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La Commission internationale de l'Education Mariste
Mission Educative

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  • Recueil d’extraits
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Recueil d’extraits

1:        Disciples de Marcellin Champagnat

1.1          Premier jour d'école

Sa mère et sa tante n'ayant pu lui apprendre à lire que très imparfaitement, on l'envoya chez un maître d'école pour le perfectionner dans la lecture et pour lui apprendre à écrire. Le premier jour qu'il y fut, comme il était très timide et ne sortait pas de la place qui lui avait été assignée, le maître l'appelle auprès de lui pour le faire lire, mais au moment où il arrive, un autre écolier se présente et se met devant lui. Alors, le maître emporté par un mouvement de vivacité, et croyant peut-être faire plaisir au petit Marcellin, donne un grand soufflet à l'enfant qui voulait lire avant lui, et le renvoie sanglotant au fond de la salle. Un tel procédé n'était guère propre à rassurer le nouvel écolier et à lui faire perdre sa timidité; aussi disait-il plus tard qu'il tremblait de tous ses membres, et qu'il avait plus envie de pleurer que de lire. Cet acte brutal révolta son esprit judicieux; il se dit à lui-même: je ne reviendrai plus à l'école d'un pareil maître; le mauvais traitement qu'il inflige sans raison à cet enfant me montre ce que je dois attendre de lui; au premier moment, il pourra m'en faire autant: je ne veux donc ni de ses leçons ni moins encore de ses châtiments. Il ne voulut plus retourner en effet chez cet instituteur, malgré toutes les instances que lui firent ses parents. Cent fois il a raconté dans la suite ce trait à ses Frères, pour leur faire comprendre combien les mauvais traitements et les corrections faites par passion, sont propres à éloigner les enfants de l'école, à aliéner leur esprit contre le maître et à leur faire prendre en dégoût ses instructions.

Vie, I, pp. 5-6

1.2          L’appel de Marcellin

La résolution d'étudier le latin, que venait de prendre Marcellin, n'était pas une résolution éphémère; ses parents qui savaient qu'il avait peu de moyens, cherchèrent à l'en dissuader, en lui rappelant les difficultés qu'il avait eues pour apprendre à lire et le peu de goût qu'il avait montré pour l'étude. Mais tout ce qu'ils purent lui dire, fut inutile; il ne se sentait plus d'attrait pour les travaux ni pour le petit commerce qu'il faisait auparavant avec tant de goût . . . Il fut un an chez cet oncle (instituteur), qui ne lui épargna pas ses soins, sans néanmoins le faire beaucoup avancer. Aussi, à fin de l'année, il ne fut pas d'avis que son neveu entrât au séminaire. "Votre enfant, dit-il à ses parents, s'entête à vouloir faire ses études; mais vous aurez tort si vous le laissez faire: il a trop peu de talents pour réussir". . . Marcellin qui, pendant toute l'année, avait prié et réfléchi, ne fut pas un moment ébranlé par le discours de son oncle ni par les observations de ses parents. "Préparez, dit-il, mes effets, je veux aller au séminaire; je réussirai, puisque c'est Dieu qui m'appelle". Comme on faisait encore quelques difficultés pour acheter son trousseau; "Que cette dépense, ajouta-t-il, ne vous arrête pas: j'ai de l'argent pour la couvrir". Son linge fut en effet payé avec l'argent qu'il avait amassé.

Vie, II, pp. 10, 12-13

1.3          La Société de Marie

C'est vers cette époque (1812 - 1815) que furent jetées les premières bases de la Société des Maristes. Quelques séminaristes, à la tête desquels se trouvaient M. l’abbé Colin et M. l’abbé Champagnat, se réunissaient souvent pour s'animer à la piété, et à la pratique des vertus sacerdotales. Le zèle du salut des âmes et la recherche des moyens pour le procurer, étaient le sujet le plus ordinaire de leurs entretiens. De la communication mutuelle de leurs sentiments et de leurs projets, pour atteindre ce but, surgit la pensée de la fondation d'une Société de prêtres . . . La dévotion particulière que cette réunion d'élite professait pour la Sainte Vierge, lui inspira la pensée de placer cette nouvelle Société sous le patronage de la Mère de Dieu, et de lui donner le nom de Marie. . . . Dans une de ces réunions, il fut convenu qu'ils feraient, tous ensemble, le pèlerinage de Fourvière, pour déposer aux pieds de Marie leur projet. . .

Mais dans le plan de la nouvelle association, aucun de ces MM. n'avait pensé aux Frères enseignants. L'abbé Champagnat seul conçut le projet de leur institution, et lui seul l'a mis à exécution. Souvent il disait à ses confrères: "Il nous faut des Frères, il nous faut des Frères pour faire le catéchisme, pour aider les missionnaires, pour faire l'école aux enfants."

Vie, III, pp. 29-31

1.4          Pourquoi des Frères ?

Né dans le canton de Saint Genest Malifaux (Loire), j'ai senti par ces peines infinies que j'avais éprouvées pour apprendre à lire et à écrire l'urgente nécessité de créer une société qui pût donner à moins de frais aux campagnes le bon enseignement que les Frères des Ecoles Chrétiennes procurent aux villes.

Champagnat au Ministre de l'Instruction publique, 1837, Lettre 159

1.6          L'expérience Montagne

Les choses étaient là, quand un événement, ménagé sans doute par la Providence, vint fixer les incertitudes de M. Champagnat, et le déterminer à s'occuper sans délai de l'institution des Frères. Un jour, il fut appelé pour aller confesser dans un hameau un enfant malade, et selon son habitude, il y alla tout de suite pour confesser l'enfant, il l'interrogea pour s'assurer s'il connaissait les dispositions nécessaires pour recevoir les sacrements; il ne fut pas peu surpris de voir qu'il ignorait les principaux mystères et qu'il ne savait pas même s'il y avait un Dieu. Affligé de voir un enfant de dix-sept ans dans une si grande ignorance, de le voir mourir en cet état, il s'assied à côté de lui pour lui apprendre les principaux mystères et les vérités essentielles du salut. Il passa deux heures pour l'instruire ou pour le confesser et ce ne fut qu'avec de grandes difficultés qu'il lui apprit les choses les plus indispensables: car l'enfant était si mal qu'il comprenait à peine ce qu'il lui disait. Après l'avoir confessé et lui avoir fait produire plusieurs fois les actes d'amour de Dieu et de contrition pour le disposer à la mort, il le quitta pour aller voir un autre malade qui se trouvait dans la maison voisine. En sortant, il s'informa de l'état de l'enfant: "Il est mort un instant après que vous l'avez quitté, lui répondent ses parents tout en pleurs. Alors un sentiment de joie, pour s'être trouvé là si à propos, se confond dans son âme avec un sentiment de frayeur . . . Il s'en retourne tout pénétré de ces sentiments, et en se disant souvent à lui-même: "Combien d'autres enfants sont tous les jours dans la même position et courent les mêmes périls, parce qu'ils n'ont personne pour les instruire des vérités de la foi! " Et alors la pensée de fonder une Société de Frères, destinés à prévenir de si grands malheurs, en donnant aux enfants l'instruction chrétienne, le poursuit avec tant de force, qu'il va trouver Jean-Marie Granjon, et lui communique tous ses projets.

                                                                Vie, VI, pp.61-62

1.7          L'éducation des jeunes Frères à La Valla

(Marcellin) appelait de tous ses voeux le moment où ses Frères pourraient se charger d'une classe. Mais ne les trouvant pas encore assez capables. , il prit le parti de faire venir un maître d'école. En agissant ainsi, il avait un double but: l'instituteur, dans sa pensée, était nécessaire, d'abord pour donner l'instruction primaire aux enfants de la paroisse, ensuite pour perfectionner les Frères dans les connaissances qu'ils avaient acquises, et pour les initier à la méthode d'enseignement. . .

L'instituteur vécut en communauté avec les Frères; il ouvrit son école dans leur maison, et bientôt elle fut pleine d'enfants. Les Frères le secondaient dans l'instruction des élèves, le voyaient opérer, se formaient sur lui, et prenaient sa méthode; ils recevaient en outre, entre les classes, des leçons particulières sur les diverses parties de l'enseignement.

Vie, VII, pp. 74-75

1.8         

Le Supérieur de l'association des Petits Frères de Marie, établie à Notre Dame de l'Hermitage, canton de Saint Chamond (Loire), a l'honneur d'exposer à votre Excellence que le but de cette association étant de faciliter aux communes rurales le moyen de procurer à peu de frais à leurs enfants les avantages de l'instruction, il a réduit au minimum le traitement de chaque frère instituteur;

Champagnat au Ministre de l'Instruction publique, Lettre 113

La somme est déjà très faible pour couvrir les dépénses de trois Frères dans la ville. La réduire encore serait, me semble-t-il, leur ôter non seulement leur misérable salaire affecté au plus méprisé et difficile des métiers, mais leur ôter aussi leur pauvre et misérable nourriture.

Champagnat au Maire de Bourg-Argental, Lettre 8

1.9          Esprit missionnaire

Le Père Champagnat. . . demanda au Révérend Père Colin la faveur de faire partie du groupe de missionnaires qui partaient pour l'Océanie afin de consacrer ses derniers jours et le peu de forces qui lui restaient, à l'instruction et à la sanctification des infidèles. Le Révérend Père Colin, extrêmement édifié de son zèle et de son dévouement, lui répondit : "Vous faites plus de bien en France que vous n'en pourriez faire en Océanie. Votre mission à vous n'est pas d'aller en personne évangéliser ces peuples, mais de leur préparer des apôtres pleins de zèle et d’esprit de sacrifice. L'obéissance ne permit pas au bon Père d'insister, et son humilité lui fit même croire qu'il était indigne de cette faveur; mais tout en se résignant, il ne pouvait s'empêcher de laisser paraître le désir qu'il en avait.

(Note: Avec l’évêque Pompallier s’en allèrent, le 24 décembre 1836, les Pères Servant, Bataillon, Bret and Chanel; les Frères Marie-Nizier, Michel and Joseph-Xavier )

Vie, XIX, pp. 208-209

1.11        Entreprise de jeunesse

Ses parents à qui cet esprit d'ordre et d'économie ne déplaisait pas, lui donnèrent deux ou trois agneaux, lui permettant de les vendre à son profit quand ils seraient gros. Il les éleva, en effet, avec grand soin, les vendit ensuite, et en acheta d'autres qu'il éleva de même et qu'il revendit toujours avec bénéfice: de sorte qu'en peu de temps, avec ce petit commerce et des économies soutenues, il se fit une somme ronde de six cents francs. C'était beaucoup pour un enfant de seize ans; aussi, s'il ne se crut pas riche, il eut au moins la pensée qu'il le deviendrait. Il faisait des projets pour étendre son petit commerce, un de ses frères devait s'unir à lui; ils étaient convenus de faire bourse commune et de rester ensemble toute leur vie.

Vie, I, pp. 7-8

1.12        Marcellin, constructeur et bâtisseur

Les postulants couchaient toujours à la grange. Pour les en sortir, M. Champagnat travailla plus de huit jours pour réparer le grenier de la maison, et le transformer en dortoir. Avec quelques mauvaises planches, il y monta des lits de ses propres mains . . . Visiblement, la maison ne pouvait suffire pour loger tant de monde, et une nouvelle construction était urgente, M. Champagnat ne balança pas à l'entreprendre. Toutefois, comme il était sans ressources, cette construction fut faite par lui et par les Frères; nul ouvrier étranger n'y mit la main. La communauté se levait à quatre heures; les Frères et les novices faisaient ensemble une demi-heure de méditation, assistaient à la messe, et allaient ensuite à l'ouvrage jusqu'à sept heures du soir.

Vie, X, p. 105

". . . si Dieu nous bénit, nous pourrons bien nous y établir". Néanmoins avant de se décider pour cette position, il parcourut, avec deux de ses principaux Frères, les pays d'alentour, afin de s'assurer s'il ne trouverait pas quelque chose de mieux. . .

Ce fou de Champagnat, disaient plusieurs de ses confrères et beaucoup d'autres personnes, a donc perdu la tête ? que prétend-il faire ? où prendra-t-il pour payer cette maison ? . . .

Le père Champagnat n'ignorait pas ce que l'on pensait et ce que l'on disait de lui dans le public, mais il était peu touché des discours des hommes, et jamais il ne prit pour règle de sa conduite les principes de la prudence humaine. Ainsi, quoiqu'il eût sur les bras une nombreuse communauté, qu'il dût quatre mille francs, et qu'il fût sans argent, avec sa seule confiance en Dieu, mais une confiance sans bornes, il entreprit, sans s'effrayer, la construction d'une maison assez vaste, avec une chapelle, pour loger cent cinquante personnes. 

Vie, XII, pp. 125,127,128

. . . Toujours nous sommes en réparations ou en constructions et cependant toujours à l'étroit. Nous ne donnons ni paix ni trêve aux rochers de l'Hermitage, nous défrichons, nous plantons des vignes, nous tâchons de tout fertiliser.

Champagnat à Monsieur Fontbonne, St. Louis, Missouri, U.S.A., Lettre 109

1.13        Le Projet de Marcellin

Elevé au sacerdoce en 1816, je fus envoyé dans une commune des cantons de St. Chamond (Loire). Ce que je vis de mes yeux dans cette nouvelle position touchant l'éducation des jeunes gens me rappela les difficultés que j'avais moi-même éprouvées à leur âge, faute d'instituteurs.

Lettre 59

Une bonne éducation est le moyen le plus sûr de procurer de bons sujets à la société. Malheureusement la plupart des communes rurales sont privées de cet avantage: l'insuffisance des ressources municipales, la pénurie des habitants ne leur permettent pas de confier l'éducation de leurs enfants aux Frères des Ecoles Chrétiennes, dont on connaît le mérite et la capacité; de là, la triste nécessité ou de laisser croupir leurs enfants dans une ignorance funeste, ou (ce qui est encore plus fâcheux) de les livrer à des instituteurs peu capables de les former à la science et aux vertus nécessaires à de bons citoyens.

Pour obvier à ces inconvénients, M. Champagnat, soussigné, prêtre du diocèse de Lyon, voyant le zèle que le Roi et son gouvernement mettent à procurer à toutes les classes de la société le grand bienfait de l'instruction, s'est proposé de former, près de la ville de St. Chamond, une association d'instituteurs primaires, sous le nom de PETITS FRERES DE MARIE, et a rédigé les statuts suivants aux fins d'obtenir une autorisation qui procurera aux membres de cette société le moyen d'exercer leur importante et pénible fonction d'une manière légale et par là plus avantageuse.

Champagnat à Sa Majesté, Louis Philippe, Roi de France, 1834, Lettre 34

1.14        Marcellin catéchiste

(Pendant ses vacances de séminariste) Souvent il réunissait dans sa chambre les enfants de son village, pour leur apprendre le catéchisme et les prières. Les jours de dimanche, il réunissait même les grandes personnes et leur faisait une courte mais pathétique instruction sur les mystères de la religion et les devoirs du chrétien, sur la manière d'entendre la sainte messe et d'assister avec fruit aux saints offices.

Vie, III, p. 25

1.15        Les succès des prédications et des enseignements de Marcellin

Les catéchismes de M. Champagnat étaient si intéressants, que bientôt ils firent bruit dans la paroisse. Les grandes personnes voulurent les entendre, et le dimanche elles s'y rendirent en foule. Ces nouveaux auditeurs l'obligèrent à changer un peu la forme de ses instructions. Ainsi, après avoir développé la lettre de la leçon du jour par des sous-demandes claires, simples, et à la portée des plus faibles intelligences, il en tirait des conséquences morales pour le règlement des moeurs, et des réflexions propres à toucher les coeurs, et à les porter à pratique de la vertu. Quel que fût le sujet du catéchisme, il savait en faire ressortir pour chaque état, pour chaque condition, pour chaque âge, ce qui convenait à la position et aux besoins de chacun. . .

Vie, IV, pp. 46, 47-48

1.17        Innovations pédagogiques de Marcellin Champagnat

Nous n'avons pas besoin de vous dire que, dans la composition ou plutôt dans la rédaction de cet ouvrage, nous avons suivi fidèlement les règles et les instructions que nous a laissées notre pieux Fondateur sur l'éducation de la jeunesse. Nous avons cherché, avant tout, à nous pénétrer de son esprit, à le faire revivre, à le reproduire, autant qu'ils nous a été possible, afin de vous le transmettre et de le perpétuer parmi nous. C'était notre plus profonde conviction, que notre bon Père a consacré spécialement les deux mois de vacances qu'il nous accordait à nous former à l'enseignement, à nous apprendre à faire le Catéchisme et à nous enseigner les principes invariables qui constituent une bonne éducation. Ceux qui ont eu le bonheur de l'entendre, se rappelleront qu'il entrait sur ce sujet dans les plus menus détails, et qu'il nous a donné des leçons sur toutes les parties de l'éducation de l'enfant. Que ne nous a-t-il pas dit, par exemple, sur la petite classe qu'il disait être la plus importante? sur les soins que les Frères qui en sont chargés doivent donner à ses tendres enfants qu'il appelait de petits Anges, à cause de leur innocence ? sur les moyens que l'on doit prendre pour leur faire connaître les premières vérités de la religion, pour leur inspirer la piété, la vertu, et pour leur aplanir les difficultés de la lecture ? L'esprit de Dieu, dont il était rempli, et l'amour tendre qu'il avait pour les enfants, lui avaient révélé tous les besoins de leur âge et les moyens de les soulager; tous les secrets pour gagner leur coeur, pour les tourner au bien, pour leur inspirer la piété et pour former les facultés de leur âme. C'est ce talent ardent dont il était animé pour la sanctification des enfants, et qu'il cherchait à communiquer à ses Frères dans les instructions journalières qu'il leur faisait sur ce sujet, dont nous vous présentons ici le tableau.

Guide des Ecoles, pp. 5-6

Le Frère François note ensuite cinq domaines qui, dans la méthode d'enseignement de l'Institut, sont l'oeuvre personnelle du Père Champagnat :

                1- La méthode de lecture

                2- Les qualités d'une bonne discipline

                3- La méthode pour faire le catéchisme et le soin qu'il prit de former de bons catéchistes

                4- L'enseignement du chant

               5- Les règles concernant la formation des jeunes Frères.

1.18        Attention personnelle à ses frères

Mon bien cher frère Barthelemy,

Vous ne devez pas douter que vous regardant tous comme mes chers enfants en Jésus et Marie par le doux nom de père que vous me donnez, je vous porte tous bien chèrement dans mon coeur. Je suis bien sensible aux souhaits que vous formez pour moi, je ne les oublierai pas. Dans mes prières je recommanderai celui qui forme de si beaux voeux pour moi. Je prends bien part à tous les ennuis que peuvent causer toutes les indispositions qu'éprouvent vos collaborateurs. Ayez bien soin de vous, afin que vous puissiez bien accomplir vos pénibles devoirs. Tous les pères et frères se portent bien. Je leur ferai part de vos souhaits de bonne année.

                Ayez bon courage, voyez, mon cher ami, combien est précieuse aux yeux de Dieu votre occupation. De grands saints et de grands hommes se félicitaient d'un emploi si précieux à Jésus et Marie. Laissez venir à moi ces petits enfants, car c'est à eux à qui le ciel appartient.

                Vous avez en mains le prix du sang de Jésus Christ. Vos nombreux enfants vous seront, après Dieu, redevables de leur salut. Leur vie entière sera l'écho de ce que vous leur aurez appris. Efforcez-vous, n'épargnez rien pour former leurs jeunes coeurs à la vertu; faites leur bien sentir que sans la vertu, sans la piété, sans la crainte de Dieu, ils ne seront jamais heureux; qu'il n'y a point de paix pour l'impie. Que Dieu seul peut faire leur bonheur, que c'est pour lui seul qu'ils ont été faits. Que de bien, mon cher ami, vous pouvez faire!

