1226  à M. de Varax

Modalités de départ de l'œuvre d'Arras. Attitude à observer vis-à-vis des successeurs, les Frères des Ecoles Chrétiennes. Le frère Baffait est à toute extrémité.

Vaugirard, 10 août 1867

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Je crois, avec nos frères, qu'il faut garder une juste mesure dans nos offres de séjour à Arras; nous ne pouvons partir brusquement, ni créer aucun embarras à l'Evêché ni à l'œuvre du patronage; mais, une fois l'ecclésiastique désigné pour le prendre arrivé, notre présence à une ou deux séances du patronage pour lui remettre en main les choses suffira grandement; on ne tient pas le moins du monde à Arras, me dit M. Lantiez, à nos systèmes et procédés; on y voudra faire les choses comme on l'entendra, et nous n'avons à donner nos avis et traditions que dans une proportion fort mesurée.

            Il ne nous semble pas non plus que nous devions aucunement nous mêler d'un patronage du jeudi; l'ecclésiastique qui viendra peut ne pas l'agréer, il vaut mieux lui laisser toute libre initiative on l'attend, du reste, il agira selon ses vues.

            Pour M. Laroche, je l'avais pressenti seulement, il y a deux mois environ; je lui écris un mot pour l'avertir définitivement. Il nous semble que, pour la part du mobilier lui appartenant, nous n'avons autre chose à faire qu'à prendre l'avis de M. Roussel, et à donner connaissance ensuite à M. Laroche de ce que l'Evêché pense sur le matériel de l'œuvre.

            Quant à ce qui est à nous, vendre aurait assez mauvais air; emportez ou envoyez à Vaugirard tout ce qui peut nous être utile et peut être emporté sans trop de difficulté; laissez à l'œuvre ce que vous ne pourriez aisément faire voyager, en tant que ce lui serait utile; donnez aux pauvres ou aux serviteurs ce qui n'irait pas à l'œuvre.

            Faites votre petit voyage de Lille et de Calais; je crois que les questions délicates concernant votre famille veulent beaucoup de ménagement; M^me votre mère, expérimentée et prudente, s'en tirerait bien; je crois qu'il ne faut pas trop s'avancer; ayez soin de prier Dieu, afin de n'agir que sous son inspiration.

            Il faut beaucoup prier pour notre f. Paul [Baffait]; on est venu hier au soir de Chaville nous avertir que, d'après l'avis du médecin, il ne passerait pas la nuit; je ne sais pas ce matin ce qu'il en est, je vais partir tout à l'heure; il est bien disposé; M. Faÿ est près de lui, il a communié jeudi et peut-être encore depuis; que Dieu daigne le recevoir dans sa miséricorde.

     Adieu, mon bien bon ami, mille affections pour vous tous.

            Votre ami et Père en J. et M.

                                                                                                Le Prevost