
chose; ce qu'il fait faire aux élèves par l'étude, par l'application, par le
travail, et tout. Le point important est donc d'obtenir le concours libre des
élèves. Pour y réussir le Père Champagnat indiquait l'émulation, comme un moyen
sûr et efficace; et voulait que les Frères missent tout en oeuvre pour
l'établir ou pour la maintenir.
Vie XXII, p. 533
6.8
Les bons effets des récompenses
Les
récompenses, quelle qu'en soit la valeur, produisent les plus heureux
résultats; elles gagnent le cœur des enfants, les attachent au Maître et à
l'école, leur rendent le travail facile et agréable, et soutiennent leur
application. Comme ils ne considèrent les choses que par l'avantage présent
qu'ils en retirent, ces récompenses, toutes frivoles qu'elles sont, font sur
leur cœur une impression toujours vive et profonde, et les portent à remplir
leurs devoirs avec courage et même avec joie. L'étude déplaît naturellement aux
enfants, parce qu'ils ne conçoivent pas les avantages qu'ils peuvent retirer de
l'instruction; mais proposez-leur des prix, et vous aurez changé en occupations
agréables et même en amusements ces leçons, ces devoirs qui leur semblent si
pénibles.
Guide (1853), 237-238
6.9
Coordination entre culture humaine et foi
Le passage
des élèves par l'école catholique impose, avec une exigence sans cesse
croissante, une coordination entre culture humaine et foi. Dans l'école
catholique, la culture reste culture humaine, exposée en toute objectivité
scientifique. Toutefois l'enseignant et l'élève qui sont croyants offrent et
reçoivent la culture de façon critique sans la séparer de la foi. Si cela
arrivait, ce serait une sorte d'appauvrissement spirituel. La coordination
entre l'univers culturel humain et l'univers religieux se réalise dans l'esprit
et la conscience du même homme croyant. Les deux univers ne sont point parallèles
et incommunicables. Il est possible de découvrir des points de rencontre dans
la personne humaine, protagoniste de la culture et sujet de la religion,
lorsqu'on veut bien les chercher. Les découvrir n'est pas de la compétence
exclusive de l'enseignement religieux. A ce dernier n'est imparti qu'un temps
limité. Les autres enseignements disposent, chaque jour, de nombreuses heures.
Tous les enseignants ont le devoir de travailler ensemble d'un commun accord.
Chacun développera son programme avec compétence scientifique, mais il saura,
le moment venu, aider les élèves à regarder par delà horizon limité de la
réalite humaine. Dans l'école catholique et, de manière analogue,dans toute
école, Dieu ne peut pas être le Grand-Absent ou un intrus mal accueilli. Le
Créateur n'entrave pas le travail de ceux qui veulent connaître cet Univers
auquel la foi apporte des significantions nouvelles. (51)
Le défi
lancé à la foi
L'école
catholique secondaire réservera une grande attention au défi que la culture
lance à la foi. Les étudiants seront aidés à faire la synthèse de la culture et
de la foi, démarche nécessaire à la maturité du croyant. Mais ce dernier se
doit être aidé également à déterminer et à refuser les valeurs négatives de la
culure, en tant qu'elles portent atteinte à la personne et se trouvent de ce
fait contraires à l'Evangile. (52)
La foi
qui illlumine la culture
Il est
indispensable de remarquer, à ce sujet, qu'en ne s'identifiant à aucune
culture, qu'en restant indépendante à l'égard de toutes, la foi est cependant
appelée à se faire l'inspiratrice de chacune: Une foi qui ne devient pas
culture, est une foi qui n'est pas pleinement accueillie, ni suffisamment
réfléchie, ni fidèlement vécue.(53)
La
science et la foi
Les
programmes et les réformes scolaires de nombreux pays réservent un espace
croissant à l'enseignement scientifique et technique. La dimension religieuse
ne saurait être absente de ce dernier. Les élèves devront donce être aidés à
comprendre que le monde des sciences de la nature et les techniques
correspondantes appartiennent à l'Univers créé par Dieu. Une telle
compréhension ne peut qu'intensifier le goût de la recherche.. . .Il ne saurait
y avoir de désaccord entre la foi et la vraie science de la nature, Dieu étant
à l'origine de l'une et de l'autre. (54)
L'école
catholique se doit par ailleurs de surmonter le caractère fragmentaire et
l'insuffisance des programmes. Il revient aux enseignants d'enthnologie, de
biologie, de psychologie, de sociologie, de philosophie de présenter une vision
unifiée de l'homme qui a besoin de rédemption de réhabiliter et d'intégrer la
dimension religieuse.(55)
La dimension religieuse, 51-55
6.10
L’éducation et les medias
La voie
actuellement la plus favorable pour la création et la transmission de la culture,
ce sont les instruments de communication sociale. Le monde des mass-media, à la
suite du développement accéléré des inventions, et de leur influence tout à la
fois planétaire et capillaire sur la formation de la mentalité et des moeurs,
représente une nouvelle frontière de la mission de l'Eglise. . .