                Vos parents se portent bien. Votre frère qui était à l'armée, est mort à Paris d'un grand mal de tête. Priez pour lui, les regrets ne lui peuvent être d'aucune utilité; il n'a besoin que de prières.

                J'aurais encore bien des choses à vous dire; j'espère que dans peu de jours, je vous les dirai de vive voix. Je vous laisse tous les deux dans les Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie, ce sont de si bonnes places!

                J'ai l'honneur d'être votre tout dévoué père en Jésus et Marie

Champagnat, Notre Dame de l'Hermitage, 1831, Lettre 19

Mon bien cher frère Barthelemy

Je vous promets que le premier voyage que je ferai à Lyon, j'irai vous voir, courage, mon bon ami, il suffit que vous ayez la volonté, avec votre brave collaborateur, d'enseigner un bon nombre d'enfants. Vous n'en auriez point, que votre récompense serait la même. Ne vous inquiétez pas du petit nombre que vous avez. Dieu tient les coeurs de tous les hommes entre ses mains, il vous enverra du monde quand il le jugera à propos, il suffit que vous ne vous y opposiez pas par vos infidélités, vous êtes où Dieu vous voulait, puisque vous êtes où vos supérieurs vous ont voulu. Je ne doute pas que le Seigneur ne vous en récompense par beaucoup de grâces.

Lettre 24,

1.19        La foi de Marcellin

La manière dont le Père Champagnat pratiquait l'exercice de la présence de Dieu, consistait à croire d'une foi vive et actuelle Dieu présent partout, remplissant l'univers de son immensité, des oeuvres de sa bonté, de sa miséricorde et de sa gloire. . . Tout lui était un sujet de s'élever à Dieu et de le bénir; aussi, en toute occasion, son âme se répandait en actes d'amour, de louange et d'action de grâces.. .

Le sentiment de la présence de Dieu tenait son âme dans une paix et une tranquillité inaltérables. Sa grande maxime était que l'on n'a rien à craindre quand on est avec Dieu, et que rien ne peut nuire à ceux qui se confient en la divine Providence.

Vie, V, pp. 323-324,325,328

1.20        Marie notre modèle et notre Bonne Mère

A toutes ces pratiques établies dans l'Institut pour honorer la Mère de Dieu, le pieux Fondateur voulait, et il a prescrit que l'on joignit deux choses indispensables, et qui, dans sa pensée, doivent être le complément des hommages rendus à Marie et les efforts de la dévotion que l'on a pour elle. La première est l'imitation de ses vertus. Il demande donc que l'amour des Frères pour Marie les porte surtout à prendre son esprit, et à imiter son humilité, sa modestie, sa pureté et son amour pour Jésus-Christ. La vie pauvre et cachée de la divine Mère et les exemples sublimes qu'elle nous a donnés, doivent être la règle de la conduite des Frères, et chacun doit tellement s'efforcer de lui ressembler, que tout dans ses actions et dans sa personne rappelle Marie, retrace l'esprit et les vertus de Marie. La seconde chose, c'est que les Frères se regardent comme particulièrement obligés de la faire connaître, de la faire aimer, de répandre son culte et d'inspirer sa dévotion aux enfants.

Vie, VII, pp. 347-348

1.21        La Crèche, la Croix et l’Autel

Je désire que les Petits Frères de Marie soient les assidus de Jésus naissant, de Jésus mourant et de Jésus immolé sur l'autel. Qu'ils soient les assidus de Jésus dans tous ses mystères: sa vie, ses actions, ses souffrances; voilà quel doit être le grand et principal sujet de leurs méditations. . . .

                Savez-vous, mes cherss Frères, pourquoi je désire que vous soyez les assidus de Jésus dans sa crèche, sur le Calvaire et à l'autel ? Parce que ces trois lieux sont les trois grandes fontaines de la grâce et que là surtout Jésus la répand abondamment sur ses élus. .. .

Oui, Dieu est charité partout, mais particulièrement à la crèche, à la croix et à l'autel; c'est-à-dire que c'est surtout dans ces trois endroits qu'il embrase de son divin amour les coeurs de ses Saints; c'est dans ces trois endroits que notre pauvre coeur peut mieux comprendre et sentir combien il nous aime. . .

                Jésus est venu apporter le feu sacré sur la terre; partout il le répand de mille manières, mais il a établi trois grands foyers où viennent s'embraser tous les Saints, toutes les âmes ferventes. Ces foyers sont: l'étable de Bethléem, le Calvaire et l'autel. . . Allez aux fontaines du Sauveur et puisez-y abondamment !

ALS, VI, pp. 64-65

1.22        La compassion de Marcellin pour les pauvres

Un jour, on vient l'appeler pour un malade; il s'empresse de le visiter, et trouve un malheureux couvert d'ulcères, couché sur un peu de paille, et n'ayant que des lambeaux pour couvrir sa nudité et ses plaies. Touché d'une profonde compassion à la vue de tant de souffrances et d'une si grande indigence, il adresse d'abord des paroles de consolation au malade; puis, il court chez lui, fait appeler le Frère économe, et lui ordonne de porter tout de suite une paillasse, des draps et des couvertures au pauvre qu'il vient de voir. "Mais, mon Père, lui fit observer le Frère, nous n'avons point de paillasse libre. - Comment, répliqua le Père, vous ne trouvez pas une seule paillasse dans la maison? - Non, il n'y en a pas une seule, et vous devez vous rappeler que j'ai donné la dernière les jours passés. - Eh bien ! reprit-il, prenez celle de mon lit, et portez-la à l'instant à ce pauvre malade." Souvent, il lui est arrivé de se dépouiller lui-même pour assister les pauvres, ou pour procurer à ses Frères ce qui leur manquait.

Vie, XXI, p. 522

1.23        Voir 1.17

1.24        Formation des responsables

Pendant les deux mois de vacances il faisait souvent des conférences aux Frères directeurs sur le gouvernement des maisons, l'administration du temporel et la direction des classes. Dans ses conférences il traitait, dans le plus grand détail, des vertus nécessaires à un bon supérieur et des moyens de les acquérir, des obligations d'un instituteur, d'un Frère directeur et de la manière de les remplir.

Vie, XVII, p. 462

Dans ses conférences, le pieux Fondateur donnait à tous les Frères la liberté de lui proposer leurs difficultés, de lui soumettre leurs doutes et tout ce qui les embarrassait dans le détail de leurs fonctions. Les Frères usaient largement de cette liberté et chacun lui faisait ses observations, lui exposait ses sentiments, ses scrupules sur une foule de questions d'administration, de direction des maisons, ou lui demandait quel était le parti le plus conforme à la règle, à l'esprit de l'Institut dans telles et telles circonstances et la conduite qu'il y avait à tenir dans une infinité d'affaires que doit traiter et règler un Frère directeur.

Il admettait souvent les principaux Frères dans son conseil et ne faisait presque rien sans prendre leur avis. Il croyait qu'initier les Frères aux affaires de l'Institut et les consulter sur les règles qu'il élaborait et sur la méthode d'enseignement qu'il voulait adopter, c'était un moyen sûr de former leur esprit, de rectifier leurs idées, de développer leur jugement, de leur donner de l'expérience, de leur apprendre à juger, à apprécier les choses et à les traiter ensuite avec intelligence et succès. Quelquefois, après avoir débattu en conseil des inconvénients et des avantages d'une mesure, d'une affaire, il en confiait l'exécution ou la poursuite à un Frère et laissait à son jugement le soin de la traiter. Mais une fois la tâche du Frère terminée, il se faisait rendre compte de la manière dont elle avait été accomplie, louait et approuvait ce qu'il jugeait bien conduit, indiquait quel moyen on aurait dû prendre pour écarter une difficulté, pour vaincre un obstacle, pour concilier un différend, ou se contentait de dire que si l'on avait pris telle autre voie, on aurait mieux réussi.

Vie, XVII, p. 463

 

2:        Frères et Laïcs, ensemble en mission, dans l’Eglise et dans le monde

2.1          Encouragements de Marcellin aux autres œuvres d’éducation chrétienne.

Que notre bonne Mère bénisse toutes vos entreprises, vous bénisse vous même et vous conserve longtemps à sa bonne oeuvre que vous conduisez

Champagnat à Monsieur MAZELIER, 1837, Lettre 122

Ayant le même but et travaillant pour le même maître, nous désirons vous être toujours unis et agir de concert avec vous.

A Monsieur MAZELIER, Lettre 141

Je désire, mes bien chers Frères, que cette charité qui doit vous unir tous ensemble, comme les membres d'un même corps, s'étende aussi à toutes, les autres congrégations. Ah! je vous en conjure par la charité sans bornes de Jésus-Christ, gardez-vous de ne jamais porter envie à personne et surtout à ceux que le bon Dieu appelle à travailler, comme vous, dans l'état religieux, à l'instruction de la jeunesse. Soyez des premiers à vous réjouir de leurs succès et à vous affliger de leurs disgrâces. Recommandez-les souvent au bon Dieu et à la divine Marie. Cédez-leur sans peine. Ne prêtez jamais l'oreille à des discours qui tendraient à leur nuire. Que la seule gloire de Dieu et l'honneur de Marie soient votre unique but et toute votre ambition.

Testament Spirituel, Vie, XX, pp. 242-243

2.4          Les divers éducateurs de l'enfant

I- Les parents sont les éducateurs naturels placés par la Providence auprès du berceau de chaque enfant. Ils possèdent, en effet, au plus haut point l'affection, l'autorité qui sont les deux facteurs principaux de toute éducation

2- Le prêtre représente l'Eglise qui tient de son divin Fondateur lui-même sa mission d'éducatrice des peuples (Matt., 28: 19, 20). Outre son rôle direct, l'Eglise a un droit de contrôle sur l'enseignement religieux et moral donné dans la famille et à l'école.

3- L'instituteur aide; il est le suppléant des parents et du prêtre, il tient, après eux, le premier rang dans l'éducation, car son influence s'exerce méthodiquement pendant plusieurs années, à l' époque où l'enfant subit le plus facilement l'empreinte de ceux qui l'approchent.

Guide, pp. 194-195

2.6          Image de l’Eglise Communion

". . .La communion avec Jésus, d'où découle la communion des chrétiens entre eux, est absolument indispensable pour porter du fruit: "En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn 15, 5) Et la communion avec les autres est le fruit le plus beau que les sacrements peuvent porter: c'est, en effet, un don du Christ et de son Esprit.

La communion et la mission sont profondément unies entre elles, elles se compénètrent et s'impliquent mutuellement, au point que la communion représente la source et tout à la fois le fruit de la mission: . . .De son côté, l'Eglise sait que la communion, reçue en don, a une destination universelle.

Christifideles Laici, 32

Mais qui donc a la mission d'évangéliser ? Le Concile Vatican II a répondu avec clarté: "Par mandat divin, incombe à l'Eglise la fonction d'aller dans le monde entier et d'annoncer l'Evangile à toute créature" Et dans un autre texte du même Concile: "l'Eglise tout entière est missionnaire, l'oeuvre d'évangélisation est un devoir fondamental du peuple de Dieu."

Nous avons déjà rappelé cette liaison intime entre l'Eglise et l'évangélisation. Lorsque l'Eglise annonce le Règne de Dieu et le construit, elle s'implante elle-même au cœur du monde comme signe et instrument de ce Règne qui est et qui vient.

Evangelii Nuntiandi, 59

Toute l'Eglise est donc appelée à évangéliser et cependant dans son sein nous avons différentes tâches évangélisatrices à accomplir. Cette diversité de services dans l'unité de la même mission fait la richesse et la beauté de l'évangélisation. Ces tâches, Nous les rappellerons d'un mot.

Evangelii Nuntiandi, 66

2.9          Tous les baptisés sont appelés à la mission

. . . Le Concile Vatican II a confirmé cette tradition, mettant en lumière le caractère missionnaire de tout le Peuple de Dieu, en particulier l'apostolat des laïcs, et soulignant la contribution spécifique que ceux-ci sont appelés à apporter à l'activité missionnaire. La nécessité pour tous les fidèles de partager une telle responsabilité n'est pas seulement une question d'efficacité apostolique: c'est un devoir et un droit fondés sur la dignité conférée par le baptême, en raison de laquelle" les fidèles laïcs participent, pour leur part, à la triple fonction de Jésus Christ: sacerdotale, prophétique et royale ".

Redemptoris Missio, 71

Les fidèles laïcs, précisément parce qu'ils sont membres de l'Eglise, ont la vocation et la mission d'annoncer l'Evangile: à cette activité ils sont habilités et engagés par les sacrements de l'initiation chrétienne et par les dons du Saint Esprit. (33)

. . . Ouvrir toutes grandes les portes au Christ, l'accueillir dans l'espace de sa propre existence humaine ne comporte aucune menace pour l'homme; bien au contraire, c'est le seul chemin à parcourir si l'on veut reconnaître l'homme dans sa vérité totale et l'exalter dans ses valeurs.

La synthèse vitale que les fidèles laïcs sauront opérer entre l'Evangile et les devoirs quotidiens de la vie sera le témoignage le plus beau et le plus convaincant pour montrer que ce n'est pas la peur, mais la recherche du Christ et l'attachement à sa personne qui sont le facteur déterminant pour que l'homme vive et grandisse, et pour que naissent de nouveaux modèles de vie plus conformes à la dignité humaine.

L'homme est aimé de Dieu! Telle est l'annonce si simple et si bouleversante que l'Eglise doit donner à l'homme. La parole et la vie de chaque chrétien peuvent et doivent faire retentir ce message: Dieu t'aime. Le Christ est venu pour toi, pour toi le Christ est "le Chemin, la Vérité et la Vie!" (Jn 14, 6). (34)

Christifideles Laici, 33, 34

Faisons de tous ceux qui veulent partager notre spiritualité et notre mission de véritables partenaires. Risquons de perdre une certaine forme de pouvoir pour vivre l’audace d’une franche collaboration avec les laïcs, non pas parce que nous sommes moins nombreux mais parce que nous reconnaissons la vocation et la mission propres des baptisés.

XIX Chapitre Général, Message, 19

2.10        L’Eglise et les croyants des autres religions

A notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples augmentent, l'Eglise examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non chrétiennes.

Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine, . .

L'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. . .Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec ceux qui suivent d'autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socioculturelles qui se trouvent en eux.

. . . L'Eglise réprouve donc, en tant que contraire à l'esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur classe ou de leur religion.

Nostra Aetate, 1, 2, 5

La collaboration entre chrétiens et croyants des autres religions

Un autre niveau (de relation entre personnes de différentes croyances) est le dialogue des oeuvres et de la collaboration visant les objectifs à caractère humanitaire, social, économique et politique qui favorisent la libération et le développement de l'homme. Ce dialogue est fréquent au sein des organisations locales, nationales et internationales, dans lesquelles chrétiens et croyants des autres religions se penchent ensemble sur les problèmes mondiaux.

Le Dialogue et la Mission, 31

". . . . Tous les fidèles, spécialement les laïcs qui vivent au milieu de peuples d'autres religions, que ce soit leur pays d'origine ou un pays où ils ont émigré, ces laïcs devront être pour les habitants de ces pays un signe du Seigneur et de son Eglise, d'une façon adaptée aux circonstances de vie de chaque pays.

Christifideles Laici, 35

2.11        Les charismes

Le Saint Esprit, en confiant à l'Eglise-Communion les différents ministères, l'enrichit d'autres dons et impulsions particulières, appelés charismes. . ..

Extraordinaires ou simples et humbles, les charismes sont des grâces de l'Esprit Saint qui ont, directement ou indirectement, une utilité ecclésiale, ordonnés qu'ils sont à l'édification de l'Eglise, au bien des hommes et aux besoins du monde.

. . . Ils sont donnés à une personne déterminée, mais ils peuvent être partagés par d'autres, de sorte qu'ils se maintiennent à travers le temps comme un héritage vivant et précieux, qui engendre une affinité spirituelle particulière entre de nombreuses personnes.

Christifideles Laici, 24

2.12        Le charisme de Marcellin

Guidé par l’Esprit, Marcellin Champagnat a été saisi par l’amour de Jésus et de Marie pour lui-même et pour les autres. Cette expérience, ainsi que son ouverture aux événements et aux personnes, est à la source de sa spiritualité et de son zèle apostolique. Elle le rend sensible aux besoins de son temps, spécialement à l’ignorance religieuse et aux situations de pauvreté de la jeunesse.

Sa foi et son désir d’accomplir la volonté de Dieu lui révèlent sa mission: "faire connaître et aimer Jésus Christ". Il disait souvent, "Je ne puis voir un enfant sans éprouver l’envie de lui faire le catéchisme, sans désirer lui faire connaître combien Jésus Christ l’a aimé."

Dans cet esprit, il a fondé notre Institut pour l’éducation chrétienne des jeunes, particulièrement des plus délaissés.

Constitutions, 2

2.13        Expression du charisme dans les diverses situations et cultures

L'actualité du charisme de Marcellin Champagnat provoque notre engagement, personnel et communautaire, pour l'incarner dans les diverses situations et cultures. Nous sommes tous responsables de cette tâche. En communion avec les Supérieurs, nous travaillons à bâtir des communautés rayonnantes de la présence de Jésus.

                Constitutions, 165

2.14        Nouvelles relations entre Religieux et Laïcs

Ces dernières années, la doctrine de l'église comme communion a permis de mieux comprendre que ses diverses composantes peuvent et doivent unir leurs forces, dans un esprit de collaboration et d'échange des dons, pour participer plus efficacement à la mission ecclésiale. ..

Aujourd'hui, beaucoup d'Instituts, souvent en raison de situations nouvelles, sont parvenus à la conviction que leur charisme peut être partagé avec les laïcs, qui, par conséquent, sont invités à participer de façon plus intense à la spiritualité et à la mission de l'Institut lui-même. On peut dire qu’un nouveau chapitre, riche d'espérance, s'ouvre dans l'histoire des relations entre les personnes consacrées et le laïcat.

                                                                                                                                             Vita Consecrata, 54

2.15        La vocation spécifique des Laïcs

Les laïcs, que leur vocation spécifique place au coeur du monde et à la tête des tâches temporelles les plus variées, doivent exercer par là même une forme singulière d'évangélisation.

La tâche première . . . c'est la mise en œuvre de toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans le monde. Le champ propre de leur activité évangélisatrice, c'est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l'économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l'évangélisation comme sont l'amour, la famille, l'éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance.

Evangelii Nuntiandi, 70

Tous, dans l'Eglise, précisément parce qu'ils sont ses membres, reçoivent et donc partagent la vocation commune à la sainteté. De plein droit, et sans aucune différence avec les autres membres de l'Eglise, les fidèles laïcs sont appelés à la sainteté.

Christifideles Laici, 16

En résumé, on peut dire que l'éducateur laïc catholique est un laïc qui exerce sa mission dans l'Eglise en vivant par la foi sa vocation séculière dans la structure communautaire de l'école, avec la plus grande qualité professionnelle possible et avec un projet apostolique de cette foi dans la formation intégrale de l'homme, dans la communication de la culture, dans la pratique d'une pédagogie de contact direct et personnel avec l'élève et dans l'animation spirituelle de la Communauté éducative à laquelle il appartient et des catégories de personnes avec lesquelles la Communauté éducative est en relation. C'est à lui, en tant que membre de cette Communauté, que la famille et l'Eglise confient la tâche éducative dans l'école.

Le Laïc Catholique Témoin de la Foi dans L'Ecole, 24

Les Laïcs, immense espérance de l'Eglise. . .

