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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1201 - 1300 (1867 - 1868)
    • 1222  à M. de Varax
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1222  à M. de Varax

Démarches pour une place d'intendant dans la famille de Varax. Insistance sur la nécessité pour les Œuvres de vivre des ressources locales. Ne pas brusquer les choses dans la question de la fermeture de l'école. Laissser faire la Providence. Manière d'éprouver la vocation d'un postulant.

 

Vaugirard, 28 juillet 1867

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            La petite famille, et moi en particulier, nous nous accoutumions aisément à vous voir rentré à la maison paternelle; il a fallu s'éloigner de nouveau, le Père par excellence, Chef souverain de toutes les familles, vous appelait ailleurs pour son service; que ses desseins sages et miséricordieux s'accomplissent et que notre cordiale obéissance lui prouve notre filial amour!

            Je vous écris vite, parce que M.M. Tulasne, très convaincus que le sujet proposé par eux pour l'emploi près de Mme votre mère serait pleinement ce qui conviendrait, insistent pour que, des deux parts, on ne perde pas une si belle occasion. Leur conviction et la sagesse de leur jugement ont du poids pour me persuader moi-même; mais je manque autrement de moyens pour asseoir un avis, puisque je ne connais pas le sujet proposé. L'autre étant loin et peut-être pas absolument libre de se dégager sans quelque délai, surtout si les menaces de troubles à Rome devenaient, comme il semble, de plus en plus sérieuses397, il n'y aurait peut-être pas d'inconvénient à ce que, vous ou Mme de Varax, entriez en relation avec M.M. Tulasne pour renseignements, et ensuite avec le Monsieur lui-même, sans rien préjuger. Se bien éclairer et comparer les sujets présentés me paraîtrait être le mieux, car il est probable qu'en ayant chacun des qualités estimables, ils ne conviendraient pas également, ni à l'emploi, ni à la personne qu'ils doivent seconder dans son administration. Je vous prie de me répondre aussitôt que vous le croirez possible, afin que je donne satisfaction à ceux qui, dans l'un ou l'autre sens, s'intéressent à cette affaire. Les éclaircissements amples, sérieux, me semblent être tout à fait désirables pour le repos et la satisfaction de Mme votre mère et la vôtre.

            Je serais bien aise aussi de savoir la tournure que prennent les choses à Arras. Il me semble que vous devez tendre à ne pas prononcer votre avis et à laisser beaucoup faire à la Providence dont nous cherchons la volonté; notre raison incline ici à regarder notre éloignement d'Arras comme désirable pour nous, mais nous temporisons néanmoins sans trancher absolument la question, afin d'être sûrs que nous marchons selon les vues de Dieu. Je crois que, pour la question de l'école, on ne peut tarder à la résoudre et qu'il faut y aviser sans délai; pour l'autre, elle s'éclaircira bientôt, puisque nous sommes décidés fermement à ne pas demeurer si le pays ne peut pourvoir aux besoins de l'œuvre et de ceux qui la desservent. Si cet ensemble de choses, œuvre et Communauté, était posé ailleurs, et là en particulier, dans l'état de mendicité proprement dite, nous ne devrions pas nous y refuser; mais l'œuvre ne se prête, ni par sa nature, ni par ses relations à cette condition d'existence, il faut donc qu'on lui assure les moyens de se soutenir.

Une pensée venait ce matin à M. Lantiez et à moi; elle n'est qu'une simple hypothèse que je vous donne comme premier aperçu et sans examen; ce serait, s'il faut rester à Arras et supprimer l'école, de rappeler ici M. Lainé qui entrerait à St-Sulpice avec MM. Le

 

 

clerc et Pattinote, et d'envoyer près de vous M. Parent qui seconderait admirablement M. Charrin. Il nous semblerait bien de le mouvoir un peu, afin de le voir sous toutes les faces; il est excellent garçon et a des qualités peu communes, mais il est entré tard chez nous et nous avons intérêt à voir à fond, s'il est appelé à la religion, s'il l'est pour nous spécialement; pour le sacerdoce, nous ne voyons nul doute. Il est docile, sociable, il serait chez vous utile et pas du tout un inconvénient; c'est une simple épreuve et manière de le voir que nous envisageons en ceci.

            Tout va assez bien ici; M. Chaverot ira vendredi à St-Etienne et autres lieux pour une quinzaine de jours; il est heureux avec paix, sans grands mouvements, mais ferme dans son contentement; il a, dimanche dernier, dit la Ste Messe à Chaville et a fait la petite instruction; il s'en est très convenablement tiré.

            Adieu, bien cher ami, tous nos frères regrettent la distance qui nous sépare; le jour des ballons398 se lèvera enfin, et après se lèvera bien plus sûrement encore le grand jour du Ciel éternel.

            Votre affectionné ami et Père en N.S.                                         Le Prevost

 

 





397 Depuis la défaite autrichienne de Sadowa (3 juillet 1866) face aux Prussiens, et le départ des bataillons français à la fin de 1866, la ville de Rome vivait sous la menace d'une intervention de Garibaldi.



398 Allusion aux ascensions en ballon de Nadar. Car le célèbre photographe était aussi aéronaute et avait fait construire un ballon Le Géant dont les ascensions défrayaient alors la chronique.





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