Concernant
l'utilisation des instruments de communication, qu'il s'agisse de la production
des programmes ou de leur réception, il est urgent d'exercer, d'une part, une
activité éducative du sens critique, animé par la passion de la vérité, et,
d'autre part, une action visant à défendre la liberté et le respect de la
dignité de la personne, et à favoriser la culture authentique des peuples, par
un refus ferme et courageux de toute forme de monopolisation et de
manipulation.
Christifideles Laici, 44
6.11
L'ouverture aux autres confessions chrétiennes
Les
enfants des protestants ou autres sectes serond admis dans l'école, mais avec
la condition expresse qu'ils seront assujettis au Règlement commun de la
classe, et qu'il n'y aura, entre eux et les Catholiques, aucune différence pour
les exercices religieux qui se font à l'intérieur de l'école. Ils assisteront
au Catéchisme, sans être astreints à apprendre la lettre et à le réciter, à
moins qu'ils ne le veuillent eux-mêmes.
Quant à la
Messe, on n'exigera point qu'ils y aillent, si leur parents y répugnent, et en
ce cas, on pourra leur permettre de ne se rendre à l'école qu'après le retour
de la Messe; comme aussi on ne s'occupera pas d'eux pendant qu'ils sont chez
leurs parents, et on ne les obligera pas à se confesser, si ces derniers s'y
opposent.
Guide (1853), p. 2
6.12
Voir
5.5
6.13
Voir
5.5
6.14
Voir
6.2
6.16
Unifier foi, culture et vie
. . . pour
l'Eglise il ne s'agit pas seulement de prêcher l'Evangile dans des tranches
géographiques toujours plus vastes ou à des populations toujours plus massives,
mais aussi d'atteindre et comme de bouleverser par la force de l'Evangile les
critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d'intérêt, les
lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de
l'humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du
salut.
Evangelii Nuntiandi, 19
Etant
donnée la situation qui s’est créée en plusieurs parties du monde - à savoir
que l’école catholique accueille de plus en plus une population scolaire de foi
et d’appartenances idéologiques différentes - il devient nécessaire de
clarifier le rapport à instaurer entre l’importance donnée à la culture et le
développement de la dimension religieuse. Cette importance donnée à la culture
ne saurait être éliminée. Elle reste la tâche spécifique de tous ceux qui
oeuvrent comme chrétiens engagés dans les institutions scolaires.
En de
telles situations, il ne sera pas toujours facile ni possible de progresser
dans le discours de l’évangélisation. On devra alors viser la
pré-évangélisation, l’ouverture, i.e. le sens de la vie. Ceci demande que l’on
détermine et que l’on approfondisse les éléments positifs qui apparaissent
autour de "comment" et du "qu’est-ce que" du processus spécifique
de formation.
La
transmission de la culture doit être attentive avant tout à l’obtention de ses
fins propres et au développment de toutes les dimensions qui rendent humain
l’homme, en particulier la dimension religieuse et l’émergence de l’exigence
éthique.