Les Laïcs catholiquesss qui travaillent dans l'école à des tâches éducatives comme professeurs, dirigeants, administrateurs ou auxiliaires ne peuvent douter qu'ils constituent pour l'Eglise une immense espérance. En général, c'est à eux que l'Eglise fait confiance pour l'intégration progressive des réalités temporelles dans l'Evangile et pour faire parvenir celui-ci à tous les hommes; et, d'une manière particulière, pour la tâche extrêmement importante de la formation intégrale de l'homme et l'éducation de la foi de la jeunesse, de laquelle dépend que le monde futur soit plus proche ou plus éloigné de Jésus-Christ.

Le Laïc Catholique Témoin de la Foi dans L'Ecole, 81

2.16        La vocation spécifique des Frères

. . .Selon la terminologie en vigueur, les Instituts qui, en vertu de l'intention du fondateur , ont un caractère et une finalité qui ne comportent pas l'exercice de l'Ordre sacré, sont appelés "Instituts laïques ". Cependant, au cours du Synode, on a fait ressortir le fait que cette terminologie n'exprime pas de manière appropriée le caractère particulier de la vocation des membres de ces Instituts religieux. En effet, tout en exerçant les nombreuses activités qu'ils ont aussi en commun avec les fidèles laïques, les religieux le font en fonction de leur identité de consacrés et ils expriment ainsi un esprit de don total au Christ et à l'église, selon leur charisme spécifique. Pour cette raison, de manière à éviter toute ambiguïté et toute confusion avec le caractère séculier des fidèles laïques, les pères synodaux ont voulu proposer le terme d'Instituts religieux de Frères. La proposition est significative, surtout si l'on considère que le terme de frère évoque aussi un riche contenu spirituel. "Ces religieux sont appelés à être des frères du Christ, profondément unis à Lui, "l'aîné d'une multitude de frères" (Rm 8,29); frères entre eux, dans l'amour mutuel et dans la coopération au même service pour le bien dans l'Eglise; frères de chaque homme par le témoignage de la charité du Christ envers tous, spécialement envers les plus petits et les plus nécessiteux; frères pour une plus grande fraternité dans l'Eglise.

Vita Consecrata, 60

2.18        Rémunération juste

Les Frères préposés à l’administration des biens de l’Institut veillent à ce que tous nos auxiliaires reçoivent un salaire en accord avec les lois du pays et qu’ils bénéficient des avantages sociaux , dans le respect de la justice.

Constitutions 156.1

Les associations professionnelles qui se proposent de protéger les intérêts de ceux qui travaillent dans ce domaine doivent être considérées, elles aussi, dans le cadre de la mission spécifique de l'Ecole Catholique. Il va de soi que les droits des personnes engagées au service de l'Ecole Catholique doivent être respectées avec un sens très élevé de la justice. Mais qu'il s'agisse d'intérêts matériels ou de conditions sociales et morales permettant l'épanouissement professionnel, le principe énoncé par le Concile Vatican II trouve ici une application particulière: si "les fidèles doivent apprendre à distinguer soigneusement les droits et les devoirs qui leur incombent du fait de leur appartenance à l'Eglise et qui leur reviennent en tant que membres de la société humaine, ils doivent s'appliquer à unir harmonieusement les uns et les autres, se souvenant qu'en toute chose temporelle ils doivent se laisser conduire par leur conscience chrétienne" . . . Si par conséquent, ils se proposent, dans des associations spécifiques de veiller à la sauvegarde des droits relatifs des éducateurs, des parents et des élèves, il ne peuvent manquer de prendre en considération la mission spécifique de l'Ecole Catholique au service de l'éducation chrétienne de la jeunesse.

L'Ecole Catholique, 79

2.19        Le droit et le devoir d'éducation qui reviennent aux parents

. . . Comme l'a rappelé le Concile Vatican II: "Les parents, parce qu'ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, ils doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise l'éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales dont aucune société ne peut se passer".

Le droit et le devoir d'éducation sont pour les parents quelque chose d'essentiel, de par leur lien avec la transmission de la vie; quelque chose d'original et de primordial, par rapport au devoir éducatif des autres, en raison du caractère unique du rapport d'amour existant entre parents et enfants; quelque chose d'irremplaçable et d'inaliénable, qui ne peut donc être totalement délégué à d'autres ni usurpé par d'autres. (36)

. . . Ainsi, la famille des baptisés, assemblée en tant qu'Eglise domestique par la Parole et par le sacrement, devient en même temps, comme l'Eglise dans son ensemble, mère et éducatrice. (38)

. . . Le droit des parents au choix d'une éducation conforme à leur foi doit être absolument assuré. . . Et donc, tous ceux qui dans la société sont à la tête des écoles ne doivent jamais oublier que les parents ont été institués par Dieu lui-même premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, et que c'est là un droit absolument inaliénable. Mais, corrélativement à leur droit, les parents ont la grave obligation de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour entretenir des relations cordiales et constructives avec les enseignants et les responsables des écoles. (40)  

                                                                               Familiaris Consortio 36, 38, 40

2.20        Travailler avec les parents

Il est des cas où il convient de voir les parents de certains enfants pour se concerter avec eux: il faut toujours laisser entrevoir aux parents que leurs enfants donnent beaucoup à espérer, et qu'avec un peu de peine et beaucoup de soin, en agissant de concert, on parviendra à les bien former.

La Règle de 1837, 5, 16

2.22        Coresponsabilité et subsidiarité

Cette coresponsabilité s'exprime selon la diversité des tâches, et se développe à travers les structures mises en place par notre droit propre.

Selon le principe de subsidiarité, l'étendue des pouvoirs de chaque instance est délimitée et respectée. Les organes prennent les décisions qui sont de leur compétence, selon les Constitutions. L'instance supérieure n'intervient que lorsque la situation l'exige.

Constitutions, 119

2.24        Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste

Il est facile de préciser les lignes de force du Mouvement Champagnat. Même si cela s'est fait avec des expressions variées, elles sont facilement reconnaissables dans la vie de quelques groupes et dans celles des personnes très proches de l'oeuvre des Frères. Il y a par exemple, chez eux, le désir manifeste:

- d'être des apôtres de Jésus dans leur milieu et leur état de vie,

- d'aimer et imiter la Vierge Marie,

- de chercher ensemble, réunis en petits groupes, à partager leur foi en Jésus-Christ et leur expérience de l'action apostolique.

- de témoigner par leur vie de la spiritualité du Père Champagnat.

Frère Charles Howard, Le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste, p. 401

 

3:        Parmi les jeunes, spécialement les plus délaissés

3.1          Les jeunes que le Père Champagnat voulait servir avant tout

. .. Puisque vous désirez vous livrer à l'instruction chrétienne des enfants, ce qui fait le but de votre vocation et ce que j'approuve fort, je désire que vous consacriez les premiers effets de votre zèle aux enfants les plus ignorants et les plus abandonnés. Ainsi, je vous propose d'aller faire la classe dans les hameaux de la paroisse".

Vie, VII, p. 75

L'instruction des enfants en général et, en particulier, des pauvres orphelins est l'objet de notre Etablissement. Aussitôt que nous aurons terminé la maison de l'Hermitage et que nos moyens nous permettront d'utiliser une bonne prise d'eau pour subvenir aux frais de l'oeuvre, nous recevrons les enfants des maisons de charité; nous leur donnerons une situation en leur donnant une éducation chrétienne. Ceux d'entre eux qui auront des dispositions pour la vertu et pour la science, seront employés dans la maison.                       

PROSPECTUS 1824A, 10

L'objet de la Congrégation est encore de diriger des maisons de Providence ou de refuge pour les gens revenus du désordre ou exposés à perdre les moeurs.                                             

Statuts 1828, 9

Article premier. Les Frères de Marie qui ont pour but principal l'éducation des pauvres enseigneront la lecture, l'écriture, le calcul, les principes de la Grammaire et surtout la pratique de la Religion. Leurs écoles seront gratuites et ils conviendront avec les communes des moyens de leur procurer une existence honnête et peu onéreuse.       

Statuts 1830, 2

3.2          Suivre l’exemple du Fondateur en manifestant notre préférence pour les pauvres

Aimant les pauvres, notre Fondateur a voulu nous envoyer vers eux, de préférence, sans exclure personne. Ses premiers disciples, par leur vie rude, restaient proches de ceux auxquels ils se dévouaient. (33)

Par fidélité au Christ et au Fondateur, nous aimons les pauvres. Bénis de Dieu, ils nous attirent ses faveurs et nous évangélisent.

Guidés par la voix de l’Eglise et selon notre vocation propre, nous sommes solidaires des pauvres et de leurs causes justes. Nous leur réservons notre préférence, partout où nous sommes et quel que soit notre emploi. Nous aimons les lieux et les maisons qui nous font partager leur condition, et nous saisissons les occasions de contact avec la réalité de leur vie quotidienne.

Le souci des pauvres nous pousse à découvrir les causes de leur misère et à nous libérer de tout préjugé ou indifférence à leur égard. Il nous fait devenir plus responsables dans l’usage de nos biens que nous devons partager avec les plus démunis d’entre eux. Nous évitons de les choquer par un train de vie trop confortable.

Notre mission d’éducateurs auprès des jeunes nous engage à oeuvrer pour la promotion de la justice. (34)

L'expérience enseigne que la vitalité d'une famille religieuse est étroitement liée a la manière dont elle pratique la pauvreté évangélique. En raison de la tendance naturelle au confort et à la richesse, nous veillons à garder la simplicité dans notre style de vie personnelle, communautaire, et dans nos oeuvres. Notre préférence va aux pauvres, avec qui nous partageons nos vies et notre travail. De cette façon, nous nous conformons à la recommandation du Fondateur: "Conservez-vous dans un grand esprit de pauvreté et détachement. (167)

Constitutions, 33, 34, 167

3.3          Les cris des jeunes

- Le cri de douleur de tant de pauvres et de marginalisés qui, partout dans le monde, sont laissés sur le bord du chemin.

- Le cri de détresse de tous ces jeunes sans emploi, dont les talents sont méprisés.

- Le cri du silence de tous ceux qui sont rejetées, de ceux qui sont sans voix, sans liberté, de ceux qui sont dans une solitude extrême.

- Le cri de désespoir de tant de jeunes qui sont en quête d'un sens pour leur vie et cherchent le bonheur dans des paradis artificiels.

L'injustice des structures qui engendrent tant de souffrances crie vers les cieux (Ex. 3: 7-10).

- Le cri de ces enfants des rues, abandonnés, condamnés à une vie inhumaine.

- Le cri de ces enfants victimes des injustices, de la faim, de la guerre.

- Le cri de ces enfants découragés par l'échec scolaire.

- Le cri de ces enfants du divorce, des familles brisées.

- Le cri de ces enfants dont on abuse ou qui vendent leur corps.

Derrière ces visages de souffrance, se cache le visage de Jésus (Mt. 25: 35-40)

Derrière tous ces cris, c'est le cri de Jésus sur la croix (Mk 15: 34-37)

Mais aussi les cris d'espérance

- de tous ceux qui s'engagent à garantir les droits de l'homme,

- de tous ceux qui bâtissent la paix,

- de tous ceux qui font reculer la misère,

- de tous ceux qui travaillent à une société plus juste,

- de tous ceux qui prennent part à la mission d'éducation

- de tous ceux qui luttent pour le respect de la vie,

- de tous ceux qui participent à la sauvegarde de la création,

- de tous ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle.

Dans ces cris d'espérance germent les semences du Royaume et se manifeste la présence de l'Esprit.

XIX Chapitre Général, Message, 5, 6, 7

Des signes d'espérance

·         La soif et la quête de Dieu et du sens de la vie parmi les jeunes, Même s'ils l'expriment quelquefois par des manifestations équivoques.

·         Le désir des pauvres et des marginaux de devenir acteurs de leur libération et de leur développement, particulièrement face aux structures oppressives.

·         Les citoyens qui poussent à la mise en place de structures démocratiques dans leur pays, pour un meilleur respect des droits de l'homme et de la liberté.

·         Une plus grande sensibilité aux valeurs de la culture.

·         Les associations non gouvernementales ou populaires qui se constituent pour venir en aide aux sinistrés des catastrophes, des guerres, des famines.

·         Les jeunes qui travaillent pour plus de justice et qui se battent pour s'organiser et devenir des agents de transformation sociale.

XIX Chapitre Général, Notre Mission, 8

3.4          Marcellin et l’orphelin rebelle

Jean-Baptiste est orphelin et vit un peu comme un sauvage. Le P. Champagnat, aidé de pieuses personnes, est venu au secours de sa mère qui mourait, abandonnée par son mari, dans un dénuement extrême. Après la mort de sa mère, Jean-Baptiste n'a pu vivre avec les enfants de la famille charitable, des voisins, qui l'ont recueilli. Alors M. Champagnat le confie à ses Frères. Fr. Jean-Baptiste Furet, historien de notre Fondateur, écrit: "Habitué à vivre en vagabond et à suivre en toute liberté ses mauvais penchants, il ne put supporter la vie réglée d'une maison d'éducation... Il s'enfuit plusieurs fois, aimant mendier son pain et vivre de l'indigence plutôt que de se soumettre à la discipline de l'école. Les Frères, découragés, finirent par prier le Père de l'abandonner à son malheureux sort, car, lui dirent-ils: "nous perdons notre temps avec cet enfant et tôt ou tard, nous serons forcés de le renvoyer..."M. Champagnat dut beaucoup exhorter ses Frères à la patience et au courage, durant de longs mois. Finalement Jean-Baptiste Berne "changea entièrement; il devint doux, docile, sage et pieux comme un ange". Après sa première communion il demanda à être formé pour être Frère. "Il fut un Frère pieux, régulier, obéissant et mourut en prédestiné, à l'âge de vingt et un ans, entre les bras du Père Champagnat, après l'avoir remercié de ce qu'il avait fait pour lui."

Cahiers Maristes, No. 4, p. 72

3.6          Appelés à l’audace

Nous croyons que nous participons à la mission de Jésus "envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres " (Lc 4:18) et parce qu'aujourd'hui davantage qu'hier, augmente le nombre de pauvres et de marginalisés auxquels on n'a pas apporté l'Evangile, nous nous sentons appelés à revivre "l'expérience du jeune homme Montagne" par fidélité au Christ et au Fondateur, à éveiller la solidarité et à évangéliser: C'est le meilleur service que nous puissions rendre à l'humanité. (10)

Le moment est venu d’assumer collectivement, de façon décidée et sans équivoque, l’appel évangélique à la solidarité. (20)

XIX Chapitre Général, Solidarité, 10, 20

Nous rejoignons les jeunes là où ils sont. Nous allons avec hardiesse dans des milieux peut-être inexplorés, où l'attente du Christ se révèle dans la pauvreté matérielle et spirituelle. Dans nos rencontres, nous leur manifestons une attention empreinte d'humilité, de simplicité et d'oubli de soi.

Nous leur présentons le Christ, la Vérité qui rend libre, lui qui appelle chacun par son nom. Nous les aidons à découvrir leur vocation dans l'Eglise et dans le monde. Nous demeurons disponibles à l'Esprit-Saint qui nous interpelle par les réalités de leur vie et qui nous pousse à des actions courageuses.

Constitutions, 83

Discerner les appels

La fidélité à notre mission exige une attention continuelle aux signes des temps, aux appels de l'Eglise et aux besoins de la jeunesse. Cette attention nous facilite l'adaptation des structures et la prise de décisions courageuses, parfois inédites. Le choix de nos options apostoliques se fait dans le discernement communautaire et avec la médiation des Supérieurs.

Constitutions, 168

3.7          La transformation de nos oeuvres

Il faut chercher comment transformer nos oeuvres de façon qu'elles répondent aux attentes de l'Eglise et aux besoins des jeunes; de façon qu'elles nous aident à être vraiment ce à quoi nous avons été appelés et ce pourquoi nous avons engagé nos vies: des apôtres de Jésus Christ, des disciples de Champagnat.

Frère Benito Arbues, "Avancer sereinement mais sans tarder", 31

3.8          Prendre des risques

Ayons l'audace de quitter certaines sécurités pour nous rendre plus proches des petits et des pauvres. Ne craignons pas de rejoindre tous ceux qui sont "aux frontières".

XIX Chapitre Général, Message, 20

Au cours des temps modernes, l'activité missionnaire s'est surtout déroulée dans des régions isolées, éloignées des centres civilisés et inaccessibles par suite des difficultés de communication, de langue, de climat. Aujourd'hui, l'image de la mission "ad gentes" est peut-être en train de changer: ses lieux privilégiés devraient être les grandes cités où apparaissent des moeurs nouvelles et de nouveaux modèles de vie, de nouvelles formes de culture et de communication qui, ensuite, influent sur l'ensemble de la population. Il est vrai que le "choix des plus petits" doit conduire à ne pas ignorer les groupes humains les plus marginaux ou les plus isolés, mais il n'en est pas moins vrai que l'on ne peut évangéliser les personnes ou les petits groupes en négligeant les centres où naît, pour ainsi dire, une humanité nouvelle avec de nouveaux modèles de développement. L'avenir des jeunes nations est en train de se forger dans les villes.

En parlant de l'avenir, on ne peut oublier les jeunes qui, dans de nombreux pays, constituent déjà plus de la moitié de la population. Comment faire parvenir le message du Christ aux jeunes non chrétiens qui sont l'avenir de continents entiers? A l'évidence, les moyens ordinaires de la pastorale ne suffisent plus: il faut des associations et des institutions, des groupes et des centres de jeunes, des initiatives culturelles et sociales pour les jeunes.

Redemptoris Missio, 37 (b)

3.9          Le sens de l’urgence

Il est important de créer de nouvelles présences qui soient des points de référence pour re-créer notre vie en mission selon le charisme du Père Champagnat. La refondation de l’Institut a besoin de ces fondations qui rendent visible et actuelle l’intuition du Père Champagnat sensible aux besoins de son temps, surtout à l’ignorance religieuse et aux situations de pauvreté des enfants et des jeunes (cf. C 2). Je sais qu’il est difficile de penser à tout cela quand nous constatons nos limites en ressources humaines. C’est là que l’on peut juger, je crois, de la force ou de la faiblesse de notre foi.

Frère Benito Arbues, "Avancer sereinement mais sans tarder", 31

". . Nos pensées vont aux jeunes générations qui sont hors du circuit scolaire, aux 130 millions d’enfants et d’adolescents qui ne peuvent pas fréquenter l’école et aux 100 millions ou davantage qui abandonnent l’école avant d’avoir terminé leurs études (cf UNESCO. Rapport de la Commission internationale sur l’Education pour le XXI° siècle, 1996). Cette réalité, ajoutée à la pauvreté des familles, devrait vous décider à orienter courageusement votre charisme, né du feu de la charité , dans de nouvelles fondations où les diverses formes de pauvreté sont les plus criantes et dans des réponses éducatives adaptées aux nouveaux besoins de la formation intégrale des jeunes.

                Lettre de la Congrégation de l’Education aux Supérieurs généraux, 1996, 11

Le Chapitre demande à l'Institut de s'engager prioritairement avec les plus pauvres.

Chaque Province engagera un processus de discernement. Suite à ce discernement, elle mettra en oeuvre, dans les quatre années à venir, au moins un projet significatif d'une présence mariste auprès des enfants et des jeunes les plus délaissés. Ce projet sera élaboré et réalisé en collaboration avec des Laïcs.

