Difficultés pour choisir la date de la retraite. Désir de
voir nos prêtres prêcher ces exercices; appréciation de
la Vie de M. Allemand.
Chaville, 2
octobre 1867
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Le r.p. Olivaint, poursuivi par nos instances concernant la fixation de
l'ouverture de notre retraite, a enfin satisfait à notre requête; mais sa
réponse va mal à nos arrangements, c'est seulement à la fin de la deuxième
semaine d'octobre que pourraient commencer nos exercices. A ce moment, un grand
nombre de nos frères seront repartis pour leurs postes respectifs. Nos jeunes
scolastiques: MM. Leclerc, Pattinote et [Ad.] Lainé sont entrés d'hier au
Séminaire St-Sulpice; MM. Risse, Magnien, Trousseau et Lebrun partiront le 9 de
ce mois, c'est-à-dire au commencement de la semaine prochaine, pour Metz, avec
M. Lucien [Jacquart] que M. Risse emmène comme économe. M. François Chery, de
Vaugirard, remplacera M. Lucien à Amiens. D'autres encore seront dérangés ou
partis; ce sera pour beaucoup un notable détriment. Appelons de nos vœux le
temps où, devenus plus nombreux, les membres de notre clergé pourront se
recueillir et étudier davantage, afin de donner eux-mêmes les exercices de la
retraite à la Communauté.
Si, à raison de ce retard de la retraite, vous jugiez que deux ou trois jours
de délai pour votre retour vous fussent utiles, nous le trouverions bien; je ne
vous propose pas un plus long ajournement, pensant qu'en notre état, on ne doit
demeurer hors de la communauté que le temps juste où il est nécessaire de le
faire.
Je resterai à Chaville jusqu'à la retraite, ne venant à Vaugirard que le
vendredi et le samedi jusqu'à l'après-midi.
Je crois, comme vous, que le train express sera le meilleur, devant vous
épargner de la fatigue; il ne faut pas compromettre le mieux obtenu par votre
saison de bains.
Nos frères liront avec joie la vie de M.
Allemand, de M. Gaduel. Quelques-uns d'eux, qui l'ont vue, ont inspiré à
tous les autres ici un vif désir de la lire. Elle sera, je crois, surtout
précieuse en nous montrant combien était grande la passion de ce saint homme
pour le bien des âmes et comme il rapportait tous ses moyens à cette fin
suprême; il est si difficile, dans notre voie, de ne pas se laisser parfois
entraîner par l'activité naturelle, en concédant trop aux mouvements et à la
vie extérieure.
Je n'ajoute rien, bien cher ami, à ces quelques lignes, ayant la perspective de
votre prochain retour et des faciles épanchements qui nous seront ainsi
ménagés; faites agréer, je vous prie, les assurances de mon respect à Mme
votre mère et recevez de tous, et de moi par-dessus tous, les affections
tendrement dévouées que nous vous avons à toujours vouées.
Votre ami et Père en N.S.
Le Prevost
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