La dimension religieuse de l’éducation, 108
6.18
Dialogue avec les élèves sur les problèmes de foi
Un moyen
efficace de se trouver en accord avec les élèves, c'est de leur parler et de
les laisser parler. Dans cette atmosphère de confiance et de cordialité, ne manqueront
pas d'affleurer un certain nombre de questions qui pourront varier selon les
lieux et les âges mais auront tendance à devenir toujours plus universelles et
plus précoces. Ce sont, pour les jeunes, des questions sérieuses, qui entravent
une étude sérieuse de la foi. L'enseignant saura répondre avec patience et
humilité sans déclarations péremptoires qui risqueraient d'être contredites.
La dimension religieuse de l’éducation, 72
6.21
Lien avec le programme pastoral de l’église locale.
Dans l'ensemble
des diocèses et dans des secteurs particuliers, c'est sous la direction de
l'évêque qu'il faut favoriser une étroite et profonde coordination de toutes
les oeuvres d'apostolat grâce à quoi toutes les initiatives et institutions -
catéchétiques, missionnaires, charitables, sociales, familiales, scolaires et
de quelque autre nature pastorale que ce soit - seront ramenées à une action
concordante." Dans l'Ecole Catholique cela paraît encore plus nécessaire
parce qu'elle est souvent fondée sur "la coopération apostolique des
clergés, des religieux et des laïcs.
L'école catholique, 72
Vous êtes
des instruments décisifs pour la proclamation de la foi dans l’école par
l’annonce se l’Evangile du Christ…Nous pouvons donc vraiment affirmer que vos
écoles sont des "communautés missionnaires". . . L’activité
spécifique d’éducation de l’école catholique doit être intégrée dans l’ensemble
de la pastorale de l’église locale pour aider les élèves à prendre une part
active à la vie de la paroisse et des organismes du diocèse. D’autre part, la
paroisse et le diocèse devraient considérer les Ecoles Catholiques comme partie
intégrante de la Communauté Ecclésiale et les aider en contribuant à leurs
œuvres d’éducation et de formation.
Instruction de la Congrégation pour l’éducation
Catholique, Vatican, 7 Octobre 1996
6.22
Accueil des élèves de tous les milieux sociaux
L'éducation
étant un moyen efficace de progrès social et économique pour les individus et
les peuples, une école catholique qui se vouerait exclusivement ou par
préférence aux membres des classes sociales aisées contribuerait à les
confirmer dans une position avantageuse par rapport à d'autres et favoriserait
un ordre social injuste.
L'école catholique, 58
Apprendre
à vivre ensemble
Sans doute
cet apprentissage représente-t-il un des enjeux majeurs de l'éducation
aujourd'hui. Le monde actuel est trop souvent un monde de violence qui
contredit l'espoir que certains avaient pu mettre dans le progrès de
l'humanité. L'histoire humaine a toujours été conflictuelle, mais des éléments
nouveaux accentuent le risque, et notamment l'extraordinaire potentiel
d'auto-destruction créé par l'humanité au cours du XXème siècle. L'opinion
publique, à travers les médias, devient l'observateur impuissant, voire
l'otage, de ceux qui créent ou entretiennent les conflits. Jusqu’à présent,
l'éducation n'a pas pu faire grand chose pour modifier cet état de fait.
Peut-on concevoir une éducation qui permette d'éviter les conflits ou de les
résoudre de manière pacifique en développant la connaissance des autres, de
leurs cultures, de leur spiritualité?
L'éducation
doit donc emprunter— semble-t-il—deux voies complémentaires. Au premier niveau,
la découverte progressive de l'autre. Au second niveau, et tout au long de la
vie, l'engagement dans des projets communs, qui semble une méthode efficace
pour éviter ou résoudre les conflits latents.
A la
découverte de l'autre
L'éducation
a pour mission d'enseigner simultanément la diversité de l’espèce humaine et la
conscience des similitudes et de l'interdépendance entre tous les êtres humains
de la planète. Dès la petite enfance, l'école doit donc saisir toutes les
occasions de ce double enseignement. Certaines disciplines s'y prêtent
particulièrement, la géographie humaine dès l'éducation de base, les langues et
les littératures étrangères plus tard.