XIX Chapitre Général, Message, 27

Nous croyons que l'option préférentielle pour les pauvres est un impératif évangélique qui nous engage à travailler dans notre mission d'éducateurs pour la promotion de la justice (C 34) et qui nous donne la hardiesse d'aller dans des milieux peut-être inexplorés. (C 83) et parce qu'aujourd'hui davantage qu'hier, malgré les progrès de la technique, le nombre d'analphabètes augmente sans cesse, nous nous sentons appelés à mettre l'accent sur la solidarité comme dimension essentielle de notre éducation et à mettre nos oeuvres au service des pauvres. (9)

Engager les responsables à tous les niveaux à privilégier les nouveaux projets destinés aux enfants et aux jeunes défavorisés. (14)

Engager toutes les unités administratives à plus de collaboration entre elles en permettant une plus grande mobilité des Frères quand un projet de solidarité le demande. (15)

XIX Chapitre Général, Solidarité, 9, 14, 15

 

4:        Nous sommes semeurs de Bonne Nouvelle

4.1          La Mission de l’Institut

Dans ses instructions, il revenait toujours sur ce sujet. "Faire connaître Jésus-Christ, faire aimer Jésus-Christ, répétait-il sans cesse, voilà la fin de votre vocation, et le but de l'Institut....

Dans une foule de lettres, il leur fait les mêmes recommandations, les engageant à rappeler sans cesse aux enfants combien Jésus-Christ les a aimés, et combien, par conséquent, ils étaient obligés de l'aimer.

Vie, VI, p. 340

4.3          Nous éduquons, nous évangélisons

En effet, on ne parle pas ici du professeur comme d’un professionel qui se borne à communiquer de façon systématique dans l’école une série de connaissances, mais de l’éducateur, du formateur d’hommes.

Le Laïc Catholique Témoin de la Foi Dans L'Ecole, 16

4.4          Formation intégrale de la personne humaine et développement social

En recevant et en annonçant l'Evangile dans la force de l'Esprit, l'Eglise devient une Communauté évangélisée et évangélisante, et par là, elle se fait la servante des hommes. En son sein, les fidèles laïcs participent à la mission de servir la personne et la société.

Ayant reçu la charge de manifester au monde le mystère de Dieu qui resplendit en Jésus-Christ, l'Eglise, en même temps, révèle l'homme à l'homme lui-même; elle lui enseigne le sens de son existence, elle l'introduit dans la vérité totale sur lui-même et sur son destin. Dans cette perspective, l'Eglise est appelée, en vertu même de sa mission évangélisatrice, à servir l'homme. Ce service s'enracine tout d'abord dans le fait prodigieux et bouleversant que, "par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme".

C'est pourquoi l'homme "est la première route que l'Eglise doit suivre pour l'accomplissement de sa mission: il est la première route fondamentale de l'Eglise, route tracée par le Christ, route qui passe à travers le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption".

Christifideles Laici, 36

La formation intégrale de l'homme comme finalité de l'éducation comprend le développement de toutes les facultés humaines de l'élève, sa préparation à la vie professionnelle, la formation de son sens éthique et social, son ouverture à la transcendance et son éducation religieuse. . .(17)

Tout éducateur catholique a dans sa vocation un travail d'élaboration continue de projet social, puisqu'il forme l'homme en vue de son insertion dans la société, le préparant à prendre un engagement social visant à améliorer ses structures en les rendant conformes aux principes évangéliques et à faire de la coexistence entre les hommes une relation pacifique, fraternelle et communautaire. Notre monde d'aujourd'hui. avec ses terribles problèmes de faim, d'analphabétisme et d'exploitation de l'homme, de contrastes aigus dans le niveau de vie des personnes et des pays, d'agressivité et de violence, d'extension croissante de la drogue, de législation de l'avortement et, sous beaucoup d'aspects, de sous-estimation de la vie humaine, exige que l'éducation catholique développe en lui-même et cultive chez ses élèves une sensibilité sociale affinée et une profonde responsabilité civile et politique. En fin de compte, l'éducateur catholique est engagé dans la tâche de former des hommes qui fassent de la "civilisation de l'amour" une réalité (19)

Le Laïc Catholique Témoin de la Foi dans L'Ecole, 17, 19

4.5          La Mission évangélisatrice de l’Eglise

Evangéliser, pour l'Eglise, c'est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l'humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l'humanité elle-même: Voici que je fais l'univers nouveau! . .des zones d’humanité qui se transforment: pour l’Eglise dans des tranches géographiques toujours plus vastes ou à des populations toujours plus massives, mais aussi d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Évangile les critèrres de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut.

Evangelii Nuntiandi, 18, 19

L’Eglise a appris que les oeuvres orientées vers la justice et la promotion humaine sont une part indispensable de sa mission évangélique.

Jean Paul II, aux évêques du Mexique à Puebla, 1979

Le dialogue inter-religieux fait partie de la mission évangélisatrice de l’Eglise . . .

Redemptoris Missio, 55

Une conversion plus profonde de tous à Dieu

Dans ce dialogue de salut, les chrétiens et les autres sont tous appelés à collaborer avec l'Esprit du Seigneur ressuscité, Esprit qui est universellement présent et agissant. . . Il parvient à un niveau beaucoup plus profond, celui-là même de l'esprit, où l'échange et le partage consistent en un témoignage mutuel de ce que chacun croit et une exploration commune des convictions religieuses respectives. (40)

Etant donné cet objectif, à savoir une conversion plus profonde de tous à Dieu, le dialogue interreligieux possède sa propre valeur. . . Le dialogue sincère implique d'une part que l'on accepte l'existence de différences et même de contradictions, et d'autre part que l'on respecte la libre décision que les personnes prennent en accord avec les impératifs de leur conscience. (41)

Dialogue et Annonce, 40,41

4.6          Le Royaume de Dieu

. . . Le Royaume de Dieu est destiné à tous les hommes, car tous sont appelés à en être les membres. Pour souligner cet aspect, Jésus s'est fait proche surtout de ceux qui étaient en marge de la société, leur accordant sa préférence, lorsqu'il annonçait la Bonne Nouvelle. . . La libération et le salut qu'apporte le Royaume de Dieu atteignent la personne humaine dans ses aspects physiques et spirituels. Deux gestes caractérisent la mission de Jésus: guérir et pardonner. (14)

Le Royaume doit transformer les rapports entre les hommes et se réalise progressivement, au fur et à mesure qu'ils apprennent à s'aimer, à se pardonner, à se mettre au service les uns des autres. . . C'est pourquoi la nature du Royaume est la communion de tous les êtres humains entre eux et avec Dieu. Le Royaume concerne les personnes humaines, la société, le monde entier. Travailler pour le Royaume signifie reconnaître et favoriser le dynamisme divin qui est présent dans l'histoire humaine et la transforme. Construire le Royaume signifie travailler pour la libération du mal dans toutes ses formes. En un mot, le Royaume de Dieu est la manifestation et la réalisation de son dessein de salut dans sa plénitude. (15)

Il est donc vrai que la réalité commencée du Royaume peut se trouver également au-delà des limites de l'Eglise, dans l'humanité entière, dans la mesure où celle-ci vit les "valeurs évangéliques " et s'ouvre à l'action de l'Esprit qui souffle où il veut et comme il veut" (cf. Jn 3, 8); mais il faut ajouter aussitôt que cette dimension temporelle du Royaume est incomplète si elle ne s'articule pas avec le Règne du Christ, présent dans l'Eglise et destiné à la plénitude eschatologique.

L'Eglise est sacrement du salut pour toute l'humanité et son action ne se limite pas à ceux qui acceptent son message. Elle est force dynamique sur le chemin de l'humanité vers le Règne eschatologique, elle est signe et promotrice des valeurs évangéliques parmi les hommes.

Redemptoris Missio, 14-15, 20

4.7          Le désir de Marcellin de conduire les enfants à Jésus

Dans ses voyages, s'il rencontrait des enfants, aussitôt il liait conversation avec eux, et après quelques instants d'entretien, il leur demandait avec bonté s'ils avaient fait leur première communion et s'ils suivaient les catéchismes de l'église; il s'informait adroitement s'ils connaissaient les mystères et les autres vérités essentielles au salut, et les leur faisait répéter ou les leur enseignait, sans qu'ils s'en doutassent. Souvent on l'a entendu dire: "Je ne puis voir un enfant sans éprouver l'envie de lui faire le catéchisme, sans désirer lui faire connaître combien Jésus-Christ l'a aimé, et combien il doit son tour aimer ce divin Sauveur.

Vie, XX, p. 504

4.8          Présenter Jésus Christ

L'évangélisation contiendra aussi toujours - base, centre et sommet à la fois de son dynamisme - une claire proclamation que, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité, le salut est offert à tout homme, comme don de grâce et miséricorde de Dieu.

Evangelii Nuntiandi, 27

Notre service de l'évangélisation vise à former de vrais disciples de Jésus-Christ. Nous l'accomplissons d'abord par le témoignage de notre vie et par des contacts où s'exerce notre capacité d'écoute et de dialogue.

Nous donnons la préférence à la catéchèse. Nous nous dévouons de tout coeur à ce ministère, selon nos aptitudes, confiants dans l'aide du Seigneur et la protection de Marie. Nous portons un intérêt particulier aux mouvements apostoliques de jeunes, qui constituent un complément à la catéchèse.

En raison des liens profonds qui existent entre l'évangélisation et la promotion humaine nous secourons ceux qui sont dans le besoin et coopérons avec les artisans de justice et de paix dans le monde.

Constitutions, 86

4.10        Jésus nous révèle ce que doit être l’homme complet

En réalité, le Mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe Incarné . . . "Image du Dieu invisible"(Col 1:15). Il est l'Homme parfait. . . Car, par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme. Il a pensé avec une intelligence d'homme. Il a agi avec une volonté d'homme. Il a aimé avec un coeur d'homme. Né de la Vierge Marie, Il est vraiment devenu l'un de nous , en tout semblable à nous, hormis le péché.

Gaudium et Spes, 22

4.14        Apôtres des jeunes

En fondant son Institut, le Père Champagnat ne se proposait pas seulement de procurer aux enfants l'instruction primaire, ni même de les instruire des vérités de la religion, mais encore de leur donner l'éducation dans le sens que nous venons d'attacher à ce mot. "S'il ne s'agissait, disait-il, que d'enseigner les sciences humaines aux enfants, les Frères ne seraient pas nécessaires; car les maîtres d'école suffiraient à cette tâche. Si nous ne prétendions que donner l'instruction religieuse, nous nous contenterions d'être de simples catéchistes, de réunir une heure chaque jour les enfants et de leur faire répéter les vérités chrétiennes. Mais notre but est de faire mieux; nous voulons élever les enfants, c'est-à-dire les instruire de leurs devoirs, leur apprendre à les pratiquer, leur donner l'esprit, les sentiments du christianisme, les habitudes religieuses, les vertus du chrétien et du bon citoyen.

Vie, XXIII, p. 547

 

L'instituteur participe essentiellement à ce qu'il y a de plus noble dans la paternité divine.              

                                                                                              ALS, XLI, p.420

Que l'éducation soit un apostolat et comme un sacerdoce, ce fut toujours la pensée de l'Eglise.

                                                                                               ALS, XLI, p. 421

4.15        Education intégrale

Elever un enfant, ce n'est pas lui apprendre à lire, à écrire, et l'initier aux diverses connaissances qui constituent l'enseignement primaire. Cet enseignement suffirait à l'homme, s'il n'était que pour ce monde; mais il a une tout autre destinée: il est pour le ciel, pour Dieu; et c'est pour le ciel et pour Dieu qu'il faut l'élever. Elever un enfant, c'est donc lui faire connaître cette haute et sublime destinée, c'est lui donner les moyens de l'atteindre; en un mot, élever un enfant, c'est en faire un bon chrétien et un vertueux citoyen.

Vie, XXIII, p. 547

4.16        Vision de la personne humaine et du monde

Toute éducation est donc guidée par une conception déterminée de l'homme. Dans le monde pluraliste d'aujourd'hui, l'éducateur catholique est appelé à se guider consciencieusement dans sa tâche d'après la conception chrétienne de l'homme en communion avec le magistère de l'Eglise. Une conception qui, incluant la défense des droits de l'homme, place celui-ci dans la dignité de fils de Dieu: dans la liberté la plus pleine, libéré du péché par le Christ lui-même; dans la destinée la plus haute, la possession, définitive et totale de Dieu par l'amour. Elle le met dans la relation de solidarité la plus étroite avec les autres hommes par l'amour fraternel et la communauté ecclésiale; elle le porte au développement les plus haut de tout ce qui est humain, car il a été constitué seigneur du monde par son propre Créateur; elle lui donne enfin comme modèle et comme but le Christ, Fils de Dieu incarné. Homme parfait, dont l'imitation peut nous rendre certain qu'il rend l'homme plus homme. Il appartiendra néanmoins à l'éducateur laïc de faire connaître existentiellement à ses élèves que l'homme immergé dan le terrestre, celui qui mène la vie séculière et constitue l'immense majorité de la famille humaine, est en possession d'une dignité et d'une destinée si éminentes.

Le Laïc Catholique, 18

En quoi consiste l’éducation de l’enfant ?

1.        c'est éclairer son intelligence.

2.        c'est redresser ses mauvaises inclinations.

3.        c'est former son coeur.

4.        c'est former sa conscience.

5.        c'est le former à la piété.

6.        c'est lui faire aimer la vertu et la religion.

7.        c'est former sa volonté, . . . et lui apprendre à obéir.

8.        c'est aussi et surtout, former son jugement.

9.        c'est encore former et polir son caractère.

10.     c'est exercer sur lui une continuelle vigilance.

11.     c'est lui inspirer l'amour du travail.

12.     c'est lui donner les connaissances qui lui seront nécessaires dans sa position et sa condition.

13.     c'est aussi s'occuper du développement physique de l'enfant.

14.     c'est lui donner les moyens d'acquérir toute la perfection de son être, c'est faire de cet enfant un homme complet.

ALS, XXXV, pp. 356-364

4.17        L'enfant acteur de son éducation

Dieu occupe le premier rang dans l'éducation parce que l'enfant, pour travailler personnellement à son éducation, a absolument besoin du secours de Dieu. La piété est la première chose nécessaire à l'enfant pour faire l'œuvre de son éducation . . .

L'enfant a un travail opiniâtre à soutenir contre sa propre nature; on peut l'aider, l'encourager, mais, en fin de compte, c'est à lui à déraciner le mal, à cultiver le bien, à corriger ses défauts, et à développer ses qualités. .                                                        

                               ALS, XLI, pp. 428-429

4.18        Le respect des consciences

Une chose des plus importantes dans l'éducation de l'enfant, c'est de lui faire aimer la Religion et de le porter à en remplir les devoirs par amour. . . Eviter la contrainte en fait de Religion. La Religion ne s'impose pas par la force, elle doit pénétrer dans le cœur comme une douce rosée. Jésus-Christ lui-même n'a rien voulu faire par contrainte: Si vous voulez, disait-il, entrer dans la vie, observez les Commandements de Dieu. Il est de la dernière importance de bien comprendre cela, car la contrainte morale ne rend pas les enfants vertueux, mais hypocrites. . .

Guide (1853), pp. 100-101

4.19        Une attitude d’invitation

. . . (L’éducateur), par conséquent, en homme expérimenté, accueille les élèves avec sympathie et charité. Il les accepte comme ils sont. Il explique que doute et indifférence sont des phénomènes communs et compréhensibles. Puis, il les invite amicalement à rechercher et à découvrir ensemble le message évangélique, source de joie et de sérénité. La personnalité et le prestige de l'enseignant seront de grande utilité pour préparer le terrain.

La dimension religieuse de l’éducation, 71

4.20        Liberté et responsabilité

Au fond de la conscience, l'homme découvre la présence d'une loi qu'il ne s'est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d'obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d'aimer et d'accomplir le bien et d'éviter le mal, au moment opportun résonne dans l'intimité de son coeur. Car c'est une loi inscrite par Dieu au coeur de l'homme, . . . La conscience est le centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où Sa voix se fait entendre.

Gaudium et Spes, 16

. . .Il est nécessaire de faire parvenir l'évangile de la vie au coeur de tout homme et de toute femme et de l'introduire dans les replis les plus intimes de la société tout entière. (80)

Pour être vraiment un peuple au service de la vie, nous devons, avec constance et courage, proposer ce message dès la première annonce de l'évangile, et ensuite dans la catéchèse et dans les diverses formes de prédication, dans le dialogue personnel et en toute démarche éducative. . . nous trouverons également de précieux points de rencontre et de dialogue avec les non-croyants, nous engageant tous ensemble à faire éclore une nouvelle culture de la vie.

                                Evangelium Vitae, 80-82

4.21        Le dialogue de vie

. . . ce qu’il est convenu d’appeler "le dialogue de la vie", à travers lequel les croyants de diverses confessions témoignent les uns pour les autres, dans l’existence quotidienne, de leurs valeurs humaines et spirituelles et s’entraident à en vivre pour édifier une societé plus juste et plus fraternelle.

Redemptoris Missio, 55

4.22        Inculturation

Le processus d'insertion de l'Eglise dans les cultures des peuples demande beaucoup de temps: il ne s'agit pas d'une simple adaptation extérieure, car l'inculturation "signifie une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l'enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines". C'est donc un processus profond et global qui engage le message chrétien de même que la réflexion et la pratique de l'Eglise.

Par l'inculturation, l'Eglise incarne l'Evangile dans les diverses cultures et, en même temps, elle introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre Communauté; elle leur transmet ses valeurs, en assumant ce qu'il y a de bon dans ces cultures et en les renouvelant de l'intérieur.

Redemptoris Missio, 52,53

4.23        Evangéliser les cultures et la culture

Nous pourrions exprimer tout cela en disant: il importe d'évangéliser - non pas de façon décorative, comme par un vernis superficiel, mais de façon vitale, en profondeur et jusque dans leurs racines - la culture et les cultures de l'homme. . . partant toujours de la personne et revenant toujours aux rapports des personnes entre elles et avec Dieu. La rupture entre Evangile et culture est sans doute le drame de notre époque. . .

Evangelii Nuntiandi, 20

Foi, Culture et Vie

Evangéliser la culture et les cultures de l'homme:

Le service de la personne et de la société humaine se traduit et se réalise à travers la création et la transmission de la culture,. . . En ce sens, la culture doit être considérée comme le bien commun de chaque peuple, l'expression de sa dignité, de sa liberté et de sa créativité, le témoignage de son cheminement historique. En particulier, c'est seulement à l'intérieur et par le moyen de la culture que la foi chrétienne devient historique et créatrice d'histoire.

En face d'une culture qui se présente comme détachée non seulement de la foi chrétienne mais même des valeurs humaines, comme aussi devant une certaine culture scientifique et technologique impuissante à fournir une réponse à la demande de vérité et de bien qui brûle dans le coeur des hommes, l'Eglise a pleinement conscience qu'il est urgent, du point de vue pastoral, de réserver à la culture une attention toute particulière.

C'est pourquoi l'Eglise demande aux fidèles laïcs d'être présents, guidés par le courage et la créativité intellectuelle, dans les postes privilégiés de la culture, comme le sont le monde de l'école et de l'université, les centres de la recherche scientifique et technique, les lieux de la création artistique et de la réflexion humaniste. Cette présence a pour but non seulement de reconnaître et éventuellement de purifier les éléments de la culture existante, en les soumettant à une sage critique, mais aussi à accroître leur valeur, grâce aux richesses originales de l'Evangile et de la foi chrétienne.

Christifideles Laici, 44

". . .. Par leur consécration propre, par leur expérience particulière des dons de l'Esprit, par leur écoute assidue de la Parole et par la pratique du discernement, par le riche patrimoine de traditions éducatives constitué dans le temps par leur Institut, par la connaissance approfondie des vérités d'ordre spirituel (cf. Ep 1,17), les personnes consacrées sont en mesure de mener une action éducative particulièrement efficace, en apportant une contribution spécifique aux démarches des autres éducateurs et éducatrices.

