Difficultés dans les mouvements de personnel. Premiers
vœux des jeunes séminaristes.
Vaugirard, 30
septembre 1867
Mon bien bon ami et fils en N.S.,
Après examen bien attentif, le Conseil de la Communauté a pensé que,
pour remplacer M. Lucien Jacquart, nous devions vous donner M. François Chery
qui n'est pas depuis très longtemps parmi nous, mais qui avait été éprouvé à la
communauté de Metz par M. Risse, qui nous a donné sur lui les meilleures
assurances. Il est, en effet, fort docile, pieux; il a été militaire et, à
travers la vie si difficile des camps, il n'a jamais cessé, malgré les
tracasseries, d'y rester ferme et sincèrement chrétien. Il a trente ans, se
tient bien, ayant été élevé par des parents au-dessus de la classe ouvrière. Il
est bon musicien, instrumental surtout, il faisait, au patronage de Metz, un
cours de musique; sa bonne volonté et sa droiture de cœur peuvent faire de lui
un sujet très utile; il n'a pas beaucoup d'initiative, mais bien obéir est si précieux
en communauté!
J'éprouve quelque embarras pour le moment où il pourra vous être envoyé.
M. Risse, obligé de retourner à Metz pour le 10 octobre, repartira de Chaville
le 9; il désire emmener avec lui M. Lucien, dont il aura besoin dès son
arrivée. De plus, le père de M. Lucien se propose de venir à Paris avec son
fils le prêtre, afin de voir ensemble et son fils Lucien, et sa fille Sœur de
Charité à l'hospice Ste-Eugénie. Il m'a prié de l'avertir, afin
qu'il soit ici deux ou trois jours avant le départ de M. Lucien. Il faudrait
donc que ce dernier fût au plus tard à Vaugirard pour le dimanche 6 octobre.
Il serait regrettable que M. François Chery, qui n'a pas fait encore de
retraite, fût privé de celle qui va s'ouvrir (bien tard malheureusement, le 20
octobre). Pensez-vous que M. Chery doive se rendre vers vous en même temps que
M. Lucien partira d'Amiens, sauf à revenir pour les jours de la retraite; ou
bien préférez-vous qu'il diffère son départ jusqu'après la retraite? Dans le
premier cas, il y aura double dépense de voyage, mais il faudrait
passer outre si le vide laissé par le départ de M. Lucien devait vous causer
une gêne et charger outre mesure vos frères. Je vous prie de donner un mot de
réponse et d'avertir M. Lucien de préparer son départ pour le moment que je
viens d'indiquer. Je vais, de mon côté, informer son père qu'il pourra le
rencontrer à Vaugirard à partir du 6 octobre.
M. Lucien pourrait regretter d'être ainsi privé de la retraite, mais la
communauté en fait une petite à Metz en novembre, sous la conduite d'un p.
Jésuite, avant le renouvellement des vœux; il trouvera donc là une sorte de
compensation, je vous prie de le lui dire.
Nos jeunes séminaristes, obligés de reprendre leurs cours au 1er octobre,
ont fait une petite retraite et ont fait ensuite leurs premiers vœux le 27
septembre à Chaville, au jour commémoratif du trépas de St Vincent
de Paul. Cette petite cérémonie a été extrêmement édifiante.
Mille affections pour vous et pour vos frères, priez pour la mère de M. Hello
qui vient d'être rappelée à Dieu.
Votre ami et Père en N.S.
Le Prevost
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