Enfin, la
forme même de l'enseignement ne doit pas aller à l'encontre de cette
reconnaissance de l'autre. Les enseignants qui, à force de dogmatisme, tuent la
curiosité ou l'esprit critique au lieu d'y entraîner leurs élèves peuvent être
plus nuisibles qu'utiles. Oubliant qu'ils se présentent comme des modèles, ils
risquent par leur attitude d'affaiblir à vie chez leurs élèves la capacité de
s'ouvrir à l'altérité et d'affronter les inévitables tensions entre personnes,
entre groupes, entre nations. La confrontation, par le dialogue et l'échange
d'arguments, est un des outils nécessaires à l'éducation du vingt et unième
siècle.
Tendre
vers des objectifs communs
Lorsqu'on travaille
ensemble à des projets motivants qui font sortir de l'habitude, les
différences, et même les conflits, entre les individus tendent à
s'estomper, et disparaissent parfois. Un mode d'identification nouveau naît de
ces projets qui permettent de dépasser les routines individuelles et valorisent
ce qui est commun par rapport à ce qui est étranger. Grâce à la pratique du
sport, par exemple, combien de tensions entre classes sociales ou nationalités
se sont finalement transformées en solidarité à travers l'épreuve et le bonheur
de l'effort commun! De même, dans le travail, combien de réalisations
n'auraient pu voir le jour si les conflits habituels aux organisations
hiérarchisées n'avaient pas été transcendés par le projet commun!
"L’éducation:Un trésor est caché dedans",
Rapport à l’UNESCO, Delors, 1996
6.24
La solidarité - un impératif moral
Lecture
Théologique des Problèmes Modernes: Tout à la Lumière de Dieu
. . .La
solidarité n'est pas un vague sentiment de compassion ou une tristesse superficielle,
mais une ferme et durable détermination de se dévouer au bien commun. C'est une
attitude où les plus influents se sentent responsable des plus faibles et où
les plus faibles font ce qu'ils peuvent pour le bien de tous.
La
solidarité est le chemin vers la paix. L'interdépendance exige l'abandon des
blocs, le sacrifice de toutes les formes d'impérialisme économique, militaire
ou politique, le passage de la méfiance à la collaboration. La solidarité est
la vertu chrétienne de notre temps.
Certains d'entre
nous seront sans doute déconcertés, voire agacés ou irrités, face à un défi qui
effraye par ses dimensions géo-politiques. Qu'est-ce que je peux bien, moi
personnellement, avoir à entreprendre pour inverser le cours de l'histoire ? .
. .
A cause de
sa gravité croissante, le sous développement des personnes et des peuples exige
une mobilisation morale de toute la famille humaine. Le point central de
l'encyclique est que le développement humain ne peut réussir sans un appel à la
conscience et à la solidarité de nos contemporains, riches ou pauvres. Tous
sont impliqués et responsables dans le vrai progrès de la famille humaine.
Frère Charles Howard, "Un Appel Urgent:
Sollicitudo Rei Socialis", Circulaires, p. 306
6.25
Les structures de péché
A cette
analyse générale d'ordre religieux, on peut ajouter certaines considérations
particulières pour observer que parmi les actes ou les attitudes contraires à
la volonté de Dieu et au bien du prochain et les "structures" qu'ils
induisent, deux éléments paraissent aujourd'hui les plus caractéristiques:
d'une part le désir exclusif du profit et, d'autre part, la soif du pouvoir
dans le but d'imposer aux autres sa volonté. Pour mieux définir chacune des
attitudes on peut leur accoler l'expression "à tout prix". En
d'autres termes, nous nous trouvons face à l'absolutisme des attitudes humaines
avec toutes les conséquences qui en découlent.