Fortes de ce charisme, elles peuvent créer des cadres éducatifs pénétrés par l'esprit évangélique de liberté et de charité, où les jeunes seront aidés à croître en humanité sous la conduite de l'Esprit. La Communauté éducative devient ainsi une expérience de communion et un lieu de grâce, où le projet pédagogique contribue à unir en une synthèse harmonieuse le divin et l'humain, l'Evangile et la culture, la foi et la vie."                        

                                                                              Vita Consecrata 96

4.24        Voir 3.5

4.26        Les jeunes, espoir de l'Eglise

Aux personnes de notre siècle, à vous tous, chers jeunes, qui avez faim et soif de vérité, l’Eglise se présente pour être votre compagnon de voyage. Elle présente l’éternel message de l’Evangile et vous invite à une tâche apostolique exaltante: être les acteurs de la Nouvelle Evangélisation.

Fidèle gardienne et responsable de la richesse de la foi que lui a transmise le Christ, l’Eglise est prête à entrer en dialogue avec la nouvelle génération pour répondre à ses besoins et à ses attentes et pour trouver, dans un dialogue franc et ouvert, le chemin le plus approprié vers la source du salut divin…

A vous, les jeunes, vous est confiée de manière toute particulière, la tâche d’être des semeurs d’espérance et de paix (cf.Mt 5:6) dans un monde qui a de plus en plus besoin de témoins crédibles et de messagers authentiques. Sachez parler au cœur de vos contemporains qui ont soif de vérité et de bonheur et qui sont, même inconsciemment parfois, des éternels chercheurs de Dieu.

Message du Pape Jean Paul II aux jeunes , 4.5.1993

Le Synode a voulu réserver une attention particulière aux jeunes. Et très justement. En beaucoup de pays du monde, ils représentent la moitié de la population totale, et, souvent, la moitié en chiffre du peuple de Dieu lui-même qui vit dans ces pays. Sous cet aspect, les jeunes forment déjà une force exceptionnelle et sont un grand défi pour l'avenir de l'Eglise.

Les jeunes gens ne doivent pas être regardés simplement comme l'objet de la sollicitude pastorale de l'Eglise: ils sont en fait, et ils doivent être encouragés à "devenir des sujets actifs, qui prennent part à l'évangélisation et à la rénovation sociale". La jeunesse est le temps d'une découverte particulièrement intense du propre "moi" et du propre "projet de vie"; c'est le temps d'une croissance qui doit se réaliser "en sagesse, âge et grâce devant Dieu et devant les hommes" (Lc 2, 52).

L'Eglise a tant de choses à dire aux jeunes et les jeunes ont tant de choses à dire à l'Eglise.

Christifideles Laici, 46

4.27       La présence de Dieu dans les personnes et dans les traditions religieuses au-delà de l’Eglise

. . . il n'est pas possible de se limiter aux deux mille ans écoulés depuis la naissance du Christ. Il faut remonter en arrière, embrasser aussi toute l'action de l'Esprit Saint avant le Christ - depuis le commencement - dans le monde entier et spécialement dans l'économie de l'Ancienne Alliance. Cette action, en effet, en tout lieu et en tout temps, même en tout homme, s'est accomplie selon l'éternel dessein de salut, dans lequel elle est étroitement unie au mystère de l'Incarnation et de la Rédemption; . .

Mais, . . , nous devons aussi porter plus loin notre regard et avancer "vers le large", en sachant que le vent souffle où il veut". . . Le Concile Vatican II, nous rappelle que l'Esprit Saint agit aussi "à l'extérieur" du corps visible de l'Eglise. Il parle justement de "tous les hommes de bonne volonté, dans le coeur desquels, invisiblement, agit la grâce".

Dominum et Vivificantem, 53

Dieu appelle à lui toutes les nations dans le Christ, il veut leur communiquer la plénitude de sa révélation et de son amour, il ne manque pas non plus de manifester sa présence de beaucoup de manières, non seulement aux individus mais encore aux peuples, par leurs richesses spirituelles dont les religions sont une expression principale et essentielle, bien qu'elles comportent "des lacunes, des insuffisances et des erreurs".

Redemptoris Missio, 55

4.28        La prière des croyants de confessions différentes

Toute prière authentique est sous l’action de l’Esprit-Saint "qui intercède avec force pour nous. , parce que nous ne savons pas prier comme il faut". Celui qui sonde les cœurs sait quels sont les désirs de l’Esprit" .(cf. Rom. 8:26-27).. Nous pouvons donc affirmer que toute prière authentique est inspirée par l’Esprit-saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de chacun .

Du Pape Jean Paul II à la Curie romaine après la Journée de Prière pour la paix à Assise,

Bulletin du Secrétariat pour les Non-Chrétiens 11.1987

4.29        Le salut de ceux qui ne reconnaissent pas Jésus comme Sauveur

Le mystère du salut les atteint, néanmoins, par des voies connues de Dieu, grâce à l'action invisible de l'Esprit du Christ. Concrètement, c'est dans la pratique sincère de ce qui est bon dans leurs traditions religieuses et en suivant les directives de leur conscience, que les membres des autres religions répondent positivement à l'appel de Dieu et reçoivent le salut en Jésus Christ même s'ils ne le reconnaissent et ne le confessent pas comme leur Sauveur.

Dialogue et Annonce, 29

4.30        Construire l’unité chrétienne

Tout cela est extrêmement important et a une portée fondamentale pour l'action œcuménique. Il en résulte indubitablement que l'oecuménisme, le mouvement pour l'unité des chrétiens, n'est pas qu'un "appendice" quelconque qui s'ajoute à l'activité traditionnelle de l'église. Au contraire, il est partie intégrante de sa vie et de son action, et il doit par conséquent pénétrer tout cet ensemble. . .

L'amour est le courant très profond qui donne vie et force à la marche vers l'unité. Cet amour trouve son expression la plus accomplie dans la prière commune. ..

Enfin, la communion de prière amène à porter un nouveau regard sur l'Eglise et sur le christianisme.

Ut Unum Sint, 20 -28

4.31        Un seul Dieu, un Seul Christ, des chemins convergents

Le dialogue . . .: il est demandé par le profond respect qu'on doit avoir envers tout ce que l'Esprit, qui "souffle où il veut", a opéré en l'homme. Grâce au dialogue, l'Eglise entend découvrir les "semences du Verbe", les "rayons de la vérité qui illumine tous les hommes", semences et rayons qui se trouvent dans les personnes et dans les traditions religieuses de l'humanité.

Redemptoris Missio, 56

Les relations de l’Eglise avec les musulmans

Mais le dessein du salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi eux, d'abord, les Musulmans qui, en déclarant qu'ils gardent la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au denier jour.

Lumen Gentium, 16

4.32        La diversité de contextes religieux

. . . En considérant le monde d'aujourd'hui du point de vue de l'évangélisation, nous pouvons distinguer trois situations.

Tout d'abord, celle à laquelle s'adresse l'activité missionnaire de l'Eglise: des peuples, des groupes humains, des contextes socio-culturels dans lesquels le Christ et son Evangile ne sont pas connus, ou dans lesquels il n'y a pas de Communautés chrétiennes assez mûres pour pouvoir incarner la foi dans leur milieu et l'annoncer à d'autres groupes. Telle est, à proprement parler, la mission ad gentes.

Il y a ensuite des Communautés chrétiennes aux structures ecclésiales fortes et adaptées, à la foi et à la vie ferventes, qui rendent témoignage à l'Evangile de manière rayonnante dans leur milieu et qui prennent conscience du devoir de la mission universelle. En elles s'exerce l'activité pastorale de l'Eglise.

Il existe enfin une situation intermédiaire, surtout dans les pays de vieille tradition chrétienne mais parfois aussi dans les Eglises plus jeunes, où des groupes entiers de baptisés ont perdu le sens de la foi vivante ou vont jusqu'à ne plus se reconnaître comme membres de l'Eglise, en menant une existence éloignée du Christ et de son Evangile. Dans ce cas, il faut une "nouvelle évangélisation" ou une "réévangélisation".

Redemptoris Missio, 33

4.33        L’enfant

1.        C'est la créature visible la plus noble et la plus parfaite; c'est "le plus grand miracle de Dieu, dit saint Augustin. . .

2.        L'enfant est l'image et la ressemblance de Dieu. Comme Dieu, il est trinité ; il a la vie, l'intelligence, la raison et l'amour ; ces qualités constituent le fond de son être. Semblable au Père, il a l'être; semblable au Fils, il a l'intelligence ; semblable au Saint-Esprit, il a l'amour; semblable au Père, au Fils et au Saint-Esprit, il a dans son être, dans son intelligence, dans son amour, une même félicité et une même vie. . .

3.        L'enfant, c'est le fils de Dieu; c'est le fils du Très-Haut. (Ps. LXXXI, 6.) Oui, tout petit, tout faible, tout infirme que vous paraît cet enfant, il n'a pas seulement le nom d'enfant de Dieu, mais il l'est dès à présent sous ces haillons qui le couvrent. . .

4.        L'enfant, c'est la conquête et le prix du sang du Dieu Saveur, c'est le membre et le frère de Jésus-Christ; c'est le temple du Saint-Esprit, et l'objet des complaisances de Dieu. . .

5.        L'enfant est l'espérance du ciel, c'est l'ami et le frère des Anges et des Saints, C'est l'héritier du royaume céleste et des palmes éternelles. . .

6.        L'enfant, c'est ce qu'il y a de plus aimable et de plus beau sur la terre, c'est la fleur et l'ornement du genre humain, dit saint Macaire. . .

7.        L'enfant, c'est votre frère, votre semblable, et l'os de vos os, c'est un autre vous-même. . .

8.        L'enfant, c'est le champ que Dieu vous a donné à cultiver ; c'est un tendre rejeton, une faible plante, mais qui sera un jour un grand arbre chargé de tous les fruits de vertus, et projetant au loin son ombre glorieuse.

9.        L'enfant, c'est un faible ruisseau, une source naissante, mais qui deviendra peut-être un fleuve majestueux, si vous, semblable à cet habile fontainier dont parlent les saints Livres, avez soin, de diriger ses eaux dociles, et ne souffrez jamais que les eaux étrangères, impures ou amères, viennent troubler leur cours.

10.     L'enfant, c'est le sujet de vos travaux, de vos fatigues et l'exercice de vos vertus. L'enfant sera votre consolation à la mort, votre défense au jugement de Dieu, votre couronne et votre gloire dans le ciel.

11.     L'enfant, c'est la bénédiction de Dieu, c'est l'espérance de la terre dont il est déjà la richesse et le trésor, dont il sera un jour la force et la gloire. . .

12.     L'enfant, en un mot, c'est le genre humain, c'est l'humanité tout entière, c'est l'homme, rien de plus, rien de moins: il a droit à tous les respects, et il les doit à son tour. Voilà ce que c'est que l'enfant que vous devez respecter.

ALS, pp. 386-390.

4.35        Le travail de l’Esprit

On peut dire que l'Esprit Saint est l'agent principal de l'évangélisation: c'est lui qui pousse chacun à annoncer l'Evangile et c'est lui qui dans le tréfonds des consciences fait accepter et comprendre la Parole du salut. Mais l'on peut dire également qu'il est le terme de l'évangélisation: lui seul suscite la nouvelle création, l'humanité nouvelle à laquelle l'évangélisation doit aboutir, avec l'unité dans la variété que l'évangélisation voudrait provoquer dans la Communauté chrétienne. A travers lui l'Evangile pénètre au coeur du monde car c'est lui qui fait discerner les signes des temps - signes de Dieu - que l'évangélisation découvre et met en valeur à l'intérieur de l'histoire.

Evangelii Nuntiandi, 75.

4.36        L’Espirt renouvelle la face de la terre

L'Esprit est aussi pour notre époque l'agent principal de la nouvelle évangélisation. Il importera donc de redécouvrir l'Esprit comme Celui qui construit le Royaume de Dieu au cours de l'histoire et prépare sa pleine manifestation en Jésus Christ, en animant les hommes de l'intérieur et en faisant croître dans la vie des hommes les germes du salut définitif qui adviendra à la fin des temps.

                                                                                               Tertio Millenio Adveniente, 45

4.37        Le renouveau de l’Eglise

La Société (de Marie) doit recommencer une nouvelle Eglise. Je n'entends me servir de cette expression pas dans le sens littéral qu'elle offre; ce serait impie; mais en quelque sorte, oui, nous devons recommencer une nouvelle Eglise. La Société de Marie, comme l'Eglise, commence par des hommes simples, peu instruits, puis elle s'est développée, elle a tout embrassé.

P. Colin, Origines Maristes, Vol. 2, 632

4.38        Confiance en Dieu

Il n’y a pas de vertu que le Père Champagnat ait tant recommandée à ses Frères que la confiance en Dieu. Il a commenté des milliers de fois les deux premiers versets du psaume, Si le Seigneur ne bâtit la maison. . ., et les explications qu’il en a données formeraient des volumes.

Vie, III, p. 299

4.39        Confiance en Marie

"C'est votre oeuvre, lui dit-il, c'est vous qui nous avez réunis, malgré les contradictions du monde, pour procurer la gloire de votre divin Fils; si vous ne venez à notre secours, nous périrons, nous nous éteindrons, comme une lampe qui n'a pas d'huile. Mais si cette oeuvre périt, c'est n'est pas notre oeuvre qui périt, c'est la vôtre, car c'est vous qui avez tout fait chez nous; nous comptons donc sur vous, sur votre puissant secours, et nous y compterons toujours."

Vie, IX, p. 97

4.41        Le sens de l’appel

Mes chers Frères, nous disait-il un jour, que votre emploi est élevé aux yeux de Dieu! Que vous êtes heureux d'avoir été choisis pour une fonction si noble! Vous faites ce que Jésus-Christ a fait sur la terre; vous enseignez les mêmes mystères, les mêmes vérités; Elever un enfant, c'est-à-dire, l'instruire des vérités de la religion, le former à la vertu et lui apprendre à aimer Dieu, c'est une fonction plus sublime et plus élevée que celle de gouverner le monde!

Vie, XX, p. 509

L'éducateur coopérateur de Dieu

"Paul plante, Apollon arrose", les pédagogues font ce qu'ils peuvent; mais celui qui plante, pas plus que celui qui arrose, n'est rien. Il n'y en a qu'un seul qui compte véritablement dans l'éducation de l'homme; c'est celui qui donne l'accroissement, c'est-à-dire, celui qui développe, fortifie, éclaire, élève, et celui-là, c'est Dieu. . .

L'instituteur n'est donc que le coopérateur de Dieu dans l'œuvre de l'éducation; mais pour être apte à coopérer avec Dieu, il est évident qu'il faut lui être très uni et participer largement à son esprit.           

                                                               ALS, XLI, p. 427

L'enfant nous est confié par Dieu

Figurez-vous, au moment où l'on vous confie un enfant, Jésus-Christ vous disant, comme la fille de Pharaon au sujet de Moïse qu'elle venait de retirer du Nil: Reçois cet enfant, élève-le pour moi, je t'en donnerai la récompense. C'est ce que j'ai de plus précieux sur la terre; je te le confie. . .                              

                                                                              ALS, XLI, p. 428

 

5:        Dans un style mariste spécifique

5.1          La "Règle d’Or" de l’éducateur Mariste.

"Pour bien élever les enfants, il faut les aimer et les aimer tous également. Or, aimer les enfants, c'est se dévouer tout entier à leur instruction, et prendre tous les moyens qu'un zèle industrieux est capable de suggérer pour les former à la vertu et à la piété.

Vie, XXIII, p. 550

Education et amour des enfants

Pour réussir dans le noble ministère d'instituteur, il faut estimer cet emploi, il faut aimer les enfants. Il faut mettre toute la puissance de son être, tout son esprit, tout son coeur, toute son activité, sa vie entière dans l'accomplissement de son devoir. Il ne faut pas se partager, c'est-à-dire, s'affaiblir et se diviser soi-même. Toutes les affections, toutes les sollicitudes de l'instituteur doivent être pour ses élèves. S'il accomplit sa mission comme on fait un métier, ou à la façon d'un mercenaire; s'il n'aime pas ses fonctions, ses élèves ; s'il ne se donne pas tout entier à leur éducation, il ne fait rien de bon.

L'éducation n'est ni la discipline ni l'enseignement ; elle ne se fait pas par des cours de civilité ni même de religion ; mais par les rapports journaliers, continuels des élèves avec leurs maîtres, par les avis personnels, les observations de détails, les encouragements, les reproches, les leçons de tous genres auxquelles donnent lieu ces rapports non interrompus

Mais pour cultiver ainsi ces jeunes âmes, une à une, avec l'assiduité que réclament leurs besoins et leur faiblesse, il faut aimer les enfants. Quand on les aime, on fait plus pour eux, on fait mieux, avec moins de peine et plus de succès. Pourquoi cela?

Parce que les paroles et les actions inspirées par une affection véritable portent avec elles une vertu spéciale, pénétrante, irrésistible. Un maître qui aime, peut avertir et conseiller ; l'amour qui respire dans ses paroles leur donne plus de grâce et de force ; on reçoit ses avis comme des témoignages d'amitié, et on les suit avec docilité. Un maître qui aime, peut reprendre et punir, car, dans ses sévérités, il n'y a ni prévention ni rigueur ; aussi l'élève est plus fâché d'avoir contristé son maître dont il se sait aimé, que du châtiment. qu'il s'est attiré.

Aimez donc vos enfants ; combattez sans relâche l'indifférence, la lassitude, les dégoûts que leurs fautes excitent si aisément. Sans fermer les yeux sur leurs défauts puisque vous devez les corriger, ni sur leurs fautes puisque souvent vous devez les punir, pensez aussi à tout ce que vos enfants ont de qualités aimables et dignes de votre intérêt ; voyez l'innocence qui brille sur leur visage et leur front serein, la naïveté de leurs aveux, la sincérité de leur repentir, bien qu'il soit peu durable, la franchise de leurs résolutions, quoique sitôt violées, la générosité de leurs efforts, quoique rarement soutenus. Sachez-leur gré du bien même imparfait qu'ils accomplissent et, de tout le mal qu'ils ne commettent pas.

Enfin, et quoi qu'ils fassent, continuez à les aimer tant qu'ils sont avec vous; puisque c'est le seul moyen de travailler avec fruit à leur réforme. Aimez-les tous également. Point de proscrits et point de favoris ou plutôt, que tous puissent se croire favoris. et privilégiés en recevant des témoignages individuels de votre affection.

Qui vous a confié ces enfants? Dieu et leurs familles.

Or, Dieu est tout amour pour les hommes, et quiconque gouverne en son nom doit imiter sa providence et partager son amour. Les pères et les mères vous ont confié ces enfants, mais ignorez-vous que le coeur d'un père, d'une mère est un foyer inépuisable d'amour ? Au nom de Dieu et des familles, aimez donc ces enfants, et alors seulement vous serez dignes et capables de les élever.                                           

ALS, pp. 431-433

5.3          Présence parmi les jeunes.

Mon bien cher frère Barthelemy et votre cher collaborateur,

. . .Je sais aussi que vous avez un bon nombre d'enfants, vous aurez par conséquent un bon nombre de copies de vos vertus, car c'est sur vous que vos enfants se forment, c'est d'après vos exemples, qu'ils ne manquent de régler leur conduite. Que votre occupation est relevée, quelle est sublime! vous êtes continuellement avec ceux avec qui Jésus Christ faisait ses délices, puisqu'il défendait expressément à ses disciples d'empêcher les enfants de venir à lui. Et vous, mon cher ami, non seulement vous ne voulez pas les empêcher, mais vous faites tous vos efforts pour les lui conduire. Ho! que vous en serez bien reçu de ce divin maître, ce maître libéral qui ne laisse pas un verre d'eau froide sans récompense. Dites à vos enfants que Jésus et Marie les aiment bien tous. . . Que je voudrais avoir le bonheur d'enseigner, de consacrer d'une manière plus immédiate mes soins à former ces tendres enfants.

