1205  à M. Caille

Renouvellement des vœux pour le frère Jouin. MLP. donne son appréciation sur la position de l'Institut à Amiens ;  les difficultés qu'il entrevoit si l'on ouvrait un nouveau patronage.

Vaugirard, 30 avril 1867

            Mon bien bon ami et fils en N.S.,

            Il est vrai que M. Ch. Jouin a des vœux à renouveler à la retraite qui va s'ouvrir, mais, si son absence doit vous être incommode présentement et si vous présumez qu'il puisse plus aisément s'éloigner pour quelques jours au mois d'octobre, je l'autoriserais à les faire en particulier pour six mois ou pour un an, selon qu'il semblera plus opportun.

            Vous avez compris, mon cher ami, que si je vous ai fait quelques observations au sujet de l'ouverture du patronage S^t-Jacques, que vous semblez regarder comme arrêtée pour une époque très rapprochée, ce n'est pas que nous n'appréciions l'utilité de cette œuvre. Mais il nous semble sage de ne rien précipiter, d'avoir réuni les moyens indispensables, en personnel surtout, pour la faire marcher régulièrement et sans détriment pour le patronage qui est déjà existant.

            Cette nouvelle maison n'est pas la propriété de la Communauté. Si elle est conduite par d'autres que par nos ff., elle se posera bientôt en rivalité avec celle de la rue de Noyon. Non seulement elle voudra entrer en partage du produit de la loterie, mais, comme elle sera sans doute plus directement sous la main des Conférences, elles se montreront partiales pour elle. Nous voyons un danger réel et les difficultés inévitables pour l'avenir dans la fondation d'un nouveau patronage, dans des conditions différentes de celles qui existent pour le premier. Notre Communauté est extrêmement peu posée à Amiens, parce que nous n'y avons pas de prêtre et que toutes choses y ont été créées ostensiblement par vous plutôt que par la Communauté; l'avenir est donc peu ou point du tout préparé par nous à Amiens, si on avance dans un sens qui tendra à nous annuler davantage. C'est préparer en même temps notre éloignement d'Amiens et peut-être la ruine des œuvres elles-mêmes. Je vois avec peine que vous semblez plutôt tendre à faire le nouveau patronage qu'à le faire de concert avec nous. Je ne désire pas pour nous de nouvelles œuvres, car nous en avons déjà assez pour ne les faire qu'imparfaitement; mais nous souhaitons tous de ne pas voir les choses se poser en des conditions telles qu'en créant une nouvelle maison, on préjudicie à celle qui existe déjà dans la même ville, en nuisant encore à l'assiette et à l'avenir de la Communauté.

            M. Lantiez doit aller à Arras après la retraite, il pourra vous voir en passant; je désirerais que vous ne décidiez rien relativement au patronage S^t-Jacques avant de vous être entretenu avec lui.

            Adieu, mon bien bon ami et fils en N.S.

            Votre tout affectionné ami et Père

                                                                                             Le Prevost

            P. S. N'oubliez point de joindre la facture à l'envoi de l'étoffe.