Evidemment
les individus ne sont pas seuls à être victimes de cette double attitude de
Péché; les nations et les blocs peuvent l'être aussi. Cela favorise encore plus
l'introduction des "structures de péché" dont j'ai parlé. Si l'on
considérait certaines formes modernes 'd"impérialisme" à la lumière
de ces critères moraux, on découvrirait que derrière certaines décisions, inspirées
seulement, en apparence, par des motifs économiques ou politiques, se cachent
de véritables formes d'idolâtrie de l'argent, de l'idéologie, de la classe, de
la technologie.
J'ai voulu
introduire ici ce type d'analyse surtout pour montrer quelle est la véritable
nature du mal auquel on a à faire face dans le problème du développement des
peuples: il s'agit d'un mal moral, résultant de nombreux péchés qui produisent
des "structures de péché". Diagnostiquer ainsi le mal amène à définir
avec exactitude, sur le plan de la conduite humaine, le chemin à suivre pour le
surmonter.
Sollicitudo Rei Socialis, 37
6.27
L’éducation supérieure
Les
personnes consacrées montreront, avec une délicatesse respectueuse en même
temps qu'avec une audace missionnaire, que la foi en Jésus Christ éclaire tout
le champ éducatif, sans dédaigner les valeurs humaines, mais plutôt en les
affermissant et en les élevant. . . ..Étant donné l'importance que représentent
les universités et les facultés catholiques et ecclésiastiques dans les
domaines de l'éducation et de l'évangélisation, les Instituts qui en ont la
charge doivent être conscients de leur responsabilité et faire en sorte que,
dans ces institutions, tout en menant un dialogue actif avec la culture
actuelle, soit préservé leur caractère catholique propre, en toute fidélité au
magistère de l'Eglise..
Vita Consecrata, 97
6.28
Nouveaux projets apostoliques
Normalement
nous appelons des personnes à la conversion en espérant que, transformées,
elles pourront avancer en toute liberté d'esprit. Les processus qui touchent la
"conversion des oeuvres" sont plus rares, et rares aussi le lancement
de projets nouveaux qui soient en référence à l'esprit du XIXe Chapitre
Général. J'ai parfois l'impression que d'un côté nous dynamisons les Frères
pour la rénovation et que, d'un autre côté, nous les plaçons en situation
d'asphyxie et d'épuisement. Ce n'est pas la disponibilité qui fait défaut. Mais
il faut renforcer l'esprit avec des projets et des structures qui dynamisent et
soutiennent la qualité de vie de nos Frères affrontés à la nouvelle
évangélisation inhérente à notre mission. (10)
Le
prétexte que nous ne pouvons assumer un plus grand nombre d'écoles populaires
au service des pauvres, parce que nos oeuvres actuelles nous demandent toutes
nos énergies et que les Frères que nous avons ne suffisent plus à les encadrer,
me surprend beaucoup.
C'est un
sujet délicat, une pierre de touche. C'est difficile à résoudre. Mais c'est une
question de fidélité et de vie. Nous accrocher à certaines oeuvres, être
incapables d'en faire l'évaluation et le discernement évangélique, justifier
tout, seulement par inertie ou par peur, provoquera à la longue la mort
spirituelle de ces oeuvres et, sans doute aussi, la mort de l'enthousiasme de
beaucoup de vocations apostoliques de Frères et de Laïcs. (32)
Fr. Benito Arbués, "Avancer sereinement mais sans
tarder", Circulaires, 1997, 10, 32
6.30
Le climat d’égalité
C’est
particulièrement pour eux (les enfants pauvres) qu’il a fondé son Institut, et
il veut que les Frères se regardent comme spécialement chargés de leur
instruction . . . L'égalité doit être la grande loi de l'école des Frères. Là,
il ne doit y avoir ni préférence, ni privilège pour la personne, la condition
et pour aucune qualité extérieure; chacun, c'est-à-dire, le riche comme le
pauvre, doit être traité selon son mérite, sa capacité, ses vertus et sa
condition personnelle. Cette égalité doit s'étendre à toutes les parties de
l'éducation de l'enfant..
On ne
prend des précautions pour conserver (l’enfant riche) que pour pouvoir fournir
à (l’enfant pauvre) les moyens de s'instruire; car la plupart du temps, s'il
n'y avait pas d'enfants riches pour assurer le traitement des Frères, l'école
ne pourrait se soutenir.