Champagnat

Lettre 14

De toutes les leçons que vous pouvez et que vous devez donner à vos élèves, la première, la principale, la plus méritoire pour vous, la plus efficace pour eux, c'est votre exemple. L'instruction pénètre plus facilement, se grave plus profondément par les yeux que par les oreilles.         

                                                                                                                              ALS, XLI, p. 424

5.4          Attentifs aux jeunes et disponibles à l'Esprit

Nous rejoignons les jeunes là où ils sont. Nous allons avec hardiesse dans des milieux peut-être inexplorés, où l'attente du Christ se révèle dans la pauvreté matérielle et spirituelle. . .

Constitutions, 83

5.5          La discipline dans la tradition mariste

Qualité essentielle d'une bonne discipline

. . . le but que l'on se propose en disciplinant les enfants n'est pas de les faire trembler ni de les soumettre par la force, mais de gagner leur cœur, de les former à vertu et de les porter à remplir leurs devoirs par amour. Pour cela, la Discipline doit être paternelle; si elle n'est pas telle, elle n'élève pas l'enfant, et, au lieu de le rendre meilleur, elle le rend pire; si elle n'est pas telle, elle est avilissante pour ceux qui la subissent, et plus avilissante encore pour ceux qui la font subir. . .

Sans Religion, au contraire, la Discipline n'est qu'une police toute matérielle . . .

L'amour n'est pas moins nécessaire que la Religion, et un Maître qui ne sait pas aimer les enfants, n'est pas propre à les élever. L'éducation est surtout l'œuvre du cœur; le cœur dur, le mauvais cœur ne comprend rien à ce ministère tout de charité, de douceur et de dévouement. Pour élever l'enfant, pour remplacer auprès de lui son père et sa mère, il faut partager leur tendresse. . . .

Un Maître qui aime, peut avertir et conseiller. . . Un Maître qui aime, peut reprendre et punir. . C'est au Maître qui aime qu'on peut appliquer ces paroles de Saint Augustin: Aimez et faites ce que vous voudrez; ce que fous ferez sera bien fait, ce que vous direz sera bien accueilli, ce que vous désirez sera accompli . .

Mais l'amour qu'un Instituteur doit avoir pour ses enfants, n'est pas cet amour faux qu'inspire une molle condescendance pour les caprices et les défauts. . .

Un Maître doit témoigner son amour à ses enfants.

                                                                              Guide (1853), pp. 74-77

Devoirs des maîtres concernant les punitions

En ce qui concerne les punitions, un Maître a trois devoirs à remplir : prévenir les fautes, punir peu, se posséder en punissant.

Le premier devoir des Maîtres "touchant la répression est de prévenir, par la vigilance et par une conduite irréprochable, les infractions et les manquements; car les enfants ne sont presque jamais coupables qu'il n'y ait de la faute de ceux qui les conduisent."

Il faut de plus qu'une pénitence soit elle-même juste, proportionnée à la faute, charitable et prudente.

Guide, pp. 150-151

Moyens pour assurer la discipline

La surveillance elle-même qui prévient tant les fautes ne les empêche pas toutes. Le maître doit. donc savoir peser sur la volonté de l'enfant, en se servant tour à tour ou simultanément des divers moyens capables d'agir sur elle: appel à la raison et à la conscience, louable émulation, désir des louanges et des récompenses, crainte des punitions, etc.

Guide, p. 135

Prévenir les fautes

. . . Pour que les pénitences soient profitables, on ne doit en user que rarement et avec une grande sagesse. . .

Le premier devoir des Maîtres touchant la répression est donc de prévenir, par la vigilance et par une conduite irréprochable, les infractions et les manquements; car les enfants ne sont presque jamais coupables qu'il n'y ait autant et souvent plus de la faute de ceux qui les conduisent que de la leur. Les principaux moyens que les Maîtres doivent employer pour prévenir les fautes sont: . .

2. De se maintenir dans une grande égalité d'âme, d'avoir toujours un extérieur grave et prévenant tout à la fois. Ce qui gâte tout dans une école, c'est un Maître changeant, qui est tantôt dans la joie, tantôt dans la tristesse, qui exige d'un moment à l'autre des choses différentes ou néglige dans un temps ce qu'il a voulu dans un autre; qui agit comme par ressort ou par caprice, qui souffre tout aujourd'hui et qui demain punit tout, ou qui passe tout aux uns et rien aux autres.

3. De ne jamais perdre de vue les enfants, de les tenir toujours occupés, d'être exact à tout faire à l'heure; car rien ne retient mieux les enfants, ou ne les ramène plus vite et plus sûrement au devoir, s'ils étaient tentés de s'en écarter, que cette vigilance et cette ponctualité.

4. De leur donner des avis à propos, de les instruire avec bonté de leurs devoirs, de les reprendre avec douceur et fermeté, de ne jamais pousser à bout un enfant que l'on voit de mauvaise humeur ou prêt à s'emporter, et de ne pas mettre ensemble certains enfants qui ne pourraient s'empêcher de badiner.

                                               Guide (1853), pp. 55-56

Punir le moins possible

Il y a aussi un grand nombre de fautes qu'il faut pardonner. . .

Il ne faut jamais attaquer toute la classe en général, lorsqu'il est arrivé quelque faut même grave. Ce qu'il y a à faire dans ces circonstances, c'est de tâcher (sic) de découvrir les auteurs du désordre et de les punir comme ils le méritent. S'il n'est pas possible de les connaître avec certitude, il faut dissimuler. Les enfants sont des enfants, il y a des jours où l'on ne saurait deviner ce qui les rend plus légers et plus inappliqués. Ce qu'il y a de mieux dans ces moments, ce n'est pas de les pousser à bout, on ne ferait que les aigrir et les irriter; mais de prendre patience et de les occuper à quelque chose de sérieux. En se conduisant ainsi, on ne compromet jamais son autorité, on ne donne de pénitence qu'avec réserve, qu'avec équité, et les enfants restent persuadés qu'on ne les punit que par devoir, et parce qu'on les aime.

                                                                              Guide (1853), pp. 56-57

Se maîtriser en punissant

Dans les réprimandes et les punitions, un Frère doit toujours posséder son âme en paix, réprimer ses mouvements et tâcher d'être assez maître de lui-même pour ne laisser paraître aucune passion, aucune marque d'humeur. Punir un enfant dans un mouvement de colère, ce n'est plus correction, c'est vengeance. Les châtiments que l'on impose avec calme et discrétion, sont mieux reçus et produisent plus de fruit. Il faut même éviter de punir un écolier, lorsqu'on éprouve en soi quelque agitation. Si on le fait les enfants s'aperçoivent que l'agit par humeur et non par raison ni par amitié, et dès lors le Maître perd son autorité sans ressource. Une Frère ne doit pas craindre de dire à un enfant: "Je ne vous punis point aujourd'hui, ou dans ce moment, parce que je suis fâché contre vous."

                Guide (1853), pp. 60-61

Des conditions que doit avoir une pénitence

Il ne donnera jamais de pénitence ridicule ou qui puisse troubler l'ordre de la classe. . . Toute pénitence pour être véritablement utile aux enfants doit avoir les conditions suivantes:

Elle doit être juste, proportionnée aux fautes, modérée, paisible, honnête, volontaire, respectueuse, silencieuse.

                                                                                              Guide (1853), pp. 62-63

La punition corporelle

Est-ce à coups de férule, disait-il, qu'on élève les enfants et qu'on leur inspire l'amour de la vertu? Non: c'est la raison, c'est la religion qui portent la conviction dans l'esprit, qui tournent le coeur au bien, et non les châtiments. Il est étrange que l'on se serve, pour élever les enfants, d'un moyen dont on ne voudrait pas user à l'égard même des animaux . .

De pareils moyens d'éducation outragent la dignité de l'homme, dégradent l'enfant, font mépriser et détester celui qui les emploie, mettent le désordre dans l'école, détruisent les sentiments d'amour, d'estime, de confiance et rendent inutiles tous les soins donnés à l'enfant.

Vie, XXII, p. 541

De l'expulsion

Comme l'expulsion est le dernier et le plus terrible des châtiments, on ne doit en venir à cette extrémité, toujours fâcheuse, que lorsqu'on a épuisé tous les autres moyens. Il faut, pour une mesure aussi grave, prendre du temps pour examiner si les raisons que l'on a de renvoyer sont assez fortes. . .

Guide (1853), p. 72

5.6          Etre simples

Dans nos rencontres, nous leur manifestons une attention empreinte d’humilité, de simplicité et d’oubli de soi.

Constitutions, 83

5.7          L’attitude de l’enseignant

L'instituteur aussi, doit tirer du fond de son âme les idées vraies, les sentiments bons, nobles, vertueux, tout ce qui constitue la vie morale. Si tout cela n'est que dans ses paroles et non dans ses habitudes, ce ne sera qu'un vain bruit, une lettre morte et non la vie qui engendre la vie.

                                                                                                                                                             ALS, XLI, p. 425

5.8          Humilité, Simplicité, Modestie

L'humilité est un élément de base dans nos relations puisqu'elle est nécessaire pour voir clair en soi-même. Elle suppose connaissance et acceptation de sa propre vérité, donc honnêteté avec soi, absence de prétentions et d'illusions sur soi. La simplicité concerne la manière dont nous vivons notre vérité, elle nous donne une transparence personnelle qui permet à d'autres de nous connaître et d'avoir des contacts avec nous tels que nous sommes. La modestie peut être comprise comme le résultat de l'humilité et de la simplicité spécialement par rapport à ce que nous manifestons aux autres: notre sensibilité à leur égard dans ce que nous disons et faisons. Ces vertus maristes "marquent d'authenticité et de bienveillance nos relations avec les Frères et avec ceux que nous rencontrons".

Frère Charles Howard, Circulaire sur la Spiritualité Mariste Apostolique, p. 502

5.9         Notre esprit de famille

Notre pédagogie de la présence et notre esprit de famille prennent une grande signification dans une société qui engendre souvent l'égoïsme, l'individualisme et la solitude.

XIX Chapitre, Message, 12

En nous appelant Frères, nous affirmons notre appartenance à une famille unie dans l'amour du Christ.

Notre esprit de famille prend modèle sur le foyer de Nazareth. Il est fait d'amour et de pardon, d'entraide et de soutien, d'oubli de soi, d'ouverture aux autres et de joie.

Constitutions, 6

5.10        Membres d’une famille où l’on s’aime

"Je vous prie aussi, Mes bien chers Frères, de tout l'affection de mon âme et par toute celle que vous avez pour moi, de faire en sorte que la sainte charité se maintienne toujours parmi vous. Aimez-vous les uns et les autres comme Jésus-Christ vous a aimés. Qu'il n'y ait parmi vous qu'un même esprit. Qu'on puisse dire des Petits Frères de Marie, comme des premiers chrétiens: Voyez comme ils s'aiment !.. .

Vie, XXII (1), 242

5.11        L'école mariste, une communauté éducative

Nous partageons notre spiritualité et notre pédagogie avec les parents, les professeurs laïques, et les autres membres de la communauté éducative. Le personnel non-enseignant, par ses services, collabore étroitement à notre tâche apostolique.

Nous nous montrons Frères envers nos élèves, en même temps qu'éducateurs. En nous efforçant de faire régner dans l'école un climat de cordialité et de participation, nous aidons les jeunes à devenir les artisans de leur propre formation.

Constitutions, 88

5.12        Frères et sœurs des jeunes

. . .L'esprit d'une école de Frères doit être un esprit de famille. Or, dans une bonne famille, dans une famille bien réglée, ce sont les sentiments de respect, d'amour de confiance réciproque qui dominent, et non la crainte des châtiments.

                                                                                                                                              Vie, XXII, p. 543

5.13        Enthousiasme pour notre travail

(L’esprit de famille) s'exprime et se construit d'une manière spéciale par l'amour du travail, qui nous a toujours caractérisés.

Constitutions, 6

5.14        L’exemple de Marcellin

Le travail ne fut pas jamais pour lui une peine, et dès son enfance il s'y livra avec goût. Nous l'avons vu dans la maison de ses parents s'essayer à tout et réussir à tout. . . .

C'est ainsi qu'il construisit lui-même la maison de Lavalla, et qu'à l'Hermitage une bonne partie des constructions furent faites de la même manière, ainsi que les réparations, l'ameublement de la maison, la clôture et les embellisssements de la propriété. . .

Il est inutile de dire qu'il s'occupait moins par goût que par nécessité au travail manuel, et que c'était là la moindre de ses occupations. S'appliquer à l'étude, instruire et former ses Frères, faire sa correpondance, suivre toutes les parties de l'administration de son Institut, visiter les écoles, élaborer, étudier, méditer les règles qu'il voulait donner à sa communauté, rendre raison à toutes sortes de personnes qui avaient des affaires à traiter avec lui, voir les Frères et les postulants en particulier pour leurs besoins et leur conduite personnelle; telles étaient les occupations qui remplissaient sa journée, ou plutôt qui ont rempli toute sa vie. . .

Dans ses instructions, le Père Champagnat ne cessait d'encourager les Frères au travail et de les porter à fuir l'oisiveté. " Le travail, leur disait-il, est indispensable pour conserver la santé du corps et la pureté de l'âme; il est nécessaire à l'homme pour son perfectionnement physique et pour son perfectionnement moral, nécessaire même à son bonheur. . .

"Un Frère, disait le Père Champagnat, doit se rendre capable de remplir tous les offices, tous les emplois de l'Institut. . . il doit s’exercer et se former à tout. Il en est de même pour les études et pour les sciences que comprend notre programme; nous ne devons pas nous contenter de les connaître d'une manière superficielle, mais les approfondir et les étudier jusqu'à ce que nous en ayons une parfaite connaissance; ce qui exige de notre part une application et des études journalières et soutenues."

Vie, XIV, pp. 425-427, 429, 432

Il est sans doute un des hommes, les plus ouverts de son temps. Il a même été remarquable dans la lutte contre beaucoup de préjugés communs chez ses contemporains. Pensez, par exemple, au travail manuel. En 1817 les Grands Vicaires de Lyon expriment officiellement dans une circulaire une opinion très défavorable au prêtre qui s'adonne au travail manuel.. . .

Il est vrai que le P. Champagnat ne tombe pas dans le travers de laisser l'apostolat pour le travail manuel, mais on sait qu'il va consacrer de longues heures à celui-ci, et salir bien des soutanes en menant la "vie si basse" dont parlent les Grands Vicaires. Et cela ne le dérange pas. Et "Je suis prêt à vous recevoir en apprentissage", dit-il à un de ses amis ecclésiastiques qui lui parle à peu près le langage des Grands Vicaires.

Frère Basilio Rueda, "L’Esprit de l’Institut", Circulaires, 1975, p. 193

5.15        Préparation de la classe

Bien que l'enseignement de la Religion soit le but principal des Frères et qu'il doive tenir le premier rang dans leurs Ecoles, les autres parties de l'Instruction primaire ne doivent pas être négligées, et les Frères s'appliqueront à les donner à leurs élèves avec beaucoup de soin et de zèle; car ils est important que leurs classes ne laissent rien à désirer pour la force et la bonne direction des études, afin que les parents qui leur donnent la préférence pour les principes religieux, n'aient pas à regretter de ne pas y trouver tous les avantages qu'ils pourraient désirer pour l'instruction de leurs enfants.

Guide (1853), p. 84

5.16        A la manière de Marie

Marie, éducatrice de Jésus à Nazareth inspire nos attitudes à l'égard des jeunes. Notre action apostolique est une participation à sa maternité spirituelle. . .

Nous orientons le coeur des jeunes vers Marie, la parfaite disciple du Christ; nous la faisons connaître et aimer comme chemin pour aller à Jésus. Nous lui confions ceux dont nous sommes chargés; nous les invitons à prier souvent cette "Bonne Mère' et à l'imiter.

Constitutions, 84

5.18        Marie

Cette Marie que nous révèlent les évangiles chahute bien des images que l’on a bâties sur elle. . . à Nazareth, un petit village insignifiant, au sein d’une caravane. . . la peine de mettre au monde dans une étable. . . la terreur de la persécution. . . la vie des refugiés. . . Il y avait de la terre sur ses pieds.

C'est important, bien sûr, de regarder la jeune fille qui écoute silencieuse l'ange de l'Annonciation; mais c'est important aussi d'être là quand elle parle aux non-croyants, aux réfugiés épouvantés et à d'autres gens sur son chemin qui ont si peu d'espoir et qui ont si peur de l'avenir.

Frère Charles Howard, Circulaire sur la Spiritualité Mariste Apostolique, pp. 504-505

5.26        Marie, notre Ressource Ordinaire

Lorsque (Marcellin) avait recommandé une affaire à la sainte Vierge, quelque tournure qu'elle semblât prendre, il était tranquille et plein de confiance. . . c'est à elle seule, après Dieu,, qu'il voulait tout devoir; c'est de sa protection qu'il attendait tout. Marie est notre ressource ordinaire, telle était son expression favorite. . .Vous savez à qui nous devons nous adresser pour obtenir ces faveurs, à notre Ressource ordinaire. Ne craignons pas de recourir trop souvent à elle; car sa puissance et sans bornes, sa bonté et son trésor de grâces sont inépuisables. D'ailleurs, elle est chargée de nous, parce qu'elle est notre Mère, notre patronne, notre supérieure, et que nous comptons sur elle. Cette communauté est son oeuvre. . .

Vie, VII, pp. 351-352

Prière à Marie

Dans le courant de février 1823, un des Frères de Bourg-Argental était dangereusement malade; le Père Champagnat ne voulut pas laisser mourir son enfant sans le voir encore une fois, et lui donner sa bénédiction. Le temps était mauvais et la terre couverte de neige, ce qui ne l'empêcha pas de se rendre à pied auprès du malade, dès qu'il apprit qu'il était en danger. Après l'avoir béni et consolé, il se disposa à repartir pour Lavalla, bien qu'on cherchât à le retenir, par la raison qu'il était tombé ce jour même une grande quantité de neige, et que la tourmette fût très grande. Ne consultant que son courage, le Père ne crut pas devoir se rendre aux prières des Frères et aux conseils de ses amis; bientôt il eut lieu de s'en repentir. Accompagné du Frère Stanislas, il entreprend, pour se rendre à Lavalla, de traverser les montagnes de Pilat; mais ils avaient à peine marché deux heures, qu'ils s'égarèrent; et ne reconnaissant aucune trace de chemin, ils furent obligés d'aller à l'aventure ou plutôt à la garde de Dieu. Un vent très fort leur jetait la neige à la figure et les empêchait de voir où ils allaient, au point qu'ils ne savaient s'ils avançaient ou s'ils reculaient. Après avoir erré pendant plusieurs heures, le Frère se trouva si fatigué, que le Père Champagnat fut obligé de le prendre par les bras pour le conduire et lui aider à se soutenir. Mais bientôt, saisi lui-même par le froid et étouffé par la neige il se sentit défaillir et fut obligé de s'arrêter. S'adressant au Frère: "Mon ami, lui dit-il, nous sommes perdus, si la sainte Vierge ne vient à notre secours; recourons à elle, et supplions-la de nous tirer du danger où nous sommes de perdre la vie au milieu de ces bois et de cette neige.". En finissant ces mots, il sentit que le Frère lui échappait et se laissait tomber de lassitude. Plein de confiance, il se met à genoux à côté du Frère, qui paraissait avoir perdu connaissance, et récite avec une grande ferveur le Souvenez-vous. Après cette prière, il essaie de relever le Frère et de le faire marcher; ils n'avaient pas fait dix pas, qu'ils aperçurent une lumière qui brillait à quelque distance: car il était nuit. Ils se dirigent du côté de la lumière, et ils arrivent à une maison, où ils passèrent la nuit. Ils était tous les deux glacés par le froid et le Frère surtout fut longtemps à reprendre ses esprits. Le Père Champagnat a avoué plusieurs fois que si le secours ne fût pas arrivé au moment même, ils périssaient l'un et l'autre, et que la sainte Vierge les avait arrachés à une mort certaine.

