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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1201 - 1300 (1867 - 1868)
    • 1216-1  à Mgr Jaquemet
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1216-1395  à Mgr Jaquemet

Exposé détaillé, fait à l'évêque de Nantes, des raisons pour lesquelles l'Institut a cessé de payer la pension d'un jeune protégé du frère Urvoy de St-Bedan.

 

2 juillet 1867

            Monseigneur,

            J'ai reçu la lettre que Votre Grandeur m'a fait l'honneur de m'écrire le 22 du mois dernier avec une note remise par Me Billot, notaire, concernant la pension que nous avons payée durant quelques années à votre séminaire pour un jeune protégé de M. Urvoy de St -Bedan, et qui a cessé d'être acquittée par nous depuis le mois d'octobre dernier.

            Les raisons graves qui nous ont obligé à prendre cette décision ne paraissant pas avoir été mises sous les yeux de Votre Grandeur, je dois lui en faire brièvement l'exposé.

            Les dons qui ont été attribués à nos œuvres par M. Urvoy nous ont été faits par lui, non à titre de succession, mais de son vivant, et avec sa volonté expresse de les consommer immédiatement. Il est vrai qu'au moment où ses dispositions venaient d'être réglées et formulées avec le plein assentiment de sa famille, il est tombé malade et est décédé après une courte maladie, mais il a maintenu constamment ses libéralités qui étaient déjà réalisées à ses yeux. Il les avait faites, selon notre conviction, sans aucune restriction et nul d'entre nous n'a gardé le moindre souvenir qu'il ait mis aucune condition onéreuse à ses dons. Loin de là, si les résistances de notre Communauté n'y eussent fait obstacle, sa famille ne l'ignore pas non plus, M. Urvoy eut avantagé bien plus encore les œuvres.

            Cependant M. Billot, intermédiaire de ces arrangements, et dont nous respectons la réputation si méritée comme les sentiments chrétiens, croit pouvoir affirmer que, dans l'entretien qui eut lieu entre lui, M. Urvoy et M. Le Prevost, il fut convenu verbalement que notre Communauté se chargerait de l'éducation de deux jeunes protégés de M. Urvoy. Sans vouloir infirmer en rien la parole si autorisée de M. Billot, nous déclarons que M. Le Prevost n'a pas retenu un seul instant la plus légère impression de cette circonstance. N'administrant point seul les intérêts de sa Communauté, il rendit compte dès lors à son Conseil des dispositions réglées pour M. Urvoy et nous pouvons tous témoigner que nulle mention n'y fut faite d'aucune condition concernant ces jeunes protégés.

            Plus tard, un des membres du Conseil dut se rendre à Nantes, à la demande de M. Billot pour recevoir de ses mains les sommes affectées à nos œuvres; ni dans cette occasion, ni dans aucune des correspondances postérieures de M. Billot durant les trois ans qui suivirent, il ne fut question une seule fois de la charge laissée en ce sens à notre Communauté. Ce fut seulement après ce long délai que, contre toute attente de notre part, une note assez considérable (de 1300f si je ne me trompe) nous fut envoyée. M. Le Prevost, moins souffrant alors qu'aujourd'hui, exprima notre étonnement à M. Billot de cette charge imposée après coup à notre Congrégation et déclara notre intention de ne pas l'accepter. Cependant, sur les instances de M. Billot et d'après le sentiment exprimé par M. le Comte de Bouillé, nous consentîmes à prendre cette bonne œuvre non comme obligation de justice mais comme marque de notre respect et de notre gratitude envers le bienfaiteur des orphelins et des pauvres. Notre acceptation fut faite formellement en ces termes.

            Je ne saurais trop répéter, Monseigneur, qu'il est aussi loin que possible de notre pensée de soupçonner un seul instant la parfaite conviction de M. Billot et l'entière sincérité de ses déclarations; notre confiance, sous ce rapport est absolue mais nous avons considérer qu'il ne s'agissait en définitive en cette circonstance que d'impressions de mémoire des deux parts et qu'en admettant la droiture et la sincérité des deux côtés on ne pouvait justement attribuer un poids prépondérant plutôt à l'un qu'à l'autre. C'est en ce sens que nous n'avons pu voir dans la réclamation à nous faite, une obligation de justice.

            Accepté comme acte de convenance et de gratitude, ce fait a été accompli fidèlement par nous durant plusieurs années et jusqu'au moment où des fardeaux multipliés sont tombés tout à coup sur nous. Notre position, dès lors, est devenue si difficile qu'elle menaçait de compromettre l'existence de nos établissements et de préparer une sorte de scandale dans le diocèse. L'Archevêché de Paris, inquiet lui-même de cet état de choses, a en rendre témoignage à M. votre secrétaire qui a vu récemment l'un de MM. les Vicaires Généraux.

            J'ai fourni déjà, dans une précédente correspondance, des détails précis qui montrent tout ensemble la situation critique de nos principales œuvres et les sacrifices extrêmes par lesquels nous essayons d'en empêcher la ruine; je ne crois donc pas, Monseigneur, qu'il soit nécessaire d'y insister; non plus que sur quelques appréciations peu justes de la note de M. Billot. Au besoin, je mettrais sous vos yeux des documents aussi formels que possible sur tous ces points.

            Si, bien peu connus de vous, Monseigneur, nous avions besoin de donner à vos yeux plus de poids à notre Institut, je rappellerais la bénédiction si ostensiblement donnée à nos commencements par Mgr Affre, la protection constante de Mgr Sibour, les bontés et assistances signalées du Cal Morlot, enfin l'appui que nous accorde encore aujourd'hui Mgr Darboy. Nous pouvons y ajouter le témoignage du vénérable Evêque d'Angers qui, depuis notre premier jour, n'a cessé de nous suivre des yeux, nous éclairant de sa haute expérience, nous aidant en toute occasion de ses conseils.

            Je ne sais quel jugement vous formerez, Monseigneur, en suite de ce long exposé. Je déclare en terminant que, conduits au tribunal de Votre Grandeur, nous ne déclinerions pas sa juridiction, nous trouvons en vous, Monseigneur, le Pontife vénérable, le compagnon fidèle du St Martyr qui a béni notre berceau; nous nous soumettons d'avance à sa décision.

            Nous avons dit notre sentiment sur notre droit, nos embarras présents, les difficultés que nous causerait une surcharge nouvelle. Mais si, contre notre attente, Votre Grandeur juge qu'elle doit malgré tout, nous incomber, nous y subviendrons, fallût-il pour cela vendre les vases sacrés, comme nous avons été au moment de le faire dans une occasion récente.

 

           





395 Brouillon de MLP. qui a être recopié et signé par M. Lantiez.





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