Vie, XXI, pp. 529-530
7: Dans d'autres espaces éducatifs
7.1
Le zèle créatif de Marcellin
M.
Champagnatétait l'âme de la maison, qui soutenait et dirigait les Frères, qui
engageait les parents à leur envoyer leurs enfants, résolut de donner un plus
grand développement à l'école. S'étant aperçu qu'une seule classe ne pouvait
suffire pour un si grand nombre d'enfants, il en créa une seconde: ce qui lui
permit de diviser les élèves et de les classer par rang de capacité, et
conséquemment contribua beaucoup à accélérer leur progrès. Une autre chose plus
grave attira son attention. Plusieurs parents, ne pouvant obtenir que leurs
enfants couchassent chez les Frères, les plaçaient dans le bourg, où ils se
dérangeaient; parce qu'ils étaient abandonnés à eux-mêmes après les classes.
Pour corriger cet abus. M. Champagnat fit faire des agrandissement et des
réparations à la maison d'école, ce qui permit aux Frères de recevoir et de
loger les enfants qui s'étaient placés chez les particuliers. Il se présenta
aussi plusieurs enfants indigents; ils furent accueillis avec bonté et
empressement, et la communauté, bien que sans ressources, pourvut à tous leurs
besoins. P. Champagnat, qui avait en Dieu une confiance sans
borne, se chargea même de plusieurs enfants abandonnés ou orphelins, les fit
instruire, les nourrit, les habilla, et les fit placer ensuite dans des maisons
de confiance; continuant toujours à veiller sur leur conduite, à les diriger et
à leur servir du père. Cette première année, il eut douze enfants pauvres auxquels
il fournissait tout.(76-77)
Pour
inspirer l'esprit de zèle, et pour leur faire bien comprendre que le but de
leur vocation était la sanctification des âmes, non content de les exercer à
faire le catéchisme aux enfants de l'école, il les envoyait les dimanches et
certains autres jours, deux à deux dans les hameaux de la paroisse pour
catéchiser les gens de la campagne. Arrivés dans le hameau qui leur était
assigné, les deux Frères réunissaient les petits enfants et les grandes personnes
dans une grange ou dans tout autre appartement convenable, commençaient par
faire la prière, chantaient un cantique, demandaient le catéchisme aux jeunes
gens; puis développaient les réponses qui étaient faites, par des sous-demandes
courtes et claires et finissaient l'instruction par une petite morale pratique
et par quelques traits d'histoire. (81-82)
Le bon
Frère Laurent postula longtemps la faveur d'aller faire le catéchisme au
Bessat. Comme cette mission était pénible et difficile, il lui fallut pour la
métier faire de nombreux actes de zèle, d'abnégation et d'humilité. Le Bessat.
situé sur le haut de la montagne de Pilat, à deux lieues de Lavalla, est
couvert de neige au moins six mois de l'année. Ce village n'avait point alors
de prêtre: aussi les enfants, et même les grandes personnes, étaient dans une
profonde ignorance. Frère Laurent y portait ses petites provisions de Lavalla,
où il revenait tous les jeudis pour s'édifier avec les Frères, et pour se
fournir de ce qui lui était nécessaire.Il se logeait chez un habitant du
Bessat, préparait lui-même sa nouriture qui consistait en une soupe, faite le
matin pour tout le jour, quelques pommes de terre et un peu de fromage. Le bon
Frère parcourait le village deux fois le jour, une petite clochette à la main,
pour rassembler les enfants; . . (82-83)
Vie, VII, pp. 76 - 83
Bien plus,
la maison-mère de l'Hermitage était d'abord destinée à accueillir des orphelins
dans un centre d'apprentissages variés.
"Aussitôt
que nous aurons terminé la maison de l'Hermitage et que nos moyens nous
permettront d'utiliser une bonne prise d'eau, nous recevrons les enfants des
maisons de charité; nous leur donnerons un état en leur donnant une éducation
chrétienne; ceux d'entre eux qui auront des dispositions pour la vertu et pour
la science seront employés à la maison."