Vie, VII, pp. 352-354

5.27        La devise de Marcellin

Dès lors sa devise fut: Tout à Jésus par Marie, et tout à Marie pour Jésus. Cette maxime nous révèle l'esprit qui le dirigea et qui fut la règle de sa conduite pendant toute sa vie.

Vie, VII, p. 341

 

6:        En milieu scolaire

6.1          Les quatres piliers de l’éducation

L'éducation tout au long de la vie est fondée sur quatre piliers: apprendre à connaître, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à être

·         Apprendre à connaître, en combinant une culture générale suffisament étendue avec la possibilité de travailler en profondeur un petit nombre de matières. Cela veut dire aussi: apprendre à apprendre, pour bénéficier des opportunités offertes par l'éducation tout au long de la vie.

·         Apprendre à faire, afin d'acquérir non seulement une qualification professionelle mais, plus largement, une compétence qui rende apte à faire face à de nombreuses situations et à travailler en équipe. . .

·         Apprendre à vivre ensemble, en développant la compréhension de l'autre et la perception des interdépendances - réaliser des projets communs et se préparer à gérer les conflits dans le respect des valeurs de pluralisme, de compréhension mutuelle et de paix.

·         Apprendre à être, pour mieux épanouir sa personnalité et être en mesure d'agir avec une capacité toujours renforcée d'autonomie, de jugement et de responsabilité personnelle. . . .

Alors que les systèmes éducatifs formels tendent à privilégier l'accès à la connaissance, au détriment des autres formes d'apprentissage, il importe de concevoir l'éducation comme un tout.

L'éducation: un trésor est caché dedans, Jacques Delors, UNESCO, 1996

L'Instituteur qui si contenterait de donner l'instruction à ses enfants, ne remplirait que la moindre partie de la tâche; pour y satisfaire entièrement, il doit leur donner l'EDUCATION.

Donner l'éducation à un enfant, c'est développer, c'est fortifier et perfectionner toutes les facultés de son âme; c'est surtout former son cœur, sa volonté, son caractère, sa conscience et son jugement. . .

Guide des Ecoles, (1853), p. 105

6.2          Le but de l’école catholique

La présence de l'Eglise dans le domaine scolaire se manifeste à un titre particulier par l'école catholique. Tout autant que les autres écoles, celle-ci poursuit des fins culturelles, et la formation humaine des jeunes. Ce qui lui appartient en propre, c'est de créer pour la communauté scolaire une atmosphère d'un esprit évangélique de liberté et de charité, d'aider les adolescents à développer leur personnalité en faisant en même temps croître cette créature nouvelle qu'ils sont devenus par le baptême, et, finalement, d'ordonner toute la culture humaine à l'annonce du salut pour éclairer par la foi la connaissance graduelle que les élèves acquièrent du monde, de la vie et de l'homme. C'est ainsi que l'école catholique, en s'ouvrant comme il convient aux progrès des temps, forme ses élèves pour qu'ils travaillent efficacement au bien de la cité terrestre, et, en même temps, les prépare à travailler à l'extension du royaume de Dieu, afin que, par l'exercice d'une vie exemplaire et apostolique, ils deviennent comme un levain de salut pour la Communauté des hommes.

Gravissimum Educationis, 8

En se proposant de promouvoir chez les élèves la synthèse entre la foi et la culture à travers l'enseignement, l'Ecole Catholique se fonde sur une conception profonde du savoir humain et ne cherche nullement à détourner cet enseignement de l'objectif qui lui est fixé dans l'éducation scolaire. (38)

Autonomie des disciplines: Elle considère au contraire que les différentes disciplines du savoir humain ne conduisent à l'éducation intégrale et ne sécrètent leur vertu pour l'approfondissement et le développement de la foi que dans la mesure où l'on respecte leur autonomie et leur méthodologie propre. Il serait donc erroné de considérer ces disciplines comme de simples auxiliaires de la foi et des moyens principalement orientés vers des fins apologétiques. L'enseignement scolaire doit tendre à faire acquérir à l'élève des techniques, des connaissances, des structures mentales et des méthodes intellectuelles, des attitudes morales et sociales qui lui permettent de s'épanouir dans sa personnalité et de s'insérer dans la communauté humaine comme un membre utile. Or les disciplines ne présentent pas seulement un savoir à acquérir, mais encore des valeurs à assimiler et en particulier des vérités à découvrir. (39)

L'enseignement comme recherche de vérité. C'est en raison même d'une telle conception de sa fonction éducative complète que l'activité d'enseignement peut offrir au maître chrétien une voie excellente pour introduire l'élève dans le domaine de la foi, pour approfondir celle-ci et lui permettre à son tour d'enrichir le savoir humain assimilé. Sans doute, l'enseignement peut présenter de nombreuses occasions pour élever l'esprit de l'élève à des vues de foi et ces occasions ne sont certes pas à dédaigner. Mais c'est bien au-delà de ces occasions que le maître chrétien doit chercher les possibilités plus profondes et intrinsèques que l'acquisition des disciplines comporte pour l'épanousissement de la personnalité chrétienne. Grâce à l'enseignement, il peut former l'esprit et le coeur des élèves et les préparer ainsi à adhérir au Christ d'une manière personnelle et avec toute la profondeur d'une nature humaine enrichie par la culture. (40)

. . . en quête de la vérité éternelle. . . Si le maître connaît sa discipline et possède en même temps la sagesse chrétienne, il révèle à l'élève le sens profond de ce qu'il enseigne et le conduire par là-même au coeur de la vérité.

Rôle important de l'enseignement: Il dépendra notamment du maître que l'enseignement devienne une véritable école de foi qui communique le message chrétien. A ce point de vue, la synthèse entre la culture et la foi est conditionnée en grande partie par la synthèse entre la foi et la vie que se reflète dans la personne de l'éducateur. A l'imitation de l'unique Maître, le Christ, l'éducateur est appelé par sa noble mission à manifester le mystère chrétien non seulement par ses paroles, mais par chacun de ses gestes et par toute son attitude. C'est dans cette perspective aussi que devient manifeste la différence entre une école qui se limiterait à ajouter à son programme un enseignement religieux pour cultiver la foi et celle dont tout l'enseignement est pénétré d'esprit chrétien. (43)

L'Ecole Catholique, 38-43

6.3          L'école mariste, une communauté éducative

Nous partageons notre spiritualité et notre pédagogie avec les parents, les professeurs laïques, et les autres membres de la communauté éducative. Le personnel non-enseignant, par ses services, collabore étroitement à notre tâche apostolique.. . .

Constitutions, 88

6.5          l’école catholique

Il s'en suit que les personnes, l’espace, sont des éléments à considérer dans une unique vision organique du milieu éducatif. (24)

Le projet éducatif

Il s’agit là d’un projet global bien défini, destiné à poursuivre des fins spécifiques, et devant être réalisé avec la collaboration de tous les intervenants. Dans le concret, le projet se présente comme un cadre de référence qui fournit un certain nombre d’indications et d’explications:

ce cadre définit l’identité de l’école en explicitant les valeurs évangéliques dont elle s’inspire;

il précise les objectifs poursuivis sur le plan éducatif, culturel, didactique;

il présente les contenus et les valeurs à transmettre;

il trace les contours de l’organisation et du fonctionnement;

il prévoit certaines tâches fixées et déterniminées par le groupe professionnel (gestionnaires et éducateurs); d’autres destinées à être gérées en commun avec les parents et les étudiants, d’autres enfin confiées à la libre initiative des parents et des étudiants;

il indique les critères de vérification et d’évaluation. (100)

On réservera une attention tout particulière à l’exposé de certains critères généraux déstinés à inspirer l’ensemble du projet par l’harmonisation des choix culturels, didactiques sociaux, civils et politiques:

a.        La fidélité àl’Evangile annoncé par l’Eglise

b.       La rigueur de la recherche culturelle et de la fonction critique

c.        La gradualité et l’adaptation de la proposition éducative

d.       La corresponsabilité ecclésiale. (101)

Le projet éducatif, remis à jour chaque année sur la base des expériences et de la nécessité, se réalise à travers le processus éducatif. (102)

La dimension religieuse de l'école catholique, 24, 100 - 102

6.6          Manière de former le jugement de l'enfant

Dans l'enseignement, le but principal de l'instruction est moins de remplir l'esprit des enfants de connaissances utiles, que de leur donner les moyens d'en acquérir. Pour cela, il faut développer, diriger et cultiver leurs facultés intellectuelles, afin de les mettre en état d'en tirer, dans le cours de leur vie, tout le parti possible. Mais, entre les facultés, celle qu'il faut s'attacher à former et à cultiver par-dessus tout, c'est le jugement. Ce doit être là un des grands objets de l'instruction et de l'éducation. . . .

Guide (1853), p. 113

6.7          Ecourager les efforts des élèves

Pour qu'une classe prospère et pour que l'enseignement y soit fort, il faut que le concours des élèves accompagne toujours celui du maître; car ce que fait l'instituteur par lui-même, par son dévouement, par ses leçons, est peu de chose; ce qu'il fait faire aux élèves par l'étude, par l'application, par le travail, et tout. Le point important est donc d'obtenir le concours libre des élèves. Pour y réussir le Père Champagnat indiquait l'émulation, comme un moyen sûr et efficace; et voulait que les Frères missent tout en oeuvre pour l'établir ou pour la maintenir.

Vie XXII, p. 533

6.8          Les bons effets des récompenses

Les récompenses, quelle qu'en soit la valeur, produisent les plus heureux résultats; elles gagnent le cœur des enfants, les attachent au Maître et à l'école, leur rendent le travail facile et agréable, et soutiennent leur application. Comme ils ne considèrent les choses que par l'avantage présent qu'ils en retirent, ces récompenses, toutes frivoles qu'elles sont, font sur leur cœur une impression toujours vive et profonde, et les portent à remplir leurs devoirs avec courage et même avec joie. L'étude déplaît naturellement aux enfants, parce qu'ils ne conçoivent pas les avantages qu'ils peuvent retirer de l'instruction; mais proposez-leur des prix, et vous aurez changé en occupations agréables et même en amusements ces leçons, ces devoirs qui leur semblent si pénibles.

Guide (1853), 237-238

6.9          Coordination entre culture humaine et foi

Le passage des élèves par l'école catholique impose, avec une exigence sans cesse croissante, une coordination entre culture humaine et foi. Dans l'école catholique, la culture reste culture humaine, exposée en toute objectivité scientifique. Toutefois l'enseignant et l'élève qui sont croyants offrent et reçoivent la culture de façon critique sans la séparer de la foi. Si cela arrivait, ce serait une sorte d'appauvrissement spirituel. La coordination entre l'univers culturel humain et l'univers religieux se réalise dans l'esprit et la conscience du même homme croyant. Les deux univers ne sont point parallèles et incommunicables. Il est possible de découvrir des points de rencontre dans la personne humaine, protagoniste de la culture et sujet de la religion, lorsqu'on veut bien les chercher. Les découvrir n'est pas de la compétence exclusive de l'enseignement religieux. A ce dernier n'est imparti qu'un temps limité. Les autres enseignements disposent, chaque jour, de nombreuses heures. Tous les enseignants ont le devoir de travailler ensemble d'un commun accord. Chacun développera son programme avec compétence scientifique, mais il saura, le moment venu, aider les élèves à regarder par delà horizon limité de la réalite humaine. Dans l'école catholique et, de manière analogue,dans toute école, Dieu ne peut pas être le Grand-Absent ou un intrus mal accueilli. Le Créateur n'entrave pas le travail de ceux qui veulent connaître cet Univers auquel la foi apporte des significantions nouvelles. (51)

Le défi lancé à la foi

L'école catholique secondaire réservera une grande attention au défi que la culture lance à la foi. Les étudiants seront aidés à faire la synthèse de la culture et de la foi, démarche nécessaire à la maturité du croyant. Mais ce dernier se doit être aidé également à déterminer et à refuser les valeurs négatives de la culure, en tant qu'elles portent atteinte à la personne et se trouvent de ce fait contraires à l'Evangile. (52)

La foi qui illlumine la culture

Il est indispensable de remarquer, à ce sujet, qu'en ne s'identifiant à aucune culture, qu'en restant indépendante à l'égard de toutes, la foi est cependant appelée à se faire l'inspiratrice de chacune: Une foi qui ne devient pas culture, est une foi qui n'est pas pleinement accueillie, ni suffisamment réfléchie, ni fidèlement vécue.(53)

La science et la foi

Les programmes et les réformes scolaires de nombreux pays réservent un espace croissant à l'enseignement scientifique et technique. La dimension religieuse ne saurait être absente de ce dernier. Les élèves devront donce être aidés à comprendre que le monde des sciences de la nature et les techniques correspondantes appartiennent à l'Univers créé par Dieu. Une telle compréhension ne peut qu'intensifier le goût de la recherche.. . .Il ne saurait y avoir de désaccord entre la foi et la vraie science de la nature, Dieu étant à l'origine de l'une et de l'autre. (54)

L'école catholique se doit par ailleurs de surmonter le caractère fragmentaire et l'insuffisance des programmes. Il revient aux enseignants d'enthnologie, de biologie, de psychologie, de sociologie, de philosophie de présenter une vision unifiée de l'homme qui a besoin de rédemption de réhabiliter et d'intégrer la dimension religieuse.(55)

La dimension religieuse, 51-55

6.10        L’éducation et les medias

La voie actuellement la plus favorable pour la création et la transmission de la culture, ce sont les instruments de communication sociale. Le monde des mass-media, à la suite du développement accéléré des inventions, et de leur influence tout à la fois planétaire et capillaire sur la formation de la mentalité et des moeurs, représente une nouvelle frontière de la mission de l'Eglise. . .

Concernant l'utilisation des instruments de communication, qu'il s'agisse de la production des programmes ou de leur réception, il est urgent d'exercer, d'une part, une activité éducative du sens critique, animé par la passion de la vérité, et, d'autre part, une action visant à défendre la liberté et le respect de la dignité de la personne, et à favoriser la culture authentique des peuples, par un refus ferme et courageux de toute forme de monopolisation et de manipulation.

Christifideles Laici, 44

6.11        L'ouverture aux autres confessions chrétiennes

Les enfants des protestants ou autres sectes serond admis dans l'école, mais avec la condition expresse qu'ils seront assujettis au Règlement commun de la classe, et qu'il n'y aura, entre eux et les Catholiques, aucune différence pour les exercices religieux qui se font à l'intérieur de l'école. Ils assisteront au Catéchisme, sans être astreints à apprendre la lettre et à le réciter, à moins qu'ils ne le veuillent eux-mêmes.

Quant à la Messe, on n'exigera point qu'ils y aillent, si leur parents y répugnent, et en ce cas, on pourra leur permettre de ne se rendre à l'école qu'après le retour de la Messe; comme aussi on ne s'occupera pas d'eux pendant qu'ils sont chez leurs parents, et on ne les obligera pas à se confesser, si ces derniers s'y opposent.

Guide (1853), p. 2

6.12        Voir 5.5

6.13        Voir 5.5

6.14        Voir 6.2

6.16        Unifier foi, culture et vie

. . . pour l'Eglise il ne s'agit pas seulement de prêcher l'Evangile dans des tranches géographiques toujours plus vastes ou à des populations toujours plus massives, mais aussi d'atteindre et comme de bouleverser par la force de l'Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d'intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l'humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut.

                                                                                                                                              Evangelii Nuntiandi, 19

Etant donnée la situation qui s’est créée en plusieurs parties du monde - à savoir que l’école catholique accueille de plus en plus une population scolaire de foi et d’appartenances idéologiques différentes - il devient nécessaire de clarifier le rapport à instaurer entre l’importance donnée à la culture et le développement de la dimension religieuse. Cette importance donnée à la culture ne saurait être éliminée. Elle reste la tâche spécifique de tous ceux qui oeuvrent comme chrétiens engagés dans les institutions scolaires.

En de telles situations, il ne sera pas toujours facile ni possible de progresser dans le discours de l’évangélisation. On devra alors viser la pré-évangélisation, l’ouverture, i.e. le sens de la vie. Ceci demande que l’on détermine et que l’on approfondisse les éléments positifs qui apparaissent autour de "comment" et du "qu’est-ce que" du processus spécifique de formation.

La transmission de la culture doit être attentive avant tout à l’obtention de ses fins propres et au développment de toutes les dimensions qui rendent humain l’homme, en particulier la dimension religieuse et l’émergence de l’exigence éthique.

La dimension religieuse de l’éducation, 108

6.18        Dialogue avec les élèves sur les problèmes de foi

Un moyen efficace de se trouver en accord avec les élèves, c'est de leur parler et de les laisser parler. Dans cette atmosphère de confiance et de cordialité, ne manqueront pas d'affleurer un certain nombre de questions qui pourront varier selon les lieux et les âges mais auront tendance à devenir toujours plus universelles et plus précoces. Ce sont, pour les jeunes, des questions sérieuses, qui entravent une étude sérieuse de la foi. L'enseignant saura répondre avec patience et humilité sans déclarations péremptoires qui risqueraient d'être contredites.

La dimension religieuse de l’éducation, 72

6.21        Lien avec le programme pastoral de l’église locale.

Dans l'ensemble des diocèses et dans des secteurs particuliers, c'est sous la direction de l'évêque qu'il faut favoriser une étroite et profonde coordination de toutes les oeuvres d'apostolat grâce à quoi toutes les initiatives et institutions - catéchétiques, missionnaires, charitables, sociales, familiales, scolaires et de quelque autre nature pastorale que ce soit - seront ramenées à une action concordante." Dans l'Ecole Catholique cela paraît encore plus nécessaire parce qu'elle est souvent fondée sur "la coopération apostolique des clergés, des religieux et des laïcs.

L'école catholique, 72

Vous êtes des instruments décisifs pour la proclamation de la foi dans l’école par l’annonce se l’Evangile du Christ…Nous pouvons donc vraiment affirmer que vos écoles sont des "communautés missionnaires". . . L’activité spécifique d’éducation de l’école catholique doit être intégrée dans l’ensemble de la pastorale de l’église locale pour aider les élèves à prendre une part active à la vie de la paroisse et des organismes du diocèse. D’autre part, la paroisse et le diocèse devraient considérer les Ecoles Catholiques comme partie intégrante de la Communauté Ecclésiale et les aider en contribuant à leurs œuvres d’éducation et de formation.

Instruction de la Congrégation pour l’éducation Catholique, Vatican, 7 Octobre 1996

6.22        Accueil des élèves de tous les milieux sociaux

L'éducation étant un moyen efficace de progrès social et économique pour les individus et les peuples, une école catholique qui se vouerait exclusivement ou par préférence aux membres des classes sociales aisées contribuerait à les confirmer dans une position avantageuse par rapport à d'autres et favoriserait un ordre social injuste.

L'école catholique, 58

Apprendre à vivre ensemble

Sans doute cet apprentissage représente-t-il un des enjeux majeurs de l'éducation aujourd'hui. Le monde actuel est trop souvent un monde de violence qui contredit l'espoir que certains avaient pu mettre dans le progrès de l'humanité. L'histoire humaine a toujours été conflictuelle, mais des éléments nouveaux accentuent le risque, et notamment l'extraordinaire potentiel d'auto-destruction créé par l'humanité au cours du XXème siècle. L'opinion publique, à travers les médias, devient l'observateur impuissant, voire l'otage, de ceux qui créent ou entretiennent les conflits. Jusqu’à présent, l'éducation n'a pas pu faire grand chose pour modifier cet état de fait. Peut-on concevoir une éducation qui permette d'éviter les conflits ou de les résoudre de manière pacifique en développant la connaissance des autres, de leurs cultures, de leur spiritualité?

L'éducation doit donc emprunter— semble-t-il—deux voies complémentaires. Au premier niveau, la découverte progressive de l'autre. Au second niveau, et tout au long de la vie, l'engagement dans des projets communs, qui semble une méthode efficace pour éviter ou résoudre les conflits latents.

A la découverte de l'autre

L'éducation a pour mission d'enseigner simultanément la diversité de l’espèce humaine et la conscience des similitudes et de l'interdépendance entre tous les êtres humains de la planète. Dès la petite enfance, l'école doit donc saisir toutes les occasions de ce double enseignement. Certaines disciplines s'y prêtent particulièrement, la géographie humaine dès l'éducation de base, les langues et les littératures étrangères plus tard.

Enfin, la forme même de l'enseignement ne doit pas aller à l'encontre de cette reconnaissance de l'autre. Les enseignants qui, à force de dogmatisme, tuent la curiosité ou l'esprit critique au lieu d'y entraîner leurs élèves peuvent être plus nuisibles qu'utiles. Oubliant qu'ils se présentent comme des modèles, ils risquent par leur attitude d'affaiblir à vie chez leurs élèves la capacité de s'ouvrir à l'altérité et d'affronter les inévitables tensions entre personnes, entre groupes, entre nations. La confrontation, par le dialogue et l'échange d'arguments, est un des outils nécessaires à l'éducation du vingt et unième siècle.

Tendre vers des objectifs communs

Lorsqu'on travaille ensemble à des projets motivants qui font sortir de l'habitude, les différences, et même les conflits,  entre les individus tendent à s'estomper, et disparaissent parfois. Un mode d'identification nouveau naît de ces projets qui permettent de dépasser les routines individuelles et valorisent ce qui est commun par rapport à ce qui est étranger. Grâce à la pratique du sport, par exemple, combien de tensions entre classes sociales ou nationalités se sont finalement transformées en solidarité à travers l'épreuve et le bonheur de l'effort commun! De même, dans le travail, combien de réalisations n'auraient pu voir le jour si les conflits habituels aux organisations hiérarchisées n'avaient pas été transcendés par le projet commun!

"L’éducation:Un trésor est caché dedans", Rapport à l’UNESCO, Delors, 1996

 

6.24        La solidarité - un impératif moral

Lecture Théologique des Problèmes Modernes: Tout à la Lumière de Dieu

. . .La solidarité n'est pas un vague sentiment de compassion ou une tristesse superficielle, mais une ferme et durable détermination de se dévouer au bien commun. C'est une attitude où les plus influents se sentent responsable des plus faibles et où les plus faibles font ce qu'ils peuvent pour le bien de tous.

La solidarité est le chemin vers la paix. L'interdépendance exige l'abandon des blocs, le sacrifice de toutes les formes d'impérialisme économique, militaire ou politique, le passage de la méfiance à la collaboration. La solidarité est la vertu chrétienne de notre temps.

Certains d'entre nous seront sans doute déconcertés, voire agacés ou irrités, face à un défi qui effraye par ses dimensions géo-politiques. Qu'est-ce que je peux bien, moi personnellement, avoir à entreprendre pour inverser le cours de l'histoire ? . . .

A cause de sa gravité croissante, le sous développement des personnes et des peuples exige une mobilisation morale de toute la famille humaine. Le point central de l'encyclique est que le développement humain ne peut réussir sans un appel à la conscience et à la solidarité de nos contemporains, riches ou pauvres. Tous sont impliqués et responsables dans le vrai progrès de la famille humaine.

Frère Charles Howard, "Un Appel Urgent: Sollicitudo Rei Socialis", Circulaires, p. 306

6.25        Les structures de péché

A cette analyse générale d'ordre religieux, on peut ajouter certaines considérations particulières pour observer que parmi les actes ou les attitudes contraires à la volonté de Dieu et au bien du prochain et les "structures" qu'ils induisent, deux éléments paraissent aujourd'hui les plus caractéristiques: d'une part le désir exclusif du profit et, d'autre part, la soif du pouvoir dans le but d'imposer aux autres sa volonté. Pour mieux définir chacune des attitudes on peut leur accoler l'expression "à tout prix". En d'autres termes, nous nous trouvons face à l'absolutisme des attitudes humaines avec toutes les conséquences qui en découlent.

Evidemment les individus ne sont pas seuls à être victimes de cette double attitude de Péché; les nations et les blocs peuvent l'être aussi. Cela favorise encore plus l'introduction des "structures de péché" dont j'ai parlé. Si l'on considérait certaines formes modernes 'd"impérialisme" à la lumière de ces critères moraux, on découvrirait que derrière certaines décisions, inspirées seulement, en apparence, par des motifs économiques ou politiques, se cachent de véritables formes d'idolâtrie de l'argent, de l'idéologie, de la classe, de la technologie.

J'ai voulu introduire ici ce type d'analyse surtout pour montrer quelle est la véritable nature du mal auquel on a à faire face dans le problème du développement des peuples: il s'agit d'un mal moral, résultant de nombreux péchés qui produisent des "structures de péché". Diagnostiquer ainsi le mal amène à définir avec exactitude, sur le plan de la conduite humaine, le chemin à suivre pour le surmonter.

Sollicitudo Rei Socialis, 37

6.27        L’éducation supérieure

Les personnes consacrées montreront, avec une délicatesse respectueuse en même temps qu'avec une audace missionnaire, que la foi en Jésus Christ éclaire tout le champ éducatif, sans dédaigner les valeurs humaines, mais plutôt en les affermissant et en les élevant. . . ..Étant donné l'importance que représentent les universités et les facultés catholiques et ecclésiastiques dans les domaines de l'éducation et de l'évangélisation, les Instituts qui en ont la charge doivent être conscients de leur responsabilité et faire en sorte que, dans ces institutions, tout en menant un dialogue actif avec la culture actuelle, soit préservé leur caractère catholique propre, en toute fidélité au magistère de l'Eglise..

Vita Consecrata, 97

6.28        Nouveaux projets apostoliques

Normalement nous appelons des personnes à la conversion en espérant que, transformées, elles pourront avancer en toute liberté d'esprit. Les processus qui touchent la "conversion des oeuvres" sont plus rares, et rares aussi le lancement de projets nouveaux qui soient en référence à l'esprit du XIXe Chapitre Général. J'ai parfois l'impression que d'un côté nous dynamisons les Frères pour la rénovation et que, d'un autre côté, nous les plaçons en situation d'asphyxie et d'épuisement. Ce n'est pas la disponibilité qui fait défaut. Mais il faut renforcer l'esprit avec des projets et des structures qui dynamisent et soutiennent la qualité de vie de nos Frères affrontés à la nouvelle évangélisation inhérente à notre mission. (10)

Le prétexte que nous ne pouvons assumer un plus grand nombre d'écoles populaires au service des pauvres, parce que nos oeuvres actuelles nous demandent toutes nos énergies et que les Frères que nous avons ne suffisent plus à les encadrer, me surprend beaucoup.

C'est un sujet délicat, une pierre de touche. C'est difficile à résoudre. Mais c'est une question de fidélité et de vie. Nous accrocher à certaines oeuvres, être incapables d'en faire l'évaluation et le discernement évangélique, justifier tout, seulement par inertie ou par peur, provoquera à la longue la mort spirituelle de ces oeuvres et, sans doute aussi, la mort de l'enthousiasme de beaucoup de vocations apostoliques de Frères et de Laïcs. (32)

Fr. Benito Arbués, "Avancer sereinement mais sans tarder", Circulaires, 1997, 10, 32

6.30        Le climat d’égalité

C’est particulièrement pour eux (les enfants pauvres) qu’il a fondé son Institut, et il veut que les Frères se regardent comme spécialement chargés de leur instruction . . . L'égalité doit être la grande loi de l'école des Frères. Là, il ne doit y avoir ni préférence, ni privilège pour la personne, la condition et pour aucune qualité extérieure; chacun, c'est-à-dire, le riche comme le pauvre, doit être traité selon son mérite, sa capacité, ses vertus et sa condition personnelle. Cette égalité doit s'étendre à toutes les parties de l'éducation de l'enfant..

On ne prend des précautions pour conserver (l’enfant riche) que pour pouvoir fournir à (l’enfant pauvre) les moyens de s'instruire; car la plupart du temps, s'il n'y avait pas d'enfants riches pour assurer le traitement des Frères, l'école ne pourrait se soutenir.

Vie, XXI, pp. 529-530

7: Dans d'autres espaces éducatifs

7.1          Le zèle créatif de Marcellin

M. Champagnatétait l'âme de la maison, qui soutenait et dirigait les Frères, qui engageait les parents à leur envoyer leurs enfants, résolut de donner un plus grand développement à l'école. S'étant aperçu qu'une seule classe ne pouvait suffire pour un si grand nombre d'enfants, il en créa une seconde: ce qui lui permit de diviser les élèves et de les classer par rang de capacité, et conséquemment contribua beaucoup à accélérer leur progrès. Une autre chose plus grave attira son attention. Plusieurs parents, ne pouvant obtenir que leurs enfants couchassent chez les Frères, les plaçaient dans le bourg, où ils se dérangeaient; parce qu'ils étaient abandonnés à eux-mêmes après les classes. Pour corriger cet abus. M. Champagnat fit faire des agrandissement et des réparations à la maison d'école, ce qui permit aux Frères de recevoir et de loger les enfants qui s'étaient placés chez les particuliers. Il se présenta aussi plusieurs enfants indigents; ils furent accueillis avec bonté et empressement, et la communauté, bien que sans ressources, pourvut à tous leurs besoins. P. Champagnat, qui avait en Dieu une confiance sans borne, se chargea même de plusieurs enfants abandonnés ou orphelins, les fit instruire, les nourrit, les habilla, et les fit placer ensuite dans des maisons de confiance; continuant toujours à veiller sur leur conduite, à les diriger et à leur servir du père. Cette première année, il eut douze enfants pauvres auxquels il fournissait tout.(76-77)

               

Pour inspirer l'esprit de zèle, et pour leur faire bien comprendre que le but de leur vocation était la sanctification des âmes, non content de les exercer à faire le catéchisme aux enfants de l'école, il les envoyait les dimanches et certains autres jours, deux à deux dans les hameaux de la paroisse pour catéchiser les gens de la campagne. Arrivés dans le hameau qui leur était assigné, les deux Frères réunissaient les petits enfants et les grandes personnes dans une grange ou dans tout autre appartement convenable, commençaient par faire la prière, chantaient un cantique, demandaient le catéchisme aux jeunes gens; puis développaient les réponses qui étaient faites, par des sous-demandes courtes et claires et finissaient l'instruction par une petite morale pratique et par quelques traits d'histoire. (81-82)

Le bon Frère Laurent postula longtemps la faveur d'aller faire le catéchisme au Bessat. Comme cette mission était pénible et difficile, il lui fallut pour la métier faire de nombreux actes de zèle, d'abnégation et d'humilité. Le Bessat. situé sur le haut de la montagne de Pilat, à deux lieues de Lavalla, est couvert de neige au moins six mois de l'année. Ce village n'avait point alors de prêtre: aussi les enfants, et même les grandes personnes, étaient dans une profonde ignorance. Frère Laurent y portait ses petites provisions de Lavalla, où il revenait tous les jeudis pour s'édifier avec les Frères, et pour se fournir de ce qui lui était nécessaire.Il se logeait chez un habitant du Bessat, préparait lui-même sa nouriture qui consistait en une soupe, faite le matin pour tout le jour, quelques pommes de terre et un peu de fromage. Le bon Frère parcourait le village deux fois le jour, une petite clochette à la main, pour rassembler les enfants; . . (82-83)

Vie, VII, pp. 76 - 83

Bien plus, la maison-mère de l'Hermitage était d'abord destinée à accueillir des orphelins dans un centre d'apprentissages variés.

"Aussitôt que nous aurons terminé la maison de l'Hermitage et que nos moyens nous permettront d'utiliser une bonne prise d'eau, nous recevrons les enfants des maisons de charité; nous leur donnerons un état en leur donnant une éducation chrétienne; ceux d'entre eux qui auront des dispositions pour la vertu et pour la science seront employés à la maison."

Cahiers Maristes, I, p. 33

7.2          Des jeunes à risque

Nous nous engageons à renforcer notre présence auprès des enfants et des jeunes marginaux qui se trouvent "aux frontières" de nos sociétés. Nous répondons aux appels pressants des jeunes en situation de risques: enfants de la rue, victimes de la drogue ou de la violence, analphabètes. .

XIX Chapitre Général, Notre Mission, 33

7.7           Voir 4.26

7.9          L’accompagnement des jeunes

L’accompagnement vise à aider le jeune à se connaître et à reconnaître la présence de Dieu dans sa vie, à comprendre ce que Dieu demande de lui: à découvrir, apprécier, assimiler les valeurs humaines et évangéliques et agir en accord avec elles. Au niveau personnel, l’accompagnement est réalisé spécialement par l’entrevue personnelle, à fréquence régulière. . .

Glossaire, Guide de la Formation

7.10        Ouverture aux jeunes

Nous nous engageons à travailler à la construction de communautés plus prophétiques, simples et ouvertes, spécialement envers les jeunes.

XIX Chapitre Général, Notre Mission, 29

7.11        La pastorale des vocations

Nous sommes convaincus de l’actualité et de la validité de notre mission dans le monde. Il est possible d’être Frère Mariste aujourd’hui et cela vaut la peine d’y consacrer toute une vie!

Nous croyons que Dieu nous veut FRERES, religieux-laïcs, présents le plus possible auprès des enfants et des jeunes, d’une façon simple et accueillante.

XIX Chapitre Général, Notre Mission, 23, 26

7.12        Ce que l’Eglise attend des jeunes

Vous, les jeunes, vous êtes particulièrement appelés à devenir missionnaires de cette Nouvelle Evangélisation, par le témoignage quotidien de la Parole qui sauve. Vous faites personnellement l’expérience des angoisses de l’époque actuelle, vous passez de l’espoir au doute et il est parfois facile de perdre le chemin qui conduit à la rencontre du Christ. En fait, les tentations sont nombreuses à notre époque ainsi que les séductions qui cherchent à étouffer la voix divine qui résonne dans le coeur de chaque personne.

Aux personnes de ce siècle, à vous tous, jeunes qui avez faim et soif de vérité, l’Eglise se propose pour être votre compagnon de route. Elle vous propose l’éternel message de l’Evangile et elle vous invite à une tâche exaltante: être des acteurs de la Nouvelle Evangélisation.

L’Eglise invite les jeunes à la tâche de proclamer au monde la joie qui naît de la rencontre de Jésus Christ. Chers amis, laissez vous conduire par le Christ, acceptez son invitation et suivez-le. Allez prêcher la Bonne Nouvelle qui sauve. (Mat 28:19). Faite-le avec joie au cœur et devenez des semeurs d’espérance dans un monde qui est souvent tenté de douter, des semeurs de foi dans une société qui parfois semble se résigner à l’incroyance , des semeurs d’amour dans les événements de tous les jours souvent marqués par un égoïsme effréné.

                                               Message du Pape Jean Paul II aux jeunes, 1993

7.13        Etre près des réalités et de la vie des gens

Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain que ne trouve écho dans leur coeur.

Gaudium et Spes, 1

7.14        Dans l’optique des pauvres

Nous, Frères de l'Institut, nous sommes tous impliqués, bien que nous ne puissions probablement pas tous exprimer notre solidarité de la même façon. Comme expression de l'option pour les pauvres assumée par chaque Province, certain Frères seront invités à travailler directement parmi les pauvres et si possible avec eux (leur nombre doit être suffisamment élevé pour qu'on puisse parler d'option préférentielle), mais d'autres Frères, en quelque lieu que ce soit, sauront qu'ils sont appelés à travailler pour eux et à organiser leur vie et leur apostolat dans la perspective des pauvres.

XIX Chaptre Général, Solidarité, 19

7.15        Rendre les jeunes responsables

Convertir et éduquer les jeunes, en les rendant responsables non seulement de leur propre développement, mais aussi responsables au service de la communauté : les former au service.

Puebla, 1030

7.16        Former les jeunes à être le "levain" dans la société

L’éducation catholique doit former les acteurs d’un changement permanent et organique dont a besoin l’Amérique latine, par une formation civique et politique inspirée par les enseignements sociaux de l’Eglise.

Jean Paul II , discours inaugural, Puebla, 1033

7.18        La présence de Dieu dans nos vies et la présence de la vie dans nos prières

Appel à une prière renouvelée, ouverte à la réalité de la création et de l'histoire, écho d'une vie solidaire de nos Frères, surtout des pauvres et de ceux qui souffrent. Une prière apostolique qui rassemble les peines et les joies de ceux que Dieu met sur notre chemin

.                              XIX Chapitre Général, Spiritualité Apostolique Mariste, 26

 

8: Nous faisons face à l'avenir avec audace et espérance

8.1          Soyons des prophètes

Le Prophète est vu comme une personne en relation intime à la fois avec Dieu et avec les hommes. C’est un homme de prière personnelle et communautaire pour le monde, et il est en même temps engagé vitalement en faveur de ses contemporains avec qui et pour qui il prie et lutte. Le prophète est un homme religieux qui, habité par l’Esprit de Yahvé, inspire et influence son entourage, puisqu’il croit en un Dieu sauveur et vivificateur. C’est un homme inséré dans son temps. . . ; c’est l’homme de l’avenir.

La façon de vivre de ces hommes qui ont parlé au nom de Dieu, et surtout celle de Jésus, . . . trouvent une réalisation concrète dans la vie religieuse laïque. Nous touchons ici un aspect qui concerne l’identité même du religieux laïc et lui montre un chemin de continuel dépassement.

Union des Supérieurs Généraux (USG), Frère dans les Instituts Religieux Laïcs, 1991, Ch.4

8.2          Un appel à l’action

Tout cela nous a permis de prendre connaissance de la vie qui surgit sous différentes formes. C'est le vin nouveau d'une plus grande sensibilité devant les besoins de l'Institut ou du monde, qui entraîne une plus grande disponibilité. Aujourd'hui, ces différentes attitudes ont des visages et des noms concrets de nos Frères et de Laïcs, ou encore le déplacement de certaines oeuvres et de certaines communautés internationales, celui de certaines expériences avec des communautés de Frères et de Laïcs ou encore le déplacement de certaines oeuvres et de certaines communautés vers les "frontières" où se trouvent nos préférés, etc. Et la vie, le vin nouveau, manifeste sa valeur non par le quantitatif, mais par elle-même. Il est possible que nous ayons pris conscience de notre timidité dans ces processus de changement, mais reconnaissons avec joie qu'ils existent.

Fr. Benito Arbues, "Avancer sereinement mais sans tarder", Circulaires, 1997, 25

8. 4         Le Christ interpelle les jeunes

L'avenir du monde et de l'Eglise appartient aux jeunes générations qui, nées au cours de ce siècle, arriveront à leur maturité au cours du prochain, le premier du nouveau millénaire. Le Christ attend les jeunes, comme il attendait le jeune homme qui lui posa la question: " Que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle? " (Mt 19, 16). . . Les jeunes, dans toutes les situations et dans toutes les régions de la terre, ne cessent d'interroger le Christ: ils le rencontrent et le cherchent pour continuer à l'interroger. S'ils savent suivre le chemin qu'Il leur montre, ils auront la joie d'apporter leur contribution à sa présence dans le prochain siècle et dans les siècles suivants, jusqu'à la consommation des temps. " Jésus est le même hier, aujourd'hui et à jamais "

Tertio Millenio Adveniente, 58




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