Cahiers Maristes, I, p. 33
7.2
Des jeunes à risque
Nous nous
engageons à renforcer notre présence auprès des enfants et des jeunes marginaux
qui se trouvent "aux frontières" de nos sociétés. Nous répondons aux
appels pressants des jeunes en situation de risques: enfants de la rue,
victimes de la drogue ou de la violence, analphabètes. .
XIX Chapitre Général, Notre Mission, 33
7.7
Voir 4.26
7.9
L’accompagnement des jeunes
L’accompagnement
vise à aider le jeune à se connaître et à reconnaître la présence de Dieu dans
sa vie, à comprendre ce que Dieu demande de lui: à découvrir, apprécier,
assimiler les valeurs humaines et évangéliques et agir en accord avec elles. Au
niveau personnel, l’accompagnement est réalisé spécialement par l’entrevue
personnelle, à fréquence régulière. . .
Glossaire, Guide de la Formation
7.10
Ouverture aux jeunes
Nous nous
engageons à travailler à la construction de communautés plus prophétiques,
simples et ouvertes, spécialement envers les jeunes.
XIX Chapitre Général, Notre Mission, 29
7.11
La pastorale des vocations
Nous
sommes convaincus de l’actualité et de la validité de notre mission dans le monde.
Il est possible d’être Frère Mariste aujourd’hui et cela vaut la peine d’y
consacrer toute une vie!
Nous
croyons que Dieu nous veut FRERES, religieux-laïcs, présents le plus possible
auprès des enfants et des jeunes, d’une façon simple et accueillante.
XIX Chapitre Général, Notre Mission, 23, 26
7.12
Ce que l’Eglise attend des jeunes
Vous, les
jeunes, vous êtes particulièrement appelés à devenir missionnaires de cette
Nouvelle Evangélisation, par le témoignage quotidien de la Parole qui sauve.
Vous faites personnellement l’expérience des angoisses de l’époque actuelle,
vous passez de l’espoir au doute et il est parfois facile de perdre le chemin
qui conduit à la rencontre du Christ. En fait, les tentations sont nombreuses à
notre époque ainsi que les séductions qui cherchent à étouffer la voix divine
qui résonne dans le coeur de chaque personne.
Aux
personnes de ce siècle, à vous tous, jeunes qui avez faim et soif de vérité,
l’Eglise se propose pour être votre compagnon de route. Elle vous propose
l’éternel message de l’Evangile et elle vous invite à une tâche exaltante: être
des acteurs de la Nouvelle Evangélisation.
L’Eglise
invite les jeunes à la tâche de proclamer au monde la joie qui naît de la
rencontre de Jésus Christ. Chers amis, laissez vous conduire par le Christ,
acceptez son invitation et suivez-le. Allez prêcher la Bonne Nouvelle qui
sauve. (Mat 28:19). Faite-le avec joie au cœur et devenez des semeurs
d’espérance dans un monde qui est souvent tenté de douter, des semeurs
de foi dans une société qui parfois semble se résigner à l’incroyance , des
semeurs d’amour dans les événements de tous les jours souvent marqués
par un égoïsme effréné.
Message du Pape Jean Paul II aux jeunes, 1993
7.13
Etre près des réalités et de la vie des gens
Les joies
et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des
pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les
espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est
rien de vraiment humain que ne trouve écho dans leur coeur.
Gaudium et Spes, 1
7.14
Dans l’optique des pauvres
Nous,
Frères de l'Institut, nous sommes tous impliqués, bien que nous ne puissions
probablement pas tous exprimer notre solidarité de la même façon. Comme
expression de l'option pour les pauvres assumée par chaque Province, certain
Frères seront invités à travailler directement parmi les pauvres et si possible
avec eux (leur nombre doit être suffisamment élevé pour qu'on puisse parler
d'option préférentielle), mais d'autres Frères, en quelque lieu que ce soit,
sauront qu'ils sont appelés à travailler pour eux et à organiser leur vie et
leur apostolat dans la perspective des pauvres.
XIX Chaptre Général, Solidarité, 19
7.15
Rendre les jeunes responsables
Convertir
et éduquer les jeunes, en les rendant responsables non seulement de leur propre
développement, mais aussi responsables au service de la communauté : les former
au service.
Puebla, 1030
7.16
Former les jeunes à être le "levain" dans la société
L’éducation
catholique doit former les acteurs d’un changement permanent et organique dont
a besoin l’Amérique latine, par une formation civique et politique inspirée par
les enseignements sociaux de l’Eglise.
Jean Paul II , discours inaugural, Puebla, 1033
7.18
La présence de Dieu dans nos vies et la présence de la vie dans nos prières
Appel à
une prière renouvelée, ouverte à la réalité de la création et de l'histoire,
écho d'une vie solidaire de nos Frères, surtout des pauvres et de ceux qui
souffrent. Une prière apostolique qui rassemble les peines et les joies de ceux
que Dieu met sur notre chemin
.
XIX Chapitre Général, Spiritualité Apostolique Mariste, 26
8: Nous faisons face à l'avenir avec audace et espérance
8.1
Soyons des prophètes
Le
Prophète est vu comme une personne en relation intime à la fois avec Dieu et
avec les hommes. C’est un homme de prière personnelle et communautaire pour le
monde, et il est en même temps engagé vitalement en faveur de ses contemporains
avec qui et pour qui il prie et lutte. Le prophète est un homme religieux qui,
habité par l’Esprit de Yahvé, inspire et influence son entourage, puisqu’il
croit en un Dieu sauveur et vivificateur. C’est un homme inséré dans son temps.
. . ; c’est l’homme de l’avenir.
La façon
de vivre de ces hommes qui ont parlé au nom de Dieu, et surtout celle de Jésus,
. . . trouvent une réalisation concrète dans la vie religieuse laïque. Nous
touchons ici un aspect qui concerne l’identité même du religieux laïc et lui
montre un chemin de continuel dépassement.
Union des Supérieurs Généraux (USG), Frère dans les
Instituts Religieux Laïcs, 1991, Ch.4
8.2
Un appel à l’action
Tout cela
nous a permis de prendre connaissance de la vie qui surgit sous différentes
formes. C'est le vin nouveau d'une plus grande sensibilité devant les besoins
de l'Institut ou du monde, qui entraîne une plus grande disponibilité.
Aujourd'hui, ces différentes attitudes ont des visages et des noms concrets de
nos Frères et de Laïcs, ou encore le déplacement de certaines oeuvres et de
certaines communautés internationales, celui de certaines expériences avec des
communautés de Frères et de Laïcs ou encore le déplacement de certaines oeuvres
et de certaines communautés vers les "frontières" où se trouvent nos
préférés, etc. Et la vie, le vin nouveau, manifeste sa valeur non par le
quantitatif, mais par elle-même. Il est possible que nous ayons pris conscience
de notre timidité dans ces processus de changement, mais reconnaissons avec
joie qu'ils existent.
Fr. Benito Arbues, "Avancer sereinement mais sans
tarder", Circulaires, 1997, 25
8.
4 Le Christ interpelle les
jeunes
L'avenir du
monde et de l'Eglise appartient aux jeunes générations qui, nées au cours de ce
siècle, arriveront à leur maturité au cours du prochain, le premier du nouveau
millénaire. Le Christ attend les jeunes, comme il attendait le jeune homme qui
lui posa la question: " Que dois-je faire de bon pour obtenir la vie
éternelle? " (Mt 19, 16). . . Les jeunes, dans toutes les situations et
dans toutes les régions de la terre, ne cessent d'interroger le Christ: ils le
rencontrent et le cherchent pour continuer à l'interroger. S'ils savent suivre
le chemin qu'Il leur montre, ils auront la joie d'apporter leur contribution à
sa présence dans le prochain siècle et dans les siècles suivants, jusqu'à la
consommation des temps. " Jésus est le même hier, aujourd'hui et à jamais
"
Tertio Millenio Adveniente, 58
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